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EAN : 9782330069131
290 pages
Actes Sud (05/10/2016)
3.93/5   42 notes
Résumé :
Malgré les études qu’elle a menées brillamment et qui pourraient lui assurer un avenir différent, Bolanle devient la quatrième femme de Baba Segi, de vingt ans son aîné. Elle n’est pas la bienvenue auprès des autres épouses qui cumulent sept enfants : elle est la nouvelle, la plus jeune, et pire que tout elle est instruite. Bolanle comprend vite que, pour se faire accepter, elle va devoir devenir mère. Mais les mois passent sans qu’elle tombe enceinte, et sa stérili... >Voir plus
Que lire après Baba Segi, ses épouses, leurs secretsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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"....il était fou d'épouser une diplômée, lui disaient-ils...."
Le fou c'est Baba Segi, un homme d'âge mûr avec trois épouses et une maison pleine d'enfants, la diplômée, Bolane, la jeune femme, diplômée de lettres qui va l'épouser en quatrième noce et pas pour de l'argent. Mais quand la mentalité dicte que la virilité est d'avoir beaucoup de femmes et beaucoup d'enfants, "la stérilité"de Bolane va vite obscurcir ses illusions de bonheur, empirées par la jalousie et l'ignorance des trois autres épouses . Voici en gros notre histoire, nous sommes au Nigeria et notre auteur est une autre de ces supers écrivaines talentueuses de ce pays,si fertile en littérature. D'ailleurs quand j'ai vu le livre sur le site d'Actes Sud, je me suis décidée de suite à l'acheter,sans rien savoir du sujet.

Un livre, que si on le lit au premier degré, énervant, avec l'histoire de polygamie, la place humiliante que la société nigériane fait aux femmes et ses hommes machos qui expriment leur virilité de la façon la plus grossière possible. De plus le nôtre, le Baba Segi est capricieux, ne mange que dans la vaisselle blanche, pour le séduire il faut l'appâter avec des mets spéciaux, il ne fait pas l'amour il pilonne,et à ses heures il est violent......mon idéal masculin.
Mais nous sommes au Nigeria , un autre monde, où l'échelle des valeurs morales est totalement différente de l'Occident, où l'ignorance et la superstition sont Rois et que les apparences cachent beaucoup de secrets.
Une prose simple et poétique. J'ai beaucoup aimé les expressions aux légumes,("Il m'a hachée menu comme un gombo","Les hommes, c'est de l'igname. Ça se coupe très facilement en rondelles"......) et la forme avec les monologues des quatre épouses qui prennent la parole à tour de rôle pour dévoiler les coulisses de leurs vies.....beaucoup de surprises !

Je vous invite à découvrir ce trés beau livre qui se lit d'une traite et qui me conforte encore une fois sur la qualité de la littérature de ce pays. Lola Shoneyin est poétesse et c'est son premier roman, publié en 2010, en v.o. et qui vient d'être traduit en français.

Vive la littérature nigériane ! Jamais déçue, que des perles ! ( C'est la deuxième fois que j'écris cette phrase cette année dans un billet, la première étant pour "Les Pêcheurs ").
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J'étais curieuse de découvrir un roman du Nigeria, ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre et finalement ce roman a été un vrai coup de coeur. On découvre ici, un autre pays avec des coutumes différentes, des croyances et des traditions encore bien marquées.
""Pourquoi les chauves-souris volent juste à la tombée de la nuit ? avais-je un jour demandé à maman.
- Parce que ce sont des sorcières ailées. Les sorcières, ça vole à la tombée de la nuit."
Ce n'était pas une réponse satisfaisante pour une enfant de neuf ans. "Mais les chauves-souris, ce ne sont pas des sorcières ?
- Si, parce qu'elles se suspendent la tête en bas. Si tu restais la tête en bas, que t'arriverait-il ?
- Je mourrais?" avais-je demandé, inquiète. J'avais laissé tomber les bons haricots dans le tas de mauvais.
"Tout à fait, tu mourrais? Mais elles, non. Elles peuvent dormir la tête en bas parce qu'elles ont des pouvoirs maléfiques. Arête de discuter et trie les haricots, Bolanle."

Bolanle, une jeune fille qui a fait des études, surprend tout le monde en épousant Baba Segi, qui a déjà trois épouses et qui est bien plus vieux qu'elle. On va alors suivre le quotidien de la jeune fille, qui n'est pas forcement accueillie a bras ouverts par les autres femmes, ses difficultés à concevoir un enfant et sa vie de femme mariée. On découvre également au fil des chapitres, l'histoire des épouses ainsi que celle de Baba Segi et peu a peu, on s'attache a eux.
"Les enfants n'ont pas su dissimuler leur déception en me voyant, mais Baba Segi n'a semblé rien remarquer. Il a bombé le torse et a demander à l'assemblée de saluer leur nouvelle tatie. Les filles ont exécuté une révérence brusque et les garçons m'ont adressé un rapide salut.
"Baba Segi, ils tiennent tous de toi, trait pour trait, ai-je dit.
- A quoi de petits léopards peuvent-ils ressembler, sinon à un grand léopard ? [...]""

Il y a comme je le disais plus haut également une intrigue qui tourne autour du fait que Bolanle ne tombe pas enceinte et on sent petit à petit la tension montée, jusqu'au dénouement. J'ai trouvé ce roman magnifiquement bien écrit et construit de manière habile. le rythme est assez lent et pourtant le suspense est bien présent malgré tout. C'est vraiment une belle découverte et ce roman mérite vraiment le détour.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Faut-il ajouter le nom de Lola Shoneyin à la liste des romancières nigérianes émérites, aux côtés de Chima Ngozi Adichie, Sefi Attia et Chibundu Onozo, notamment ? la réponse est oui, absolument, au vu d'un premier roman intitulé Baba Segi, ses épouses, leurs secrets paru en 2010 en langue anglaise et qui n'arrive que maintenant en français, une durée excessive qui n'est pas en général bon signe quoique ici cela ne préjuge absolument pas de sa valeur. Comme son titre l'indique, le livre se concentre sur l'histoire des femmes de Baba Segi, entrepreneur aisé mais pas richissime, et individu plutôt vulgaire et lâche, mais pas très méchant en fin de compte, n'était-ce sa lubricité. Ses quatre épouses prennent tour à tour la parole (Baba Segi et son chauffeur aussi, mais seulement pour un chapitre) et finissent par raconter leurs fameux secrets qui ont façonné leur personnalité et expliquent certains de leurs défauts. Car il faut bien le dire, l'ambiance n'est pas très amicale entre ces femmes, surtout depuis qu'une petite nouvelle, prénommée Bolanle, est venue détraquer le modus vivendi de ce gynécée qui fonctionnait alors plus ou moins bien. C'est que Bolanle représente une nouvelle génération, diplômée, qui tranche avec l'ancienne, au point que la question se pose de savoir pour quelle raison la susdite a souhaité ce mariage invraisemblable alors qu'elle aurait pu rêver d'une autre vie. Elle aussi a un secret qui nous est révélé assez rapidement dans le livre. Il y a quelque choses d'Epouses et concubines dans Baba Segi ... mais en version africaine, bien sûr. Lola Shomeyin assume totalement le côté telenovela de son roman, sorte de vaudeville feuilletonesque assez souvent drôle mais qui peut s'effacer derrière une tragédie et qui n'est qu'un trompe l'oeil pour parler autrement de polygamie. Car c'est évidemment le sujet du livre, cette pratique qui a hélas encore cours dans de nombreux pays, et qui a beau être parfois décrite d'un oeil malicieux n'en est pas moins vivement épinglée par une romancière qui témoigne de la condition féminine au Nigeria où, à l'instar de bien d'autres pays, la mère y est exaltée et les droits des femmes niées. Certains ont fait le reproche à Lola Shoneyin de ne pas avoir un style suffisamment "africain" comme s'il fallait citer à foison des mots en langue vernaculaire pour faire "couleur locale." Baba Segi ... n'est pas un ouvrage exotique et c'est tant mieux mais puise ses racines profondément dans le sol de son continent, ce serait faire affront à cet excellent roman que de prétendre le contraire.
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Mais quelle mouche a piqué Bolanle lorsqu'elle a pris la décision de devenir la quatrième épouse de Baba Segi ?
Elle nous dit qu'elle a voulu fuir les sempiternelles insistances de sa mère pour qu'elle postule à un travail ou réponde aux avances de jolis garçons.
Mais Bolanle n'est plus la même et se bat contre un sentiment oppressant de malaise, de détresse, de honte, dont elle ne peut s'extraire. Et afin de tenter de se délester de cette peine, elle a choisi d'épouser ce polygame, attisant la colère de sa mère.

Mais l'accueil que les trois autres épouses ont réservé à cette nouvelle rivale fut plutôt soupe à la grimace. Leur haine et leur hostilité vis-à-vis de Bolanle étaient attisées par le fait qu'elle était instruite et diplômée !
Alors lorsque plus de deux années se sont écoulées sans que Bolanle n'ait procréé, elles pensaient bien pouvoir l'évincer de la maison de leur seigneur.

À travers ce roman comédie dramatique, ce sont de nombreux aspects de la société nigérienne qui sont mis en lumière : l' illettrisme, la polygamie, la femme-objet pour assouvir la virilité des hommes et les flatter en leur accordant une multiple descendance, la toute puissance du mâle, la peur de l'éducation surtout chez la femme !

Les personnages, hauts en couleur, prennent tour à tour la parole et nous livrent leur propre vision de cette vie de famille perturbée et de leurs arrivées respectives chez Baba Segi. Les motivations et les ambitions de chacune des épouses sont bien étonnantes.

L'auteure est très surprenante avec des détails peu ragoutants qu'elle nous délivre tout à fait naturellement. Ce trait donne un petit côté loufoque à cette lecture qui traite pourtant de sujets sérieux voire dramatiques. Un peu déstabilisant au début, ce procédé d'écriture habillement mené s'est avéré coller parfaitement aux différentes péripéties de cette histoire.
On est sensible aux bonnes intentions de Bolanle qui désire instituer les bonnes manières et instruire les femmes et les enfants de cette grande famille.

J'ai bien apprécié faire la connaissance de cette auteure nigérienne à travers ce départ manqué de vie de femme au sein d'un pays où la polygamie fait toujours débat.
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Bolanle est une jeune femme désabusée qui cherche à fuir un passé douloureux. Pour cela, elle devient la 4ème épouse de Baba Segi, mais ce nouveau toit sous lequel elle compte trouver refuge s'avère être un nid de vipères où la vigilance est de mise. Jalousie, mesquinerie, tous les coups bas sont permis pour les autres épouses qui ne voient pas du tout d'un bon oeil l'arrivée de la jeune femme, qui est en plus une diplômée.
Puis tout bascule le jour où Bolanle est amenée à l'hôpital pour sa stérilité soupçonnée... Les masques tombent et ce qu'ils cachent est loin d'être reluisant...

Dans ce premier roman, Lola Shoneyin livre différents portraits de femmes qui se complètent pour parler de la condition de la femme et des traditions yoruba qui les étouffe. Chacune à sa manière cherche à vivre librement sa vie de femme selon ses désirs, désirs souvent contrariés par les moeurs. On comprend vite comment cette société patriarcale et les exigences familiales viennent à les enfermer et à chercher un échappatoire.
Ce roman est assez riche et écrit de façon très fluide. La question de la parentalité et des culpabilités que l'on transmet sont aussi des thèmes très présents :
" Eh bien je suis désolée mais je ne t'ai jamais demandé de te sacrifier pour moi."

Ce fut une lecture agréable, même si les ficelles étaient un peu grosses et que j'ai vite deviné ce qui se passerait.

Merci à Bookycooky dont la critique m'avait donnée envie de découvrir ce roman.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Bref, j’étais là, adossée contre un mur du marché de Bodija, quand un homme m’a demandé si je connaissais Jésus......“Non.”.........“Je suis née musulmane.” Je ne voulais pas de sa sollicitude. “Alors laisse-moi t’offrir un Coca-Cola et te raconter ce qui arrive à ceux qui meurent sans avoir reconnu Jésus comme leur Seigneur et leur Sauveur.” Il avait une bible coincée sous une aisselle. Son tee-shirt était décoloré et son jean trop court d’au moins cinq centimètres. Il semblait lui-même avoir besoin de la grâce de Jésus, alors, même si j’étais touchée par sa générosité, je me méfiais de son intérêt pour mon salut.
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"Pourquoi les chauves-souris volent juste à la tombée de la nuit ? avais-je un jour demandé à maman.
- Parce que ce sont des sorcières ailées. Les sorcières, ça vole à la tombée de la nuit."
Ce n’était pas une réponse satisfaisante pour une enfant de neuf ans. "Mais les chauves-souris, ce ne sont pas des sorcières ?
- Si, parce qu’elles se suspendent la tête en bas. Si tu restais la tête en bas, que t'arriverait-il ?
- Je mourrais?" avais-je demandé, inquiète. J'avais laissé tomber les bons haricots dans le tas de mauvais.
"Tout à fait, tu mourrais? Mais elles, non. Elles peuvent dormir la tête en bas parce qu'elles ont des pouvoirs maléfiques. Arête de discuter et trie les haricots, Bolanle.
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Seuls ses poings serrés sur ses hanches laissaient deviner ce qu’elle cachait derrière ses yeux plissés et son sourire figé.
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Les enfants n'ont pas su dissimuler leur déception en me voyant, mais Baba Segi n'a semblé rien remarquer. Il a bombé le torse et a demander à l'assemblée de saluer leur nouvelle tatie. Les filles ont exécuté une révérence brusque et les garçons m'ont adressé un rapide salut.
"Baba Segi, ils tiennent tous de toi, trait pour trait, ai-je dit.
- A quoi de petits léopards peuvent-ils ressembler, sinon à un grand léopard ? [...]"
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Comment garder ma contenance alors que mon destin se déroulait devant moi tel le proverbe des mangues ? "Ecoute, déclara le roi, la chair de ces grosses mangues jaunes confère la vie éternelle. Mais attention ! Les racines de l'arbre sont empoisonnées. Seuls les plus forts et les plus courageux vivront après avoir mangé ses fruits". Pourrait-on se targuer d'être fort et courageux avant d'avoir goûté ces mangues et survécu à l'expérience ?
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Vidéo de Lola Shoneyin
Boys, sex and control: Lola Shoneyin at TEDxEuston.
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