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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En dépit de l'immense controverse (parfaitement injustifiée d'ailleurs) que cet essai a suscitée lors de sa parution, ce dernier reste néanmoins l'un des livres les plus importants jamais écrits sur l'histoire du nazisme et de la Shoah. Alternant compte-rendus du procès et chapitres relatant méthodiquement les faits historiques, déportations et exterminations, en Allemagne et dans le reste de l'Europe, sans oublier de mentionner les milliers de non-juifs également assassinés (handicapés mentaux ou moteurs, homosexuels, soldats du Reich, tziganes, bizarrement oubliés du procès...), cet essai s'avère véritablement complet, frappant et si bien documenté qu'il serait non seulement stupide, mais encore scandaleux, de l'accuser de partialité, sous prétexte qu'Hannah Arendt a été, mais bien avant la guerre, la maîtresse de Heidegger, philosophe connu pour ses accointances (pour le dire gentiment) avec le parti nazi. Car ce qui a gêné bien des gens dans cet essai n'est pas tant la "banalité" d'Eichmann que l'accusation portée contre le peuple juif, et confirmée par la suite par plusieurs historiens, d'avoir participé à sa propre extermination, par le biais des conseils juifs. Hannah Arendt montre en effet que ces derniers, parfaitement intégrés dans la machinerie allemande, n'ont pas hésité à sacrifier des millions de Juifs "de basse extraction", pour en sauver quelques milliers soigneusement choisis pour leur profession, leur renommée, leur fortune personnelle. On se serait mis à dos les milieux sionistes pour moins que ça. Mais Hannah Arendt a le courage de ses opinions, et les défend constamment, avec une dignité qui est tout à son honneur. de plus, elle n'hésite pas à remettre en question le fait que ce soit le tribunal des vainqueurs qui juge le vaincu, au mépris de toute équité, qui plus est, puisque aucun témoin n'a pu se présenter pour la défense, tandis que l'accusation a produit plus de cent témoins, dont les allégations dépassaient en outre le cadre du procès, puisqu'ils s'agissait dans l'ensemble de survivants des camps venus pour raconter l'atrocité de l'extermination plus que pour véritablement accuser Eichmann, qu'ils n'avaient pour la plupart jamais vu. On a reproché à Hannah Arendt son arrogance, son ton ironique, ses attaques directes, mais qui, à l'époque, aurait eu le courage de parler comme elle l'a fait ? Et comment l'accuser de prendre elle-même la défense d'Eichmann, alors que jamais, dans les cinq cents pages de ce livre, elle ne l'excuse de quoi que ce soit, se contentant de montrer les failles, les incohérences, les injustices du procès, et l'extraordinaire banalité de cet être qu'on a voulu diaboliser à l'excès, lui qui n'est rien d'autre qu'un gratte-papier sans imagination et sans esprit, frustré de n'avoir jamais fait carrière dans l'administration et s'exprimant par stéréotypes et formules toutes faites ?

(la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
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Ce livre important d'Hannah Arendt est depuis sa parution l'objet d'une polémique pas encore apaisée. le sous-titre de l'ouvrage "la banalité du mal" en est le premier sujet. La responsabilité qu'elle attribue pour partie aux conseils juifs en est le second. le grand intérêt de cet ouvrage n'est pas la relation du procès d'Adlf Eichmann, mais la pensée sur l'orgine du mal qu'elle construit à partir de ce moment. Elle a demandé à assister à ce projet, comme une façon de retourner à une partie de son histoire. Sa théorie sur le mal qui ne trouve pas sa racine dans la nature même de l'homme, mais plutôt dans l'absence de pensée, pour contestée qu'elle soit, ouvre un débat que l'histoire actuelle n'est pas près d'éteindre.
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Lecture extrêmement enrichissante, j'y ai appris de nombreuses choses.

C'est après avoir regardé le film paru en 2013 sur Hannah Arendt et traitant justement de cette période de sa vie que j'ai entamé la lecture de ce livre.
C'est le premier livre que je lis de cette auteure. J'ai commencé par celui-ci car ce n'était pas vraiment un livre philosophique mais un rapport d'audience et qu'il me paraissait accessible. Jusqu'alors, je pensais que les écrits d'Hannah Arendt devaient être compliqués. Dans ce livre, son écriture est simple et fluide et la lecture coule toute seule. Je suis maintenant totalement motivée pour lire les autres ouvrages d'Hannah Arendt à commencer par "Les origines du totalitarisme"

Ce livre a été entouré de polémiques concernant notamment trois de ces axes. 1. On accusa Hannah d'Arendt de critiquer le tout récent état d'Israël, 2. On lui reprocha d'excuser Adolf Eichmann pour ses crimes et 3. On prétendit qu'elle accusait les juifs de s'être laisser mener à l'abattoir et d'être sujette à une "haine de soi" propre au peuple juif.
Ayant maintenant lu le livre, je trouve ces reproches profondément exagérés.

Elle critique effectivement en plusieurs endroits du livre, monsieur Ben Gourion, à l'époque premier ministre d'Israël, d'utiliser le procès pour tenter de légitimer l'état d'Israël.
Il ne me semble pas que cette critique soit exagérée ou déplacée. D'autant plus qu'à l'époque il y a débat sur la légitimité d'Israël à juger Eichmann. En dehors de ses critiques visant Ben Gourion, elle aborde plutôt honnêtement la question de la légitimité du tribunal. Elle liste les arguments courants à l'époque et les discute. Et, si j'ai bien compris le livre, elle tranche en faveur de la légitimité d'Israël à juger puisqu'elle souligne que les autres peuples ont pu juger les crimes commis contre leur membres. Si elle estime que le tribunal a échoué, il n'a pas plus échoué que celui de Nuremberg.

Concernant le second reproche, il me semble totalement infondé. Si elle ne fait pas de Eichmann un monstre, elle en fait un clown, ce qui n'est pas un compliment. Par ailleurs, elle le condamne elle aussi à mort pour crime contre l'humanité. Je crois même que Eichmann aurait été du genre à aimer être pris pour un monstre car cela lui aurait conférer une certaine grandeur, grandeur qu'elle lui refuse.

Le troisième reproche me semble émaner d'une mauvaise foi la plus totale, car si elle accuse les conseils juifs d'avoir aider les nazis - faits avérés. Elle souligne qu'aucun autre peuple n'aurait pu agir autrement que l'on fait les juifs et elle se dit choquer par la question récurrente lors du procès : "Pourquoi ne vous êtes-vous pas révolté?"
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Voila un livre riche et atypique que ce "Eichmann à Jérusalem". Il est a la croisée de plusieurs genres tels que le reportage, le livre d'histoire, l'analyse politique et la réflexion morale.

Le procès en lui même n'est qu'un fil directeur pour aborder le sujet beaucoup plus large qu'est la Shoah.
Hannah Arendt nous relate l'organisation de la solution finale selon des critères chronologiques et géographiques.
La description de l'évolution de la situation dans chaque partie de l'Europe permet d'en apprendre beaucoup.
On sent le travail de recherche et synthèse de l'auteure en amont.
J'ai apprécié le l'équilibre entre les rappels des faits et les analyses qui ne sombrent jamais dans la facilité de la moralisation.
Le but ici est de comprendre le cheminement et les chaines de décisions qui ont permis d'en arrivé là.

Le livre aborde aussi d'autres sujets, dont:
-Les enjeux politiques et médiatiques du procès.
-La psychologie de Eichmann.
-Les stratégies de communication mis en place par les nazis pour dissimuler leurs intentions avec notamment l'utilisation d'éléments de langages comparables à une novlangue.

C'est une lecture passionnante et instructive sur l'absurdité du coté sombre de l'être humain.
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Rapport sur la banalité du mal : je ne suis pas sûre d'avoir tout compris de ce qu'a voulu exprimer Hannah Arendt par cette expression. En particulier en ce qui concerne l'absence de pensée d'Eichmann : car l'absence de pensée, n'est-elle pas déjà compromission avec le mal ? Eichmann a assisté à des exécutions, avant que ne soit mise en oeuvre la Solution finale. Il savait où étaient conduits les milliers de juifs pour lesquels il organisait les convois. L'absence de pensée, que signifie t'elle alors ? N'est-elle pas volontaire ? C'est la grosse question qui demeure pour moi à la fin de cette lecture, celle de la responsabilité, de la culpabilité, banalité ne signifiant bien évidemment aucunement absence de culpabilité.

Ceci dit, c'est un écrit absolument essentiel, incontournable. C'est notamment un témoignage percutant sur les échelons dans l'échelle du mal et de l'atteinte à la dignité des personnes, gravis par les dirigeants nazis, progressivement. On y trouve aussi de nombreuses informations, que pour ma part je ne connaissais pas du tout, sur l'organisation de la Solution finale dans les différents pays d'Europe.

Je dois dire que j'ai eu du mal avec la forme (j'ai trouvé l'écriture d'Hannah Arends terriblement décousue et impersonnelle…peut-être est-ce en partie la faute de la traduction ?) et avec le fond; j'espère bien ne jamais m'habituer à lire de pareilles horreurs.

J'y reviendrai tôt ou tard en tout cas, ce livre étant particulièrement dense et questionnant.

A transmettre, pour que l'on n'oublie jamais jusqu'à quel degré de perversité dans le mal l'homme est capable d'aller...
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Si je suis devant vous , juges d'Israël, je ne suis pas le seul. En ce moment même, six millions de procureurs se trouvent à mes côtés. p. 453
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On ne peut se contenter de parler de la Seconde Guerre Mondiale "que" du régime nazi et de la Shoah. Il y a l'avant, le pendant et l'après et si on veut avoir une "vue d'ensemble", il est important de lire des livres qui traitent de tout ce qui a trait à cet horreur.
De l'organisation du IIIème Reich à l'aveuglement des pays alliés au moment de la violation du Traité de Versailles, en passant par la déportation, la collaboration (à tous les niveaux), la résistance, les procès d'après guerre, etc....
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