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Deuxième tome de la « trilogie d'une nuit d'hiver », « La fille dans la tour » fait directement suite aux événements mis en scène dans « L'ours et le rossignol », premier roman de Katherine Arden sorti l'an dernier et qui avait remporté un grand succès auprès du public. A noter que si ce second volume est présenté comme pouvant se lire totalement indépendamment, ce n'est à mon sens pas vraiment le cas. En effet, autant le premier tome pouvait se suffire à lui-même, autant le second nécessite d'avoir lu le précédent pour bien saisir toutes les subtilités et les enjeux de l'histoire. [Je conseille d'ailleurs à ceux qui n'auraient pas lu le premier tome de la trilogie de passer directement au paragraphe suivant au risque de se voir révéler certains pans de l'intrigue précédente.] On retrouve ici les mêmes personnages que dans « L'ours et le rossignol », l'action se situant juste après les événements qui ont bouleversé le quotidien de la famille Pétrovitch et du village de Lesnaïa Zemlia. Cette fois encore, c'est Vassia qui se trouve au coeur du récit. Après son départ précipité de son village natale, la jeune fille se retrouve à errer sur les routes sans aucune destination en tête : puisqu'il lui était impossible de demeurer chez elle après qu'un prêtre l'accusant de sorcellerie ait attisé l'hostilité des villageois à son égard, notre héroïne décide de profiter de cette opportunité pour parcourir le monde et se libérer du carcan imposé ordinairement à son sexe. Très vite, la jeune fille va toutefois faire plusieurs rencontres qui vont bouleverser ses plans. le roi de l'hiver, d'abord, ainsi que toute une cohorte de créatures féeriques qui voient leur force décliner à mesure que le christianisme gagne des fidèles. le prince de Moscou en personne, ensuite, parti battre la campagne en quête des brigands Tatars qui ravagent les villages autour de la capitale et en enlèvent les jeunes filles. Déguisée en garçon, Vassia va, sans vraiment le vouloir, s'attirer la sympathie du prince qui l'invite à le suivre à Moscou. Là-bas, la jeune fille retrouve avec joie son frère et sa soeur, l'un moine, l'autre princesse. Tous deux ont toutefois bien du mal à digérer de voir leur petite soeur se départir aussi effrontément de la discrétion et des codes imposées aux femmes, mettant ainsi en péril sa propre réputation et la leur. Outre les mentalités de l'époque, notre héroïne va aussi se retrouver confrontée à un vaste complot à la cour de Moscou impliquant aussi bien des hommes ordinaires que des créatures surnaturelles.

Comme dans « L'ours et le rossignol », le principal charme du roman vient du dépaysement procuré par le contexte historique choisi. Si la période médiévale est fréquemment mise en scène en fantasy, ce n'est pas le cas de l'histoire et de la culture russe avec lesquelles le lectorat occidental est sans doute peu familier. La reconstitution de la Russie de l'époque est d'ailleurs d'une grande qualité. Si l'action du premier tome se limitait au domaine reculé de Lesnaïa Zemlia et permettait ainsi de mettre en lumière la disparité du territoire russe (qui n'a alors rien d'une entité unifiée), ce second tome se déroule pour sa part essentiellement à Moscou et aborde le sujet de la domination mongole. En effet, les seigneurs mongols règnent alors sur une grande partie de l'Europe de l'Est : les différents princes leur sont donc soumis, bien que l'éloignement et les dissensions internes à la Horde d'or leur permettent de desserrer parfois quelque peu l'étau de la soumission. Sans jamais s'appesantir trop en détail, au risque de rendre le récit indigeste, l'auteur nous immerge dans la culture russe par petites touches. Cela passe d'abord par l'emploi d'un vocabulaire spécifique qui participe au dépaysement et qui permet à l'auteur d'ancrer son récit dans l'histoire. Outre le contexte géopolitique, le lecteur apprend à se familiariser avec la religion qui occupe une place centrale dans le récit. En effet, quand bien même le lecteur a sans doute connaissance des particularités propres au christianisme de l'époque, il y a des chances pour que la religion orthodoxe lui soit beaucoup moins familière. Là encore, l'auteur ne s'embarrasse pas de longues descriptions mais parsème son récit de références à des titres, des lieux ou des fêtes qui permettent au lecteur de bien cerner les spécificités du culte orthodoxe. le folklore russe convoqué ici change lui aussi de ce dont on a l'habitude. Après les roussalka, les domovoï ou les banniks (esprits des bains), notre héroïne va se retrouver confrontée à la Polounotchnitsa (la « dame de Minuit »), à un gamaïoun (oiseau avec une tête de femme capable de prédire l'avenir), et bien sur au fameux roi de l'hiver déjà évoqué dans « L'ours et le rossignol », Morozko.

Outre la qualité de la reconstitution historique, l'intérêt de l'ouvrage réside aussi dans celle des personnages. Vassia reste toujours aussi attachante que lorsqu'elle était enfant et il est difficile de ne pas être touché par sa quête de liberté. La condition des femmes de l'époque se trouve d'ailleurs au coeur du roman qui nous dépeint une société patriarcale particulièrement rigide dans laquelle les femmes de l'aristocratie n'ont d'autre choix que la séquestration à perpétuité, qu'elles optent pour le mariage ou le couvent. Les scènes se déroulant dans le « terem » sont ainsi particulièrement oppressantes et permettent de mettre en lumière une pratique attestée de l'époque qui consiste à faire vivre les femmes de la cour dans des appartements ou des bâtiments séparés, et ce afin de les couper totalement des hommes et de toute vie sociale. C'est le sort qui échoit à Olga, la soeur de Vassia, ainsi qu'à sa fille, condamnée à passer sa vie dans le terem sans rien connaître du monde ni même de Moscou. L'auteur signe avec ces trois personnages de très beaux portraits de femmes, toutes très différentes les unes des autres mais fortes chacune à leur manière. Ainsi, si on ne peut s'empêcher d'admirer l'audace et l'entêtement de Vassia qui entend bien bénéficier de la même liberté que ses frères, le personnage d'Olga, princesse soucieuse des conventions et des traditions, possède une forme différente de courage qui lui permet de susciter, pour d'autres raisons, l'admiration et la sympathie du lecteur. Il en va de même de la petite Maria dont le sort ne peut qu'émouvoir dans la mesure où il témoigne parfaitement de l'absurdité et de l'horreur du carcan imposé alors aux femmes de haut-rang. Les personnages masculins sont pour leur part plus en retrait, même s'ils bénéficient eux aussi d'une personnalité soignée, qu'il s'agisse de Sacha, du prêtre Konstantin ou du prince Dimitri. le personnage le plus énigmatique de la série reste toutefois le roi de l'hiver, Morozko, qui entretient avec la jeune fille une relation troublante et très émouvante dépeinte avec beaucoup de sensibilité par l'auteur.

On retrouve dans « La fille dans la tour » les mêmes qualités qui faisaient déjà le charme de « L'ours et le rossignol ». Outre l'originalité du décor et du bestiaire mis en scène, le roman séduit surtout par l'empathie que l'auteur parvient à faire naître pour ses personnages, et notamment son héroïne au côté de laquelle on prend énormément de plaisir à découvrir l'histoire et la culture russe du Moyen-Age. Sans doute l'une des plus belles découvertes de l'année.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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L'intrigue de ce deuxième tome se situe juste après la fin de l'Ours et le Rossignol, Vassia a quitté son village et part explorer des régions de la vaste Rus' médiévale.
J'ai retrouvé avec plaisir l'atmosphère de conte, le folklore russe et l'ambiance hivernale de la trilogie (et on peut dire que l'auteure a un vrai talent de conteuse et sait immerger son lecteur, qu'est-ce que j'ai eu froid en lisant la première partie du roman lorsque Vassia explore la forêt !).
On retrouve les thèmes du premier roman : la relation avec la nature (les liens entre Vassia avec les chevaux et notamment Soloveï), la condition des femmes dans cette société (bien peu envieuse), la place de la religion et l'opposition entre superstitions et traditions, et la politique.
Ce 2eme tome est pour moi une réussite ! Une partie de l'intrigue se déroule à Moscou mais le côté nature sauvage est toujours présent, Vassia, forte et courageuse, qui veut être libre dans une société patriarcale, la relation entre l'héroïne et le démon du Gel qui évolue, tout comme celle avec ses frère et soeur, l'apparition de nouveaux personnages intéressants, et on en sait plus sur l'histoire de la famille de Vassia.
L'intrigue gagne en intensité au fur et à mesure de la lecture jusqu'à un final haletant qui donne envie de découvrir rapidement la suite L'hiver de la sorcière !
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« Quelques semaines plus tôt, une jeune fille montée sur un cheval bai s'était tenue à l'orée d'un boqueteau de sapins. La neige tombait dru, s'accrochant dans ces cils et dans la crinière du cheval. Dans le boqueteau se dressait une maison, porte ouverte. »
« La fille dans la tour » (2ème tome de la saga « L'ours et le rossignol »).
Waouh ! J'ai encore pris une belle leçon de la figure !
Nous retrouvons une Vassia assumée, engagée et farouche en plein coeur de Moscou en plein milieu de tempêtes seigneuriales auxquelles elle devra malgré elle prendre part pour crier justice !
Nous retrouvons aussi une Vassia en plein coeur de tourmentes et retrouvailles familiales.
Je ne peux que dire oui à ce 2ème tome, aux paysages à couper le souffle, à ses esprits bienveillants, à Soloveï l'étalon qu'on rêverait de chevaucher jusqu'au firmament et à ce démon du Gel qui nous ferait presque aimer les températures plus qu'hivernales de la Russie.
Entre conte et cruauté, on ne peut qu'être ensorcelé et se jeter à corps perdu dans le 3ème tome afin d'alimenter ce côté rebelle et féministe qui sommeille en nous et de le réveiller définitivement !
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Toujours aussi poétique, le tome 2 de cette trilogie entraîne Vassia et son fabuleux cheval Soloveï dans les forêts enneigées du Roi de l'Hiver, puis à Moscou où elle arrive déguisée en garçon, auréolée de gloire car elle a sauvé trois fillettes des hordes de bandits qui pillent et incendient les villages. Malgré les exhortations de son frère et de sa soeur qui la supplient de se montrer discrète, Vassia résiste difficilement au plaisir de montrer ses talents de cavalière. Elle va durement payer cette imprudence, car nombreux sont les ennemis qui la guettent : le prêtre Konstantin, revenu à la cour de Moscou, et aussi d'autres hommes qui oeuvrent dans l'ombre pour prendre le pouvoir au Grand-prince Dimitri. La magie de Vassia lui suffira-t-elle pour contrer ces forces maléfiques ?

Le rythme est assez lent dans la première partie, puis la tension monte et tout s'accélère avec l'arrivée de Vassia à Moscou.
Katherine Arden nous en dévoile plus sur l'histoire de cette Rus' médiévale, sur les us et coutumes en vigueur à l'époque comme le sort des femmes de la noblesse confinées au terem. Il s'y mêle toujours la magie des contes russes avec les diables et les tchiortis, ces esprits protecteurs du foyer ou de la nature qui cohabitent tant bien que mal avec les hommes.

Une lecture au charme fort, très délassante entre deux lectures plus exigeantes.

Challenge multi-défis 2022
Challenge mauvais genres 2022
Challenge plumes féminines 2022
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Après lui avoir tourné autour avec d'autres lectures diverses et variées, j'ai finalement ouvert la fille dans la tour. Plongée dans l'univers immédiate tant l'écriture et l'univers ont quelque chose de riche, étudié et prenant que mes autres bouquins n'avaient pas. Diantre.
On commence en terrain connu par des contes et légendes déjà entendus mais l'histoire se mue très vite (même si toujours plongée dans l'aventure, le fantastique et l'imaginaire) en une quête existentielle. Celle de l'héroïne qui ne trouve ni sa place parmi le monde surprotégé et en retrait des femmes bien nées, ni dans celui libre et exalté des hommes et moins encore dans celui dangereux et envoûtant du folklore qui s'efface peu à peu dans l'oubli. Et c'est vraiment ce que j'ai aimé dans tout ça. La place de la femme, "cette sorcière" dans la société et la mentalité des hommes, interrogations hélas encore d'actualité, et aussi tout simplement la place que l'on se fait dans sa vie.
Cette fois encore, l'histoire débute doucement pour gagner en intensité dramatique avec une Vassia qui, tel un jeune poulain fou, attire les ennuis autant qu'elle les provoque. On sent le danger bien avant qu'il ne se pointe et c'est vraiment le coeur serré d'appréhension que j'ai lu les derniers chapitres.
J'irai comme à mon habitude lire ailleurs mais j'attendrai moins longtemps pour lire le dernier tome qui tel le chant d'une sirène m'attend et m'attire, irrésistible.
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L'année dernière à la même période, j'étais plongée dans L'Ours et le Rossignol, et bien que l'occasion ne se soit pas présentée jusqu'ici, j'étais pressée de poursuivre la lecture de cette trilogie. Ma patience est donc récompensée.

Au départ, j'ai eu quelques difficultés à resituer les personnages et les évènements, ayant lu le premier tome un an auparavant… Mais au fil des pages, les divers éléments se sont remis en place. En revanche, je n'ai eu aucun mal à me plonger à nouveau dans cet univers glacé et enneigé qu'est la Rus' médiéval ! La plume de Katherine Arden est si agréable, les mots semblent couler tout seuls… Magie et aventure s'entremêlent.

J'ai lu avec surprise que la 4ème de couverture indiquait que l'on pouvait lire ce tome indépendamment du précédent, pour ma part je ne le conseille pas. Connaître le passif des personnages est, selon moi, indispensable pour bien saisir l'ampleur du récit, les conséquences, les incidences, les rouages etc.

Bon, durant la première partie, je me suis demandée où était passée Vassia ! J'avais hâte de la retrouver… et découvrir ce qu'elle devenait. Impétueuse, fière et impulsive, notre héroïne est encore jeune et certains de ses choix ne semblent pas judicieux. Il est même arrivé que son comportement me porte quelque peu sur les nerfs. Mais au-delà de ça, Vassia est forte, courageuse et elle a grand coeur. Elle est attachante et touchante. Et l'on a envie qu'elle trouve sa voie et puisse être enfin celle qu'elle est, sans entrave ni jugement.

Bref, ce deuxième tome est rempli d'action, on a à peine le temps de souffler. La mort n'est jamais loin et le roi de l'hiver non plus… Les tchiorti, ces esprits du folklore russe, sont toujours présents et ont leur rôle à jouer dans l'intrigue. Et j'ai encore une fois grandement apprécié ce voyage dans cet univers fantastique.

Il m'a d'ailleurs été difficile de poser ce roman une fois ma lecture entamée, j'ai été transportée et je ne vais pas perdre plus de temps pour filer lire l'ultime tome de cette merveilleuse saga !

Challenge Multi-Défis 2022
Challenge ABC 2021-2022
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C'est en pleine lutte de pouvoir que commence ce second tome : les disputes pour le contrôle de la Horde privent celle-ci d'un chef fort et les brigands en profitent pour attaquer des villages, les piller et enlever des jeunes filles.
Sacha est toujours prêtre : il a recueilli un prêtre quasi mort sur la route ... oui c'est Konstantin!
Olga est à Moscou et attend son troisième enfant.
Vassia, elle, continue à vivre en marge de la société, libre, mais les pillages l'obligent à reprendre contact avec le monde ... une très mauvaise chose pour elle.
L'atmosphère de ce tome est toujours aussi plaisante : la mythologue russe est vraiment fascinante et c'est avec plaisir que j'ai retrouvé Morozko, les domovoï, dame Minuit et autres esprits.
Je suis surprise de la mention sur la 4e de couverture : peut se lire indépendamment du premier tome ... Je ne vous le conseille pas, on perdrait toute la tension avec Konstantin par exemple ou les raisons pour lesquelles Vassia préfère la nature à ses congénères.
Un très bon moment de lecture, je file vers le tome 3!
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A la fin de l'année dernière, j'avais eu un beau coup de coeur pour la plume et l'univers de Katherine Arden avec le premier tome, L'ours et le rossignol. Elle récidive avec ce deuxième tome encore plus fort en émotion pour moi.

Pourtant au début la lecture ne fut pas facile. J'ai beau aimé sa plume et me laisser facilement emporter par elle, je rongeais un peu mon frein dans les premières pages qui étaient consacrées à la famille moscovite de Vassia sans que celle-ci apparaissent. Ce n'était pas inintéressant et ça plantait bien le futur décor de ce tome mais moi, il ne me tardait qu'une chose, c'est de la retrouver. du coup, dès que mon voeu a été exaucé c'est allé mieux et on peut même dire que c'est allé crescendo.

Dans le tome précédent, nous suivions l'enfance et l'adolescence de Vassia dans sa campagne russe auprès d'une famille peu compréhensive face à son don de voir les créatures des contes. Cela s'était d'ailleurs terminé bien tragiquement pour tous. Vassia a donc décidé de suivre son chemin loin des carcans qu'on essaie d'imposer aux filles et aux femmes dans ce pays à cette époque. Mais en voulant vivre sa vie et voyager, elle va être inexorablement attiré dans les filets de la politique moscovite dans laquelle gravitent déjà son frère et sa soeur aînés.

J'ai beaucoup aimé ce déplacement du décor de l'histoire dans ce deuxième tome. Souvent les tomes du milieu comme celui-ci sont plus faibles, eh bien, ce n'est pas du tout le cas ici. L'autrice au contraire y renforce son message et celui-ci nous percute d'autant plus fort. C'est beau de voir une Vassia si libre et qui ne vit littéralement que pour ça, elle forme en cela un duo magique avec son cheval Soleveï. Mais c'est aussi très douloureux de voir tout ce que le monde peut mettre en travers de son chemin pour la brider. Ce message pour la libération des femmes dans toutes les sphères aura rarement été aussi bien écrit et entendu.

Mais au-delà de ça, c'est la façon dont Vassia va grandir à travers toutes ses aventures qui m'a touchée en plein coeur. Au début, c'est une petite fille encore naïve et très centrée sur elle-même qu'on découvre. Mais petit à petit à travers les épisodes de bravoure qu'elle va vivre, elle va s'épanouir, s'ouvrir aux autres et apprendre à tenir compte d'eux. Elle va devenir une véritable héroïne qu'elle soit en habits d'homme ou en habits de femme, et elle sauvera tout ceux qu'elle croisera sur son chemin peu importe leur camp. C'est une grande dame.

Katherine Arden a réussi avec elle à écrire un très beau personnage de femme fragile et forte qui se révèle dans l'adversité. Mais ce n'est pas le seul beau personnage de ce tome, ils sont nombreux et complexes. Il y a avant tout Morozko, la Mort, avec qui elle vit une très belle histoire, et qui comme souvent quand une autrice met en scène une divinité qui s'humanise, m'a énormément touchée et même arraché quelques larmes. Je le comparerai un peu à Sieh de la Trilogie de l'héritage de N.K. Jemisin, pour lequel j'avais eu un gros gros coup de coeur. Viennent ensuite les membres de la famille de Vassia, son frère Sacha et sa soeur Olga, qui ont tant de mal à la comprendre et qui pourtant feront tout à leur façon pour la protéger. Ils sont plus complexes qu'on ne le croit. Enfin, il y a surtout les membres du cercle politique moscovite dans lequel elle va graviter : le prince Dimitri et son nouveau copain, le trouble, Kassian. Si le premier est un peu simple de prime abord, le second se révèle fascinant et inquiétant. Ce sont des personnages que l'on se plait à suivre et qui ne sont pas trop nombreux, ce qui n'est pas plus mal.

Ce qui m'amène à l'aspect politique du titre, grosse nouveauté ici, puisque dans le tome 1, c'était à peine abordé du fait que le récit prenait place loin de tout. Cette fois, on est au contraire en plein coeur du pouvoir et c'est très intéressant de voir tout ce qui se joue derrière les façades des uns et des autres. Beaucoup de on dits, de manigances mais également de complots émailleront ce tome et passionneront le lecteur. On a sans cesse peur pour l'héroïne qui s'est introduite là-dedans sans savoir ce qu'elle risque. On s'interroge aussi sur le fonctionnement d'alors parce que c'est quand même un pan assez méconnu de notre Histoire mondiale.

Et pour finir, l'autrice n'oublie pas entre discours féministe et intrigues politiques, la petite touche de fantastique si bienvenue ici. Vassia a toujours son don, celui-ci lui est même de plus en plus utile. Il se développe et il semble cacher bien d'autres secrets sur ses origines et ses possibles capacités. Ça questionne beaucoup. On a quelques réponses qui se dessinent mais encore bien peu. Toutefois cela confère une ambiance d'un autre monde, surtout que c'est une mythologie peu connue, alors ça fascine d'autant plus. le lien entre la réalité et le fantastique est comme toujours bien mené parce qu'on sent vraiment les points de bascule : les créatures que voit Vassia, son cheval, Morozko. Et qu'ils se confrontent avec la dure réalité de l'époque : la puissance de l'Eglise qui repousse le paganisme, l'enfermement des femmes et des enfants dans une société très masculine qui écarte tout ce qui sort de la norme. du coup, on ressent encore plus la force de Vassia qui traverse tout cela la tête haute.

Ce deuxième tome m'aura fait vivre énormément d'émotion. de la frustration au début, puis de la passion avec les aventures de Vassili, de l'espoir même à son arrivée à Moscou, très vite suivi par énormément de crainte, d'appréhension et même de colère à un moment, pour finir par de la rage, avant à nouveau de l'espoir et de la tristesse. J'ai encore une fois été charmée par la plume de Katherine Arden. Je suis un peu orpheline, car le tome 3 tant attendu qui devait sortir ce mois-ci est repoussé jusqu'à...?
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Que je l'ai trouvé long, ce démarrage !!

Par contre, à la fin, le rythme s'accélère follement et les rebondissements sont bien amenés.

A la fin du tome 1, on assistait au sacrifice de Piotr, qui donnait sa vie pour que Morozko puisse réenchaîner l'Ours. Sa seconde épouse y laissait aussi sa vie, sacrifiée par Konstantin, qui lui, s'en tire vivant le bougre ! Et c'est loin d'être un détail, car Vassia ne va pas tarder à le retrouver sur son chemin, toujours aussi plein de désir refoulé transmuté en haine à son égard...

En attendant, Vassia, qui n'a pas envie de porter le chapeau pour les décès de son père et de sa belle-mère, disparaît, et tous, même Konstantin, pour un temps, la croient morte...

Réfugiée auprès de Morozko, elle décide de partir parcourir le monde et son destin va croiser celui de son frère, le moine, aux trousses en compagnie du prince Dimitri d'une bande de pillards.

Mais ces fameux pillards ne sont pas ceux qu'on croit, et il se pourrait bien que l'un des hôtes de Dimitri ne soit pas celui qu'il prétende être.

Au programme de ce tome, des pillards, donc, un.e travesti.e, un enchanteur et un oiseau de feu, une petite fille qui voit aussi les tchiorti, et aussi et surtout un éclairage inattendu et bienvenu sur la vie de Tamara, la grand-mère de Vassia... Et aussi un incendie. Un terrible incendie. Et des larmes à l amort de... Non, je ne dirai pas qui ^^

Un second volet qui termine donc bien mieux qu'il n'a commencé, mais que va donc devenir Vassia ???
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C'est dans une Moscou médiévale que nous emmène ce second volet de la trilogie d'une nuit d'hiver par Katherine Arden, La fille dans la tour.

Vassia quitte son village natal, et part à l'aventure sur le dos de Soloveï. Ses pérégrinations l'amènent à Moscou, où elle retrouve sa soeur Olga et son frère Sacha. Sur la route, elle a traversé des villages ravagés et détruits, après le passage des Tatars, désormais aux portes de Moscou. Mais c'est surtout une ville croyante qu'elle rencontre là, une ville qui écoute les prêches de ses évêques, et qui se détourne de ses croyances ancestrale. Alors, Vassia n'est pas loin d'être considérée comme une sorcière, et cette menace n'est pas moins terrifiante que l'avancée des Tatars…

Dans ce volume, on est dans une ambiance plus citadine, moins sauvage, moins folklorique. En revanche, on vit au rythme d'une ville qui grouille, avec ses marchés, ses populations, ses tours… et des clochers. On étouffe là-dedans. Forcément, préférant la forêt enneigée et qui concentre les échos de légendes vieilles comme le monde, j'ai un peu moins aimé la promenade à Moscou. Trop d'humains, trop de bruit, et en cela, je me suis sentie comme Vassia, prise au piège. Mais c'est très certainement voulu par l'autrice, et en cela, la traduction est encore parfaite, tant l'immersion est totale, et la lecture fluide, évidente, mélodique.

Autre point que j'ai moins apprécié ici : l'omniprésence de la religion, et une religion tournée vers l'interdit, la peur, la soumission. Elle prend le pas sur les esprits protecteurs, ces personnages de légendes orales qui se battent pour survivre dans la mémoire des Hommes. On avait déjà ce tiraillement entre les deux dans le premier volume, et dans celui-ci, la ferveur religieuse tend à prendre le pas sur les récits ancestraux.
On est dans l'enfer et la folie des Hommes et dans ce qu'ils appellent sorcellerie pour tout ce qu'ils ne comprennent pas. Toute cette ferveur religieuse s'illustre par le visage de Konstantin, ce prêtre au double-visage (on dirait Joker) qui peu à peu se détourne de la lumière. Là encore, c'est un thème que j'apprécie moins mais qui est parfaitement traité, et qui apporte beaucoup de tension à ce moment de la trilogie, permettant à la série de rester sur quelque chose de très vif, de captivant.

L'intrigue se poursuit, les personnages évoluent et s'affinent. Vassia s'endurcit (elle me fait penser un peu à Arya Stark !), et on suit ses pas dans cet apprentissage de la vie.
Néanmoins, j'ai trouvé que le souffle de ce second volet était plus inégal, avec des temps plus longuets.
Mais j'ai suivi avec passion les aventures de Vassia, qui doit trouver sa place dans ce monde d'Hommes où chacun doit être à sa place. Là encore, une belle représentation de la femme à l'époque et en ville, avec les différents traitements et positions selon leur statut dans la société; et une représentation non exempte de critique, avec la figure de Vassia qui veut casser les codes, mais sans manifeste non plus, sans invraisemblance, sans violence dans le propos.

Un second volet de transition mais réussi, car parvenant malgré les ralentissements à garder le rythme trépidant, à nous donner envie de lire la suite, et à offrir de belles pages de lecture, jusqu'à un final grandiose et épique, qui m'a fait me ruer sur le 3eme tome de suite : contrat largement rempli donc.
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