La menace est donc claire, c’est celle d’une externalisation de notre esprit : plus besoin de penser ni de ressentir ou de choisir par nous-mêmes, il suffit de suivre ce qui nous est montré, d’adopter ce qui nous est proposé. Cette externalisation est le prélude à une aliénation : un appauvrissement et un asservissement. Notre vie intérieure est notre principal espace de liberté dans une société où nos goûts sont fichés et analysés, nos pensées et nos émotions manipulées, nos comportements anticipés et programmés. D’où son importance pour l’équilibre et le développement des personnes comme pour ceux des sociétés.
La vie intérieure ? C’est tout ce dont nous prenons conscience lorsque nous désengageons doucement notre attention des sollicitations extérieures. Nous réalisons alors que nous avons un corps ; que nous respirons ; que des sensations nous traversent, agréables ou désagréables ; que des émotions, des pensées nous habitent. La vie intérieure, c’est l’espace où tout se mélange, le dehors et le dedans : car notre vie « du dedans » n’est pas une bulle coupée du dehors ; et la frontière qui sépare les deux, si elle existe, est poreuse...
- La solitude est à l'esprit ce que la diète est au corps, mortelle lorsqu'elle est trop longue, quoique nécessaire. -
La société nous pousse à agir, puisqu'elle a besoin de nous pour fonctionner. Elle culpabilise les temps d'inaction. Elle nous pousse à consommer, et fait donc la chasse aux temps de non-consommation.
Nos sociétés sont pressées et nous poussent à l'accélération ; or, la vie intérieure prend du temps : écouter, observer, ressentir, réfléchir douter, décider d'agir, ou de ne rien faire...
La compassion est le sentiment qui porte à comprendre et à partager les maux d'autrui, qui conduit à "souffrir de la souffrance de l'autre"
La menace de l'impuissance, c'est le désespoir. Et la solution, c'est l'espérance.
La tendresse est l'expression de l'amour sous sa forme la plus altruiste : on ne cherche pas sa satisfaction personnelle, mais l'apaisement de l'autre.
Car, quoi qu'il arrive, n'est-ce pas merveilleux d'exister, même fragile, plutôt que de ne pas exister ?
L'exploration de notre vie intérieure ne doit bien sûr pas nous détourner de l'exploration de notre vie extérieure : ce serait choisir de n'avancer que sur une jambe, quand nous la chance d'en avoir deux ....