Voilà un livre que je me réservais depuis un moment pour la bonne bouche, c'est-à-dire que je voulais le savourer tranquillement, pendant des vacances par exemple. Mon entorse m'a donné l'occasion de ce moment, c'est bien l'un des seuls "avantages" à être plus ou moins clouée chez soi.
Les critiques de plusieurs babélamis m'avaient déjà mis l'eau à la bouche, notamment celles de Casimir (eh oh, on attend ton retour, tu m'avais promis !), de Magali-Coccinelle et de Florent-Yendare, mais quand j'ai vu la couverture, j'ai carrément fondu ! Cette petite bouille malicieuse et ces yeux verts craquants ! J'emploie beaucoup de métaphores culinaires, mais il ne s'agit pas d'un livre de cuisine, loin de là !
Comme le titre l'indique, il s'agit de l'histoire d'un chat, un banal chat de gouttière vivant dans un parking de Tokyo, et qui a jeté son dévolu sur le capot du monospace de Satoru pour y dormir douillettement. Mais voilà qu'un jour, il est percuté par un véhicule, et que, assez sévèrement blessé, il se traîne jusqu'au fameux monospace pour s'y réfugier, comprenant que sa seule chance de salut viendra du propriétaire qui le nourrit régulièrement. Et bien sûr, Satoru ne le décevra pas, car le jeune homme possède à un degré élevé la faculté de communiquer avec l'animal. Ces deux-là vont s'adopter, le chat y gagnera un refuge, un nom : Nana (soit 7 en japonais), ce qui lui conviendra moyennement puisque c'est un mâle, mais que Satoru a choisi à cause de sa queue en crochet et qui lui rappelle le chat de son enfance nommé Hachi (8 en japonais). Mais chacun a surtout gagné un ami fidèle, et le duo va vivre en parfaite harmonie durant cinq belles années. Jusqu'à ce jour où Satoru annonce à Nana qu'il va devoir le confier à quelqu'un d'autre, en raison de circonstances indépendantes de sa volonté. Et tous deux vont partir dans le fameux monospace à la rencontre d'anciens amis de Satoru, entre l'école primaire, le collège et le lycée. Ce sera l'occasion de retrouvailles et d'émouvantes évocations du passé pour le jeune homme, mais aussi de fabuleuses découvertes : la mer, le mont Fuji, l'île d'Hokkaïdo, la faune et la flore, pour Nana. Et également d'encore mieux connaître le vécu de son ami humain par le biais de ses camarades d'autrefois.
J'ai été totalement conquise tant par le minet que par le jeune homme, les deux sont vraiment touchants, et leur interaction est unique. Pour moi qui vis depuis des décennies avec des chats, je sais bien qu'ils sont tous différents, et j'ai toujours construit une relation particulière avec chacun selon son caractère et nos affinités électives. Mais c'est assez rare de trouver ce type de relation aussi bien décrite et "ressentie" à travers un livre,
Hiro Arikawa a vraiment réussi à faire passer beaucoup d'émotion dans son histoire, il doit avoir vécu quelque chose de fort avec un chat. Moi qui ne suis pas particulièrement attirée par la littérature japonaise, là j'avoue avoir été conquise ! Et même si c'est parfois un peu déroutant, j'ai fini par apprécier cette narration qui alterne entre la "parole" de Nana, assez familière et souvent très drôle, le point de vue de Satoru, et celui de ses amis, le passé et le présent, parfois sans transition. C'est un peu étrange au début, mais on s'y fait vite.
La partie "voyage" m'a beaucoup plu aussi, on est dans la peau de Nana qui découvre le monde (enfin le Japon) depuis le siège passager du véhicule, et on voit son émerveillement devant les prodiges de la nature. mais aussi son effroi devant la mer ! Et la fin...que d'émotion ! Ce livre m'a étiré les yeux et les lèvres parce que j'ai souvent souri, mais m'a aussi rougi les paupières et les joues parce que j'ai pleuré comme une madeleine. Même si vous n'êtes pas particulièrement "cat-friendly", vous aurez du mal à rester indifférent à cette lecture. En tout cas, Nana et Satoru resteront longtemps dans ma mémoire !