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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce livre est un très impressionnant recueil de nouvelles assez longues. La plupart, au fil de la carrière de Poul Anderson, ont reçu des prix prestigieux.

J'ai préféré certaines d'entre elles (c'est le postulat à accepter dans ce genre de lecture) mais toutes présentent un réel intérêt.

D'abord j'ai envie de souligner que c'est du concentré de roman, il faut donc être très attentif sous peine d'être perdu en route. Par exemple, une nouvelle comme « Pas de trêve avec les rois ! », chez d'autres écrivains de la même époque, aurait été développée au moins dans un roman et peut-être même dans un cycle car le matériau y est très riche.

Anderson revisite certains mythes, comme celui d'Orphée dans « le chant du barde ». Et il le fait très brillamment. Pour moi c'est ce que je placerais au sommet de ce recueil, avec « La Reine de l'Air et des Ténèbres » et « le partage de la chair » sur les deux autres podiums.

Indéniablement à connaître pour tout amateur de SF.
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Ce recueil paru au Belial en 2010 (puis réédité au Livre de Poche deux ans plus tard) rassemble neufs récits non inédits (mais souvent remaniés et retraduits) qui composent un véritable « best of » science-fictionnel de Poul Anderson, notamment inventeur de la célèbre Patrouille du temps. Des récits souvent primés, voire multiprimés et qui sont, pour la plupart, relativement longs pour des nouvelles jusqu'à atteindre ce que les Américains désignent comme des romans courts ou des novellas. Anderson fut d'ailleurs récompensé à sept reprises par un Hugo (six des titres récompensés sont inclus dans ce recueil) et trois fois par le Nebula, sans oublier un Locus. Lauréat de ce triplé parfait « La reine de l'air et des ténèbres » est évidement reprise ici et constitue peut-être le chef d'oeuvre de son auteur.
L'anthologie débute avec « Sam Hall » dans lequel un employé modèle du système informatique d'un univers futuriste totalitaire introduit, presque par jeu, un bug dans la machine en créant de toutes pièces un révolutionnaire mystérieux nommé Sam Hall. Un nom puisé dans une vieille chanson populaire anglaise. A force manipulations, Sam Hall acquiert une sorte de pseudo-existence : tous les crimes sont imputés à ce criminel insaisissable et les membres d'un réseau de résistance clandestin se l'approprient pour signer leurs méfaits. Quoique la technologie ait évolué, la nouvelle qui date de 1953 (et fait écho à la Guerre de Corée et au Maccarthysme) reste étonnamment moderne plus de soixante ans après sa rédaction et son sujet (manipulations gouvernementales, falsification de l'information, oubli numérique, etc.) demeure toujours d'actualité. Un classique de la dystopie.
Le court roman « Jupiter et les centaures », précédemment publié dans la collection « Etoile Double» aux côtés d'une novella de Sheckley décrit la manière d'explorer Jupiter en utilisant des avatars (la référence à un « classique » récent de la SF cinématographique n'est point innocente tant les intrigues sont similaires).
« Long cours » valu à son auteur un de ses nombreux prix Hugo: un récit d'exploration maritime dans un monde dans lequel on se souvient encore, mais à peine, de la Terre, planète-mère. le capitaine d'un navire découvre un astronef en partance menaçant, par sa seule existence, le futur de ce monde. Comment réagir ? de la SF intelligente et efficace.
Autre gros morceau, « Pas de trêve avec les rois », obtient lui aussi le Hugo : cette longue nouvelle (90 pages) précédemment publiée en français dans l'anthologie HISTOIRES DE GUERRES FUTURES raconte un affrontement entre deux camps, façon Guerre de Sécession, dont l'un bénéficie d'un appui extraterrestre.
Récit de vengeance très efficace tempéré par la découverte des rites étranges d'une planète étrangère (dont du cannibalisme rituel), l'excellent « le partage de la chair » n'a pas volé son prix Hugo et demeure un des meilleurs récits d'Anderson.
Mi sérieux, mi humoristique, en tout cas toujours sarcastique (pour ne pas dire grinçant), « Destins en chaîne » projette son héros, Bailey, dans une série de réalités alternatives dans lesquelles il se débat jusqu'à la mort. Dans l'un de ces univers parallèle, la simple expression artistique peut vous conduire en prison, dans un autre l'Etat a consacré les inadaptés de tous poils au point qu'ils peuvent revendiquer ce statut et vivre une existence oisive. Mais les simulateurs se multiplient, se prétendant eux aussi malades mentaux afin de bénéficier de l'Etat providence. Les homosexuels ayant déjà réussi à obtenir cette reconnaissance, les Noirs envisagent de s'associer aux Juifs souffrant de discrimination tandis que les prophètes de religion folklorique prêchent à tout va…et pas question d'y trouver à redire car ces religieux risqueraient, sinon, des dégâts psychiques irréparables. Une plongée pas toujours très politiquement correcte (et c'est tant mieux) dans une poignée de sociétés utopiques (ou dystopiques selon les sensibilités) qui se termine dans un monde post-apocalyptique d'apparence paradisiaque après l'anéantissement, par une épidémie, de 95% de l'Humanité. Un excellent texte peut-être encore davantage actuel aujourd'hui qu'à l'époque de sa rédaction.
Autre novella illustre, « La reine de l'air et des ténèbres » a récolté le plus prestigieux des triplets de la SF : Hugo, Nebula et Locus. Nous sommes sur Roland, une planète lointaine colonisée par l'Homme. Un seul détective y exerce, Eric Sherrinford, contacté par une mère afin de retrouver son enfant enlevé par ce qui pourrait être des représentants du Vieux Peuple. Mais Sherrinford refuse d'accorder foi à ces anciennes superstitions celtiques…Une oeuvre très efficace, sorte de transposition science-fictionnelle des légendes jadis contées par Arthur Machen.
Plus court, « le chant du barde » obtint également le Hugo et le Nebula, finissant à la troisième place du Locus. Inspiré par les nouveautés science-fictionnelles lancées par Harlan Ellison, Anderson décrit un monde sous la domination d'un ordinateur omniscient, SUM, lequel enregistre les vies de tous les Humains et leur promet la résurrection un jour prochain. Mais un harpiste se confronte à l'avatar humain de SUM, la Reine Noire et cesse de croire en ses promesses. Une nouvelle dans laquelle Anderson démontre son originalité tout en s'inspirant de nombreux mythes antérieurs et en truffant son texte de citations littéraires. Très réussi.
Le recueil se termine par le court roman « le jeu de Saturne », sorte de critique assez virulente des jeux de rôles et autres psychodrames auquel je n'ai personnellement pas accroché. Ce n'est pas grave, le reste était très bien.

Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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Poul Anderson est un auteur de SF dont l'oeuvre est encore méconnue en France. Les éditions le Bélial puis le Livre de poche ont publié un recueil de neuf nouvelles, dont la plupart ont été couronnées d'un prix Hugo et/ou d'un prix Nébula.

Sam Hall : Dans une société où l'informatisation de la vie omniprésente et omnipotente, un fonctionnaire crée de toutes pièces un personnage qui va mener une révolution permettant de renverser le régime en place. Sam Hall ou comment le personnage d'une chanson populaire peut réussir une révolution. Et bien grâce à l'informatisation des vies des individus et à la supervision par un gigantesque ordinateur central. J'ai trouvé que cette nouvelle bien qu'écrite il y a plus de soixante ans était toujours d'actualité, surtout en ce qui concerne les big datas et les données personnelles des internautes.
Jupiter et les centaures : Pour coloniser Jupiter, les hommes utilisent des corps adaptés au climat et à l'atmosphère de la planète. Un homme réduit à un tronc et à deux bras dans un fauteuil est celui qui dirige le mieux son autochtone. Mais avec le temps il va y avoir un transfert de personnalité de l'homme vers l'avatar. Voilà une histoire qui dans ses grandes lignes va rappeler un film récent de James Cameron avec des grands êtres bleus. Et ça ne sera pas la première fois que je retrouve un élément d'un récit de SF dans un film de Cameron.
le personnage principal même s'il a une personnalité difficile a un comportement que l'on peut tout à fait comprendre. Son avatar lui permet d'aller au-delà de ce que lui permettre son corps, il lui ouvre de nouveaux horizons. C'est l'une des nouvelles qui m'a le plus plu.
Long cours : Une expédition terrienne s'écrase sur une planète lointaine. Les survivants tombent dans la décadence. Leurs descendants réussissent à rebâtir une civilisation . Arrive un temps des grandes découvertes et notamment ce qui concerne les origines de la civilisation.
Dans cette nouvelle, Poul Anderson aborde la question du libre choix de son destin. Un homme va préférer détruire ce qui peut lui permettre de conquérir l'espace immédiatement afin que ses descendants puissent le faire. En limitant volontairement son propre destin, il assure un destin bien plus grand aux générations suivantes.
Pas de trêve avec les rois ! : A la suite d'un cataclysme nucléaire, les Etats-Unis sont un pays délabré. Un coup d'Etat va entrainer une guerre civile entre ceux qui veulent une civilisation libre de choisir son destin et ceux qui veulent l'aide d'une sorte de secte manipulée par des entités extraterrestre. Cette nouvelle post-apocalyptique permet à Anderson de dénoncer un impérialisme insidieux, se réalisant par le biais psychologique et culturel. Toutefois les extraterrestres manipulateurs oeuvrent aussi pour se protéger et pas seulement par volonté d'étendre leur emprise.
C'est une nouvelle pour laquelle j'ai eu du mal à saisir où Anderson voulait venir. Les enjeux ne sont pas saisissables facilement, j'ai trouvé qu'il fallait du temps pour pouvoir s'y retrouver.
le partage de la chair : Un scientifique d'une expédition terrienne sur une planète reculée se fait sauvagement tuer par son guide avant de le mutiler. La femme du scientifique va remuer ciel et terre pour retrouver le meurtrier de son homme et se faire justice. Avec cette histoire à la Charles Bronson, Poul Anderson s'interroge sur les ressorts de l'acte d'anthropophagie. Ici il aurait des causes biologiques plutôt que culturelles. Il aborde aussi la question de la mixité culturelle, l'héroine issue d'un peuple guerrier réussit à prendre le temps de la réflexion dans le cadre de sa vengeance car son homme issu d'un peuple plus réfléchi lui a donné des éléments pour pouvoir être plus ouverte d'esprit. C'est une nouvelle que j'ai apprécié, sa fin est surprenante et permet de remettre en question l'utilité de la vengeance.
Destins en chaine : Un homme vient de mourir, un Dieu s'exprimant en binaire va le ressusciter, et cela plusieurs fois d'affilée. C'est une nouvelle étrange que celle-ci, elle m'est restée assez obscure. Alors je ne vais pas m'appesantir dessus.
La Reine de l'Air et des Ténèbres : Sur une planète lointaine, des enfants disparaissent. Les rumeurs mettent ces disparitions sur le compte d'entités surnaturelles. Une femme dont l'enfant a disparu va engager un enquêteur pour le retrouver. Encore une fois on se retrouve face à une entité qui a lancé un programme de manipulation mentale des hommes. le héros, peu enclin à la superstition, va aller au delà des peurs des habitants de la planète et va découvrir ce qui se trame. Mais il ne tombe pas dans le manichéisme. Il se rend compte qu'il y a un sens à la manipulation , celle-ci sert à se protéger. Anderson introduit des éléments qui se rapprochent de la mythologie nordique et cela donne une certaine poésie au récit.
le Chant du barde : Un poète décide de retrouver la femme qu'il a tant aimé mais qui aujourd'hui a disparue. Il va s'adresser à l'ordinateur qui gère les vies pour qu'il la ramène à la vie. L'ordinateur accepte à condition que le poète respecte un marché. Cette nouvelle n'est ni plus ni moins le mythe d'Orphée qui va chercher sa bien-aimée aux Enfers. Voir le mythe par le prisme de la SF lui donne une toute autre dimension. Voilà une autre nouvelle que j'ai apprécié grâce à la poésie et à un homme qui refuse la prédétermination de son destin.
le Jeu de Saturne : Les membres d'une expédition à destination de Saturne s'ennuient lors du trajet. Certains d'entre eux utilisent alors des psychodrames, une sorte de jeu de rôles, pour échapper à la réalité. le problème c'est que certains d'entre eux sont devenus accros à ces jeux et que face aux dangers ils ne sont plus capables de décrocher. L'alternance entre la réalité et la fiction du jeu de rôle est assez déroutante. Mais au cours de la nouvelle apparait très rapidement une critique de notre société, cette société qui n'arrive plus à se sortir du jeu, qui n'ose plus affronter la réalité. C'est une nouvelle qui prend peut être parti d'une manière un peu brutale.

En conclusion, le Chant du Barde est un recueil de nouvelles indispensables. Mais ce que je regrette c'est d'avoir lu l'ensemble d'un seul trait, j'aurais mieux fait de les lire en laissant du temps entre chaque nouvelle pour mieux les digérer.
Lien : http://lecturesdechiwi.wordp..
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