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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne connaissais pas la version d'Anouilh et ne regrette vraiment pas de m'être lancée ! le sujet de la pièce est bien sûr le même en faisant de Médée une figure centrale, mais il est légèrement déplacé vers le couple. Dans cette pièce moderne, Médée est plus que jamais une femme blessée et l'histoire est bien celle d'un couple qui se déchire. D'ailleurs, la construction même de l'intrigue le prouve sans nul doute : un tiers du livre construit le dialogue attendu entre Jason et Médée. Un tiers du livre pour voir un couple se déchirer, pour voir Jason expliquer qu'il n'aime plus Médée, que leur couple s'est effondré depuis trop longtemps, que le monde, tel qu'il le perçoit, s'est détaché d'elle. Superbes pages pour raconter un amour qui n'existe plus et une séparation inévitable après des années de passion sincère.
Là réside l'une des nouveautés de cette pièce : Jason n'a pas gardé Médée toutes ces années auprès de lui pour de simples raisons politiques ; au contraire, il l'a aimée, plus que tout, avant de s'en détacher progressivement. Si lui l'a reconnu, Médée se voile encore la face et croit encore à une cohésion entre eux, tout en reconnaissant être incapable de changer pour celui qu'elle aime encore.
Car, deuxième nouveauté, Jason a besoin de changements. Pas pour survivre politiquement et physiquement. Nous ne sommes plus chez Corneille où Jason, lâche et intriguant, est prêt à tout pour obtenir un trône. Chez Anouilh, Jason est fort, il ose affronter Médée car il la respecte plus encore qu'il ne la craint. Il l'affronte aussi car il sait que ses raisons de la quitter sont bonnes : il veut vivre simplement, et trouver le bonheur, notion moderne par excellence. Cet homme qui a tout fui n'en peut plus et aspire à la paix, au repos. Il ne veut plus être un héros mais simplement un homme qui peut espérer passer ses dernières années au calme et en sécurité. C'est un homme tristement banal malgré son passé extraordinaire.
Quant à Médée, c'est une femme désespérée, abattue par ce départ imprévu de l'homme qu'elle a toujours suivi et avec qui elle ne semblait ne former qu'une seule entité. Rien à voir avec cette harpie haineuse que l'on a coutume de nous montrer. Après des années ensemble, elle n'envisage pas la séparation ; elle qui n'a d'autres perspectives que la fuite, encore, elle ne peut se résoudre à perdre son seul point d'ancrage, sa seule bouée. Presque noyée, elle veut attirer l'attention, exprimer son désespoir. A genoux, elle n'attend qu'un geste de Jason pour lui pardonner, pour se faire petite et renoncer aux crimes qu'elle a envisagés. Que Jason se retourne seulement, au moment de la quitter, et les enfants seront saufs. Mais la décision de Jason est prise et il ne se retourne pas, refuse de revenir sur le passé. Médée n'a d'autre choix que de la balayer, elle aussi.
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On retrouve dans cette pièce la beauté de l'écriture d'Anouilh dans toute sa simplicité. Médée est fascinante, peut-être même plus qu'Antigone, en ce qu'elle semble sans pitié. Elle est cette magicienne, cette femme amoureuse, qui n'a pas hésité à démembrer son propre frère et à convaincre les filles de Pélias de mettre à mort leur père. Depuis, la voilà toujours en fuite avec Jason jusqu'à la trahison. C'est à Corinthe, bien sûr, que s'ouvre la pièce. Sur cette petite Médée, l'orgueilleuse, la révolté du bonheur, qui n'a jamais su que détruire autours d'elle, que tout flamber - jusqu'à son amour. Jason n'apparaît pas vraiment comme lâche, contrairement aux tragédies antiques. Il est plutôt le résigné. Il est celui qui se détourne des cendres pour chercher un bonheur simple, posé. Tout éloigné de celui de Médée. Alors il est temps pour elle d'allumer la dernière flamme, parce que c'est sa destinée, parce que c'est ce pour quoi elle a vécu, et qu'elle veut endosser son rôle jusqu'à la fin. C'est en superbe, donc, qu'elle précipite la mort, jusqu'à tout détruire en elle.
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Une réécriture très intéressante du mythe de Médée et Jason.
Il y a un respect évident du mythe original, mais Jean Anouilh l'emmène également ailleurs, en le centrant sur le couple, la passion du début, l'amour qui se délite et ses extrêmes, et fait se questionner les personnages sur le bonheur, l'amour, l'absolu d'une vie.

On retrouve des similitudes de structure de récit et de construction d'héroïne tragique avec sa pièce culte Antigone.

Les dialogues sont souvent très beaux, touchants ; ils remuent dans les tripes.

Un petit texte, mais d'une grande force dans les émotions.
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Il est des auteurs qui sont comme des paquets de bonbons : on ouvre le sachet en se disant que l'on n'en prendra qu'un et - avant même que l'on s'en rende compte - nous en avons un deuxième entre les mains !

C'est ce qu'il m'est arrivé en librairie (autrefois) avec les deux pièces de théâtre de Jean Anouilh : Antigone et Médée.

Deux grands mythes antiques transposés à l'époque contemporaine ; réécrits en rupture avec les codes de la tragédie grecque : ici, le divin n'a pas sa place, c'est l'Homme qui est maître de ses choix et de son destin.

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« Moi, je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et pour mourir. »
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Antigone est la plus connue des pièces de Jean Anouilh.

Réadaptée par le dramaturge sous l'Occupation nazie, son personnage éponyme est une allégorie de la résistance française.
Antigone qui refuse l'obéissance aveugle à la loi ; Antigone qui se révolte et qui se dresse contre l'autorité jusqu'à mourir pour sa cause.

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« Crois-tu que c'est pour chercher un autre amour que je te quitte ? Crois-tu que c'est pour recommencer ? Ce n'est plus seulement toi que je hais, c'est l'amour ! »
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Médée, celle qui a trahit son père et tué son frère pour un homme - Jason - se bat aujourd'hui pour reconquérir cet amour perdu.
Un amour qui n'existe définitivement plus et qui la conduira à commettre le plus cruel des actes.

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Antigone et Médée.
Deux femmes.
Entières.
Passionnées.
Blessées par la vie.
Leur destin.

Par amour, elles s'oublieront.
Par amour, elles se sacrifieront.
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Il y a des lectures dont on ne ressort pas indemne, des récits où les mots nous blessent, nous emportent, nous bouleversent et nous rongent. Médée d'Anouilh fait à mon sens partie de ces moments là de la littérature que seuls quelques rares auteurs savent procurer à leurs lecteurs.

La suite ici :

http://twentythreepeonies.wordpress.com/2012/10/21/medee-jean-anouilh/
Lien : http://twentythreepeonies.wo..
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J'ai bien aimé. Je me doutais que je prendrais plaisir à retrouver la plume d'Anouilh (j'adore son Antigone), mais paradoxalement ce que j'ai apprécié c'est de n'aimer aucun personnage : ils ne sont pas « aimables », ils ne sont pas uniformes... je pensais détester Jason et même pas, en fait.
J'ai apprécié ressortir de cette lecture un peu troublée après avoir été bousculée d'un ressenti à un autre et avoir traversé plusieurs état d'esprit : (en vrac) l'horreur, la compassion, le mépris, l'incompréhension, le dégoût, l'empathie, l'admiration et la peine...
Bref
Tout le monde n'est pas Médée (ni Jason), vieux crocodile.
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de pièces de théâtre et j'étais passée à côté de Médée que je viens de découvrir.
Omission réparée pour mon plus grand plaisir. Plaisir, même si le personnage est terrible : Médée, la magicienne, nièce de Circé, qui a trahi son père, découpé son frère en morceaux pour fuir avec Jason qu'elle a aidé à conquérir la toison d'or. Mère terrible qui égorgera ses enfants, mais femme inoubliable. Dans une langue magnifique, Anouilh en fait une femme monstrueuse, amoureuse de Jason, délaissée et infidèle, aux accents tragiques. Son monologue, alors qu'elle s'apprête au sacrifice ultime, m'a fait frissonner.
La pièce est très courte, Anouilh a choisi le moment où Jason va épouser la fille de Créon, roi de Colchide. Il ne reste qu'une nuit à Médée pour quitter le royaume, où elle vit dans une caravane avec ses enfants et sa vieille nourrice. Une nuit où elle va régler ses comptes avec Créon, Jason et sa propre destinée.
J'ai retrouvé ce style qui m'avait tant plu dans Antigone. Les personnages mythologiques, sous la plume de Jean Anouilh, prennent une dimension humaine, malgré leur sort tragique. Un véritable coup de coeur, qui me donne envie de découvrir Médée dans d'autres interprétations, en particulier celles de Corneille et Christa Wolf.


Lien : http://dviolante5.canalblog...
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Antigone m'avait déjà beaucoup touché alors lorsque j'ai vu s'offrir devant moi Médée de Jean Anouilh je n'ai pu résister. Ce dramaturge du XX siècle aime prendre appui sur la mythologie pour se faire confronter ses Héros sous forme de pièce théâtrale. La lecture en est simple, forte et non pas dénuée de questions fondamentales. de plus c'est ma façon de tenir mes résolutions, à savoir, lire plus de classiques !

La terrible Médée est celle-là même qui trahit son père et tua son frère pour aider Jason à conquérir la toison d'or par amour de lui. Après dix ans de vie commune, de crimes et de fuite, Médée apprend que Jason s'apprête à épouser la fille du roi de Corinthe, Créon. Refusant la fuite et le bonheur possible ailleurs Médée va semer le feu ...

Médée est une femme gouvernée par ses passions qui ira jusqu'à tuer de ses mains ses propres enfants pour assouvir sa vengeance. Jason et Médée sont déchirés entre l'amour et la haine qu'ils éprouvent l'un pour l'autre et il semble que ces sentiments soient parfois bien proches ... Dans ce court récit, le choix est proposé à Médée de la fuite et d'un bonheur à nouveau possible ou de la vengeance. Elle n'hésite pas réagit dans le feu de l'action en se laissant dominer par sa pulsion première, à savoir la haine et son envie de destruction et de vengeance. Une façon peut être pour Jean Anouilh de nous faire réfléchir sur certaines prises de décision trop rapides, sur les passions qui peuvent nous gouverner mais à quel prix et surtout un peu comme dans Antigone sur nos envies d'absolu sans compromission !

Lien : http://depuislecadredemafene..
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