Je me demande parfois ce qui se serait passé si je n’avais pas été jeté dans cette guerre. Je serais heureux. Je n’aurais jamais été mécontent de moi-même et je n’aurais jamais appris sur mon compte ces choses qu’il vaut mieux ne pas connaître. Comme dit Zarathoustra : quand tu plonges ton regard dans l’abîme, l’abîme voit le fond de ton âme…
Chacun d’entre nous a son cimetière dans sa mémoire…
Si nous pouvions nous voir tels que nous sommes vraiment, nous nous ferions certainement peur à nous-mêmes
Je qualifie ma génération de "génération d'exécutants". La guerre afghane a été l'apogée de notre tragédie. Vous avez touché le nerf qu'il fallait parce que vous avez posé la question, à nous et à nos enfants: quelle sorte de gens sommes-nous? Pourquoi peut-on faire de nous n'importe quoi!
Nous sommes tous fautifs, nous avons tous eu part au mensonge: voilà le sujet de mon livre. En quoi le totalitarisme est-il dangereux? Il nous rend tous complices de ses crimes.
Il serait mort sans rien dire, mais il a pleuré parce qu’il a entendu sa langue maternelle
Évidemment les généraux ne tirent pas sur les femmes et les enfants, mais ce sont eux qui donnent des ordres
Ils mouraient pour trois roubles par mois : nos soldats touchaient huit bons par mois chacun. Trois roubles… Ils mangeaient de la viande véreuse, du poisson pas frais…
Nous avions tous le scorbut, j’ai perdu toutes mes incisives. Ils vendaient leurs couvertures et achetaient du haschisch, ou des sucreries, des bibelots… Là-bas les boutiques sont rutilantes, c’est très tentant. C’est plein de choses qu’on ne trouve pas ici. Alors ils vendaient leurs armes, leurs cartouches… Pour qu’on les tue ensuite avec…
Je vous ai lue et j'ai pleuré... Mais je ne relirai pas votre livre quand il paraîtra... Par simple instinct de conservation. Je ne suis pas sûre que nous devrions savoir ces choses-là sur nous-mêmes. C'est trop effrayant... Ça laisse un grand vide dans l'âme vide... On ne croit plus en l'homme... Il fait peur
À nos yeux les Afghans n'étaient pas des hommes, et nous n'en étions pas non plus pour eux. Nous ne pouvions pas nous permettre de voir des êtres humains en face de nous. Sinon nous n'aurions pas pu les tuer.