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Hanson est un jeune américain comme il faut et à une autre époque, sa trajectoire aurait été simple : cabinet d'avocat, maison de banlieue, famille à grandes dents blanches…Mais dans les années 60, dès sa sortie de l'université, il est enrôlé par l'Oncle Sam et programmé pour aller trucider du Viet-Cong au Vietnam. Ses classes se passent bien, mais Hanson finit par se prendre au jeu et intègre les Forces spéciales, les fameux Bérets verts.

Arrivé sur place, il découvre qu'il aime la simplicité de la guerre (« C'est ce qu'il y a de chouette avec la guerre…Si tu gagnes, c'est l'autre gus qui claque. Point à la ligne. Et toi tu restes en vie. Si tu perds, t'es mort, et adieu tous les problèmes »), sa violence et plonge à deux pieds dans le conflit, sans espoir de retour en arrière vers une vie civile ordinaire, définitivement inadapté à toute autre existence.

Sympathy For The Devil condense à lui seul des oeuvres aussi disparates qu'"Apocalypse Now", "Rambo", "Voyage au bout de l'Enfer", "Platoon", "Good Morning Vietnam", "Le Merdier" ou "L'Innocence perdue" (de Neil Sheehan, peut-être le meilleur livre sur cette incongruité tragique qui vit partir des milliers de jeunes américains pour un territoire, des alliés et une guerre qui ne les réclamaient pas), et réussit l'exploit de plonger au coeur d'un conflit aussi emblématique qu'anachronique, en décrivant pourtant des destins atypiques.

Inspiré de sa propre expérience, Kent Anderson livre un magnifique exposé de ce traumatisme d'une nation qui découvrait la défaite. Comme l'écrit James Crumley (la fameuse école de Missoula) dans sa préface : « On a rencontré l'ennemi, l'ennemi c'est nous ».

Attention : il faut s'accrocher pour passer le premier quart du livre, assez confus le temps que tous les personnages soient définis dans leur univers de cauchemar. Après, il est difficile de décrocher.
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Etudiant, Hanson est appelé pour partir au Vietnam. Pendant les classes, lors d'une longue station au garde à vous, il voit passer des Bérets Verts. Il est aussitôt séduit par leur force tranquille, leur décontraction, furieux contraste avec ses collègues arrogants, bêtes, méchants, faibles, hantés par la peur, martyrisés et manipulés si facilement par les instructeurs. Quitte à y aller, autant être avec les meilleurs, se dit-il.
Alors que les livres consacrés à la guerre sont en général centrés sur le trouffion, celui-ci a donc pour protagoniste un jeune homme appartenant à un corps d'élite qui inspire peur et respect au sein de la grande armée américaine. Les Marines passent pour d'incompétents boys scouts à coté de ces guerriers hyper professionnels, qui prennent leur pied en tuant.
Ancien sergent dans les Forces Spéciales au Vietnam, exactement comme Hanson, Kent Anderson nous propose d'abord une saisissante radiographie de l'armée à l'époque de la vietnamisation, quand il s'agissait de se retirer progressivement en laissant le pouvoir aux alliés, ceux à côtés desquels on est censé combattre (tiens, j'ai déjà entendu cela quelque part). Celle-ci est loin de constituer un bloc uni et indivisible. Les haines et le mépris sont tenaces entre les unités combattantes, sans parler du racisme quotidien et du manque de confiance envers l'armée du Sud Vietnam ou de la façon dont sont utilisées les ethnies montagnardes. Les meurtres entre soldats ne sont pas rares. le film "Platoon" qui avait fait sensation en montrant les dissensions au sein d'une patrouille, fait ici figure de film de campus US, tant la violence peut aller loin (cf. l'extraordinaire scène finale, celle de Quinn face à Grieson).
Autre point fort du livre, l'extrême réalisme de la vie militaire et des scènes de combats, puisque nous assistons à plusieurs types d'affrontements : patrouille de 5 hommes en reconnaissance (première et avant- dernière scènes), riposte face à une attaque de la base en pleine nuit (la scène fait écho au final de "Un pour marquer la cadence", de James Crumley, ami de l'auteur et préfacier du livre), accompagnement d'un bataillon de démineurs avec véhicules blindés en pleine jungle. On en apprend beaucoup sur les armes, sur la façon de se déplacer et de faire appel à l'artillerie ou à l'aide médicale, sur l'importance des moyens de transmission et enfin sur ce quelque chose en plus, cette rage des tueurs.
Anderson ne nous propose pas une belle exploration psychologisante de l'âme du guerrier US, mais il nous permet de les voir vivre, tels quels. Quinn, Silver et Hanson vivent avec la mort, ils dépouillent les cadavres éventrés comme on va aux champignons. Ils revendent les objets récupérés, car il y a un vrai marché du souvenir pour les soldats qui ne sont pas toujours au contact du feu et souhaitent ramener à la maison des indices de leur séjour. En mission, tout est simple avec 2 alternatives : tuer ou mourir. Il faut être concentré, on vit pleinement un moment extrêmement dense et on ne se pose pas de questions existentielles ou sur son avenir professionnel. Ces hommes ont également le sentiment d'appartenir à une aristocratie militaire et fraternelle, celle de ceux qui assument la mort et les mains sales, à l'inverse des politiques et des officiers sans réelle expérience du feu (voir par exemple la relation d'amitié très forte avec les Montagnards qui combattent à leurs côtés, dont ils respectent les traditions, même si Anderson n'en fait toutes une histoire en les faisant basculer dans le côté soldats New Age). D'ailleurs, quand Hanson part aux États-unis, dans le "monde réel" comme disent les soldats avec ironie, il ne s'y acclimate pas, il a envie de dézinguer ceux qui le contrarient, il ne peut pas marcher en rase campagne sans chercher un coin où se protéger en cas d'attaque. Il repartira au Nam plus rageur encore, mais en paix avec lui-même.
"Sympathy for the Devil" m'a donné envie de lire "les Chiens de la nuit". Hanson est désormais dans la police, sur la piste de Kent Anderson, passé par cette étape avant de devenir prof d'Anglais et se consacrer à la littérature, pour notre grand bonheur, car c'est surtout un sacré écrivain qu'il est urgent de découvrir et faire connaître. Les dialogues sont extraordinaires, les scènes de batailles ou de bar sont racontées en alternant lyrisme et précision documentaire. La construction est également originale car elle échappe au schéma obligé de tous les récits de guerre, l'incorporation, l'attente, le premier combat, le final... Seule allusion autobiographique que je ne résiste pas à vous dévoiler. Pendant ses classes, Hanson résiste en ayant toujours avec lui des pages de poèmes qu'il parvient à lire en douce quand on les fait stationner des heures durant au garde à vous, grâce à une technique très étudiée. Ses camarades le surnomment "Pageman".


Lien : http://polaroides.blog.lemon..
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sujet très intéressant mais après 200 pages je n'arrive décidément pas à accrocher.

c'est un récit biographique mais je m'attendais quand même à des rebondissements, des aventures etc.

c'est peut être une erreur que de s'attendre à quelque chose avant même de l'avoir découvert mais une partie de moi souhaitait un récit avec plus d'aventure.
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Où quand la guerre changer un homme..
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