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Autour du thème de la crise de surpopulation, Brian Wilson Aldiss imagine une histoire d'expérimentation de développement d'une société en enfermement. Un groupe d'humains vit dans une immense tour fermée sans communication possible avec l'extérieur, à la manière des Monades urbaines de Silverberg. le but est expérimental, les intentions des instigateurs sont assez troubles : études sur le développement d'une société, mais aussi sur l'évolution de l'humain, l'adaptation, le développement de capacités particulières. La seule tour encore en expérimentation est en Inde, un observateur y est envoyé pour espionner et rapporter l'état de cette société.
C'est une sorte de dystopie, posant diverses questions d'éthique, l'enfermement, la gestion de la surpopulation… La narration est fluide, la manière dont se distillent les différentes thématiques est plutôt bien amenée, pourtant elle laisse quelques frustrations : est-ce que le format novella se prête à l'ensemble des thématiques développées dans ce récit, c'est là que j'émets un doute, on a peu de temps pour s'attacher aux personnages et il y a deux thématiques bien distinctes, l'éthique de l'expérience d'un côté, et l'évolution des capacités humaines de l'autre, et les deux semblent trop vite développées, et ne se rejoignent que sur un fil ténu, le deuxième n'étant qu'un objectif caché qui justifierait le maintien de l'expérience.
Alors jamais je n'ai été embarqué par l'histoire, peu d'émotions, et des sujets pas assez poussés, c'est une lecture intéressante, mais trop étriquée pour être vraiment marquante. J'ai refermé le livre sans impressions particulières.
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En 1975, le CERGAFD, centre ethnographique de recherche sur les groupes à forte densité, a fait construire en Inde, avec l'accord de l'ONU, une gigantesque Tour pour les besoins d'une expérience. Il s'agissait d'y enfermer des volontaires de moins de 20 ans, de les vacciner contre toutes les maladies, de leur offrir tout le confort en espace et nourriture, sans leur offrir de moyens de contraception...afin d étudier le comportement de ces individus soumis au confinement, leur nombre ayant bien évidemment explosé un quart de siècle après ! On pense notamment observer le développement de capacités extra-sensorielles.

Au début du XXIe siècle, le contexte a changé. Les naissances sont mieux régulées, et l'alimentation synthétique est venue régler le problème des récoltes insuffisantes qui provoquaient des famines. L'ONU voit dans l'expérience de la Tour une inhumanité. Thomas Dixit est chargé d'établir un rapport sur les résultats de cette expérience, pour permettre aux instances commanditaires de juger de l'opportunité ou non de la poursuivre.

Il va découvrir en s'introduisant dans la Tour, et en se faisant capturer comme espion, que des chefs de clans, des tyrans se partagent les niveaux au prix de luttes de pouvoir avec enlèvements, esclavage...et assassinats à distance et en pensée, via l'utilisation de charmes de vie qui tuent en provoquant des visions nocturnes, don développé par cette humanité mutante dont les individus sont déjà vieux à 20 ans mais atteignent une très précoce maturité d'adulte à moins de 10 ans.
Cette vie ressemble à un enfer, mais finalement les habitants de cette Tour des damnés ont-ils vraiment envie d'en sortir, en imaginant seulement qu'ils aient conscience de l'existence d'un monde extérieur ?

Prahlad Patel, le plus puissant de ces tyrans, n'a pas l'air surpris d'apprendre de Dixit que les habitants de la Tour sont espionnés en permanence et sont l'objet d'une expérience...Va-t-il tuer Dixit pour acte d'espionnage et son arrogance ou l'utiliser pour obtenir la fin de cette expérience ?

Brian Aldiss a écrit ce court roman dans un contexte d'alerte sur les dangers futurs de la croissance exponentielle de la démographie mondiale.
Il suscite des réflexions sur la question des ressources, de l'espace de plus en plus réduit, et des solutions qui pourraient bien être envisagées pour la survie de l'humanité, avec dans la balance la capacité d'adaptation des hommes souvent remarquable, mais aussi les effets pervers potentiels sur l'évolution des sociétés humaines, toujours assoiffées de pouvoir et avides de croyances, quitte à fonder des paradis artificiels et à se mettre sous le joug de gourous.
On peut aussi y voir une anticipation sur les moyens de contrôle de la liberté des individus, vidéosurveillance à grande échelle, expérimentations...

Même si ce n'est pas le chef d'oeuvre du vénérable Sir Brian Aldiss, 90 printemps cette année, dont on préfèrera par exemple « Croisière sans escale », ce court roman est intéressant, comme toujours dans cette petite collection « dyschroniques », au passager clandestin, qui a le mérite de nous montrer que les grandes questions environnementales et éthiques actuelles étaient déjà source d'inquiétude et de prospective il y a un demi-siècle…sans qu'on y ait vraiment trouvé de solutions depuis !

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Construisez en Inde une monstrueuse tour aveugle, peuplez-la de cobayes, nourrissez-les à quantité constante et laissez-les se reproduire quelques générations. Bientôt la surpopulation guette et c'est là que ça devient intéressant : observez le comportement des habitants de la Tour et comment ils répondent à cette problématique.
Voici l'expérience que l'ONU finance depuis un quart de siècle. À ceci près que les cobayes en question ne sont pas des rats, mais bien des êtres humains, sacrifiés pour la survie du plus grand nombre.

Brian Aldiss imagine une Tour dans laquelle une planète miniature est née. Où chacun des dix niveaux figure une sorte de "nation", où de nouveaux codes et hiérarchies sont apparus dans une population misérable, dense et ignorante du monde extérieur. le récit alterne entre le monde intérieur — où l'on suit les mésaventures d'acteurs des niveaux 9 et 10 — et Dixit, venu du monde externe pour statuer sur la poursuite de l'expérience mais qui ne souhaite rien tant que mettre un terme à cette entreprise odieuse et libérer ses prisonniers dont il partage pour moitié l'origine indienne. Dixit se heurte à sa hiérarchie, qui elle, souhaite pousser l'expérience jusqu'à prouver que la surpopulation permet à l'humain de développer des capacités somatiques et parapsychologiques au service de l'autorégulation. Un affrontement dont l'issue n'est autre que la survie des damnés peuplant ce monstrueux sarcophage.

Cette nouvelle de l'Anglais Brian Aldiss interroge sur la validité du principe de "sacrifice nécessaire" et s'inscrit dans les grandes appréhensions des années 60-70, lorsque le monde, redoutant l'éventualité d'une surpopulation à venir, réfléchissait aux mesures à mettre en place pour juguler une croissance démographique galopante. Son compatriote Anthony Burgess a également abordé ce thème sous un angle différent dans "La Folle Semence".

Je remercie le Passager Clandestin et Babelio pour cette opportunité Masse Critique et félicite l'éditeur pour la qualité de l'objet.
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Dans ce court récit de science-fiction écrit en 1969 il est question de surpopulation, d'artefact plus ou moins original permettant de supporter une vie brève et difficile, d'essai sur des humains.
Une tour est construite pour expérimenter l'évolution démographique d'une population (indienne en l'occurrence et ce n'est pas par hasard, c'est un des pays ou la jeunesse est la plus nombreuse).
J'ai apprécié surtout les notes à la fin du livre, dans cette collection très bien faite"Dyschroniques"des éditions"Le passager clandestin" qui permettent de situer l'oeuvre dans le contexte de son époque.
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Le Passager Clandestin s'est tourné vers la publication de novellas de noms prestigieux de la SF (Marion Zimmer Bradley, Norman Spinrad entre autres). Cet opus-ci je l'ai découvert sur les présentoir des nouveautés de la bibliothèque. Je dois reconnaitre que la lecture du Printemps d'Helliconia ne m'a pas laissé un souvenir très positif. Là l'histoire qui a des points communs avec Les Monades Urbaines de Robert Silverberg m'a semblé pus intéressante que celle d'Helliconia.

Cette longue nouvelle est clairement un écrit d'anticipation. Aldiss envisage une solution à la surpopulation : enfermer une population dans un milieu confiné sans moyens contraceptifs. C'est étonnant si on veut réduire ou du moins gérer la surpopulation. Cette solution entraine un accroissement important de la population mais aussi un vieillissement accéléré de la population.

A l'intérieur se développe une société violente, très hiérarchisée et qui laisse une place importante au surnaturel. Là on peut se demander si les habitants ont véritablement développer des capacités psychiques ou bien ils donnent une interprétation surnaturelle à certains faits.

L'évolution de la population se fait sous le regard des scientifiques, occidentaux notamment. On retrouve cette idée de voyeurisme qu'il y avait dans le Printemps d'Helliconia. Les habitants de la tour sont sans contact avec l'extérieur sauf pour la diffusion de vidéos qui avec le temps entraine une certaine indifférence à l'intérieur de la tour.

Pour conclure c'est une nouvelle qui décrit un futur tel qu'il pourrait être et il est loin d'être idéal, juste un prolongement presque abouti de notre réalité actuelle. En plus de cela La Tour des damnés m'a donné envie de voir ce qu' Aldiss avait pu faire d'autre.
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Un crime « pour » l'humanité. Ou comment justifier le crime au bénéfice de tous.
Brian Aldiss dans la Tour des damnés , dans et hors ses murs, nous interroge.
Au nom de la survie de l'espèce il est envisagé la construction d'un ghetto, pensé, imaginé, contrôlé. Une serre de vivisection humaine où l'on étudie les effets et les risques d'une promiscuité exponentielle, .
Qui sont les damnés de cette tour ? Ceux qui l'on conçue ? Ceux qui y survivent ?
L'enfermement, quel qu'il soit est une aliénation.
Déterminer un espace clos à l'humain n'est ce pas toucher à l'ADN de l'humanité , à sa nature ?
Quel est l'éthique de ce « bien pour tous » que certains déterminent au « nom de tous » ?
La lecture du livre de Brian Aldiss a plusieurs niveaux comme la tour qu'il décrit.
Celui qui devra entrer pour juger de la pérennité de cette « expérience » appartient dans sa chair au deux mondes. Il est métisse. Il est mandaté par la puissance occidentale et doit observer un « échantillon » indien. Les couples « souches » implantés dans la tour ont été déclarés « volontaires ».
Mais où se situe le libre arbitre pour une population qui n'a pas d'autres choix que la mort ou la survie ?
Que peut on espérer de l'évolution d'un peuple que l'on encadre comme du bétail ?
Pas culture dans ce lieu, pas d'école, pas de livre, pas de mémoire, pas de morale, pas de loi, pas d'espoir, pas de révolte entre ces murs.
Quel extrait d'humanité ont ils déposé dans les stalles de cet abattoir?
Ce livre décrit un enfer, un crime contre notre humanité, contre notre nature.
Cette tour est un tombeau où aucun possible ne peut naître.
L'humain est un possible, un électron libre. S'égarant, se heurtant au vide, aux autres jusqu'à lui même. Se chargeant, se déchargeant, se refroidissant, s'échauffant, recherchant, ...s'échappant pour créer, inventer, comprendre sans cesse l'intelligence de son humanité.
Brian Adiss nous suggère un nouveau projet : non plus des hommes dans la cité, mais la cité de l' Homme.
Les risques et les périls encourus par tous nous imposent à tous la loi de la fraternité.
Laissons la porte ouverte
« ... Et moi, je dure éternellement. Vous qui entrez, abandonnez toute espérance. » Dante Chant III La comédie humaine.
Devons nous rendre notre âme au nom de notre éternité ?
Vous qui entrez dans « La tour des damnés » revenez pour témoigner.

Astrid SHRIQUI GARAIN
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En Inde est construit un gigantesque immeuble où des familles volontaires sont enfermées sans aucun moyen de contraception. La nourriture et l'eau sont fournies à volonté pour assurer leurs besoins vitaux.
Une société originale à la fois progressiste et cauchemardesque va se développer au fur et à mesure que la natalité augmente et que le cycle des générations s'accélère : miniaturisation géniale des produits de l'artisanat, découverte de capacités extra-sensorielles liées à la magie chamanique. Mais la vie est dure, régie par des gangs qui s'approprient les étages et se combattent entre eux et l'espérance de vie très courte induit une maturité paradoxalement toujours plus précoce.
Le monde extérieur fasciné et horrifié par sa création ne tardera pas à vouloir récupérer à son profit les avantages de l'expérience.

Dyschroniques, des Editions du Passager Clandestin, est une nouvelle collection de poche qui a pour vocation de réediter des nouvelles de science-fiction qui ont apporté une vision pertinente de faits de société toujours d'actualité. La collection comporte des textes de Philippe Curval, Murray Leinster, Norman Spinrad, Marion Zimmer Bradley.


Lien : http://mauvaisgenres.calice6..
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Le Passager Clandestin réédite dans la collection Dyschroniques d'anciennes nouvelles de science-fiction ou d'anticipation. La "Tour des Damnés" écrite par Brian Aldiss en 1968 est un de ces récits très brefs qui peuvent interpeler encore à notre époque, bien que l'idée originelle tendait plus à témoigner de la peur des occidentaux face à une surpopulation galopante. On notera pour le contexte historique qu'en 1965 se tenait la conference Mondiale de la Population, sur l'incertitude entre évolution démographique et suffisance des ressources naturelles et qu'en 1968 paraissait "The Population Bomb" un best-seller alarmant sur la surpopulation et ses risques. C'est aussi le début de l'intérêt pour les sciences cognitives. --- Ce livre m'a été offert dans le cadre de l'opération Masse Critique du site Babelio ---

Revenons en à la nouvelle d'Aldiss. En 1975, le CERGAFD (Centre ethnographique de recherche sur les groupes à fortes densités) avec l'aide de gouvernements de par le monde envisage une expérience à l'échelle humaine afin d'étudier l'évolution d'une population maintenue dans un espace confiné. En Inde, 1500 jeunes couples volontaires de moins de 20 ans, immunisés contre les maladies existantes et sans aucun moyen de contraception, sont ainsi enfermés dans une immense tour de béton de 10 niveaux de 5 étages chacun, avec des logements spacieux, air et nourriture étant fournis par l'exterieur. Ils sont mis sous la surveillance constante de milliers de caméras. Au bout de 25 ans, la population de la Tour atteint 75000 êtres pour lesquels la surface de vie est restée inchangée. Les cycles de vie se sont accélérés, la puberté est devenue très precoce et la vieillesse prématurée, le tout dans une promiscuité insoutenable pour un observateur extérieur. Comme dans toute société, des hiérarchies se sont créées, des corporations, les uns sont devenus plus faibles et la distribution de nourriture en devient parfois inégale. La question se pose alors de l'intérêt de continuer cette expérience alors que le monde extérieur a appris à gérer sa population et les besoins en nourriture. Mais ce qui intéresse aussi les scientifiques est la possibilité que cette population en s'adaptant à cet univers confiné ait pu developper de nouvelles capacités notamment extrasensorielles ...



Le récit fait alterner 2 points de vue : celui de Dixit, un employé de la CERGAFD qui trouve que l'expérience est devenue inhumaine et doit s'arrêter, et qui va être "introduit" dans la Tour - et celui d'une famille du 9eme niveau dont on suit la vie quotidienne, celle de sa doyenne arrivée à la création de la Tour à ses arrières petits-enfants et l'environnement de Patel, le "sage" du 10eme niveau dont tout le monde craint les pouvoirs. On s'aperçoit vite que les habitants de la Tour refusent de quitter ce monde difficile à la vie duquel ils se sont habitués et adaptés au fil des générations, un monde dont ils ont fait LEUR monde, dont ils sont maîtres du destin, et pour qui l'extérieur ne représente plus rien, un monde qu'ils sont prêts à protéger contre toute intrusion ...



Ai-je apprécié cette nouvelle ? Je suis encore mitigée. le sujet m'a tout de suite attiré, non pas du point de vue des années 70, la peur de la surpopulation, mais plus pour connaître les rapports humains qui pouvaient exister dans un monde confiné, à la limite d'un huit-clos dont le nombre d'acteurs serait exponentiel ... de ce point de vue, j'ai été déçue. le style d'Aldiss est sec, impersonnel, sans fioriture ou très rares (à l'exception de la description des chaines de vie) à la limite de l'observateur, du rapport d'expert décrivant le déroulé d'une expérience - ce qui est le cas d'ailleurs. Mais de ce fait il est difficile de ressentir une humanité des sentiments ... Même les couleurs sont absentes du texte, à l'image de cette tour de béton devenue grise, il n'y a aucune nature, que beton, plastique, cables et tuyaux .. c'est étouffant rien qu'à lire ...

De plus le pretexte au developpement des pouvoirs extrasensoriels n'a présenté pour moi aucun intérêt dans la lecture. Il aurait pour cela fallu en faire sans doute un roman plutôt qu'une nouvelle et donc amener un developpement different.



D'un autre côté, de nombreuses questions contemporaines ou d'"interrogations existentielles"peuvent découler de cette lecture. Et c'est vraiment ces points qui m'ont le plus interpelée et interessée.



D'une part, en créant un monde artificiel, n'a-t-il pas été créé un monde déconnecté de "notre" réalité, de la réalité extérieure, ou tout du moins qui se crée une réalité nouvelle, différente ? Nos repères, nos points de vue (je parle comme faisant partie de ce monde extérieur) ne sont plus les leurs. Nous avons créé ce monde, qui pour nous apparait maintenant pauvre et surpeuplé, mais nous avons peur de son developpement intellectuel, nous avons peur de ne plus le maîtriser. Au final la création va-t-elle dépasser le créateur ?



Dixit : "Quatre générations et, malgré nos meilleures intentions, nous sommes en train de perdre le contrôle de la réalité. Comprenez donc que vous n'occupez qu'un bâtiment relativement modeste sur une immense planète. comment voulez-vous que le monde fasse attention à vous ?"



Patel : " Notre peuple est peut-être pauvre, vous croyez tenir notre destinée à votre merci, mais au moins nous sommes maîtres de notre propre univers. Et tandis que cet univers grandit, nous le comprenons chaque jour un peu mieux. (....) Vous nous considérez comme des captifs, n'est-ce pas ? Et cependant vous êtes vous-mêmes prisonniers de la nécessité dans laquelle vous vous trouvez de nous fournir à boire, à manger, à respirer; Nous sommes libres. Nous sommes pauvres; et cependant vous convoitez nos richesses. Vous nous espionnez tout le temps, et pourtant nous avons un secret. Vous avez besoin de nous étudier, et nous n'avons nul besoin de vous connaître; C'est vous qui êtes en notre pouvoir, espion !"



Un autre point m'a frappé, c'est ce fatalisme des habitants de la Tour, au delà du refus de toute intervention extérieure. Dans le contexte d'écriture de cette nouvelle, les années hippies et la fascination exercée par les cultures orientales puis la non-violence, Aldiss insiste sur le refus de revolte, sur leur culture hindoue ... c'est leur kharma d'être ici et d'accepter d'y vivre ... alors que la vision occidentale serait pleine de grieffes, de refus, d'envie de luttes, d'opposition ... Veut-il montrer ce choc des cultures ? Ou simplement que l'expérience est biaisée à sa source même par ce choix d'une population "docile" avec une philosophie de vie particulière ? Doit-on se poser la question de savoir comment cette expérience aurait tourné avec une population occidentale ?



De plus en lisant cette nouvelle, je n'ai pas pu m'empêcher d'être choquée et de penser à des rats de laboratoires, nourris par leur maître, qui tournent sans fin dans un labyrinthe sans issu ... Comment accepter cela ? Où se situe la morale, l'éthique d'une telle expérience ? Une expérience qui de quelques "rats" tourne à l'élevage d'êtres humains entassés dans un immense enclos industriel !! Ma vision est sans doute un peu forte mais où sont les limites ? Certes il s'agit d'une fiction écrite à une époque où on ne parlait pas encore d'éthique, de principe de pécaution, etc ... Jusqu'où peut-on aller au nom "du bien de l'humanité" ? au nom de la science ? de la sociologie ? des questions très contemporaines ... A-t-on le droit de prendre en otage une population en vue d'une expérience ?



Et pourtant ces hommes et ces femmes survivent, gardent un espoir de vivre dans Leur monde incompréhensible, pour nous ce monde est un enfer .. Est-ce là la force de la nature humaine, dont la volonté de vivre quelques soient les conditions est la plus forte, vivre, survivre malgrè tout .... au point de refuser la liberté offerte (mais est-ce une liberté pour eux ? encore ce décalage de pensée).



Une autre question se pose. Si les premiers habitants de la Tour étaient volontaires, leurs descendances elles ne l'étaient pas. Ce choix de vie leur a été imposé. Alors pourquoi ne rêvent-ils pas d'un ailleurs ? Lorsque l'on se trouve confiné, sans possibilité d'autre choix, se retrouve-t-on en quelque sorte conditionné, perd-on son libre arbitre, n'a-t-on plus aucun projet, vision d'avenir, envie de changer le monde ? Est-ce que chacun sur cette terre peut se prévaloir d'avoir le choix de choisir son avenir ?

Pourtant des être qui veulent changer le monde existent ... Il y a toujours l'exception dans toute population, le meneur, le guide ... le "prescient", celui qui sent, qui imagine que quelque chose, qu'une autre vie est possible, le guide qui tel Moïse cherche le moyen de sortir son peuple du désert ... encore faut-il qu'il en ait la possibilité ...



Au final, une dernière question se pose. Cette expérience a-t-elle vraiment eu un intérêt puisqu'en parallèle, l'humanité a poursuivi son développement, sans contrainte, et a trouvé sa regulation, des solutions ... sans que les résultats de l'expérience y soient pour quoique ce soit ... L'humanité sans barrière, laissée libre, a réussi ... doit-on en tirer une leçon plus profonde ... Doit-on laisser les populations se débrouillaient seules face aux dangers, aux difficultés (économique, politique ...) ou doit-on faire preuve d'un interventionnisme forcené ? Doit-on laisser une population face à ses coutumes, ses habitudes ou intervenir au nom de la mondialisation ? Un exemple entendu il y a peu : en Haiti, les occidentaux tentent de pousser les populations à revenir à une médecine traditionnelle, ancestrale, à partir des plantes ... mais n'est-ce pas ces mêmes occidentaux qui ont rendu le pays dependant des importations avec une agriculture non plus de subsistance pour l'île mais orientée uniquement à l'exportation ..... le développement des actions humanitaires à tout va se fait-il dans le respect des populations ou juste pour la bonne conscience occidentale ?



Une centaine de pages de lecture, une nouvelle d'anticipation "vieille" de 55 ans et pourtant tant de questions à se poser encore sur notre monde, sur notre "humanité" !!!! Finalement rien que pour toutes les reflexions que m'aura apportées ce petit fascicule, je le recommanderais.



Merci à l'opération Masse Critique du site Babelio qui m'a permis de recevoir ce livre. Belle decouverte.

Lien : http://www.petitscoeursetcan..
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La tour des damnés, de Brian Aldiss, est une longue nouvelle proposant une anticipation pour le moins originale : enfermer plusieurs milliers de personnes dans une tour sans issues, sur plusieurs générations, et ce aux seules fins d'obscures études scientifiques.

Sur la forme, il y a en réalité une double anticipation imbriquée, l'une étant un sujet d'expérimentation dans l'autre, et les deux étant clairement dissociées dans la narration.

Je n'ai pas vraiment apprécié cette nouvelle.

L'entrée en matière a été difficile en ce qui me concerne, du fait de procédés narratifs plutôt compliqués : durant le premier tiers, on a le droit à une alternance de niveaux de récits dont l'un est purement explicatif mais casse le déroulement de l'intrigue du second. Aussi, trop de personnages introduits rapidement, pour une intrigue somme toute ridiculement réduite. À part cela, l'écriture ne pose pas de problème, quoiqu'elle ne brille ni par son élégance ni par sa suggestivité.

Mais c'est surtout le contenu qui m'a laissé perplexe. Si la thématique de l'étude d'une population isolée, confinée (covid 19, où es-tu ?) à l'extrême est intéressante (c'est ce qui m'avait attiré dans ce texte), l'intrigue principale semble tourner davantage autour d'une tout autre thématique : celle de la capacité de « perception extra-sensorielle » développée par cette population sous contrôle, capacité dont l'étude apparait rapidement comme la justification l'expérience menée. Or, cette étrange capacité, qui semble tout droit inspirée des pouvoirs vaudous, m'a semblé bien peu crédible (à la limite, la culture vaudou bénéficie, elle, de plusieurs siècles d'évolution, et à ce titre les pouvoirs qu'on lui prête auraient déjà plus de crédit à mes yeux). Tout aussi peu crédible m'a semblé le corollaire à la manifestation de ce pouvoir dans l'intrigue : voler avec succès un objet personnel. Dans la nouvelle, comme par hasard, ça marche à tous les coups.

En réalité, mon plus grand reproche avec cette thématique surnaturelle est que je ne vois pas du tout le rapport avec la thématique de la population confinée. le seul lien avancé (la justification de continuer l'expérience pour étudier ce pouvoir), me paraît vraiment artificiel et peu crédible. Dans le cadre d'une nouvelle, je pense qu'il fallait se concentrer sur le thème principal, dont l'originalité garantissait la matière à développer.

Finalement, il n'y a pas de chute, et c'est tout de même gênant pour une nouvelle. Il m'a semblé que le narrateur avait annoncé bien en amont et clairement ses intentions, intentions non démenties par le dénouement de l'histoire.
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Le début du livre est très prenant car le lecteur se retrouve plongé dans la vie de la tour. On commence par la tour à la fin, une fois vidée de ses habitants, puis l'auteur revient en arrière et nous plonge dans le quotidien des habitants durant l'expérience. Cela rend les conditions de vie, la surpopulation encore plus marquants. La suite est tout aussi intéressante, le lecteur va pouvoir observer les interactions entre une personne de l'extérieur et ces habitants vivant dans un milieu confiné. Par contre la fin est un peu décevante car elle se situe trop tôt dans le déroulement des évènements.

Le style de l'auteur est très efficace puisqu'en quelques mots il arrive à nous faire visualiser les conditions de vie dans cette tour infernale ou encore à nous faire comprendre les sentiments des personnages. Il est, de plus, très agréable à lire.

Difficile de parler d'un personnage en particulier, ils sont nombreux, reflet de la multitude qui peuple la tour. Les personnages de l'extérieur Dixit et Crawley sont bien entendu plus détaillés, puisqu'ils ont un rôle important à jouer dans l'avenir de la tour. Mais je garde une certaine affection pour cette multitude grouillante et anonyme.

J'ai particulièrement apprécié le début du livre, quand la vie dans la tour nous est présentée, que le décors est planté et qu'en même temps nous pouvons lire les réflexions d'une des personnes du dehors, Dixit. Je n'ai pas aimé les passages où l'auteur expliquait que cette expérience avait pu être menée sur des hindous, car du fait de leur religion ils acceptaient leur destin. Ceci dit "les races blanches" (dans le texte) en prennent aussi pour leur grade.

Voilà un texte bien cours, mais riche en idées et réflexions sur la société (l'éthique et la science, la capacité d'adaptation de l'homme, ou encore les problèmes de compréhension entre personnes ayant des modes de vie différents). J'en ai vraiment apprécié la lecture,d'autant plus que la mise en page est très agréable. Par contre j'ai regretté que l'auteur n'aille pas plus loin dans ses réflexions et ne prennent pas en compte la réinsertion des habitants de la tour une fois sortie de celle-ci. de plus les réflexions de l'auteur sur les Hindous m'ont dérangée. Je salue la présentation et notamment la "synchronique du texte" à la fin du livre qui introduise l'auteur et présente l'écriture du texte dans son contexte. C'est un vrai plus.
Lien : http://booksandme.canalblog...
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