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Immense claque ou plutôt coup de poing dans la figure (pour rester polie) que ce livre qui, pour reprendre les termes d'un critique n'est " pas davantage un livre sur la guerre que Moby Dick n'est un livre sur la pêche à la baleine".

Je suis très intéressée par la guerre du Vietnam que je connais essentiellement à travers les - grands - films consacrés au sujet. J'étais donc particulièrement impatiente de lire ce livre. le démarrage m'a cueillie à froid car le lecteur est immédiatement plongé sur le front de la guerre, en suivant le sergent Hanson, dans une mission de reconnaissance officieuse. le vocabulaire est emprunt de termes militaires et Hanson semble être une brute, sans scrupules ni humanité.

Sauf que... ce livre, dont la construction se révèle aussi absolument géniale qu'à première vue déroutante, nous plonge ensuite moins de deux ans avant. Hanson était alors un étudiant, épris de philosophie et de poésie. Son nom est tiré au sort. Lors de l'entraînement, sa volonté et ses qualités physiques l'aident à s'en sortir. Surtout, il aperçoit deux bérets verts qui lui semblent incarner la liberté, l'estime de soi, la force et la sérénité qui lui font défaut. Il décide de percer le secret de leur remarquable détachement et de devenir l'un d'eux. Sauf que "Hanson ne s'en rendait pas encore compte, cette nuit là, mais un jour viendrait où il réaliserait qu'il est impossible de fraterniser avec les seule hommes libres d'une armée, avec les meilleurs de ses assassins sans devenir soi-même l'un d'entre eux."

C'est en nous expliquant ce glissement, d'abord insidieux puis total et enfin irrémédiable que Kent Anderson excelle. Tout simplement parce qu'à travers l'étudiant et le sergent Hanson, c'est son histoire qu'il partage avec nous. Ce livre est à la fois glaçant et fascinant. Hanson est parfois attachant, souvent même - c'est d'ailleurs cela qui est effrayant. Son amitié avec deux héros (monstres ?) de guerre comme lui est touchante. le problème est qu'il s'est pris à son propre piège, n'est heureux que sous l'effet de l'adrénaline de ses missions, lorsqu'il traque et tue l'ennemi. Les combats sont remarquablement décrits, de l'intérieur, avec une rare sobriété, le caractère oppressant de la nature est palpable comme le profond désarroi de notre héros.
Le fait de commencer par nous présenter le flippant sergent Hanson, en mission puis de retour chez lui - où il se peut se défaire de la peur, ce qui le mène à la plus grande agressivité - avant de nous présenter ses débuts donne toute sa puissance et sa singularité à ce roman. Kent Anderson, dont c'est l'histoire, a trouvé sa réinsertion (sa rédemption ?) dans l'écriture et ce roman est magistral, grandiose. Inoubliable
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Lorsqu'il écrit sur le Vietnam, Anderson sait de quoi il parle. le Vietnam, il y est allé et comme la plupart de ceux qui ont eu la chance de s'en sortir vivants, il en est revenu complètement changé. Ce qu'on lui a appris là-bas, c'est de tuer. Pas le choix. Pour survire, faut tuer.

Le récit est construit de façon habile en utilisant le flashback. Après nous avoir amené sur le champ de bataille, on revient aux É-U, avant de partir. le camp de formation de Fort Bragg rappelle certains aspects de Full Metal Jacket. Déjà là, il faut se battre pour gagner chaque pouce de respect et ce sera comme ça jusqu'au Vietnam, sauf que rendu là-bas, tout est multiplié par dix. Pas facile de faire sa place au milieu de tueurs quand on est perçu comme un universitaire. Mais Hanson —le nom du double d'Anderson— s'en sort haut la main et on partage avec lui ses peurs et son dégoût pour le meurtre banalisé. Anderson ne condamne pas la guerre, il en fait ressortir les aspects primitifs. Meurtre, haine, domination, intimidation, racisme… autant de lézardes dans cette machine bien huilée qu'est l'armée américaine qui nous permettent d'entrevoir la défaite qui pointe à l'horizon.

La traduction un peu franchouillarde nous assène une avalanche d'argot peu comestible, surtout dans les 100 premières pages. Sinon, le récit est clair et l'écriture est prodigieuse. Anderson nous fait vivre les situations. La langue est maitrisée et quand on fini par s'habituer à l'argot, on plonge littéralement dans le récit. Sympathy for the Devil est sans contredit un classique sur la guerre du Vietnam.
Lien : https://alaincliche.wordpres..
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Il est clair que pour nombre d'auteurs américains , la guerre à était une réalité , qu'il faut exorcisée pour pouvoir avoir un semblant de vie normale , si tant est que cela soit possible ... Anderson comme beaucoup a eu le besoin de faire connaitre son expérience au feu au cours de la guerre du Vietnam , et cela dans le cadre d'un livre qui s'apparente a un croisement entre Platoon et Full Metal Jacket. Il estévident qu'Hanson son personnage principal est là comme son double littéraire . La folie qui prend au corps ce personnage qui arrive dans un enfer , lui qui a fait des études supérieures , tout cela est trés bien rendu par l'auteur qui s'attache a faire vivre au lecteur ce qu'il a ressenti sur le terrain au millieu des balles et des mines . le contexte est d'un réalisme assez marquant , il est clair que l'auteur n'a pas voulu ménager son lecteur . le tout peut paraitre assez éprouvant pour les ames sensibles. Ici l'on est pas dans un conte de fées , et le réalisme de certains passages s'avére dur a supporter . Mais l'intégrité de la démarche de l'auteur est a saluée , il a tenu a faire connaitre a tous ce que fut le quotidien des ces jeunes hommes lachés face a d'autres jeunes qui avaient pour eux la connaissance du terrain . L'un des livres pami les plus rudes sur ce conflit atroce qui a traumatisé toute une génération sacrifiée au nom de l'imbécilité et de l'orgueuil de certains puissants avides de gloire .
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Tu le savais, hein, qu'il me plairait ce livre? Les Stones, les Who, mes 17 ans....
C'était une guerre rock'n roll, une guerre de dingues, un sketch monumental, des officiers supérieurs finalement plus à l'Ouest que leurs sous-officiers déjantés.
Hanson oscille entre grâce et enfer. J'ai adoré qu'il pense à de la poésie en pleine folie guerrière. Il navigue avec spiritualité au milieu d'un délire total. Il est intelligent et a l'instinct de survie. Il a choisi la seule voie possible pour tenter la vie, exclure de rester parmi les médiocres, rejoindre les forces spéciales. Comme il est attachant, ce soldat qui lit de la poésie, est fasciné par un sorcier chaman, un ''montagnard'', aime l'odeur de liberté de l'herbe éléphant de la jungle. J'ai aimé ses contradictions, ses doutes.
J'étais triste qu'il rentre au pays si paumé, qu'il sombre dans l'alcool, la came et les amours minables. J'étais heureuse qu'il rempile pour retrouver un diable ayant la voix de Mick Jagger et la tête de Keith Richards.
J'ai souffert avec lui. J'ai eu peur pour lui à chaque page ou presque. J'ai rigolé avec ses copains au bar du foyer. J'y étais avec lui, là-bas, au Nam dans les années 60.
Anderson est saisissant de justesse. Les descriptions me parlent, est-ce à cause des films vus sur le sujet, ou d'un imaginaire construit lors des leçons d'histoire de mes études?
Son écriture est crue, vraie, nerveuse et lente, violente, sans artifice. La lumière dans les ténèbres. J'ai aimé les moments où tout se fige avant le choc, la délivrance de l'assaut.
Mon passage préféré :
«Hanson ignorait encore qu'il venait de décider de faire ce que l'armée attend précisément de certains de ses hommes, des meilleurs des siens - tenter de la battre à son propre jeu. Guerre était le nom de ce jeu et, lorsqu'on frôle la guerre de trop près, qu'on la regarde au fond des yeux, elle peut vous entraîner tout entier, muscles, cervelle et sang, jusqu'au plus profond de son coeur, et jamais plus vous ne trouverez la joie en dehors d'elle. Hors d'elle, amour, travail et amitié ne sont plus que déboires.»
Tu écoutais quoi toi, à tes 17 ans?
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Une fiction nourrie de l'expérience de son auteur. Ou comment, en moins de deux aux au sein des forces spéciales, un étudiant à cheveux longs se transforme en un chien de guerre incapable de revenir dans "le monde réel". C'est violent et dur, on retrouve beaucoup de scènes vues dans d'autres livres ou films sur la guerre du Vietnam, mais la critique est virulente et le final absolument prodigieux.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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Le livre raconte l'histoire d'Hanson, un jeune américain cultivé, ayant fait des études, qui va se retrouver dans les forces spéciales américaines au Vietnam. le livre montre comment un jeune homme "normal" peut basculer, se transformer en une machine de guerre qui n'a de but que de tuer, une personne n'ayant plus grand chose d'humain.

Il faut savoir que l'auteur du livre, Kent Anderson, est un ancien sergent des forces spéciales qui a servit au Vietnam. La vision qu'il nous donne à voir est donc particulièrement réaliste. C'est un élément frappant du livre.

Concernant les forces spéciales (FS) américaines, ces fameux bérets verts, les détails foisonnent et nous plongent très vite dans leur univers. Ces détails concernent aussi bien des techniques de combat que les combats eux-même, des anecdotes sur les conditions de vie, sur l'ennemi, etc.
On nous explique par exemple que la moindre pièce d'équipement susceptible de faire du bruit était arrimée à la bande adhésive. Ainsi, le seul bruit perceptible des soldats en manoeuvre était celui des bottes dans la boue. On apprend que l'on peut reconnaître un "vieux routier de l'asie du sud est" aux cals cicatriciels épais et noueux présents autour des chevilles, oeuvre des sangsues .. que les forces spéciales qui interviennent derrière les lignes ennemis, n'utilise que du matériel qu'ils disent "stérile", matériel qui en cas de prise ne permet pas de remonter jusqu'aux états unis .. On découvre que les FS ont à disposition tout un tas de pilules leur permettant de rester éveiller, de ne plus ressentir la douleur, d'avoir de l'énergie .. La journée des soldats commençaient pour certain par une pilule et une gorgée de bière ..

On se rend alors compte que les bérets verts sont réellement à part. Une sorte de microcosme au sein même de l'armée, avec ses propres règles, son propres matériel, sa propre confrérie. En témoigne par exemple un écriteau qui porte à réfléchir, positionné sous une tête de mort à l'entrée du campement : "NOUS TUONS POUR PRESERVER LA PAIX". Ou cette autre anecdote décrivant comment les bidasses des forces spéciales, lorsqu'ils se rendaient en classe au pas de course, ne rompaient pas la cadence en passant sur le pont malgré le panneau qui en donnait l'ordre. Au contraire, ils mettaient un point d'honneur à maintenir le rythme. (Il est bien connu que les soldats ont ordre de ne plus marcher au pas/courir en rythme sur un pont pour ne pas le faire entrer en résonance).

En plus de cette vision de son corps d'armé, l'auteur nous partage la vision du Vietnam telle qu'elle existait à l'époque. Il nous explique qu'il était alors difficile de croire réellement au Vitenam. On découvre certaines pratiquent comme la guerre psychologique ou des hélicoptères de l'action psychologique équipés d'enceinte braillaient à tue-tête des musiques funéraires et des pleurs de petits orphelins. Que si un soldat venait à tuer un civil, il fallait absolument lui mettre une arme entre les mains car au Vietnam on ne tuait pas de civils.
On entrevoie également la place de l'opinion public et comment elle a pu influencer cette guerre.

L'histoire tourne autour de 3 personnages principaux, trois bérets verts, trois potes. Chacun a son caractère, sa personnalité, mais tous trois se retrouvent autour de cette unité omniprésente : les FS. Et c'est en suivant ces personnages que l'on assiste à la transformation de Hanson. Avec un récit organisé sous forme de saut dans le temps alternant période du Vietnam (qui pourrait correspondre au présent du récit) et période d'apprentissage d'Hanson (qui correspondrait alors au passé) on comprend pourquoi ces hommes une fois rentrés chez eux, ne souhaitent qu'une chose : rentrer dans leur nouvelle maison : le Vietnam. On touche du bout du doigt ce qui a pu les amener à se transformer en des machines de guerre qui ne se retrouvent eux-même qu'une arme à la main, à combattre.

Le récit est très intéressant, poignant, saisissant. A conseiller à tous les amateurs du genre !
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Ce livre est classé dans la section Folio Policier, alors qu'il se déroule entièrement pendant la guerre du Vietnam. Car le personnage principal, Hanson, poursuivra ensuite sa vie américaine en tant que flic, dans les romans suivants.
C'est un roman en partie autobiographique, mais il m'a moins marqué que d'autres (voir mon site Sweetwater) sur cette guerre qui rendait les soldats fous. A ce titre, le combat de la fin est inouï... Et pourtant, malheureusement, rage, folie, haine ont souvent déclenché ce genre de scène.
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J'ai choisi son livre pour son titre (et quelques bonnes critiques aussi.....).
Je n'ai jamais réussi à "entrer" dans ce récit... sans savoir pourquoi.
Une guerre trop américaine pour moi ?
Un récit rempli de flash-back tendant à complexifier le récit ?
Des précisions techniques et géographiques en excès ?
Une déception par rapport à sa note Babelio ?
Ou peut-être un peu de tout cela.....
Abandonné à la moitié " (avec soulagement) en cours, avec cependant quelques regrets de ne pas connaître la fin de l'évolution de Hanson
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Un excellent ouvrage au style tonique et vrai qui réveillera bon nombre de souvenirs chez les anciens militaires. Des portraits d'hommes rudes et simples à la fois qui échappent un temps à leur destins grâce au combat. Ce roman apportera un brin de nostalgie aux "baroudeurs" qui, comme moi, le dévoreront d'une traite. A ne pas manquer.
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Un livre sur la guerre du Viêt-Nam bien Rock n 'roll et construit comme un film. On sent un grand besoin pour l'auteur de se livrer, car son vécu personnelle de la guerre a été un désastre psychologique, lui a probablement volé sa jeunesse et bien plus encore. Autant les descriptions de la violence de la guerre seront aussi bien présentes dans "Matterhorn" de Karl Marlantes, mais ce qui m'a le plus marqué ce sont ces passages où Hanson, en permission, n'arrive plus à s'intégrer, à sortir de cette guerre.

Ce roman est important selon moi, il faut savoir que c'est un livre qui dénonce non seulement la violence de la guerre en soi, mais aussi ceux qui, dans leurs uniformes très gradés, assis dans leurs fauteuils, commandent ces massacres. Je n'en dis pas plus pour réserver au futur lecteur cette découverte, mais Anderson ne fait pas dans la dentelle!!
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