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EAN : 9781090306524
RVB BOOKS (07/04/2016)
4/5   1 notes
Résumé :
Le terrier est un objet de fantasme car on n'en connaît généralement que la silhouette ou le seuil ; le reste est laissé à l'imagination. Sur un plan symbolique, il en va de même pour la ligne Maginot : tout le monde en a entendu parler mais peu sont capables de la décrire. Son nom résonne comme un réceptacle à fantasmes. Les formes de ses bunkers répondent à cette dimension symbolique. À travers ses images, Alexandre Guirkinger a voulu partager sa fascination pour ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Autour de la ligne Maginot et de ses traces actuelles, interroger la notion de frontière.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/08/15/note-de-lecture-la-ligne-alexandre-guirkinger-tristan-garcia/
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
De petite taille, embarrassé par une forte sudation qui faisait luire son front trop haut comme une casserole d’étain qui déborde d’eau bouillante, l’homme présentait le fruit de son travail méthodique sur l’établissement de « frontières naturelles » du pays. « La France, répétait-il d’une voix de crapaud métallique, la France n’est pas un hasard géographique. » Et, invitant l’assistance à suivre du doigt les limites surlignées de la carte qui leur avait été distribuée en début de séance, Monsieur François Germain entreprit de déduire de la géologie fondamentale, de la nature primitive des sols, des plissements rocheux, mais aussi de la découpe ordonnée des côtes européennes, le caractère « évident et équilibré », selon ses mots, des frontières nationales : il fallait se représenter l’Empire français comme un fruit, une perle, ou plutôt un « sempiternel diamant » résultant du long processus de cristallisation par lequel l’air, le vent, les eaux, le magma et les forces souterraines avaient esquissé, dessiné puis gravé dans la terre d’Europe les glorieux contours de la silhouette naturelle de notre pays. Issue dès après le crétacé de la double éminence alpine et pyrénéenne, la forme de la nation française avait mûri dans le ventre fertile du continent entre deux imposantes barrières montagneuses, pour permettre à l’esprit latin et à l’esprit germanique de croître sans se confondre et sans s’abâtardir, comme il arrive dans ces lointaines contrées d’Afrique et d’Asie qui ne connaissent pas la notion de frontière. Il ne fallait surtout pas croire, expliquait Monsieur François Germain avec une élocution laborieuse, comme s’il avait la bouche en plâtre d’une statue retrouvant péniblement la vie, que l’histoire européenne et la germination de l’esprit supérieur de la civilisation chrétienne étaient le produit des circonstances capricieuses. La France était le résultat logique d’un enchaînement complexe de causes nécessaires. (« La carte »)
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Comme lui, elle s’intéressa à partir de l’adolescence aux États de l’Europe moderne, et à la reconstitution des limites de leurs territoires. Ses premiers travaux avaient porté sur les ziggourats babyloniennes : sa thèse était que les hommes avaient commencé par marquer la frontière d’une cité en bâtissant de hauts monuments ; si on s’éloignait du monument, on demeurait cependant dans sa sphère d’influence tant qu’on pouvait l’apercevoir derrière soi, à l’horizon. Plus la pyramide, la ziggourat ou la cathédrale étaient élevée, plus on la voyait de loin, plus la ville était puissante. La superficie du territoire était donc fonction de la hauteur de sa construction la plus haute. Lorsque les hommes avaient voulu établir un monde unique, sans limites, ils s’étaient très logiquement lancés dans l’élévation d’une tour sans fin, cette Tour de Bal qu’évoqueraient les mythes étudiés par son père. Mais, concernant les limites au sol, les connaissances étaient plus hypothétiques : toute frontière était-elle dessinée à même la surface de la terre ? Creusée ? Ou bien matérialisée par une muraille ? Alix défendait une autre thèse, en s’appuyant sur les légendes de la Ligne. (« Le désert »)
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Orvet respira plus lentement, mais il pensa plus vite. Tandis qu’il ôtait la sécurité de son arme de service et mettait en joue l’animal, qui n’était encore qu’un frémissement dans la longue haie bordant le chemin de terre d’où la brume s’était levée, désengourdissant la campagne et son propre corps endormi du même coup, il tira. Orvet n’avait pas trouvé meilleure stratégie pour se faire apprécier des hommes du bataillon, là-haut sur la Ligne, que de leur apporter certains matins de quoi cuisiner un civet – parce qu’il était de la ville, parce qu’il était artiste, et qu’il parlait bien, qu’il pensait trop. Les hommes de cette armée qui veillait avec lui, à demi endormie, mais anxieuse, dans les blockhaus, n’aimaient pas ses manières trop conscientes de petit-bourgeois, qui les humiliaient un peu. En leur offrant un animal à dépouiller, à cuire et à manger, il était heureux de leur faire la preuve qu’il ne serait pas une genre d’officier qui tremblerait le jour où il faudrait tuer. Il ferait son œuvre : il était un homme autant qu’eux. Du moins c’est ce qu’il ressentait, en chargeant dans sa gibecière le corps encore chaud du lapin, la fourrure percée d’un œil rouge de cyclope estourbi, avant de remonter par la sente buissonnière, enjambant les branches mortes et les branches tombées des pins. (« L’entaille »)
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Vidéo de Tristan Garcia
Une version scénique et inédite de « Bookmakers », par Richard Gaitet, Samuel Hirsch & Charlie Marcelet
Avec Télérama et Longueur d'ondes
En dialoguant avec 16 auteurs contemporains qui livrent les secrets de leur ecriture, decrivent la naissance de leur vocation, leurs influences majeures et leurs rituels, Richard Gaitet deconstruit le mythe de l'inspiration et offre un show litteraire et musical.
Avec les voix de Bruno Bayon, Alain Damasio, Chloe Delaume, Marie Desplechin, Sophie Divry, Tristan Garcia, Philippe Jaenada, Pierre Jourde, Dany Laferriere, Lola Lafon, Herve le Tellier, Nicolas Mathieu, Sylvain Prudhomme, Lydie Salvayre, Delphine de Vigan et Alice Zeniter.
En partenariat avec Télérama et le Festival « Longueur d'ondes »
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