Une autre vision du monde… à la mode hippique
Bon je ne dirai pas que j'ai, une nouvelle fois, beaucoup aimé ce roman des Editions Poulpe Fictions car cela tournerait à la flagornerie. Mais c'est un fait, je n'ai pas encore été déçu par leurs productions.
Ce nouvel opus utilise un procédé qui me semble très intéressant pour les enfants : la focalisation interne. En gros, l'histoire nous est racontée à travers le regard du personnage principal soit Tarzan, le poney. Et là, nous tombons dans la subjectivité la plus totale car vous allez le découvrir, Tarzan est tout sauf capable de faire la part des choses. Quand il n'aime pas, il n'aime pas. Il n'y a rien à discuter. Ce qui donne lieu à des passages plutôt croustillants comme son voyage en van qui n'a rien à envier à un voyage en avion en cours de perdition ou sa rencontre avec la clôture électrique de son nouveau pré. Je n'en cite pas plus car il vous faut le découvrir par vous-même. le choix également de nous faire découvrir le monde de cette manière est aussi très révélateur de la vision de l'humanité : Tarzan se demande ainsi pour quelle raison les humains sont incapables de comprendre ce que ressentent les animaux alors que les animaux, eux, comprennent parfaitement l'humain. Il s'interroge aussi sur l'obsession des hommes à découper le temps alors qu'il est quand même bien plus agréable de vivre et de profiter du temps présent. C'est quand même loin d'être bête pour un poney !
Autre drôlerie du roman : son découpage en chapitres qui rappelle la forme du texte de Pérec « Je me souviens ». En effet, la quasi totalité des chapitres ont un titre débutant par « Je déteste » mettant ainsi le doigt sur un petit truc qui dérange Tarzan. Bon il faut quand même reconnaître qu'il y a un chapitre qui s'intitule : « Je (ne) déteste (rien dans ce chapitre) », preuve que Tarzan prend un peu sur lui de temps en temps (enfin, avec des parenthèses, faut pas abuser, quand même !).
Une autre chose qui m'a beaucoup plu, c'est le côté un peu Capitaine Haddock de Tarzan dans sa propension à trouver des expressions hautement imagées : Nadège qui travaille au centre équestre devient « la pintade à queue de cheveux », les gamines venus en camp de vacances deviennent elles « Sixtine Machin-chose » ou « La Boulette »/ "la Casse-pied hirsute". Après tout, comme il le dit lui-même, Tarzan c'est pas « une ponette à sa mémère » donc faut pas trop le chercher.
Pédagogiquement, ce roman est aussi un petite pépite. Il est possible de travailler le domaine de l'hippologie car le vocabulaire employé n'est en rien simplifié (on parle de « postérieurs » et d' "antérieurs", par exemple) ou la question de l'intérêt général ou particulier car Tarzan, il n'est certes pas très sympathique de prime abord mais il sait être courageux et généreux quand il faut. Je ne reviens pas sur la question du point de vue mais elle me semble essentielle pour acquérir une autre perception du monde et mener une réflexion à ce sujet.
Mes chouchous à moi
Ben ils sont légion : Tarzan et Jeanne (oui, il fallait le faire !) qui se détestent mais pour combien de temps ? Car comme on dit, qui se ressemble s'assemble. Sixtine, la petite peste dont Tarzan règle le compte rapidement en lui cochonnant sa veste,
Lily-Rose, la copine un peu naïve mais attachante… On a ainsi une jolie galerie de portraits tous autant délicieux les uns que les autres.
Au final, un court roman jeunesse que je recommande chaleureusement tant il est drôle et décapant (parce que Tarzan, il ne fait pas dans la dentelle). A noter là encore, la qualité des illustrations et cette fois, c'est Louis Thomas qui s'y colle.
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