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4,2

sur 4815 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Munyal, munyal - patience, patience, c'est ce qui est constamment répété aux femmes musulmanes. Ce devrait être un jour de joie pour Ramla et Hindou, deux demi-soeurs, qui se marient, la première avec un riche homme d'affaires cinquantenaire et l'autre avec un cousin...Mais les deux jeunes filles de quinze ans n'ont cessé de lutter contre la décision patriarcale. Ramla, instruite, souhaitait épouser un étudiant prometteur et a essayé par la raison d'infléchir le choix de son père, sans succès, elle sera donc coépouse et devra se placer sous la protection de Safira, première épouse. Quant à Hindou, elle redoute la violence et l'oisiveté de ce cousin connu pour se droguer et incapable de garder un travail. Deux destins malheureux, auxquels s'ajoute celui de Safira, la premier épouse qui se voit imposer une jeune rivale jeune et belle, qu'il faut guider et dont il faut se faire une alliée malgré la rancoeur d'être écartée du lit conjugal.

Les impatientes ce sont trois femmes qui se révoltent face aux destins conditionnés par la tradition et la religion, qui imposent aux femmes d'accepter les décisions, de courber l'échine sur les refus, les vexations ou les situations qui font souffrir quand elles sont imposées comme la presence d'une deuxième ou troisième épouse, accepter de se sacrifier pour que le mari ne soit jamais importuner par des disputes ou des jalousies typiquement féminines et qui ne font que déranger sa quiétude, accepter les taches les plus ingrates imposées par la belle famille...
Djaïli Amadou Amal dénonce avec les impatientes les conditions de vie de femmes du Nord Cameroun, encore soumises au choix patriarcal, un carcan qu'il est impossible de contrer au risque d'être complètement exclue et désavouée par sa propre famille. Un modèle de vie imposé au détriment de l'épanouissement personnel, une notion qui n'est pas prise en compte dans certaines civilisations ou religions.
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Ramia, Safira, Hindou, trois femmes au coeur de Sahel. Trois histoires dramatiques de vies bouleversées par la violence qui leur est faite.
Histoires poignantes et exigeantes, car elles brassent un bon nombre de thématiques tabous, comme le mariage forcé, la polygamie mais aussi le viol conjugal.
Récit d'autant plus sensible qu'il est en partie autobiographique, Djaïli Amadou Amal ayant elle aussi, été mariée de force à 17 ans. C'est sa fuite et sa survie qui l'ont amenée à écrire.
Les lycéens ont couronné l'un des textes les plus émouvants de cette rentrée littéraire 2020.
« Les impatientes » est un roman dur, fort, empreint d'une beauté profondément triste comme celle de toutes ces femmes, privées de leur propre vie.
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Nous sommes au nord du Cameroun dans une concession peule, Samla dix-sept ans rêve de devenir pharmacienne, mais son oncle a décidé de la marier à un homme riche et respecté de 50 ans. Elle va devenir sa seconde épouse.

Le même jour sa demi-soeur Hindou se marie avec son cousin Moubarek alcoolique, drogué et violent.

Safira la première épouse redoute l'arrivée de la jeune et jolie Samla.

Un roman polyphonique, trois voix pour exprimer toute la violence faite aux femmes au nom des traditions et de la religion.

Les filles doivent attendre patiemment que leurs pères ou leurs oncles leur proposent un époux, un homme riche qui les mette à l'abri du besoin, qu'elles soient dignes et qu'elles se plient aux traditions. L'amour n'existe pas avant le mariage. Désormais leur vie se résumera à cuisiner et à s'occuper des enfants, subir les coups et les viols de leur mari dont elles se partagent les faveurs à tour de rôle avec leurs coépouses. Tout cela dans la plus grande indifférence des membres de la famille.

Ici, la polygamie est normale et même indispensable pour le bon équilibre du foyer conjugal, la première épouse est la maîtresse de maison, la coépouse lui doit obéissance absolue, et accomplir les tâches ingrates. Entre coépouses un climat de conflit et de jalousie permanent. Une sourde rivalité qui se répercute sur les enfants. Se débarrasser par tous les moyens de sa rivale.

Ce roman est une certes une fiction, mais savoir que ce récit est inspiré par des faits réels, par le vécu de nombreuses femmes, dans l'indifférence de tous, c'est insoutenable !

Mais comme tiens à le souligner l'auteure dans une interview :
« Toutes les religions prônent la paix et aident à l'épanouissement des êtres humains. Elles ne peuvent donc être tenues responsables des tourments que les hommes font endurer aux femmes. S'il y a des souffrances, c'est conséquemment en lien avec les mauvaises interprétations des textes. Les religions n'ont jamais promu le mariage précoce des filles ni les violences à l'endroit des femmes… Cela relève donc d'une mauvaise interprétation des textes religieux dont usent certains pour infliger des violences aux femmes. Il est également question de pratiques coutumières que nos sociétés ont du mal à prohiber. »

Un roman salutaire donc pour lutter contre l'obscurantisme. Un lecteur ne peut pas ressortir indemne d'une telle lecture. Avec ce terrible mot qui revient sans cesse Munyal ! (Patience) symbole absolu de la soumission.

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A travers le destin de trois femmes, Djaïli Amadou Amal entend dénoncer les mariages forcés et la polygamie encore largement pratiqués en Afrique.

A Maroua, au nord du Cameroun, dans la communauté des Peul sédentarisés, Ramla, dix-sept ans, voudrait devenir infirmière. Elle accepte de se marier avec un ami de son frère, étudiant et partisan de lui laisser faire des études. C'est sans compter la proposition faite à l'un de ses oncles par un riche commerçant, à la recherche d'une seconde épouse. Halidou, la demi-soeur de Ramla, est mariée à son cousin germain, drogué, alcoolique et violent. Safira, trente-cinq ans voit, après vingt ans de monogamie, son mari s'enticher de Ramla. Elle ne veut pas être première épouse, elle veut être la seule et ne reculera ni devant la sorcelerie ni d'autres bassesses pour chasser sa rivale.

La polygamie est montrée du côté féminin comme une guerre des tranchées, ou chaque épouse essaie d'obtenir plus d'avantages et de faveurs pour elle-même ou ses enfants.
Du côté masculin, c'est une injustice sociale, étant donné que les plus riches peuvent posséder plusieurs épouse, ce qui fait que d'autres n'en n'auront pas. Les pères sont en concurrence avec leurs propres fils, qu'ils tiennent également dans une grande dépendance économique et sociale.

Un très beau livre, récompensé par le prix Goncourt des lycéens en 2020.
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La COLÈRE!
Voilà le premier sentiment que m'a inspiré ce livre, avant même l'empathie ou la compassion.

S'appuyant sur son expérience personnelle, l'auteure compose le parcours de trois femmes camerounaises musulmanes, qui tentent de s'opposer à l'oppression qu'elles subissent dans une société régie par les hommes.

Trois vies dépendant d'un maître (père, époux ou oncle) qui dispose sur elles d'un pouvoir absolu ;

Trois êtres humains interchangeables, ne disposant d'aucun droit, ne pouvant faire aucun choix, et dont le devoir est d'accepter la supériorité des hommes, de leur obéir, et de les servir ;

Trois prisonnières contre lesquelles toute la société se ligue : non seulement les hommes, mais aussi les co-épouses, les tantes, les soeurs, jusqu'à leur propre mère ;

Trois femmes au destin brisé d'avance, auxquelles n'est laissé aucun espoir d'échapper à une non-existence.

Les arguments utilisés pour leur imposer cet asservissement sont évidemment fallacieux et révoltants d'hypocrisie : la religion, les coutumes, l'honneur de la famille, “l'ordre naturel des choses”...
Les moyens de rétorsion envers les réfractaires vont du chantage affectif au tabassage.

Les impatientes est un cri contre l'esclavage de femmes qu'une société entière ravale au rang d'objets.
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Trois femmes au Nord-Cameroun. Elles sont peules, musulmanes et contrairement à ce que l'on pourrait penser, espérer, elles sont nos contemporaines :
Deux jeunes filles mariées de force, une jeune femme dont le mari prend une seconde épouse après 20 ans de mariage.
Par l'évocation de ces trois destins, l'auteure va nous montrer toute l'horreur du sort des femmes dans ce pays d'Afrique. Elles n'ont qu'un droit celui d'être patientes. Leurs père, oncles, mari surtout ont tous les droits sur elles:
" Les conseils d'usage, qu'un père donne à sa fille au moment du mariage et, par ricochet, à toutes les femmes présentes, on les connaissait déjà par coeur. Ils ne se résumaient qu'à une seule et unique recommandation : soyez soumises ! "
Leurs conditions de vie sont effrayantes, elle paraissent même pire que celles des musulmanes au Moyen-Orient.
Condamnées à la promiscuité dans des concessions où vivent toute la famille, elle subissent souvent la violence physique et aussi morale: Coups, humiliations, perfidie, jalousie ... Et les tortionnaires ne sont pas que les hommes. les femmes entre elles ne se soutiennent pas ou peu, elles se jalousent et chacune doit paraitre forte aux yeux des autres, pour ne pas perdre sa position.

Un roman nécessaire, mais qui m'a laissé un peu sur ma faim. J'aurais aimé mieux connaitre ces femmes, mieux comprendre le contexte, peut-être avoir aussi le récit de quelques moments heureux dans ces vies brisées. Cela n'en aurait donné que plus de force au récit.

Moi dont la patience est très relative, je revendique aujourd'hui le droit à l'impatience pour toutes.
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Scènes de la vie conjugale dans un Cameroun polygame, où le seul remède qu'on propose aux femmes est la patience.

Patience si ton mari te bat, patience si ton père t'a choisi un époux dont tu ne veux pas, patience si ton mari a décidé de faire entrer une nouvelle épouse dans sa maison.

Le roman est en trois parties. Dans chacune d'elles, une femme se raconte.

- Ramla qui voulait aller à l'université mais dont l'oncle a choisi pour elle un riche cinquantenaire dont elle sera la seconde épouse.

- Hindou dont le mariage a été arrangé avec un cousin, mais celui-ci boit, se drogue et reçoit des maîtresses chez lui.

- Safira, la première épouse, mariée depuis vingt ans, qui refuse d'accepter la jeune co-épouse de son mari.

Un roman à lire, pas tant pour sa qualité littéraire que par le témoignage qu'il représente. On a peine à penser que c'est une réalité du 21e siècle et c'est bien difficile d'imaginer ce qu'on pourrait bien faire si on était à leur place…
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****

Quand on est une fille, au Cameroun, la liberté est un doux rêve inaccessible. Qu'elle soit innocente comme Hindou, qu'elle ait passé son bac comme Ramla ou qu'elle soit une première épouse depuis 20 ans, le seul maître mot chez les femmes peule c'est munyal, la patience. A travers ces 3 visages, c'est la voix de toutes les petites filles violentées, soumises et forcées qui résonne à nos oreilles...

Djaïli Amadou Amal est une auteur qui a une connaissance toute personnelle de ce qu'elle écrit. Et ça se sent ! C'est avec le coeur, avec les larmes et dans un cri, qu'elle nous offre ce très beau roman.

Il est évidemment touchant, émouvant et révoltant de vivre aux côtés de ce trio de femmes. Une fois passée la violence du mariage forcé, on découvre leur quotidien. Soumises à leurs époux, elles ne peuvent trouver refuge auprès de leur famille même si leur vie n'est que brimades, coups et viols. C'est ainsi que va la vie pour les femmes africaines.

Ramla, Hindou et Safira sont les facettes d'un même visage : même si leurs yeux sont baissés, elles ne courbent pas le dos et sont bien décidées à faire entendre leur voix. Leur vie n'est pas insignifiante, personne ne peut en jouer. Elles restent maitresse de leur destin, parfois au prix de la folie...

Une écriture simple, des mots justes et un message fort. Ces impatientes nous offrent leur combat... Nous nous devons de le porter loin...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2020..
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Pas d'enthousiasme démesuré pour ma part, Les impatientes racontent une histoire plus universelle qu'elle n'y paraît. Il y a pourtant une différence pour ces femmes peules : l'impossibilité de réclamer de l'aide à qui que ce soit. Notre seule supériorité : avoir conscience du problème, et des structures d'accueil existent, même s'il reste encore beaucoup à faire.

Ramla et sa demi-soeur Hindou se marient le même jour, la première avec un homme qui l'a aperçue, l'a voulue, l'a demandée en mariage et a obtenu ce qu'il désirait. Et tant pis si Ramla était fiancée à un autre homme, tant pis si son futur mari a déjà une épouse, Safira. Hindou épouse son cousin qui traîne une mauvaise réputation.

Chaque femme, Ramla, Hindou et Safira, va prendre la parole à tour de rôle et raconter son histoire.
Les femmes sont soumises à leur père puis à leur mari. Rien ne sera jamais la faute des hommes, tout ne peut être que la faute de la femme. Dans ce cas, comment tolérer que qui se soit les soutiennent ? La vie familiale se déroule entre asservissement, peur et coups.

Mais au-delà de la culture d'un pays lointain, c'est bien un récit universel qui est narré : femmes abandonnées et jalouses, femmes battues, qui oserait dire que ça n'existe pas chez nous ? Mariage forcé, peut-être, mais rien n'est moins certain.

J'ai eu un peu de mal avec le vocabulaire utilisé par Djaïli Amadou Amal. Aucun doute, il y a des viols dans ce livre, mais est-ce qu'une de ces femmes emploierait ce mot alors que sa famille lui a enseigné depuis la plus tendre enfance que son mari avait tous les droits ?
Le ton du roman ne m'a pas paru cohérent avec ce qu'avaient vécu ses femmes et avec ce qu'elles vivaient encore, une soumission obligée, fortement aidée par le manque d'instruction des filles.

Malgré cela, c'est un livre que je recommande.

Lien : https://dequoilire.com/les-i..
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Challenge plumes féminines 2023 – n°1

Livre acheté l'an dernier pour un challenge sans trop savoir quel en était la portée. Ce n'est qu'en voyant passer certaines critiques que je me suis demandée si c'était bien une lecture pour moi. Il aura fallu l'aide d'une pioche (celle de Novembre de la part de Marie) pour le sortir de ma pal, tout en gardant mes a priori…

Malgré le sujet abordé et certaines phrases qui m'ont hérissé le poil, j'ai lu la 1ère partie sans trop de déplaisir. En même temps, le style de l'auteure est agréable et se lit vite, elle sait malgré tout de quoi elle parle. La partie sur Hindou a été plus compliquée à lire car il aborde des sujets tels que le viol et les violences conjugales… La 3ème partie n'est pas mieux quand on voit jusqu'à quelles extrémités vont les coépouses pour se débarrasser de l'une d'entre elles. À croire qu'elles ont la mémoire courte concernant les mariages polygames, comme si les femmes avaient vraiment le droit à la parole dans ce genre d'échanges. C'était un peu pareil pour nous, les Européennes, au Moyen-Âge : une femme contre une dot et l'amour n'avait rien à voir dans l'acte du mariage. le moins que l'on puisse dire est que cette auteure possède l'art indiscutable de conter des histoires de ce genre, car sinon je n'aurais pu aller au bout de celle-ci. le sujet choisi n'est pas simple à lire dans notre société occidentale. Malheureusement elle est toujours d'actualité dans certains pays d'Afrique où la parole d'Allah et des hommes est plus importante que celle de leurs femmes (filles comme épouses ou mères). Et dire que ce qu'elle nous raconte lui est très certainement arrivé dans sa jeunesse, d'où l'accent de vérité qui ressort dans ces 3 histoires. Je pense qu'on retrouve une part d'elle-même dans chacune d'elles.

Comme vous l'aurez compris, on peut difficilement parler de coup de coeur avec un sujet pareil mais c'est malgré tout une excellente découverte du fait de cette conteuse hors pair. Mon regard s'était arrêté sur la superbe couverture de cette édition et malgré la lecture du résumé, je ne savais pas à quoi m'attendre. J'ai eu des a priori à cause de certaines critiques mais la lecture a été finalement plus simple que prévu malgré quelques passages houleux. Je vous conseille donc très fortement de le découvrir pour vous en faire votre propre avis et voir de vos propres yeux le style de cette auteure.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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