La vie intérieure

De fait, le moment le plus important est peut-être celui où l'on repose le livre. Le moment où l'assimilation du texte commence. Car lire c'est nourrir son esprit et son âme : on s'occupe simplement de s'alimenter, puis digérer, cela se fait tout seul !

La connaissance de notre vie intérieure ne nous rendra pas plus efficaces ni performants.Si c'est seulement cela que nous cherchons, il y a mieux à faire ailleurs. Mais elle approfondira en nous le goût de la vie. Et elle nous rendra plus humains : vous sentez-vous humain, lorsque vous n'avez même plus le temps de vous arrêter pour réfléchir, pour ressentir, pour regarder;pour exister ? Lorsque vous ne faites que travailler, consommer, vous agiter en tous sens, vous sentez-vous humain ? Ou zombie ? Ou robot ?

La tendresse est l'expression de l'amour sous sa forme la plus altruiste : on ne cherche pas sa satisfaction personnelle, mais l'apaisement de l'autre. Elle est un amour désexualisé et dépassionné. Faire une place à la tendresse dans son couple ne suppose pas qu'on renonce au sexe ou à la passion. Mais cela signifie juste qu'on a compris qu'ils comportaient une part d'aveuglement, d'égoïsme, de violence, qui les rend insuffisants à construire une relation sur la durée.

Nous avons besoin de la douceur et de la force de la compassion, sous toutes ses formes, pour nous aider les uns les autres à supporter la dureté de la vie.

Finalement, c'est comme si nous passions notre vie à oublier que le temps s'écoule. Parce que cela nous angoisse, à cause de la mort, évidemment : chaque seconde nous rapproche de notre fin. « Vulnerant omnes, ultima necat », écrivaient les Latins sur leurs cadrans solaires, à propos du défilement des heures : toutes blessent, la dernière tue...

Accepter, ce n'est pas renoncer ni se soumettre, ce n'est pas approuver mais affronter ce qui est. Ce n'est pas dire "c'est bien " mais " c'est là". Nous devons comprendre et pratiquer l'acceptation comme un préalable à l'action sereine. Sans action, l'acceptation n'est que résignation. Mais sans acceptation, l'action n'est qu'impulsion ...

Le pardon n'efface rien. Mais il nous libère, là où le ressentiment nous asservit.

Le manque d'estime de soi est ainsi une des clés de la jalousie : c'est parce que le jaloux n'est pas sûr de lui qu'il remplace la confiance par la surveillance.

Dans "Le Mythe de Sisyphe", Albert Camus rappelle que "le péché c'est ce qui éloigne de Dieu". La faute est ce qui nous éloigne du bien. Et l'erreur, ce qui nous éloigne de nos objectifs. Dans tous les cas, il s'agit donc de ne pas trop s'écarter de ce qui importe à nos yeux.

Quel intérêt, disent les hyperactifs, à explorer son intériorité ? Eux préfèrent l'action, la réflexion subordonnée à des buts à atteindre ; et quand ils sont fatigués, la distraction. Pourquoi pas ? Ce mode de vie est un bon moyen pour devenir un esclave : esclave de soi-même (son passé, ses habitudes, ses impulsions) et esclave de son environnement (avec ses manipulations et ses injonctions).