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Danielle Boillet (Éditeur scientifique)Marziano Guglielminetti (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070113712
1872 pages
Gallimard (23/09/1994)
4.7/5   10 notes
Résumé :

Contient notamment des Oeuvres de Vittorio Alfieri, Ludovico Ariosto, Giosue Carducci, Dino Campana, Gabriele d'Annunzio, Dante, Giovanni Della Casa, Ugo Foscolo, Saint François d'Assise, Giacomo Leopardi, Alessandro Manzoni, Lorenzo de Medici, Eugenio Montale, Aldo Palazzeschi, Pier Paolo Pasolini, Cesare Pavese, Salvatore Quasimodo, François Pétrarque, Torquato Tasso, Giuseppe Ungaretti et Gaspara Stampa.

Traduction de l'italien par Dani... >Voir plus
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OGNISSANTI / LA TOUSSAINT

Tandis que son regard avide cherche,
Dans le voile brumeux de notre terre,
Ce Soleil qui, dans sa pleine splendeur,
Là-haut, vous enveloppe, ô bienheureux ;

Le Siècle vous dédaigne et plein d'orgueil
Demande quels mérites vous menèrent
Aux autels ; à quoi servent les trésors
Avares des solitaires vertus.

À Celui qui, dans les herbes des champs,
Dissimula les épis nourriciers,
Composa les fils de nos vêtements,
Dosa le suc des plantes curatives ;

Créa le pin inflexible à l'auster,
Le saule obéissant à notre main,
Et le mélèze qui est résistant
Aux hivers, et l'aulne qui supporte l'eau.

À Celui-là demande, homme orgueilleux,
Pourquoi sur la lande inhospitalière
Au frémissement d'un souffle sauvage,
Il fait dans le secret naître la fleur,

Qui s'ouvre en déployant devant Lui seul
La pompe de son voile coloré ;
Qui verse aux vents, dans les déserts du ciel,
Tous les parfums de son calice, et meurt.

Et vous qui longtemps avez emprunté
D'aveugles sentiers aux attraits funestes
Et, courant à l'abîme, êtes tombés
Dans le sein de son immense pitié ;

Pareils à l'onde qui, après avoir
Erré dans le limon, perdue sous terre,
Soudain ravie par une veine d'eau
Qui vers le jour lui trace son chemin,

Se lance en suivant ce canal ami,
Jusqu'à ce qu'en un prompt bouillonnement,
On la voie tout au sommet du rocher
Apparaître en un clair jaillissement,

Vous vous êtes levés, purs désormais,
Et vous levant avez touché la cime,
Meurtris et forts, nourrissant dans les pleurs
L'audace d'un magnanime propos ;

Qu'un timide respect ne voile pas
Les plaies que votre faute en vous marqua :
La main qui est venue les refermer
Sur elles a laissé un divin signe.

Toi seule tu revins auprès de Lui,
Parée du don premier qu'il t'avait fait ;
Toi seule voulut placer bien plus haut
Que son pardon cet Amour qui peut tout.

Toi seule par le serpent ennemi
Ne fus point touchée, avant ou après ;
Par le serpent, qui, à peine sur nous
Remporta-t-il son indigne victoire,

Traînant après lui ses obliques nœuds,
Gonflé de superbe et tremblant, sentit
Dans l'herbe, sur son orgueilleuse tête,
Peser alors le poids de ton pied pur.

ALESSANDRO MANZONI
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À l'ombre des cyprès, ou bien au sein des urnes
Que consolent les pleurs, le sommeil de la mort
Nous paraît-il plus doux ? Quand le Soleil, pour moi,
Ne fécondera plus sur notre terre cette
Riche famille de plantes et d'animaux,
Et quand, ornées de flatteuses promesses, face
À moi ne danseront plus les heures futures,
Quand je ne pourrai plus, ami, ouïr ton chant,
Ni la triste harmonie qui en tout point l'habite,
Qu'à mon cœur, jamais plus, ne parlera l'esprit
Des Muses, virginales Sœurs, ni de l'amour,
Seul esprit qui me suive en mon errante vie,
Que vaudra-t-elle, auprès des jours perdus, la pierre
Qui distinguera mes ossements de tous ceux
Que sans fin sur la terre et par mer la mort sème ?
C'est bien vrai, Pindemonte ! L'Espérance même,
Suprême Déité, fuit les tombeaux ; tandis
Que l'oubli en sa nuit engloutit toute chose ;
Et qu'une force infatigable nous consume,
Nous entraînant sans cesse ; et l'homme, et ses sépulcres,
Et les ultimes effigies et les reliques
De la terre et du ciel, le temps les travestit.

Ugo Foscolo - Dei Sepolcri / Les tombeaux
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Mon Italie, bien que les mots soient impuissants
Devant les plaies mortelles 
Dont je vois aujourd'hui recouvert ton beau corps,
Que du moins mes soupirs répondent à l'attente 
Du Tibre et de l'Arno,
Et du Pô où je vis, dans le deuil et la peine.
Toi qui régis le ciel,
Fasse cette pitié qui te menas sur terre
Te tourner vers ton saint et bien-aimé pays.
Vois, ô seigneur courtois, 
Pour quels légers motifs quelle guerre cruelle ;
Et ces cœurs que durcit et ferme
Mars superbe et farouche,
Ouvre-les, Père, attendris-les et dénoue-les , 
Fais que Ta vérité
Puisse, quel que je sois, leur parler par ma bouche.

Vous dans les mains de qui Fortune a mis les rênes
De ces belles contrées
Dont aucune pitié ne semble vous étreindre,
Que font donc en ces lieux tant d'épées étrangères ?
Pour que la verte terre
Se colore dans les combats du sang barbare ?
Une vaine erreur vous abuse :
Vous voyez peu et croyez voir pourtant beaucoup
En cherchant dans un cœur vénal amour ou foi.
Celui qui a le plus de gens,
Celui-là est le plus entouré d'ennemis,
Ô déluge amassé
En quels déserts horribles 
Pour venir inonder notre douce campagne !
Si de nos propres mains
Nous viennent ces malheurs, qui nous délivrera ?


Francesco Petrarca - Canzoniere
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Florilège, anthologie, recueil : une ancienne relation Iie le choix des poèmes à la confection savante des bouquets destinés à l'offrande, composés selon une signification et remis dans des circonstances particulières.

Cette référence implique d'autres images : celle du poème-fleur, de l'arbre, des jardins, des graines portées par le vent en terres étrangères, du rôle des oiseaux.

Le présent ouvrage n'échappe ni au suave parfum de cette métaphore, ni aux difficultés qu'elle recèle. Il a été conçu, dans son principe et sa confection, comme un geste en direction du peuple italien geste culturel, politique, voire diplomatique, affectif. De François d'Assise à Andrea Zanzotto, il rassemble un choix important de poèmes, ainsi que de nombreux textes anonymes.

(EXERGUE)
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À midi faire halte…


À midi faire halte, pâle et pensif,
À l’ombre près d’un brûlant mur d’enclos,
Ecouter parmi les ronces et les broussailles
Claquements de merles, bruissements de serpents.

Dans les craquelures du sol ou sur la vesce
Epier les files de fourmis rouges
Qui tour à tour se brisent et s’entrecroisent
Au sommet de meules minuscules.

Observer dans le feuillage comme palpitent
Au loin les écailles de mer
Tandis que des pics chauves se lèvent
De tremblants craquètement de cigales.

En allant dans le soleil qui éblouit,
Sentir, triste merveille,
Combien toute la vie avec ses peines
Est dans cette marche le long d’une muraille
Qu’en haut hérissent des tessons de bouteille.


//Eugenio Montale (1896 -1981)
//Traduit de l’italien par Patrice Dyerval Angelini
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