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Nathacha Appanah a un don pour mettre en mots des vies d'une violence inouïe, à la limite de l'indicible. Qui plus est, dans des textes courts, ce qui permet de ne pas s'appesantir, de ne pas en dire trop, mais juste assez, juste ce qu'il faut pour que l'on sente l'essentiel, en passant par les sensations, les perceptions de ses personnages. Avec sa plume délicate elle nous fait ressentir les couleurs, les parfums, les goûts perçus par son héroïne Vijaya-Avril-Tara et les émotions qu'elle a éprouvées. Tara a perdu pied, elle vient de perdre son mari et tout reflue, morceau par morceau : son enfance dorée et heureuse, son adolescence atroce, ses débuts dans l'âge adulte, ses changements de prénom, et puis le tsunami, la rencontre avec son mari qui lui permet de se reconstruire, bien au-delà de ce qu'il sait, tout ce qui nous explique pourquoi la folie s'empare d'elle à la mort d'Emmanuel. C'est une lecture très marquante, qui laisse un goût amer. Comment est-il possible qu'une personne puisse être niée à ce point, jusque dans son identité ?
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Depuis la mort de son mari Emmanuel, Tara part à la dérive...Elle semble vivre dans un autre monde, la femme discrète et amoureuse qu'elle était semble habitée par une autre. La première partie de ce roman nous plonge dans les limbes des souvenirs flottants de Tara. On apprend à la connaître sans trop identifier le problème mais c'est cette deuxième partie qui provoque une véritable rupture et la découverte des traumatismes subis par une enfant sur qui le sort s'acharne...
Natacha Appanah, que je découvre avec ce roman, m'a emportée avec son style ciselé et elliptique...l'art de suggérer le pire sans tout dire ! J'ai beaucoup aimé cette deuxième partie du roman consacrée aux exactions commises dans un pays fait d'interdits, aux douleurs du passé d'une fillette qui devient une "fille gâchée"... à qui rien n'appartient.
Des passages d'une grande intensité.

"Assourdissant ce coeur qui bat. Assourdissant le sang qui se précipite au cerveau. J'ouvre et je referme la bouche sans savoir quels mots à dire,les cris à sortir, les prières à inventer. Je n'entends rien, je ne vois rien mais dans la nuit du coffre, je perçois la réverbération des choses que font les quatre hommes. Pour chaque coup, chaque exaction, chaque abus, mon corps recroquevillé, loin bien loin de celui de mes parents, absorbé les ondes de ce qui se passe dans cette grande maison ou j'ai eu une vie délicieuse, douce, virevoltant et singulière."
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Nathacha APPANAH. Rien ne t'appartient .

Ce dixième roman de Nathacha APPANAH , nous plonge dans la violence, la peur, l'exil, l'amitié, l'amour, ses thèmes récurrents. Nous sommes transportés dans un univers de déchéance, morale et physique, de démence, de folie, de déshumanisation. Oui, encore un roman noir mais avec beaucoup de sensibilité, de tendresse, d'émotion.

Emmanuel, l'époux de Tara est décédé, il y a environ trois mois. Elle est désespérée et ne peut plus vivre. Elle se laisse aller, n'ayant plus aucun but dans son existence. Elle ne peut faire son deuil et perd également son esprit... Son beau-fils, Eli, lui rend une visite. Et il trouve l'appartement dans un état lamentable. Il en est de même pour Tara qui ne se lave plus, ne se vêt plus, ne mange quasi plus : elle tente de survivre à la perte de son guide, de son amour. Elle souffre de paranoïa, d'hallucinations, et voit même un jeune garçon, vivant à ses côtés au quotidien. Eli est surpris de trouver sa belle-mère dans un tel état. Il décide de la conduire chez un médecin. Parviendra-t-il à la sortir de ce marasme tant moral que physique ?

Tara, au cours de sa déchéance est plongée dans les limbes de son enfance. Elle n'a pas toujours vécu en France. Elle est originaire d'un pays asiatique, frappé par le terrible tsunami de la fin 2014. La description des paysages, les rizières, les temples, la flore, les danses traditionnelles, la pratique du rite sati, tous ces tableaux nous permettent de planter le décor de sa jeunesse, vraisemblablement au Sri Lanka, anciennement Ceylan. Elle revit ses jeunes années au sein d'une famille aisée, avec ses père et mère. Et ce père, bienveillant, lutte contre la condition des femmes, illettrées et dépendantes des hommes et il enseigne de nombreuses matières à cet enfant : histoire, géographie, mathématiques, sciences, biologie, etc … Sa mère est une véritable magicienne, une sorcière : des personnes viennent la consulter pour garder à leurs côtés l'être aimé. Mais notre petite fille joue et s'instruit., Mais un jour, c'est le drame, ses parents sont assassinés et elle échappe aux meurtriers. Elle sera placée dans un pseudo foyer d'accueil, puis dans un refuge pour « filles gâchées ». Qu'a donc subi cette jeune fille au cours de son existence qui peut encore ressurgir au moment de la disparition de son mari ? Elle a même perdu son identité, a été maltraitée au quotidien, traitée en véritable esclave. Elle est ainsi dépossédée de tout, elle perdra même son prénom originel, « Vijaya », prénom qui signifie Victoire dans sa langue maternelle. Désormais, elle sera Avril, mois de son entrée dans le refuge! « Rien ne t'appartient », tu n'as rien et tu n'es rien ! Ici la réminiscence du passé, les deuils et la résilience occupent une grande place dans la réflexion de notre héroïne.

de main de maître, Natacha relie tous les fils, les dénoue et les démêle avec minutie. Ses phrases, incisives, ses belles descriptions, tant des paysages que des personnages, nous conduisent là où elle veut bien nous mener. Cette femme nous livre, dans chaque roman de très beaux portraits de femmes, brisées, écorchées vives par la vie, persécutées par leurs pays natals ou par l'environnement. Cependant il y a toujours beaucoup d'amour, d'amitié de fraternité. Je vous encourage à lire ce récit poignant, et si vous ne l'avez pas déjà fait, à prendre, « Tropique de la violence », « Le ciel par-dessus le toit », « Le dernier frère », « En attendant demain ». Bonne lecture et bonne journée. (21/09/2021).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Rien ne t'appartient”, Natacha Appanah, RL2021, Gallimard

Tara sombre dans le désespoir et la folie depuis qu'Emmanuel, son mari, est mort. Les quinze ans de bonheur avec cet homme merveilleux lui ont fait oublier celle qu'elle a été avant de le connaître.
Mais son décès fait revenir Vijaya, cette jeune fille “perdue” dont l'enfance a été assassinée et l'adolescence meurtrie.

C'est un roman très sombre et assez sibyllin: l'histoire de Tara est d'une tristesse sans nom, il n'y a pas de temporalité, de géographie. L'histoire pourrait se dérouler n'importe où, n'importe quand.
C'est déjà ce qui m'avait gênée dans “Le ciel par-dessus le toit”.

Le style de l'autrice est très écrit, très travaillé. D'autres lecteur.ices le qualifieront sûrement de poétique et sensuel. Il n'a fait que rendre ma lecture plus laborieuse. J'aime les styles plus naturels.

Je sais que ce roman trouvera son public parce que nous n'avons pas tous la même sensibilité. Je pense qu'il aurait pu me plaire avec 200 pages de plus, plus de matière, plus d'histoire et de contexte. Je commençais à m'y sentir bien quand il se finissait. 150 pages, c'est peut-être un peu court pour une histoire comme celle-ci.

Le grand roman de Natacha Appanah reste pour moi “Tropique de la violence”.

Merci à Babelio et Gallimard pour l'envoi.
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Quand Eli, son beau-fils, arrive chez Tara, la femme que son père a épousé il y a quinze ans, il peine à la reconnaître. Son père est mort il y a trois mois et elle part à la dérive, hantée par des visions venues d'un passé qu'elle avait oublié, enfoui profondément. Des souvenirs puissants qu'elle n'a plus la force ou l'envie de réprimer. Des souvenirs qui semblent faire jaillir de son corps et de son âme une autre personnalité...
Dans la seconde partie du roman, la plus longue, le destin de Tara est dévoilé, un destin tragique qui commence pourtant avec une enfance heureuse et "une vie délicieuse, douce, virevoltante et singulière."
Avec sa plume immersive et si personnelle, l'autrice nous raconte délicatement et avec force ellipses l'histoire fracassée de cette femme à qui le deuil permettra de retrouver enfin son identité, celle qu'elle avait enfouie tout au fond de son âme pour pouvoir survivre, ne pas sombrer dans le désespoir et avancer, avec une vie fabriquée, le prolongement imaginaire de celle qu'elle avait connue enfant... Une vie" ronde et sans fissures" qui ne pourrait exister que tant qu'il serait en vie, lui, son mari, cet homme qui croyait en la douceur de ce qu'elle lui racontait, et elle-même oubliait que "[ses] mots étaient fabrication, que la tendresse de ce paysage [...] était un leurre."
Bouleversant portrait de femme...
J'ai beaucoup aimé ce roman qui plonge le lecteur dans un univers plein de sensualité tout autant que de violence avec infiniment de douceur et de poésie. J'ai aimé le parallèle entre cette vague de souvenirs qui submergent Tara à la mort de son mari en lui redonnant son identité et le tsunami véritable qui lui avait offert une forme de renaissance. J'ai aimé la fin de ce roman, le sentiment de paix de la toute dernière image...
Magnifique ♥
Merci Babelio et les éditions Gallimard pour cette lecture privilégiée. Ce roman sera demain 19 août en librairie.
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Il aura fallu un tsunami,grâce à une branche,pour que l'instinct de survie soit le plus fort et que Vijaya disparaisse à jamais pour faire place à Tara.
Dans quel pays ? L'auteure ne le nomme pas,simplement elle suggère, un pays asiatique je pense un pays où les démons vont faire disparaître à jamais ,l'enfance heureuse de la petite Vivi ,ses parents : un couple à " l'occidentale" relativement aisé,quelques années d'un bonheur absolu et surtout pour cette fillette : l'insouciance,mais.....
Chut ,je n'en dis pas plus.Un livre remarquable,une écriture âpre, parfois dure,c'est la " patte" de Nathacha Appanah,qui comme dans : Tropique de la violence,nous confronte à des personnages brisés et torturés par la vie.
J'avoue avoir eu du mal à " entrer" dedans au début, cette histoire de garçon m'enervait et je ne voyais pas où Nathacha Appanah voulait nous emmener,et puis, j'ai persévéré, grand bien m'en a pris car j'ai été littéralement happée par ce roman lu en 2 soirées.
Un gros coup de coeur à recommander chaleureusement. ⭐⭐⭐⭐⭐
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Tara ou Vijaya ? Elle est l'une, celle qui a perdu son mari et qui s'en remet difficilement. Elle est l'autre, celle qui voit ce garçon partout, celle qui s'est retrouvée dans un coffre pour échapper au massacre, celle qui est passée de « chien méchant » à « fille gâchée », celle qui pourtant aimait rire, danser, insouciante.

Dans un pays jamais cité mais qui ressemble fort au Sri Lanka, Nathacha Appanah nous offre l'histoire de cette jeune fille puis jeune femme, meurtrie, abîmée et qui déploie une énergie hors du commun pour vivre.

Dans une langue poétique, avec le minimum de mots, l'auteure nous plonge d'emblée dans une atmosphère lourde, pesante et en même temps emprunte d'une grande douceur. D'une première partie nébuleuse et obscure, le lecteur sort groggy. La seconde partie donnera une consistance au passé fantomatique de la jeune femme, mais avec subtilité.

Ce roman est d'une sensualité et d'une douceur qui n'ont d'égale que la violence qui transpire de chaque page, une violence jamais exploitée, jamais criée à la face du monde, une violence à peine esquissée et pourtant si présente, violence qui efface bien vite quelques images colorées, douces et légères.

Ce livre enferme en lui une gamme d'émotions incroyable, sa réussite tient entièrement dans le fait que l'auteure suggère tout sans explication, au lecteur de deviner, de comprendre, de ressentir. Ça, c'est de la littérature !
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Enfance- Deuil- Traumatisme- Tsunami

Une histoire très émouvante, remplie d'émotions.
Tara vient de perdre son mari Emmanuel, son beau fils Eli la retrouve en pleine dépression. Les souvenirs resurgissent; les démons; les fantômes, la vie d'avant.
Pour Tara, rien ne lui appartient, elle n'est plus. Vous saurez pourquoi en lisant ce magnifique livre , une écriture délicate, sensible. J'ai adoré ce livre qui nous bouleverse.
Déchirant.
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Rien ne t'appartient.
Ni personne.

Tara se prend en pleine face la violence du deuil. L'homme qu'elle aime n'est plus et tout s'effondre. La femme qu'elle était n'est plus, elle ne s'appartient plus. Tara se recroqueville dans l'appartement familial, se recroqueville tellement qu'elle entre en elle-même, comme dans une coquille. Et retrouve tout au fond, si bien caché depuis tant de temps, Vijaya.

Un ailleurs, une autre temporalité se dessine. Une petite fille qui joue. Une enfant aimée.
Mais rien ne t'appartient. Ni personne. Pas même ta famille. Surtout pas ceux qui t'aiment.
Le chemin qui semblait bordé de roses se retrouve charbons ardents. La fille sera gâchée. Et prendra soin de ses semblables, filles gâchées elles aussi.
Mais la vague engloutit tout. Et rien n'appartient plus à personne.

La force de Nathacha Appanah est de mêler des parcours intimes, sensuels souvent, à la société la plus crue. de faire rejaillir l'actualité, d'une touche violente, dans le parcours d'une personne. Et de nous emporter avec elle.
Tara n'est pas Nathacha, qui fait oeuvre de romancière, qui invente autour de trois situations la vie de son personnage. le deuil. La violence d'une société. Un fait d'actualité. A chaque fois, un changement de paradigme.

Je suis admirative de cette manière d'écrire. du style si reconnaissable de l'autrice. Et de cette façon de dire le monde qui nous entoure. Si le début de la première partie m'a laissée un peu de côté, j'ai finalement été embarquée dans ce court texte si sombre. Ce que ne dit pas cette belle couverture en Folio.
Si vous ne connaissez pas l'oeuvre de Nathacha Appanah, il vous faut la découvrir. Tropique de la violence restera toujours pour moi le souvenir d'une nuit blanche, ne pouvant plus dormir après avoir refermé ce roman. Celui-ci infuse plus lentement en moi. Mais après plusieurs semaines, il est toujours là, ce titre mantra ne me quittant pas.

Rien ne t'appartient.
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J'avais déjà lu et apprécié les textes précédents de Natacha Appanah et sa façon de nous entraîner dans des zones sombres, que ce soient des zones géographiques ou intimes, avec de sacrés personnages.
Cette fois, il n'y a qu'un seul personnage, une femme va nous raconter, à travers sa voix, sa vie, son passé, ses détresses, ses espoirs, ses oublis, dénis...
Un texte très poétique et percutant.
En 160 pages, l'auteure va nous entraîner dans les souvenirs de la narratrice. Elle vient de perdre son mari et elle attend son beau fils et il lui demande de se ressaisir, mais le peut elle et le veut elle vraiment ??
Avec une belle écriture, Natacha Appanah va nous faire connaître les vies de cette femme, car elle a vécu plusieurs vies. Son enfance, son adolescence et sa fin de vie. une vie terrible et des pages très difficiles sur la situation des filles, femmes dans certains pays, jamais nommés d'ailleurs, peut être la Thaïlande. Des pages terribles mais aussi des pages d'espoir,; des pages d'un terrible réalisme mais aussi fantastique avec des fantômes qui frôlent la narratrice pendant ses journées.

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