AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,43

sur 372 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'ai abordé ce livre avec la curiosité de celle qui visite les ruines d'un pays en cherchant à comprendre l'origine de ses ravages. Nelly Arcan, cette jeune prostituée montréalaise, s'est donnée la mort en 2009, à l'âge de 34 ans. Qu'est-ce qui a amené cette étudiante en littérature à ne plus espérer au point de s'enlever la vie ? J'ai tenté de trouver des réponses à travers ce roman, sans tomber dans le piège de la suranalyse des traumatismes qui l'ont habitée, encore moins dans le voyeurisme. Même si ses mots laissent en nous une empreinte de mal être, son univers n'est pas moins complexe que celui qui évolue en chacun de nous.

« Putain » est son premier roman, une autofiction débordante de sentiments noirs résultant de comportements autodestructeurs. Quelques pages à peine suffisent à nous éclairer sur les origines de son mal. Entre une mère, qui passe ses grandes journées à dormir et qu'elle qualifie de « larve » et de « cadavérique », et un père qui chasse les putains, on a vite fait de comprendre que Nelly Arcan n'a pas été entourée de modèles positifs.

Les pages de ce roman m'ont aussi révélé sa hantise des femmes et sa misanthropie. Son besoin de plaire et l'image d'un corps qu'elle craint de voir vieillir. C'est d'ailleurs en alliant les mots « femmes » et « féminité » que l'expression de cette crainte est la plus marquée. Un passage du livre : « Je me suis mise à vieillir à toute allure », m'a rappelé Marguerite Duras qui disait dans « L'amant » : « J'avais à 15 ans le visage de la jouissance et je ne connaissais pas la jouissance. Tout a commencé de cette façon pour moi, par ce visage voyant, exténué… en avance sur le temps… ». Les ressemblances dans leurs écrits sont frappantes. le style est tout autre, Duras ayant une plume incomparable, beaucoup plus fine et subtile, mais leur vécu comporte un nombre infini de similitudes, notamment celle de faire l'expérience de la sexualité à un âge beaucoup trop précoce.

Pourquoi ne suis-je donc pas arrivée à aller au bout de cette lecture ? le style est lourd, un immense cri de détresse sans points ni ponctuations. S'ajoute au style un ton vulgaire qui m'a vraiment déplu. N'allez pas croire que je pense nécessaire d'exprimer son mal de vivre dans le but d'obtenir des distinctions de l'Académie française. Je crois seulement que, pour demeurer authentique face à son vécu, il ne soit pas nécessaire de communiquer avec une telle disgrâce. Un minimum de pudeur ajoute sans doute une meilleure crédibilité aux yeux du lecteur. C'est un avis personnel, bien sûr... J'en arrive maintenant à ce qui m'a vraiment percutée : la paradoxalité de son discours. Nelly Arcan aborde dans ses ouvrages des thèmes tels que l'influence de l'image chez la femme, la marchandisation du corps et le suicide. Elle dénonce haut et fort le commerce de la prostitution qu'elle refuse pourtant de quitter. Pour toute réponse, elle dira que « c'est peut-être à cause d'une tendance naturelle que j'ai à me dévêtir et à m'étendre à toute heure ». J'ai franchement été agacée de l'entendre parler de l'image corporelle de la femme, affirmant que les femmes ne se sentent le besoin d'exister qu'à travers le regard des hommes. J'ai beaucoup de difficulté à comprendre que, même avec une conscience aussi aiguë des raisons qui poussent les femmes à devenir des esclaves de leur image (époque axée sur l'image et la minceur), elle n'ait pas réussi à s'en affranchir elle-même. Son roman est à mes yeux un tissu de provocations qu'elle alimente à travers une allure hyper-sexualisée et des propos uniquement centrés sur le sexe. J'ai le sentiment d'avoir perdu mon temps alors qu'une tonne de romans croulent sous mes pieds…

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
Commenter  J’apprécie          2413
Ne cherchez pas l'intrigue ni le dénouement car ce récit n'est pas un roman. C'est un regard terriblement lucide et dur sur la vie et le rôle de la femme dans la société. Ces femmes jetées en pâture aux mâles qui exigent de la jeunesse et de la beauté afin de satisfaire leurs besoins sexuels. C'est l'introspection d'une jeune femme teintée de ses névroses. Un texte profond et dérangeant qui ne m'a pas laissé indifférente, bien au contraire. le style d'écriture n'est pas facile, les phrases sont interminables et le texte comporte beaucoup trop de répétitions.
Lien : http://gustavelechat.wordpre..
Commenter  J’apprécie          160
Ce roman est un peu étrange tant il fait écho à la destinée de l'auteure.
On ressent tout son mal-être et ça nous met mal à l'aise quand on sait qu'elle en est arrivée au suicide. Son père qu'elle cherche tant bien que mal à travers ses clients, sa mère qu'elle traite comme une moins que rien. Son rôle de schtroumpfette qui doit se taper tout le village pour être toujours la plus désirable des putains. On lit une sorte de testament avec des phrases de plusieurs pages.
Vraiment étrange comme lecture que j'ai mis du temps à parcourir tant elle me fut pénible mais magnifiquement bien écrite.
Commenter  J’apprécie          100
Ouf quoi dire après ce séjour dans la tête Nelly Arcan?
Que huit ans avant son suicide, elle hurlait déjà son mal de vivre dans ses écrits!
Je sais que certains me diront : Ouiii, mais bon, vous dites cela maintenant, mais c'est un biais rétrospectif! Il est si facile de dire qu'une chose était évidente alors qu'elle s'est déjà produite.
Peut-être!! Reste que j'ai été dérangé pendant toute ma lecture, par le fait que tout ce que j'y voyait dégoulinait d'un mal de vivre sanguinolent.

C'est une lecture pénible où l'on continu de tourner les pages pour la même raison que l'on continu de regarder la vidéo d'un accident. On sait déjà comment tout cela va se terminer et pourtant on ne peut s'empêcher de regarder…

Je l'ai terminé rapidement, pas parce que je l'ai apprécié mais parce que je voulais que ça finisse au plus vite. Les phrases interminables de l'autrice m'oppressaient. Les sempiternelles reproches à ses parents, qu'elle maudit tout au long des 187 pages m'affligeaient.
Je ne pouvais m'empêcher de penser : Au lieu d'aller voir son psychanalyste, à qui elle vomissait sa vie sans jamais le regarder en face, il aurait peut-être été plus utile qu'elle fasse une thérapie familiale. Mais ça aussi ce n'est qu'un exemple du biais rétrospectif.
Bref une lecture bien déprimante dans les pensées d'une femme qui ne pouvait/savait pas aimer la vie…
Commenter  J’apprécie          90
Un roman autobiographique bien difficile à lire, de part son style : des phrases s'étalant sur deux pages, avec peu ou pas de ponctuation et le fait que l'auteure nous livre ses pensées à l'image de sa vie, désordonnées, confuses, morbides et obsessionnelles.
J'ai terminé cette lecture pleine d'empathie mais très confuse quant au sens à y donner.
Commenter  J’apprécie          90
Un livre qui parle plus de détresse que de prostitution à mon avis. Une détresse intimement liée à plusieurs non-dits de la condition féminine, car le malaise intérieure de Nelly Arcan est en grande partie en lien avec son identité de femme. Et bien que je ne sois pas d'accord avec plusieurs de ses propos, je me suis tout de même reconnue dans certains d'entre eux: Subir le regard des hommes et en même temps le rechercher. Craindre de vieillir, se sentir déjà trop vieille à 24 ans.... Est-ce le lot de seulement celles qui sont déséquilibrées, je ne crois pas.
Commenter  J’apprécie          60
Mon premier reflexe en entamant ce livre a été de m'écrier : mais qu'il est mal écrit ! C'est épouvantable, ce récit sans queue (mais avec beaucoup de queues) ni tête, sans trame narrative, avec des phrases interminables, des propositions juxtaposées séparées par des virgules, qui tournent en rond mais ne mènent nulle part...

Et puis j'ai compris - c'est en fait parfaitement logique, ce rythme haletant, çca rend très bien l'état d'esprit de l'écrivaine avec ses divagations...

Bon livre dans l'ensemble, surtout quand on sait que l'auteure s'y est mise toute entière si on peut dire, car il est inspiré de sa propre expérience. Nelly Arcan fait partie de ces auteurs qui VIVENT dans leurs livres.
Commenter  J’apprécie          30
Un récit biographie cru. Peut être beaucoup trop cru pour moi.
Pas évident à lire, déjà pour le sujet et le contenu du livre.
Et parce que l'écriture est quasi sans ponctuation : 3 pages sans un point. On sent l'urgence, de sortir ce texte, comme d'une traite. Mais l'effet est réussi : la lecture est comme épuisante, car sans souffle pour reprendre ses esprits.
Commenter  J’apprécie          20
Quelle tristesse, la confession d'une jeune fille qui se prostitue en dehors de ses études, malheureuse en famille, père bigot, prédicateur malade et perverso, mère abandonnée au foyer qui se meurt d'ennui dans sa maison. Leur fille, élevée sans amour, ne peut se construire. Invention d'une soeur à laquelle elle pourrait se confier, rêverie d'inceste, dégoût de soi-même, personnage suicidaire, réflexions désespérée d'un être qui ne se trouvera pas, privée de l'amour qui l'aurait sauvée, lui montrant le chemin de la liberté. Pas d'amor, pas d'amour de soi, rejet et paroles mortifères qui détruisent et conxduisent à l'abîme.
Commenter  J’apprécie          20
a lire par petits morceaux
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (1053) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1722 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}