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4,2

sur 4815 notes
« Ce livre a été lu avec une très grande admiration pour l'auteure. Pour nous, la liberté est une devise héritée de notre histoire ; pour elle, ça a été une révolte et une conquête obtenue contre son histoire, avec l'extrême force de caractère que cela suppose. Couronner son livre honorerait le prix Goncourt. » Merci à 20 minutes, qui a publié ma chronique sur Les impatientes, de Djaïli Amadou Amal en précisant qu'il avait « une bonne carte à jouer ».⠀
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Carrément ! Car c'est peu dire que j'ai adoré ce livre. Il va droit au but, et on le lit avec le coeur au bord des lèvres. Il est inspiré de la vie de son auteure, sans en être le récit. Il suit trois femmes qui subissent un mariage forcé, comme elle, et trouvent trois façons de le supporter. Son destin personnel ouvre une quatrième voie : celle du témoignage, de l'écriture, et du militantisme.⠀
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Son livre est un livre brûlant, qu'on lit au bord des larmes, qui donne envie de faire la révolution, qui oblige à se demander où on en est avec les vrais problèmes qui existaient avant que notre quotidien vire au café du commerce épidémiologique (et qui n'ont pas disparu !), avant que les débats à la machine à café deviennent des conversations avec un écran, du temps où on sortait dans la rue, où on acceptait de parler à des gens présents en 3D, où on prenait les transports en commun en ne pensant pas seulement « transports », mais aussi « communs ». Qui oblige à se demander ce que nous voulons pour notre avenir ensemble : un monde qui exclut ? Un monde qui se replie ? Ou un monde qui éduque, qui réfléchit, qui accepte de changer ?
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Le titre « Les impatientes » n'est pas le titre originel. le livre a d'abord été publié en Afrique sous le titre « Munyal ». C'est un mot qui y revient tout le temps, et signifie « patience », parce que la patience, c'est tout ce que la société peul propose aux femmes en attendant la mort. C'est très symbolique et très puissant d'avoir choisi de rééditer le livre en choisissant le titre contraire : l'impatience plutôt que la patience, l'impatience en attendant la vie plutôt que la patience en attendant la mort.
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C'est la première fois de ma vie que j'ai vraiment hâte de savoir à qui ira le Goncourt... J'ai lu les quatre finalistes, et vous avez déjà compris à qui va ma préférence. Et la vôtre ?
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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Très émouvant et très brutal mais ironiquement réel.
Lien : Https://Babelio.fr
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Merci @Anaïs Alexandre pour cette découverte !
Coup de coeur pour ce roman passionnant et finement construit.
3 chapitres, 3 femmes, 3 mariages imposés chez les Peuls au Cameroun de nos jours. La souffrance, les tourments de trois femmes victimes d'une société patriarcale terrifiante : Ramla qui voulait devenir pharmacienne et que sa famille sépare du jeune homme qu'elle aime pour la donner, l'année de son bac, à un homme de 50 ans ; Hindou, demi-soeur de Ramla à qui on impose un mari ultra-violent ; Safira, la première épouse du mari de Ramla, qui voit arriver cette seconde épouse avec beaucoup d'aigreur et qui, dès lors, ne cherche qu'à éliminer celle-ci... Un livre nécessairement dur, qui suscite de l'effroi et une immense compassion, qui appelle à ne pas relâcher la vigilance contre les violences infligées aux femmes.
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Après la condition des femmes palestiniennes dans le silence d'Isra (un roman bouleversant), je découvre celle des femmes au Sahel avec les impatientes. Et ce n'est guère réjouissant. 1 mot parcourt tout le livre : patience (Munyal). C'est le leitmotiv de toutes ces épouses. Une exhortation. Ton mari te viole : patience. Ton mari te frappe : patience. Ton mari prend une nouvelle épouse et te délaisse : patience. A travers les témoignages édifiants de Hindou, Safira et Ramla, c'est toute la condition des femmes camerounaises, peules et musulmanes qui est dénoncée : mariages forcés, polygamie, violences conjugales. Rien ne nous est épargné. Rien ne leurs est épargné. Soumises à leur famille, les jeunes filles passent de la tutelle d'un père à celle d'un mari. Sans autre choix possible. Terrible.
Une fiction malheureusement inspirée de faits réels (c'est l'autrice qui le dit). Un roman dans la short list du Goncourt.
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Bienvenue dans un monde où naître femme est une souffrance et un sacerdoce, où seul Allah et les hommes de votre famille décident pour vous, où vous ne trouverez ni soutien, ni consolation.
Bienvenue dans un monde où les femmes sont si peu considérées que les maris peuvent les battre avec la bénédiction de la famille.
Ce roman m'a mise en colère. Comment peut-on traiter des femmes de la sorte ? Et comment un gouvernement peut-il laisser des femmes être traitées de la sorte au 21è siècle?
Bien sûr je savais déjà qu'il y avait des mariages forcées, la polygamie, et tous les mauvais traitements réservées aux femmes dans certains pays musulmans, mais Djaïli Amadou Amal nous emmène à l'intérieur d'une concession, maison composée des coépouses, des enfants, des domestiques et du mari tout-puissant. Et on est témoin de la vie sacrifiée de ces femmes, de leur vie difficile faite de règles et de comportements absurdes, à la merci de leur époux.
Un roman révoltant, très bien écrit par Djaïli Amadou Amal.
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Après lecture de : "les impatientes", je mesure la chance que j'ai de vivre dans un pays où les femmes sont libres de leurs destin.
Dans ce roman Djaïli retrace le parcours de trois femmes d'Afrique. Ramla et Hindou, deux soeurs dont le père a choisi les maris: Ramla deviendra la co-épouse de Safira et hindou sera marié à son cousin Moubarak.
Bien que vivant dans un cercle proche leur destin sera différent, et l'auteur donne tour à tour la parole à ces trois femmes.
Ramla doit renoncer à son amoureux pour obéir à son père, elle doit subir la loi de son mari et de sa co-épouse Safira.
Hindou a encore moins de chance, son époux boit, se drogue et est extrêmement violent: elle se fait régulièrement battre et violer mais bien entendu elle n'a pas le droit de se plaindre.
Safira elle, est jalouse de la nouvelle épouse de son mari et est prête à tout pour que ce dernier la répudie et reste l'unique.
C'est un roman particulièrement intéressant et très bien documenté sur la condition des femmes et l'organisation du mode de vie des Peules. Les différentes facettes des conditions de la femme et surtout du peu de poids qu'on leur désir et leur sentiment dans une hiérarchie dominée par les hommes et la religion.
Toute la force du texte réside dans la polyphonie, l'auteur nous met au coeur des violences subit à travers l'histoire de Ramla et surtout d'Hindou mais elle montre aussi que les femmes ne sont pas forcément solidaires face à la domination masculine. En effet, à travers le personnage de Safira, elle montre qu'il existe une grande rivalité entre les femmes et que la polygamie peut conduire certaines d'entre elles à des comportements violents. Safira est prête à tout pour éliminer sa rivale.
Roman intelligent qui montre bien le peu de valeur de la femme dans certains pays. A lire et à faire lire à tous , l'égalité homme-femme est encore loin d'être acquise.
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Ce roman se passe au Sahel et se compose de trois parties ou trois voix de femmes. Tout comme l'auteure née au Cameroun, elles sont peules et musulmanes. Il y a d'abord Hindou et Ramla, deux soeurs mariées de force à l'âge de 17 ans. Puis Safira, la première épouse ou co-épouse, elle est la Daada-saaré, celle qui veille à l'harmonie de la maison et doit accueillir Ramla. Vous l'avez compris, il est question de polygamie dans ce roman bouleversant.
En effet, la tradition et la religion sont un prétexte pour imposer une soumission totale des femmes à leur mari. Certaines vivent de véritables calvaires, elles sont violées, battues et menacées d'être répudiées. Toute leur vie, on leur dit toujours la même chose, « munyal » ou « patience ». C'est de toute façon toujours de leur faute. Elles n'ont pas obéi, ont fâché leur mari. C'est ce qu'entendra Hindou, mariée à son cousin, Moubarak, un jeune homme violent, drogué et alcoolique.
Dans le Nord du Cameroun, une fille appartient à toute sa famille. C'est ainsi que l'oncle de Ramla « l'offre » à un important et riche homme d'affaire, Alhadji Issa, pour entretenir les bonnes relations. Un homme d'une cinquantaine d'années qui a déjà une femme, Safira. Cette dernière se méfie de Ramla et sans la connaitre va la détester avant son arrivée, car elle lui vole son mari. Et avec la naissance éventuelle d'autres enfants, diminuera la part qui revient à ses enfants. Ramla avant de se marier, faisait de brillantes études et rêvait de devenir pharmacienne. Elle avait même un fiancé, un ami de son frère, qui avait demandé sa main à son père. Mais face à Alhadji Issa, il ne faisait pas le poids.
La condition féminine dans ce pays fait froid dans le dos. Un livre important donc qui grâce aux éditions Emmanuelle Collas et au Prix Orange du livre en Afrique nous arrive aujourd'hui en France.
Djaïli Amadou Amal a vécu elle-même une telle histoire et a décidé d'écrire ce livre comme un message d'espoir pour toutes ces femmes. Elle a créé une association, « Femmes du Sahel », pour inciter les filles à étudier afin d'être indépendantes.
L'écriture est simple et sobre mais d'une redoutable efficacité pour parler d'un tel tabou. C'est puissant et percutant. Certaines scènes sont insoutenables. Lisez ce grand roman pour son sujet, pour que la condition de ces femmes avance, pour que les filles puissent aller à l'école et rêver de devenir ce qu'elles souhaitent.
Ce livre m'a fait penser à d'autres romans, « La Tresse » de Laetitia Colombani, mais aussi « Baba Segi, ses épouses, leurs secrets » de Lola Shoneyin (Nigéria), où les co-épouses se font les pires coups. Une collègue m'a d'ailleurs parlé d'un autre grand roman sur ce sujet, « le silence d'Isra » d'Etaf Rum.

Prix Orange du livre en Afrique 2019
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J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a fait découvrir les coutumes peules et la vie de ces femmes, réduites à être soumises à leur mari.
C'est un livre coup de poing. J'ai ressenti de la colère, de la tristesse pour ces femmes qui répètent de mère en fille ce destin de soumission car le bonheur est aux pieds de son mari.
C'est une belle écriture qui nous raconte un conte malheureux.
J'ai beaucoup apprécié la fin que je ne raconterai évidemment pas.
Je vous conseille cette lecture
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La patience des impatientes, raconté par la voix des sans voix.

Les Impatientes
Djaïli Amadou Amal

Ce livre est si bien écrit qu'on a presque l'impression d'être à la place de ces femmes, mais en même temps, on a le sentiment qu'on ne connait pas cette situation (en tout cas pour ma part) et qu'on ne peut pas comprendre. C'est très paradoxal.
Avec ce livre, j'ai pensé deux choses :
- Premièrement, je me suis dit que j'avais de la chance, parce que oui, on a encore des progrès à faire en France par rapport à l'égalité homme/femme, mais on a beaucoup plus de droits que les femmes au Sahel.
- Deuxièmement, je me rends compte qu'il y a encore beaucoup de travail dans d'autres pays que la France pour garantir les droits de la femme.
J'ai adoré ce livre parce qu'il y avait trois histoires et qu'elles étaient toutes différentes. Djaïli Amadou Amal va raconter les trois histoires à des moments différents du mariage :
-Ramla nous raconte la vie des femmes au Sahel ou plutôt son histoire avant son mariage. Elle dénonce le mariage forcé.
-Hindou, quant à elle, nous fait réfléchir sur la violence conjugale mais aussi sur les viols. L'histoire d'Hindou est poignante. Ça me fait penser aux combats que les féministes en France engagent contre les violences et les viols. Une phrase m'a interpelée : « Une fois que je suis allongée près de lui, Moubarak me viole en guise de consolation. » Djaïli Amadou Amal, Les impatientes, Emmanuelle collas, 2020, page 131.
Un autre moment de l'histoire qui m'a marqué, c'est quand une dame va s'indigner du fait qu'Hindou ait des marques de coups sur le visage. Elle va lui dire que ce n'est pas normal qu'un homme frappe sa femme au visage mais qu'en revanche, il a le droit de la frapper sur le corps. Ça m'a indignée. Comment ça !!! Un homme a le droit de frapper sa femme tant que ce n'est pas sur le visage !!!
-Safira nous fait réfléchir sur la polygamie qui m'a dérangée pour deux raisons : d'abord je ne trouve pas normal qu'on puisse se marier avec deux personnes sans demander l'avis à la première femme. Selon moi, si la deuxième femme est d'accord mais pas la première, le mariage ne devrait pas être possible. La polygamie est d'ailleurs interdite en France. Ensuite, parce que la polygamie, c'est toujours le même schéma : UN homme et DES femmes. Pourquoi pas l'inverse ? Encore une fois l'homme et la femme ne sont pas sur un pied d'égalité. On m'a donné une réponse à cette question. Il y aurait plusieurs femmes parce que pendant qu'une femme est enceinte, l'homme lui, peut encore féconder ses autres femmes alors que l'inverse ne serait pas possible. Je trouve ça aberrant. C'est stupide. Ont-ils besoin de trente enfants pour finalement même pas les aimer, pour à peine les voir ? Ça me répugne. Safira subit beaucoup de violence mentale et va recevoir ces mots de son mari : « Regarde comment tu es accoutrée. Et tes yeux ? Depuis quand n'ont-ils pas vu de khôl ? Tu penses que c'est ainsi que tu vas me séduire ? » Djaïli Amadou Amal, Les Impatientes, Emmanuelle Collas, pages 173/174.
J'ai adoré ce livre comme vous l'avez compris car il parle de faits réels et injustes. J'avais envie de me révolter avec ces femmes. J'espère en tout cas que grâce à son livre, Djaïli Amadou Amal pourra faire bouger les choses et j'espère que dans quelques années tout cela n'existera plus.

Louane Robic S08




Pressées de vivre

« Munyal », ce mot qui résonne en elles depuis toujours. Ce mot qui les suit autant qu'il les précède. Ce mot qui leur est si familier mais pourtant qu'elles haïssent plus que tout au monde. Ramla, Hindou et Safira, ces trois femmes au destin lié vivent l'enfer d'attendre. L'enfer de la polygamie, de la vie en concessions et des viols. Cet ouvrage de Djaïli Amadou Amal ayant déjà reçu le prix orange en Afrique ne peut laisser quiconque impassible. Renommée « la voix des sans voix », Djaïli Amadou Amal a aussi vécu le mariage forcé, à 17 ans ! Cette féministe oeuvre pour son combat, celui de libérer ces femmes de l'oppression masculine. Son roman ouvre le débat, il fait prendre conscience à chacun qu'un esclavagisme des temps modernes sévit encore en ce moment même.
Dans le nord du Cameroun, dans cette région où règne le machisme, les femmes sont totalement soumise d'abord à leurs pères puis à leurs maris. Elles n'ont aucun droit. Leur seul devoir est de satisfaire leur mari. Elles ne peuvent pas se plaindre et même si elles osaient, on leur répondrait «munyal » autrement dit « patiente », « accepte tout », « soumets-toi sans rien dire ». Ramla, Hindou, Safira ainsi que toutes les femmes passent leur vie à patienter sans recevoir aucune aide des femmes qui les entourent. L'auteur se sert de son roman pour alerter toutes les femmes qui vivent actuellement la polygamie. En ne faisant rien, en acceptant que leurs filles soient mariées de force, elles deviennent complices. Djaïli montre, par son propre exemple, qu'il est possible de faire changer les choses. Elle a réussi à quitter son mari 5 ans après son mariage forcé. Ces coutumes sont tellement inscrites dans leur société que les femmes ne se rendent même plus compte que c'est un problème. Djaïli cite par exemple :  « Dans la société d'où je viens, qui est le Sahel, le viol est devenu une habitude, voire une culture, surtout les soirs de noces.» Ce livre est un appel à ouvrir les yeux.
Tout ce roman tourne autour de la thématique du féminisme, de l'égalité homme/femme. Ces trois témoignages poignants écrits très justement sans tomber dans le sordide, retranscrivent l'histoire de toutes ces femmes trop patientes pour accomplir leurs rêves. Ce livre est très intéressant à lire autant pour les femmes que pour les hommes. Il est très bien écrit car il illustre parfaitement les pensées de ces femmes soumises à cette vie qu'elles n'ont pas choisie. C'est une très bonne approche du féminisme qui devrait être lue par tous. C'est un livre qui éduque sans en donner l'impression.
Pour l'avenir, Djaïli Amadou Amal pense que l'éducation est la clé. Pour pouvoir changer les choses, on doit éduquer nos fils et enseigner à nos filles. Les filles au Sahel ne sont même pas 50 % à être scolarisées, ce qui explique que leur avenir repose sur le mariage. L'éducation des garçons est aussi très importante. C'est le rôle de toutes les mères de faire changer les choses en éduquant leur fils, en leur apprenant qu'il n'est pas concevable de violer et de frapper sa femme. L'espoir d'un avenir meilleur réside dans la jeunesse.

Nora Carpinelli S08




Patienter, se soumettre, accepter

Après avoir remporté le prix Orange du livre en Afrique. Djaili Amadou Amal emmène les lecteurs français dans l'univers épouvantable des mariages forcés et de la polygamie au Sahel en écrivant le livre «Les impatientes»….C'est un livre à lire,qui est très émouvant avec beaucoup de sincérité.
L'auteur raconte en détail la condition féminine dans son pays dont le mariage forcé à un très jeune âge.
Elle n'a pas voulu faire une autobiographie, mais on retrouve sa vie dans celle d'une jeune fille sous le nom de Ramla.
Comment peut-on vivre dans ces conditions…. La soumission, l'obéissance, patienter toute sa vie (Munyal), être considéré comme le sexe faible et être inférieur aux hommes dans toute sa globalité.
« Une femme naît avant tout une épouse et mère » p120
C'est ce que Djaili Amadou Amal a voulu émettre en racontant trois histoires, trois destins, de trois jeunes filles, tout d'abord Ramla (17 ans) marié à un homme de 50 ans puis Hindou sa soeur marié à son cousin et enfin Safira la première épouse du marie de Ramla.
L'auteur nous fait ressentir le courage qu'elles ont, à quel point elles souffrent de la situation du mariage précoce et forcé, qui est au fond un mariage sans droit de regard.

Quels sont les avenirs de Ramla, Hindou et Safira, que sont-elles devenues ?

Elise Laine Belliot S08


Endurer


Les Impatientes
Djaïli Amadou Amal

Une femme doit-elle patienter toute sa vie ?
Non, surtout pas même. Pourtant Djaïli Amadou Amal a voulu évoquer cette idée en nommant son roman Les Impatientes.
Née en 1975 à Maroua au Cameroun, Djaïli est écrivaine et militante féministe depuis dix ans. Elle a publié trois livres qui ont tous un rapport avec les mariages forcés et les violences faites aux femmes. L'auteure a remporté le prix Orange du livre en Afrique grâce à son dernier ouvrage, Les Impatientes ou Munyal, qui signifie la patience en camerounais. L'écrivaine a également subi une vie difficile. Mariée de force à 17 ans avec un homme beaucoup plus âgé, elle a en vain, après plusieurs tentatives, réussi à partir avec ses filles. Maintenant, elle est mariée, vivant avec un homme qu'elle aime et ses enfants.

Cet ouvrage a une faible part autobiographique mais Djaïli connait les trois femmes dont elle nous raconte l'histoire et auxquelles elle s'est identifiée. Ramla 17 ans, a été victime d'un mariage arrangé par son père et son oncle. Elle doit apprendre à vivre avec son mari mais aussi sa coépouse, Safira. Celle-qui n'apprécie pas le fait que son mari, après 20 ans de mariage lui impose une autre femme à la maison et va tout faire pour que Ramla s'en aille le plus vite possible. On apprend aussi l'histoire d'Hindou, la soeur de Ramla, contrainte à épouser son cousin, qui l'agresse physiquement et sexuellement.

L'auteure nous raconte ces histoires en écrivant l'intégralité à la première personne du singulier, nous faisant vivre à la place des mariées.
C'est après avoir lu ce livre que nous nous rendons vraiment compte de l'horreur de ces mariages. Une énorme majorité de femmes comme celles dont il est question dans le roman sont soumises à ce genre de vies toutes tracées sans pouvoir compter sur le soutien de leurs familles. Elles ne peuvent, ou du moins rarement finir leurs études. Sans diplômes ni accord de leurs maris c'est pour elles impossible de s'imaginer un jour travailler. Leur seule solution est de patienter, se soumettre et enfin accepter, auprès de leurs époux.
La tristesse prend donc le dessus durant tout le long de la lecture des ces histoires.

Parmi les livres parlant des contraintes de notre société, celui-ci est fortement à conseiller pour que le maximum de gens prennent conscience du nombre de personnes qui en sont victimes. Espérons de tout coeur que Ramla, Hindou et Safira s'en sortiront plus tard et arriveront à vaincre ce fameux « Munyal ».

Erin Guyodo
S08


« Les impatientes » est un roman de Djaili Amadou Amal, qui a été publié en Afrique sous le nom de « Munyal » qui veut dire patience dans la culture peule. Grâce au prix gagné, elle a publié son livre en France sous le nom « Les impatientes ». L'auteur est actuellement sélectionnée our le prix « Goncourt 2020 ». Djaili Amadou Amal est Camerounaise et connue pour ses différents livres qui dénoncent la violence et l'injustice faite aux femmes. Pour cela, elle s'inspire de son passé et des témoignages de quelques femmes de sa région.

Ce roman rapide, fluide à lire est inspiré de faits réels dans le but de dénoncer la polygamie, le mariage forcé, la consanguinité, et violences conjugales que subissent les femmes en Afrique.

Tout se passe au Sahel dans le Nord du Cameroun. On y retrouve trois femmes aux destins liés: Ramla, Hindou, Safira. Elles soufrent toutes les trois de l'injustice de la société où les hommes ont tous les droits. Les femmes sont obligées d'êtres soumises et obéissantes envers leur mari et de tout accepter dans un silence et un calme oppressants.

Les mères de Ramla et Hindou sont coépouses et mariées au même homme, de ce fait dans leur cultures Hindou et Ramla sont soeurs. Safira est la première femme du mari de Ramla. Il y a Moubarak, un personnage abominable, agressif, irrespectueux qui est le mari d'Hindou mais aussi son cousin germain. Tous ces liens sont touchants, car c'est dans ce récit que l'on remarque la domination masculine. Ainsi que la soumission obligatoire des femmes, par peur d'être répudiées et de laisser derrière elles leurs enfants.

Ce livre m'a vraiment beaucoup plu, on se met facilement à la place de ces trois femmes, leur histoire est émouvante tout en étant tragique. C'est pour toutes ces émotions que l'on a lors de la lecture, que je conseille ce roman. Il nous permet de réfléchir et comparer cette société où seuls les hommes ont la parole et la liberté. Et si la religion était à votre avantage profiteriez-vous ainsi ? Quand on lit ce livre on se rend compte de la chance que l'on a d'être libre et de pouvoir compter sur sa famille et sur la justice. L'auteur a eu le courage de dénoncer l'injustice que subissent les femmes au Sahel, et met en avant la parole de ces femmes que l'on a toujours voulu faire taire. Djaili Amadou Amal essaye de casser toutes ces règles pour permettre aux générations de demain d'évoluer puis de changer les mentalités. L'auteur cherche aussi à influencer l'éducation des futurs hommes au Sahel, afin d'arrêter la maltraitance et la persécution des femmes, pour qu'elles puissent s'exprimer et vivre librement.

Manon Durand, S08
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Ce roman, largement auto-biographique, est un coup de poing et nous fait connaître, par la voix d'une femme camerounaise, peule et musulmane, et quelle voix, le sort des femmes de cette communauté et nous le rend douloureusement palpable parce que vécu de l'intérieur.
Nous suivons 3 femmes dont le destin est lié :
* Ramla, jeune fille de 17 ans, qui suit des études jusqu'en terminale mais qui à l'issue est offerte comme 2ème épouse à un homme d'une cinquantaine d'années, riche; ce mariage permet aux deux familles de devenir plus puissantes et plus riches. Ses aspirations à devenir pharmacienne et à épouser le jeune homme dont elle amoureuses sont impitoyablement écrasées.
* Hindou, sa jeune demi-soeur, est également mariée de force à son cousin, violent , alcoolique, drogué; elle sera battue, humiliée jusqu'à la folie sans que sa famille, y compris sa mère, n'intervienne, la considérant même comme une mauvaise fille.
* Safira, la quarantaine, la première épouse depuis 22 ans, 6 enfants, de l'homme auquel Ramla va être mariée; la polygamie est insupportable pour elle, qui aime sincèrement son mari; elle utilise tous les subterfuges, y compris la sorcellerie, pour récupérer son mari.
La vie de ces 3 femmes est scandée par la notion de "munyal", la patience; ce mot parcourt le roman comme une incantation, censée être la solution à tous les malheurs des femmes et socle de la domination sans partage des hommes.
Ce roman-témoignage dénonce la violence, à la fois physique et morale, faite aux femmes et souvent, malheureusement, perpétuée par les mères qui reproduisent elles-mêmes ce qu'elles ont subi. On oblige, les jeunes filles, dès leur plus jeune âge, à réfréner leurs sentiments, à cacher leur ressenti, à dire "oui" quand elles veulent crier "non", ce qui peut conduire à la folie comme le montre le cas d'Hindou.
Le roman véhicule, cependant, un message d'espoir, même s'il est ténu : seule l'éducation des filles pourra faire évoluer la situation car seul le savoir leur permettra de découvrir qu'il y a un ailleurs, une autre vie possible et que leur calvaire n'est pas une fatalité. D'ailleurs le mantra de l'association Femmes du Sahel, fondée par Djaïli Amadou Amal, pour inciter et aider les filles à étudier, est : "le premier mari de la femme, c'est le diplôme".
L'écriture est sans fioriture, au plus près de la douleur des ces femmes, ce qui rend le roman percutant. Mais de nombreuses répétitions entre chaque partie (conseils aux jeunes mariées, conseils à la co-épouse, conseils à la première épouse) auraient pu être évitées et la fin, très abrupte, est assez déconcertante.
Néanmoins, c'est un roman que je n'oublierai pas au même titre qu'un autre, "Le silence d'Isra", primo-roman d'Etaf Rum sur la condition des femmes palestiniennes musulmanes, dans leur pays et en exil.
Enfin, je voudrais terminer ce billet sur une note d'espoir et rappeler qu'il y a encore quelques siècles, les femmes françaises étaient vendues, pardon données en mariage sans leur consentement à un homme choisi par leur père, pour assurer la fortune de leur famille, que le viol conjugal n'était qu'une péripétie du mariage, que les hommes entretenaient des maîtresses, sortes de co-épouses sans statut, que la religion était aussi un outil d'asservissement. Alors, bien sûr, évitons les comparaisons simplistes car tout n'est pas comparable mais soyons modérément optimistes et misons sur la force de l'éducation.
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