La vie de Junior avait bien mal démarré il y a 14 ans... Indien Spokane de la réserve Wellpinit , une opération du cerveau à l'âge de six mois lui a laissé une gueule cabossée : 42 dents, des yeux de traviole, une maigreur et des grands pieds qui le font ressembler à un l'majuscule, un crâne énorme à qui il doit toutes sortes de quolibets, et pour finir il zozote et bégaye.
De plus, dans sa famille comme dans toutes celles de la réserve, le frigo est souvent vide, et « un bon morceau de poulet pousserait n'importe qui à croire en l ‘existence de Dieu. »
Le refuge de Junior ?...Ses dessins, qu'il imagine « comme de tout petits petits canots de sauvetage », persuadé qui lui permettront de se faire entendre et comprendre dans le monde entier.
Malgré ses airs de « gogol », Junior est loin d'être sot, et vit mal la misère fataliste qui règne dans sa tribu . Son prof de Maths le persuade de partir « pour toujours » , de quitter ce lieu « où l'on apprend qu'à renoncer ». Junior va donc intégrer le lycée de Reardan, situé à 35 kilomètres de la Réserve, et se retrouve seul Indien parmi les Blancs. Pour ceux de la Réserve, il est maintenant un traître , alors que pour les Blancs, le seul fait d'être Indien fait de lui un tueur en puissance ...
Mais Junior se montre plein de courage, affrontant les règles de survie, qui somme toute, sont les mêmes que dans la réserve :
le premier qui pleure a perdu ...
Mon avis :
Je devais le lire, mon ado ne m'a pas laissé le choix : un livre dont il me dit avoir envie de le relire alors même qu'il ne l'a pas encore terminé, cela ne se refuse pas ! ! !
Et je l'ai trouvé tout simplement formidable.
Faire d'une telle vie un roman jeunesse est un pari osé. L'auteur réussit ici à aborder des thèmes lourds tels que la ghettoïsation des minorités ethniques, l'alcoolisme, la mort. Certains passages sont forcément lourds de tristesse, mais l'autodérision du narrateur fait passer un merveilleux message d'espoir. Les dessins de l'illustratrice d'
Ellen Forney jalonnent si bien cette lecture, que j'ai d'abord cru que
Sherman Alexie en était lui-même l'auteur. Ici,
Sherman Alexie parle de cette collaboration réussie, et de l'écriture de ce roman qui est son premier ouvrage en littérature jeunesse.
L'avis de mon Ado de 13 ans :
J'ai adoré ce livre qui traite de la discrimination raciale. Les illustrations, le plus souvent très drôles, nous aident à refouler les larmes que l'on pourrait verser devant tant de misère.
Les quelques billets qui parlent de ce roman sont relativement anciens : Cuné ne l'avait pas du tout aimé, Blabla Blibli en a apprécié l'écriture légère et pleine d'humour, Saxaoul et Clarabel ont été convaincues.