Tombée presque par hasard, en cherchant un livre pour valider la lettre A du challenge ABC, sur ce texte aussi minuscule que riche de vie bouillonnante et d'histoire.
L'auteur, d'abord : Sholem Akeikhem, un juif russe de la fin du 19ème siècle, apôtre de la langue yiddish méprisée en son temps au profit de l'hébreu plus noble, célèbre en son temps par l'humour de son oeuvre, qui lui valut la réputation aux Etats-Unis, où il finit par émigrer pour fuir les pogroms, de «
Mark Twain russe ».
Le texte, ensuite : un jeune homme vient déverser sur l'auteur à qui il vient demander conseil toutes ses angoisses maritales, financières et sociales. Les mots se bousculent dans son monologue quasi ininterrompu, geignard, un peu indécent et plutôt irritant, assez en tout cas pour que notre brave auteur sorte de ses gonds et le colle au mur, puis dehors. Voilà, c'est tout, mais dans ces quelques pages de burlesque vaguement absurde c'est tout le souffle du peuple juif russe de l'avant dernier siècle que l'on sent passer, comme chez
Isaac Bashevis Singer avec lequel j'ai senti dans ce texte quelques résonances.
Une découverte en somme, qui m'a surprise et suffisamment intriguée pour vouloir en connaître plus sur cet auteur dont la lecture fait revivre une civilisation disparue.