La proie

Dans ce roman on suit l'adolescence d'Anthéa, tout d'abord au Cameroun, puis en France auprès d'une famille ayant proposé de l'emmener pour lui permettre d'accéder à une "meilleure vie". Sa vie va petit à petit se transformer en cauchemar, tandis que se dessine le profil de l'esclavage au temps modernes...
Ce roman est très fort, et assez choquant. Il dénonce un phénomène actuel, très dur, assez peu médiatisé mais pourtant présent dans notre société. La narration est fluide est nous entraîne sans qu'on s'en rende compte. le point de bascule de l'histoire est discret et l'histoire cruelle avec l'héroïne ; on souffre avec elle.
Je vous recommande ce livre, mais seulement après vous avoir avertis : Il faut avoir le coeur bien accroché et ne pas avoir peur des histoires dures.

_ Azadée _

Livre lu dans le cadre du Prix T'Aimes Lire 2019-2020.

On m'avait prévenue que La Proie était un livre difficile et en effet l'histoire est absolument horrible. Cela fait plusieurs jours que je l'ai terminé et j'ai toujours du mal à me décider sur la note à lui attribuer tellement il est perturbant.

La Proie raconte l'histoire d'Anthéa qui grandit et devient une belle jeune fille en Afrique auprès d'une famille aimante et de sa cousine l'exubérante Diane. Ce n'est pas facile tous les jours financièrement ou à l'école, mais elle aime sa terre et ses histoires. Un jour un couple de Blancs entre dans sa vie et lui offre l'opportunité d'aller étudier en France et d'aider financièrement ses parents. Anthéa ne souhaite pas quitter son village, mais elle est loin d'imaginer ce qui l'attend en Europe.

Le thème abordé ici - l'esclavage moderne -
est rare, notamment en littérature jeunesse. J'aurais aimé savoir à la fin pourquoi l'auteur a choisi d'écrire sur ce sujet justement. Un dossier documentaire aurait été le bienvenu aussi pour faire un état des lieux de ce très grave problème de société. C'est ce qui m'a gênée dans le roman, le fait qu'il n'y ait pas vraiment de "morale", de conseils ou de lueur d'espoir à la fin. On ne voit pas d'issue à la situation vécue par Anthéa , même si le dénouement est étonnamment positif.

J'ai lu que l'auteur avait vécu quelques années en Afrique, en tant que lecteur on se demande forcément s'il s'est inspiré d'une connaissance pour raconter l'histoire d'Anthéa. Elle est particulièrement réaliste. Son quotidien en France est chaque jour plus oppressant. Tout comme Anthéa on perd la notion du temps et les années passent sans qu'on s'en rende compte. J'ai trouvé le début un peu lent, probablement parce que le résumé nous parlait déjà de son départ pour la France, mais après coup on se dit qu'il était nécessaire de connaître son quotidien en Afrique dans la première partie pour mieux saisir à quel point elle se retrouve coincée.

Je ressors de cette lecture avec un sentiment mitigé. C'est un livre marquant, sans nulle doute, mais dont l'histoire est très difficile avec ses scènes de harcèlement, d'enfermement, de violence ou de viols à répétition . L'écriture par contre est très accessible. A côté de ça la jeune fille est particulièrement naïve. Ses pensées et rêves lui disent pourtant de se méfier et c'est particulièrement révoltant quand on voit les choses venir.

Ce livre est à mon avis à réserver à un public averti et mature pas avant le lycée. Même là une médiation me semble absolument nécessaire. J'ai des doutes sur sa sélection dans un prix à destination des 3e-2nde qui est le cadre dans lequel je l'ai lu. Je ne l'aurais pas mis entre les mains de mes collégiens. 3/5