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Superbe relecture par Anouilh de l'histoire de Médée et de Jason.
On revoit leur passé,la fuite éperdue à travers la Colchide,leur passion toute neuve, leur compagnonnage de " petits soldats". Et maintenant le présent,l'amour qui se délite,l'abandon de Médée pour la jeune Créuse.
Et surtout,à travers la violente confrontation des deux anciens amants,ce questionnement qui parcourt la plupart des pièces d'Anouilh:faut-il opter pour un bonheur à mesure humaine,tranquille,raisonnable,sans doute médiocre-c'est le choix de Jason et du Créon d'ANTIGONE-ou pour une vie d'intransigeance,de refus,de luttes solitaires,de crimes peut-être,comme Médée,pour atteindre un absolu qui ne peut déboucher que sur la mort,chez Antigone comme chez Médée?
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Je ne connaissais pas la version d'Anouilh et ne regrette vraiment pas de m'être lancée ! le sujet de la pièce est bien sûr le même en faisant de Médée une figure centrale, mais il est légèrement déplacé vers le couple. Dans cette pièce moderne, Médée est plus que jamais une femme blessée et l'histoire est bien celle d'un couple qui se déchire. D'ailleurs, la construction même de l'intrigue le prouve sans nul doute : un tiers du livre construit le dialogue attendu entre Jason et Médée. Un tiers du livre pour voir un couple se déchirer, pour voir Jason expliquer qu'il n'aime plus Médée, que leur couple s'est effondré depuis trop longtemps, que le monde, tel qu'il le perçoit, s'est détaché d'elle. Superbes pages pour raconter un amour qui n'existe plus et une séparation inévitable après des années de passion sincère.
Là réside l'une des nouveautés de cette pièce : Jason n'a pas gardé Médée toutes ces années auprès de lui pour de simples raisons politiques ; au contraire, il l'a aimée, plus que tout, avant de s'en détacher progressivement. Si lui l'a reconnu, Médée se voile encore la face et croit encore à une cohésion entre eux, tout en reconnaissant être incapable de changer pour celui qu'elle aime encore.
Car, deuxième nouveauté, Jason a besoin de changements. Pas pour survivre politiquement et physiquement. Nous ne sommes plus chez Corneille où Jason, lâche et intriguant, est prêt à tout pour obtenir un trône. Chez Anouilh, Jason est fort, il ose affronter Médée car il la respecte plus encore qu'il ne la craint. Il l'affronte aussi car il sait que ses raisons de la quitter sont bonnes : il veut vivre simplement, et trouver le bonheur, notion moderne par excellence. Cet homme qui a tout fui n'en peut plus et aspire à la paix, au repos. Il ne veut plus être un héros mais simplement un homme qui peut espérer passer ses dernières années au calme et en sécurité. C'est un homme tristement banal malgré son passé extraordinaire.
Quant à Médée, c'est une femme désespérée, abattue par ce départ imprévu de l'homme qu'elle a toujours suivi et avec qui elle ne semblait ne former qu'une seule entité. Rien à voir avec cette harpie haineuse que l'on a coutume de nous montrer. Après des années ensemble, elle n'envisage pas la séparation ; elle qui n'a d'autres perspectives que la fuite, encore, elle ne peut se résoudre à perdre son seul point d'ancrage, sa seule bouée. Presque noyée, elle veut attirer l'attention, exprimer son désespoir. A genoux, elle n'attend qu'un geste de Jason pour lui pardonner, pour se faire petite et renoncer aux crimes qu'elle a envisagés. Que Jason se retourne seulement, au moment de la quitter, et les enfants seront saufs. Mais la décision de Jason est prise et il ne se retourne pas, refuse de revenir sur le passé. Médée n'a d'autre choix que de la balayer, elle aussi.
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Cette version dense et condensée de l'histoire de Médée est très bien menée. le dramaturge ne nous encombre pas d'ajouts, de réflexions tirées par les cheveux ou autres mises en parallèles étranges. La pièce raconte le drame de Médée en la postant comme migrante vivant dans une roulotte. Dans le village d'à côté, on célèbre les noces de Jason. Sa personnalité ne permettra pas de tenir les distances souhaitées par le roi Créon. Cette pièce parle de violence, de vengeance, de haute estime de soi, de rester enfermé dans sa propre histoire, de délire, de persuasion et de sang. Les dialogues sont des blocs, précis, sans métaphores outrancières. On comprend très bien. Certes, l'exercice pourrait imposer encore plus d'épure, mais c'est déjà un sacré travail de relecture. Chapeau bas. Cela donne envie de voir la pièce jouée sur scène.
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C'est d'abord une version "moderne" du mythe puisque Jean Anouilh l'a rédigée en 1946, au sortir de la seconde guerre mondiale. C'est un auteur que j'ai découvert par la lecture d'Antigone qui m'avait vraiment chamboulée. C'est donc avec plaisir que j'ai relu pour la dixième fois sa version de Médée. Je l'ai trouvée superbe, j'aime définitivement beaucoup cette héroïne !Anouilh focalise une bonne partie de son texte sur la rupture entre Jason et Médée. Effectivement, le point de départ de la douleur et de la folie de Médée et bien celui-là. C'est cet élément qui pousse Médée à commettre l'irréparable ! Il y a un superbe monologue de Jason (pp. 62 à 68 pour les amoureux du verbe) dans lequel il parle à Médée : "je ne peux pas t'empêcher d'être toi. (…) Mais ce que je peux, c'est tout dire, une fois (…) Je t'ai aimée, Médée." Et il scande son monologue de ces quelques mots "je t'ai aimée, Médée". Jason n'est pas le même que dans les pièces antiques. Il m'a semblée moins lâche, plus humain. Il ose parler, longuement, à Médée, lui dire l'Amour qu'il a eu pour elle.

C'est une pièce qui allie le charme du mythe en lui-même, de la tragédie et des mots d'Anouilh. C'est ce qui fait la force de cette pièce. Anouil réussit à analyser plus en profondeur l'Amour, la Passion entre deux êtres. Dans cette version, Médée est vraiment malade d'Amour pour Jason. Et même si elle arrive à tuer et devient donc une criminelle par Amour, on ne cesse d'être avec elle. Je ne sais pas si ceux qui ont lu cette pièce ont ressenti cela mais je me suis identifiée à Médée. Jusqu'au bout on souffre avec elle !

Ce mythe apporte de la modernité à la pièce. Ainsi Médée vit dans une roulotte. C'est une Médée du vingtième siècle que nous suivons. Ce sont des personnages moins héros, plus humains. Mais c'est bien ce qui fait de ce personnage un Mythe. Il vit avec le temps et ne se démode jamais. Au contraire, la peinture des relations hommes-femmes est on ne peut plus d'actualité, je trouve !

Ces éléments modernes font que les éléments tragiques antiques sont totalement délaissés. Ainsi, pas de char qui vient sauver Médée. Pas de Dieux qui conversent avec elle. La destinée de Médée n'est pas l'objet de cette version.
Lien : http://lesbavardagesdesophie..
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On retrouve dans cette pièce la beauté de l'écriture d'Anouilh dans toute sa simplicité. Médée est fascinante, peut-être même plus qu'Antigone, en ce qu'elle semble sans pitié. Elle est cette magicienne, cette femme amoureuse, qui n'a pas hésité à démembrer son propre frère et à convaincre les filles de Pélias de mettre à mort leur père. Depuis, la voilà toujours en fuite avec Jason jusqu'à la trahison. C'est à Corinthe, bien sûr, que s'ouvre la pièce. Sur cette petite Médée, l'orgueilleuse, la révolté du bonheur, qui n'a jamais su que détruire autours d'elle, que tout flamber - jusqu'à son amour. Jason n'apparaît pas vraiment comme lâche, contrairement aux tragédies antiques. Il est plutôt le résigné. Il est celui qui se détourne des cendres pour chercher un bonheur simple, posé. Tout éloigné de celui de Médée. Alors il est temps pour elle d'allumer la dernière flamme, parce que c'est sa destinée, parce que c'est ce pour quoi elle a vécu, et qu'elle veut endosser son rôle jusqu'à la fin. C'est en superbe, donc, qu'elle précipite la mort, jusqu'à tout détruire en elle.
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Le mythe de Médée, fratricide, infanticide et symboliquement parricide est repris et modernisé par Anouilh. Les niveaux de langage sont mélangés, la pièce évoque les rapports hommes/femmes, Médée vit seule, exclue dans une roulotte. Elle est rejetée, considérée comme l'étrangère. Lorsque Jason décide de la répudier pour épouser Créuse, fille du roi Créon et de l'exiler, il déclenche sa fureur, sa folie vengeresse. Créon et Jason la sous estiment car ils n'ont pas la même conception du monde. Ils ont bénéficié des crimes de Médée mais ils se déresponsabilisent, Jason aspire désormais au calme, au repos, au compromis, adhère aux codes sociétaux. L'inverse de Médée, amoureuse passionnée, sans compromis, entière, absolue. Elle refuse le bonheur, les compromis.
Est-elle victime ou incarne t-elle comme elle le dit elle-même le "mal absolu". Elle dit à Créon et Jason que leur lien avec elle est indissoluble. Jason ne la croit pas. Est-il lâche et hypocrite ou homme de bon sens ?
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Si la version de Médée écrite par Anouilh ne manque pas de charme, elle souffre des mêmes défauts qui affectent les pièces que cet auteur a adaptées de modèles antiques : le même rétrécissement de la perspective, le même rabougrissement du langage et de l'inspiration à des détails et à des remarques ou sentiments banals. On créditera Anouilh d'avoir voulu se tenir "proche de la vie", mais c'est au détriment du sentiment tragique.
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Une réécriture très intéressante du mythe de Médée et Jason.
Il y a un respect évident du mythe original, mais Jean Anouilh l'emmène également ailleurs, en le centrant sur le couple, la passion du début, l'amour qui se délite et ses extrêmes, et fait se questionner les personnages sur le bonheur, l'amour, l'absolu d'une vie.

On retrouve des similitudes de structure de récit et de construction d'héroïne tragique avec sa pièce culte Antigone.

Les dialogues sont souvent très beaux, touchants ; ils remuent dans les tripes.

Un petit texte, mais d'une grande force dans les émotions.
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Il est des auteurs qui sont comme des paquets de bonbons : on ouvre le sachet en se disant que l'on n'en prendra qu'un et - avant même que l'on s'en rende compte - nous en avons un deuxième entre les mains !

C'est ce qu'il m'est arrivé en librairie (autrefois) avec les deux pièces de théâtre de Jean Anouilh : Antigone et Médée.

Deux grands mythes antiques transposés à l'époque contemporaine ; réécrits en rupture avec les codes de la tragédie grecque : ici, le divin n'a pas sa place, c'est l'Homme qui est maître de ses choix et de son destin.

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« Moi, je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et pour mourir. »
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Antigone est la plus connue des pièces de Jean Anouilh.

Réadaptée par le dramaturge sous l'Occupation nazie, son personnage éponyme est une allégorie de la résistance française.
Antigone qui refuse l'obéissance aveugle à la loi ; Antigone qui se révolte et qui se dresse contre l'autorité jusqu'à mourir pour sa cause.

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« Crois-tu que c'est pour chercher un autre amour que je te quitte ? Crois-tu que c'est pour recommencer ? Ce n'est plus seulement toi que je hais, c'est l'amour ! »
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Médée, celle qui a trahit son père et tué son frère pour un homme - Jason - se bat aujourd'hui pour reconquérir cet amour perdu.
Un amour qui n'existe définitivement plus et qui la conduira à commettre le plus cruel des actes.

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Antigone et Médée.
Deux femmes.
Entières.
Passionnées.
Blessées par la vie.
Leur destin.

Par amour, elles s'oublieront.
Par amour, elles se sacrifieront.
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Une histoire étonnante car la violence et la passion de cette femme sont déroutantes et fortes.
Le texte est vraiment bien écrit et on le lit avec intérêt.
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