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2,67

sur 226 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Christine Angot a été bien massacrée par les critiques - en particulier Jourde et Naulleau - à croire qu'il y a des littéraires qui n'apprécient pas l'originalité, la franchise, voire le génie de certains auteurs bien différents de nos contemporains, qui " ecrivassent" pour faire plaisir et se ranger dans la catégorie de "tout le monde" - pour ne déplaire à personne... C'est l'air du temps.
J'ai aimé ce style unique - personne n'écrit comme Christine - personne ne se livre de telle sorte au lecteur, ne se met à nu ainsi.
Une telle confidence est remarquable, pertinente et percutante. Elle donne le frisson, le tournis. Mais on comprend tout ce qui se passe dans l'esprit et le corps de l'écrivain et on est pris d'empathie.
On imagine alors les affres de l'auteur, son parcours, ses espérances et ses déceptions, sa longue et courte aventure amoureuse avec une femme dont le milieu est celui des midinettes et des richissimes. Un monde d'égoïstes auquel n'appartiendra jamais Christine, si forte et si faible en même temps.
Révéler ses travers, ce sado-masochisme qu'elle affiche, revendique, explique, condamne et accepte, révéler son aventure incestueuse avec son père, il fallait oser, et décider d'écrire un livre qui allait choquer le lecteur mais il faut que le livre, l'histoire ou récit soit pris par le corps tout entier pour être tel quel - être la patte même de l'écrivain, qui ne recule devant rien, et donne tout l'emploi du temps de trois mois d'amour difficiles, et de quelques autres années qui l'ont été aussi.
Elle se dit folle, ose avouer sa folie à son lecteur, à la fois avec gêne, pudeur, mais il le faut - et on l'acceptera ou pas. Or comme disait Caligula, celui qui n'est pas avec moi est contre moi. C'est pour cette raison qu'on adore ou que l'on déteste Christine Angot.
Ce qu'elle veut, c'est écrire pour raconter ce qu'elle a dans ses bras et le déposer sur la feuille, comme un enfant ou un trésor, tel quel - c'est son rapport intime avec l'écriture et il n'y a pas d'autre moyen d'écrire pour avancer, progresser, créer jusqu'au bout une histoire qui est pour elle la véritable histoire de l'écriture, de la Littérature - n'en déplaise aux mentors ou aux universitaires, ou critiques attardés.

J'ai été touchée par cette véhémence, cette sincérité cette force, ce besoin de vérité, de clarté et d'amour
Cet amour aussi qu'elle porte à sa fille Léonore qu'elle adore - comme Dior - cela aurait pu faire une belle pub - et tellement originale !!

Parfois elle me fait un peu peur à cause de ce sado masochisme qu'elle explique si bien - je ne la crois pas méchante pour autant, mais terriblement intelligente, franche, entière, ayant souffert mais ayant toujours gardé la tête haute et l'esprit clair.

Beaucoup de souffrance dans ces lignes mais le signe même d'un des plus grands écrivains femmes de notre époque.

Mal comprise mal lue, mal décryptée, son style devrait s'imposer dans les prochaines années, et mettre au défi tout romancier de faire une oeuvre tout aussi bien réussie dans son originalité, dans ses déductions, ses élégances à se sortir d'une situation difficile sans passer par les voies médiatiques actuelles... Vous savez à quoi je fais allusion, cf Sandrine Rousseau et ses acolytes pleurnichantes.
Oui, Christine Angot "se débrouille" drôlement bien...
Et si le lecteur ne la comprend pas ou la déteste, c'est qu'il n'est pas (encore) à la hauteur pour lire ses oeuvres - et quant aux autres critiques, écrivains ou assimilés, je pense qu'ils sont tout simplement jaloux de ce succès, de cette réussite, de cette personnalité hors du commun.

J'avais lu ce récit il y a déjà quelques années et l'avais apprécié tout de suite. Depuis quelques temps, Christine Angot est invitée, décryptée, entendue, écoutée d'une manière toute différente par les médias et c'est justice. J'ai hâte de voir le film que Christine vient de tourner sur son histoire. J'ajoute que je suis fort étonnée d'avoir vu aussi peu de commentaires sur l'Inceste sur Babelio. Á croire que ces chères féministes et lecteurs/trices de tout bord préfèrent les feel good, Goncourt, prix et autres balivernes détestables.
Bravo Christine, et merci de ce grand courage !
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L'on peut reprocher beaucoup de choses a Christine Angot , mais certainement pas son manque d'audace . Cet opus vient encore une fois le démontrer . L'on estici dans la dénociation d'une vérité hélas bien trop courante. Oui ce livre est insoutenable , oui il est dans une logique diamétralement opposée a celle de Nabokov qui glorifiait en quelque sorte le comportement ignoble d'un pervers envers une enfant. A ce constat Angot répond de maniére percutante et ne cherche a aucun moment à étre gentille. Cette histoire est faite pour étre choquante afin que chacun réalise l'horreur de ces abus dnt sont victimes les enfants . L'on ne peut étre dans un ton demi mesure sur un sujet comme celui-ci , celui d'Angot peut choquer oui , mais tel est le but recherché , susciter une réaction chez ceux qui portent la banalisation des comportements sexuels enversles mineurs. La force de ces mots est rare , l'on est pas ici dans un roman qui fait du Pernaut en disant : tout est beau , tout va bien . Angot est là pour dire que sous le verni convenable se cache une horreur sans nom. En cela elle doit étre remerciée.
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C'est mon premier Angot et je suis très contente d'avoir attendu assez longtemps pour apprécier pleinement. Alors que j'avais un a priori plutôt négatif sur « L'inceste », j'ai été secouée.
Ce livre est vraiment passionnant.

Je sais qu'à la rentrée littéraire de l'automne 1999, ce livre devient rapidement l'un des titres phares malgré le scandale auquel a donné lieu sa publication. En effet, on l'accuse d'exhibitionnisme, de recherche de scandale en rendant publique l'inceste, d'un jeu pervers auquel l'auteure, Christine Angot, se prêterait. L'inceste est vu soit comme un coup monté, un scoop, du marketing, soit comme un témoignage, auquel cas on lui reproche d'avoir étalé son intimité sur la place publique.
Et bien moi, j'y ai vu une histoire dont la puissance littéraire est rare. Je pensai que dans ce livre Christine Angot racontait les abus de son père et que j'allais avoir du mal à lire l'horreur.

J'y ai lu l'histoire d'une femme qui a vécu une expérience homosexuelle et qui se raconte. Mais ce n'est pas banal. Il y a la folie et l'explication de la folie liée à l'histoire incestueuse qu'elle aurait vécue avec son père de quatorze à seize ans.
Au début du livre, Angot se déclare homosexuelle. Tout au long du texte, elle fait allusion à cette prétendue homosexualité, en parlant de son rapport lesbien avec une femme médecin Marie-Christine, plus âgée qu'elle, déclarant même que l'homosexualité l'a toujours fascinée. Les rapports physiques sont décrits sans détours mais ce n'est pas si choquant que ça. A côté de Catherine millet ça reste assez sobre.

Je pense que ce qui gêne c'est la parole à la première personne qui tend à confondre vie et littérature.
La conviction d'une coïncidence entre l'auteure et son personnage ou l'usage du monologue semblent être des dispositifs permettant d'avouer, d'extérioriser des scènes traumatiques vécues par l'auteure, et de faire ainsi participer le lecteur au travail thérapeutique.
Ce livre donne une impression de véridicité et peut être perçu comme un témoignage.
Je ne sais pas si c'est cela mais dans l'exhibition de ses traumatismes, l'écriture de Christine Angot ressemble à un refuge. J'ai été très touchée.


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Le début est décousu comme des pensées qui arrivent de tous sens et s'entremêlent dans un rejet mélancolique de soi ...cette névrose de phrases mélancoliques crie le mal de cette femme hétérosexuelle amoureuse d'une femme qui la quitte - Cette écriture chaotique cache le désordre de cette femme ....Ce désordre sadomasochiste schizophrénique paranoïaque joue de nos sens avec diablerie pour aiguiser nos sentiments dans ce monde sombre des souvenirs d' Angot ....
Devenir Homosexuel pour échapper à l'inceste d'un père sodomite pervers autoritaire érudit Maitre d'une fille en mal d'une autorité paternel ....Revivre au fond de soi ce mal incestueux....Un livre assez violent au rythme vraiment affolant proche de l'aliénation mentale ....Christine Angot maitrise cet art des mots qui déroute les âmes sensibles et angéliques ....Excellent
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Ce livre me semble remarquable pour ce qu'il fait à la littérature. L'auteur ne cesse de s'y interroger sur le rapport au réel, entendu pragmatiquement, comme vie quotidienne, et la façon dont la littérature vient s'y confronter. Un des meilleurs passages du livre est la reproduction de la lettre de l'avocat de son éditeur, insérée au milieu du texte.
Ce que l'on peut écrire ne va pas de soi. La vie limite la littérature, et l'auteur nous fait part de sa déception d'avoir dû "changer les noms", ce qui "rend le livre moins bon".
Le rapport à l'écriture serait presque le sujet principal du livre. Certes, l'auteur semble détestable, personne ne souhaiterait l'avoir dans ses fréquentations. Mais elle fait quelque chose d'inédit, une réelle expérimentation littéraire qui reste "sans prétention", accessible au lecteur lambda, une langue limpide, des questions finalement universelles mais qui posent le pouvoir de la littérature en ce qu'elle permet de faire passer du privé au public. Des mots qui ne sont plus ni relatifs à une conversation privée ni à un simple outil de communication. le langage et ses dangers est ici questionné en tant qu'outil littéraire.
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Quand Angot était encore écrivain...
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Incroyable. La mâchoir m'en tombe
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L'inceste de Christine Angot est un livre compliqué mais magistral.

On ne tombe pas sur ce roman par hasard. Quand on l'ouvre c'est que la quatrième de couverture nous a intrigué, touché ou bien même perturbé. S'ensuit alors un questionnement lorsque l'on découvre l'écriture si particulière de l'écrivaine. Saccadée, coupée. Les phrases sont sectionnées à des endroits improbables, elles sont répétées deux fois, trois fois, parfois plus encore. Certains mots sont également multipliés sur tout une page. C'est dérangeant pour le lecteur, je le concède. Cependant c'est cela qui fait le charme de ce roman (entre autre). La forme est sans doute voulue. Elle marque. Elle soutient d'autant plus le propos et le sert.

Ce livre n'est, pour moi, pas un livre sur l'inceste. Il s'agit plutôt d'un roman sur les conséquences de l'inceste. L'auteure qui l'a vécu nous montre son traumatisme , la folie possible et les difficultés engendrées. C'est cela qui dérange et qui fait de cette écrivaine une personne souvent détestée. Beaucoup éprouvent une haine envers elle en raison de ce que ses romans évoquent. Oui elle parle de sujets qui dérangent, oui elle évoque des choses dont l'on ne voudrait pas entendre parler ni même imaginer possible. Cependant c'est la réalité !
La forme, les répétitions, les coupures, montrent d'autant plus le terrible choc de l'enfance qu'elle a vécue. Peut-être (inconsciemment ?) qu'il explique son comportement actuel et ses difficultés. Ses sautes d'humeur, ses émotions.

Son enfance a été un tournant dans sa vie car elle est supposée fondatrice de l'existence. Et bien que ce roman s'intitule L'inceste, ce n'en est que la raison pour qu'il existe. La folie dont l'auteure fait preuve, volontairement ou non, est le résultat, la conclusion de sa jeunesse.
La folie du texte est la folie de sa vie. La difficulté rencontrée lors de la lecture est la dureté de son existence. Oui c'est un effort mais lorsqu'il est fait, il supplante tout le reste. On s'habitue, comme elle a due le faire, se forcer à le faire. Et on finit par apprécier. On vit.

Révélateur de la vie, bouleversant au possible. Il est pour moi incontournable de l'avoir lu. Lorsqu'on le termine, on comprend. Certes pas tout mais une petite partie et c'est déjà ça.
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