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Cucurrucucu paloma….

Mélangez Shakespeare, Tarentino et Faulkner, secouez bien, et…tadam ! Vous voilà avec ce roman, « Sauver le feu », le roman le plus incandescent que j'ai pu lire ces derniers temps, une vraie déflagration, un roman d'amour en milieu carcéral sur fond de violence mexicaine que le lecteur prend en pleine face, comme projeté au lance-flamme. Une source d'eau bouillante qui échaude toutes celles et ceux qui s'en approchent pour le lire.

Je ne connaissais pas ce nom, Guillermo Arriaga, l'histoire dès le départ est d'une telle puissance, d'une telle force brute, qu'il est impossible de ne pas se pencher sur cet auteur mexicain, tant nous pressentons que nous avons entre les mains une bombe dont la déflagration sera à la fois immédiate et à retardement. Mais qui est-il ? Grande fut ma surprise en découvrant qu'il est scénariste de trois films que j'ai beaucoup aimé, à savoir Amours chiennes, Trois enterrements mais surtout le brillant et inoubliable Babel que je ne me lasse pas de voir et de revoir. Quant à son oeuvre de romancier elle m'est inconnue, pas pour longtemps remarquez, car après ce livre il est certain que je vais me jeter sur le bison de la nuit ainsi que Sauvage, entre autres livres.

Onee, grâce à laquelle j'ai eu la chance de découvrir ce livre (mille fois mercis Onee, tu viens de me procurer un grand bonheur de lecture), parle d'une romance pour celles et ceux qui n'aiment pas les romances. Mais oui, c'est exactement cela, nous sommes dans un roman d'amour certes, mais à l'exact opposé d'une bluette douce, voire mièvre, c'est du chaud, du très chaud, du pimenté, une émulsion baroque à la sauce mexicaine…
La plume de l'auteur pour narrer cette histoire d'amour improbable est aussi fluide que tous les fluides qui traversent ce livre. C'est percutant, cru, piquant, odorant, authentique, sensoriel, échevelé, excitant…L'auteur appelle un chat un chat. Impossible de lâcher le livre, impossible de ne pas penser à cette histoire, elle touche aux tripes.

C'est bien simple, pendant une semaine, avec ou sans le livre d'ailleurs, j'ai mangé avec Arriaga, je me suis douchée avec Arriaga, je me suis endormie avec Arriaga, j'ai travaillé avec Arriaga, je parlais aux autres avec Arriaga en tête. Ce livre m'a tour à tour hantée, secouée, fait rire, écoeurée, touchée. Divertie et ébranlée en même temps, évitant « d'un poil de sourcil de lièvre » d'être brûlée vive.

Cette myriade de sentiments variés qu m'a tenu en haleine une semaine durant fut nourrie par une plume haut en couleurs, percluse de douleurs tout en étant riche en humour comme cette présence saugrenue d'expressions anglaises en langage phonétique (« ouatedefeuk »).
J'en profite pour souligner l'admirable travail de traduction, car vu la panoplie des émotions suscitées par ce livre, l'objectif de fidélité à la version originale semble admirablement atteinte, je serais néanmoins curieuse d'avoir un retour d'une lecture en version originale…


Quelle est donc l'histoire ? Alors accrochez-vous : c'est « tout simplement » une histoire d'amour, l'histoire d'amour entre Marina, une riche chorégraphe de la bourgeoisie mexicaine, bien rangée, directrice d'une troupe de danse, mariée et mère de trois enfants, et un homme du peuple, José, aux origines indiennes qui purge 50 ans de prison à la maison d'arrêt d'Ixtapalapa, pour avoir brûlé son père et tué deux hommes. Deux fortes personnalités. Ils se sont rencontrés lorsque Marina a décidé de faire une représentation de danse pour le moins audacieuse et originale en milieu carcéral.

Bon dit comme ça, ce livre ne semble pas particulièrement captivant, j'en conviens. Sauf que…Sauf que les personnalités de chacun sont narrées de façon tellement pittoresque que vous vous attachez presque instinctivement à eux, sauf que c'est un amour viscéral, torride, c'est une passion dévastatrice qui plonge Marina dans un milieu où la violence, le marchandage, la misogynie, les dangers sont omniprésents. Au fur et à mesure de la lecture, nous nous demandons jusqu'où la belle jeune femme est prête à aller. Va-t-elle oser tout plaquer ? On découvre les étapes de leur idylle en ce milieu clos, depuis les premiers contacts, aux premiers parloirs, aux premiers baisers, jusqu'à l'amour dans les chambres conjugales sordides, une idylle surréaliste dont nous partageons l'intimité et qui monte crescendo. Jusqu'au feu. Jusqu'à l'évasion. « La vie est un animal rouge et implacable ».
Et quelles seront les conséquences, notamment pour elle, on ne cesse d'y penser tant les dangers sont réels et les enjeux énormes. le récit est totalement haletant.

« Tu ne seras pas la première femme de ma vie, mais tu seras la dernière. Il n'y aura rien après toi. Je ne veux pas les mots d'une autre femme que toi. Je ne veux pas verser mon sperme dans un autre vagin que le tien. Quand tu reviendras en prison, regarde autour de toi. Observe les murs, les tours, les barbelés. Tu verras qu'il n'y a pas d'issue. Mets-le toi dans le crâne, je n'ai aucun endroit où aller à part toi. Alors si tu vas me quitter, Marina, dépêche-toi ou bien reste et ne me quitte plus jamais ».

Cette histoire est d'autant plus captivante qu'elle est narrée sous la forme d'un roman choral, un roman à plusieurs temps, les chapitres ne cessant d'alterner, avec parfois de petits décalages temporels laissant entrevoir les mêmes faits sous un autre angle. Les faits vécus dans l'enfermement, et les mêmes vécus à l'extérieur de la prison.
Une ronde endiablée où l'on suit tour à tour la vie de José, celle de Marina avec ce léger décalage temporel mentionné, le frère de José (le seul en écriture en italique) qui parle et se confesse au charismatique et effroyable père carbonisé laissant entrevoir sa personnalité, et enfin le déroulement d'une terrible vengeance qui oppresse le lecteur tant elle laisse présager le pire pour nos deux tourtereaux. le tout entrecoupé des récits des prisonniers écrits en ateliers d'écriture, brefs récits d'une puissance folle, parfois d'une extrême violence et parfois terriblement poétiques.
Cette structure narrative en ronde est bien vue, elle apporte rythme et respiration sans compliquer le récit, et chaque voix a son ton, son style, son charme, sa singularité, et surtout sa cinégraphie. Je voyais les scènes, je me les projetais et d'ailleurs, je ne serais pas étonnée si ce livre était porté un jour à l'écran.

De plus, derrière cette « simple » passion, que de thèmes abordés, creusés, fouillés…C'est toute la société mexicaine scindée en deux qui est mise sous les feux du projecteur d'Arriaga, sa violence quotidienne, sa corruption, son organisation en gangs, sa délinquance organisée et ses politiciens corrompus, ses multiples trafics et ses cartels de cellules cancéreuses métastasées dans toutes les couches sociales ; c'est le milieu carcéral, qui est décrit dans toute son organisation et sa crudité ; c'est le rôle de la littérature et des arts, c'est la créativité qui sont également passés au crible. Avec mention à de grands auteurs, certainement ceux aimés par Arriaga, comme Pessoa ou Borgès.
La transmission filiale aussi est superbement abordée, tant le père de José, indien autochtone, a transmis certes des valeurs fortes à ses enfants mais d'une manière effrayante et brutale.
Dans ce livre, nous plongeons à la fois dans les milieux sordides où l'insécurité la plus totale règne en maître, et dans les milieux bourgeois où le personnel de maison s'occupe de la maisonnée pendant que les maîtres des lieux peuvent se concentrer sur la culture, l'art et la façon de faire fructifier leur argent, dans les milieux politiques qui font la jonction entre les deux premiers.
Le fossé entre les deux mondes, entre les misérables et les privilégiés, est vertigineux dans un tel pays. Et cela rend cette histoire d'autant plus passionnante car miraculeuse.

Et, enfin, cette sensation de lave incandescente provient du pays même, ce Mexique caniculaire où les figuiers de barbarie se portent comme un charme, où la poussière s'installe à chaque repli, où les cigales cymbalent à tue-tête au milieu de la végétation tropicale.


"Si le feu brûlait ma maison, qu'emporterais-je ? J'aimerais emporter le feu."
Voilà la phrase de Jean Cocteau qu'Arriaga a choisi de citer en préambule de son sulfureux roman. Et, en effet, elle donne le ton à ce livre torride, palpitant et passionnant, baroque par moments, bestial aussi à d'autres moments, qui est tout simplement une tragédie romantique à la sauce mexicaine…A découvrir mais âmes sensibles s'abstenir !

Ay, ay, ay, ay, ay, ... cantaba,
Ay, ay, ay, ay, ay, ... gemia,
Ay, ay, ay, ay, ay, ... cantaba,
De pasión mortal... moria


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L'histoire d'un amour brûlant, pour ceux qui n'aiment pas les romances.
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J'ai passé un excellent moment avec ce roman : assez prenant pour me remettre à la lecture après une période de fatigue, mais assez léger pour ne pas m'en décourager malgré ses 760 pages. Un peu comme dans Les Veuves du jeudi de Claudia Pineiro, j'y ai trouvé un équilibre entre la noirceur, inhérente ici au milieu carcéral et aux narco-trafiquants, et le divertissement, émanant de l'histoire d'amour et de l'humour perçant la narration. L'ensemble m'a donné de nouveau l'impression d'un Desperate Housewives sauce mexicaine, relevée bien comme il faut.
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J'y ai également trouvé avec un plaisir immédiat une belle écriture, des mots précis et un rythme sensuel, entrainant qui, de divertissant, deviendra vite urgent et vital. Cette sensation émerge autant des phrasés que des paragraphes alternés : Marina, le frère de JC, les écrits de prisonniers, de-mistériouss-bro-of-JC-qui-écrit-en-funcking-italique (mais pourquoi diable est-ce le seul en italique ?! se demande-t-on jusqu'au dénouement…), Marina de nouveau et ainsi de suite jusqu'à l'étourdissement, jusqu'à ce que toutes les voix se mêlent dans une même urgence lorsque l'histoire s'accélère, et nous laisse de moins en moins de temps pour nous permettre de deviner dans la peau de quel personnage la narration nous glisse, tellement les transitions sont subtiles et réussies entre chacun d'eux.
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L'alternance est pourtant tranquille au départ, qui nous permet d'assimiler beaucoup d'informations sur le contexte à la fois du pays et des personnages, mais aussi de l'histoire de cette rencontre et du scénario qui suivra. Marina, la belle desperate-housewives des quartiers bourgeois et directrice d'une compagnie de danse, est sollicitée par de riches mécènes amis pour animer des ateliers dans une prison des quartiers chauds. Elle y rencontre José Cuauhtémoc, ses cinquante ans de réclusion pour crimes multiples et son sex-appeal charismatique irrésistible. L'attirance est immédiate ; Leur amour impossible. du moins, c'est ce que tout le monde croit. Mais au moment où Marina hésite à envoyer valdinguer sa sécurité, sa réputation, son mari aimant et ses deux enfants, les narco s'enflamment et foutent le feu à la prison. Tout fout le camps et tout le monde aussi. Pour comprendre ce qu'il se passe et savoir comment une telle histoire peut bien finir entre ces personnages auxquels on s'attache assez vite, le lien entre les trafiquants, les prisonniers, Marina - et le fameux frère écrivant en italique ! - il faudra patiemment écouter chaque voix raconter ce qu'elle vit de l'intérieur. C'est ce qui donne toute l'humanité à ce roman et, associé à la jolie plume, son intensité.
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Un peu avant la moitié du roman, les alternances s'accélèrent : les points de vue et sentiments de Marina, JC, Marina, JC s'interposent, s'entrecoupent et s'entremêlent pour finir dans une danse virtuose et folle, séduisante et bestiale, nous impliquant de plus en plus profondément, corps et âme, dans cette lecture et dans leur drame. Soufflant le chaud et le froid, mêlant le blanc et le noir, ce livre à la couverture grise et aux lettres de feu est délicieusement envoûtant. « Puisque notre maison est en flamme, profitons-en pour nous réchauffer »…!
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Aussi prenant que divertissant.
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« Pourtant, quelque chose en nous est indomptable et se rebelle, et même si cela contrarie notre raison, nous nous précipitons dans l'inconnu, le dangereux, le mortel. le bon sens nous dicte d'arrêter, mais c'est impossible : l'adrénaline nous fouette intérieurement. Peu importe que nous risquions de tout perdre, peu importe que nous mettions en péril notre vie et celle de nos êtres chers, peu importe que nous frôlions la mort, nous fonçons. »

Comme Marina Longines, héroïne tragique en proie au doute, à la peur et à une culpabilité mortifère, mais plus que tout aiguillonnée par l'amour fou qu'elle voue à José Cuauhtémoc, prisonnier condamné à une lourde peine, nous fonçons. Comme elle et malgré nous, et bien que notre raison nous intime le contraire, nous nous précipitons vers l'inconnu, le dangereux, le mortel. Fouettés par l'adrénaline qui sourd de ces pages bourrées de phéromones, fascinés par le feu qui crépite dans chacun des mots de chacune des phrases de ce livre incandescent, nous fonçons. Impossible de s'arrêter, encore moins de renoncer. Les yeux nous brûlent, notre coeur bat plus vite, nos entrailles palpitent, la vie pulse, sauvage et rude, authentique.
« Ce qu'il y a de plus vivant est en même temps ce qu'il y a de plus sauvage », affirmait Thoreau.
C'est aussi, sans aucun doute, l'intime conviction de l'auteur mexicain Guillermo Arriaga. Sauvage est son livre empli de testostérone, de sang, d'humeurs et de sexe, de désir et de rage. Sauvage est son personnage principal José Cuauhtémoc, un enfant de la rue très tôt confronté à l'extrême violence, victime d'un système injuste, raciste et inégalitaire mais assumant pleinement ses actes, même les plus atroces, comme brûler vif son propre père. Un personnage fascinant, aussi effrayant qu'attirant, maniant le verbe non pas en virtuose accompli mais en garçon déchaîné épris de liberté :
« Vous, la douleur vous anéantit quand vous perdez l'un des vôtres. Vous vous chiez dessus rien qu'à entendre le mot « mort ». Pas nous. Nous sommes libres. Sans peur. Pleins de rage. Libres. »
Avec son physique de viking aztèque, son regard de félin indomptable, « un de ces regards capables de traverser les crânes, les neurones, les secrets, les résistances » et sa plume torrentielle, le détenu envoûte et subjugue la belle Marina, chorégraphe venue présenter bénévolement sa dernière création à la maison d'arrêt Oriente. L'amour le plus improbable naît entre ces deux êtres aux trajectoires antagonistes qui jamais, n'auraient dû se croiser : un amour subversif qui dépasse les clivages sociaux les plus solidement ancrés, bouscule les préjugés les plus tenaces et défie la raison, un amour idéal et romantique, radical et libre s'incarnant dans une sexualité explosive et animale.

De cet amour intense éclos dans un lieu impossible, la prison, de cet amour privé d'avenir, menacé de toutes parts avec pour toile de fond la corruption, la guerre des drogues, le ressentiment et la haine, naît une histoire magnifique servie par une plume avançant à grandes foulées, comme obéissant à une urgence vitale. Une plume caméléon qui, épousant les situations et les personnages qu'elle incarne, use d'une palette extrêmement variée. Incroyablement inventive et truculente quand elle met en scène le « bizness », les cartels et toute la gamme des « narcos » avec leurs surnoms éloquents (« Durite », « Vermicelle », « Viandard », « Terminator », « Menotte », « Rolex »…); féroce et abrupte, allant à l'essentiel lorsqu'elle couche sur le papier les mots des détenus expectorant leur désespoir, leur haine et leur peine; introspective et comminatoire quand elle s'adresse au père mort, assassiné par un frère enragé voulant les venger d'une enfance marquée par la pauvreté et la maltraitance; attentive, enfin, hésitante et puissante, et tellement juste lorsqu'elle entre dans la tête de José Cuauhtémoc et surtout et avant tout, dans celle de Marina, le personnage véritablement au centre du livre, celui qui en est le coeur palpitant.

Leurs voix alternées qui se succèdent en léger différé, qui se répondent et s'enlacent dans une danse hypnotique sont l'une des grandes forces du livre. Car si elles font avancer le récit dans une construction habilement menée, elles témoignent avant tout du cheminement intérieur des deux amants, de leur cheminement l'un vers l'autre avec, pour Marina qui a tout à perdre contrairement à José Cuauhtémoc qui a déjà tout perdu, les doutes, les peurs, la culpabilité et la conviction partagée que la vie l'un sans l'autre est inconcevable, que leur histoire est inébranlable :
Lui : « Quand tu reviendras en prison, regarde autour de toi. Observe les murs, les tours, les barbelés. Tu verras qu'il n'y a pas d'issue. Mets-le-toi dans le crâne, je n'ai aucun endroit où aller à part toi. »
Elle : « Chaque vibration, chaque fibre de plaisir, chaque recoin exploré par la bouche, la langue, les doigts de José Cuauhtémoc m'amenait au noyau même de la vie, de MA vie. »
Qu'y a-t-il au bout du chemin? La mort? La folie? Ou bien la plus belle des rencontres? La rencontre avec soi, avec son Moi authentique qui, enfoui sous les couches de conditionnements sédimentées depuis l'enfance, palpite, authentique et libre? Et si la seule, la vraie liberté, c'était ça : se jeter dans le brasier?

« Car le secret d'un homme, ce n'est pas son complexe d'Oedipe ou d'infériorité, c'est la limite même de sa liberté, c'est son pouvoir de résistance aux supplices et à la mort. »
Jean-Paul Sartre

Il me reste à remercier, ô combien, Chrystele dont le fabuleux billet m'a réveillée. Je me suis souvenue que j'avais Sauver le feu qui mijotait quelque part, un peu oublié. le fidèle complice de mes lectures, Bernard (@Berni_29) a accepté d'en être. Qu'il en soit remercié une fois encore.
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Une passion dévorante et charnelle qui transforme toute une existence en terre brûlée, c'est ce que va connaitre Marina, chorégraphe issue de la grande bourgeoisie mexicaine, en participant à un atelier au sein de la prison Oriente. José Cuauthémoc, rejeton d'un militant indigéniste qui a épousé par « vengeance » une fille d'immigrants espagnols, est un grand blond cultivé et charismatique qui purge une longue peine pour homicides. Entre eux, le courant passe si fort qu'il pourrait alimenter la ville pendant des semaines. Et Marina, consumée physiquement et intellectuellement, plonge tête baissée dans l'amour, au risque de tout perdre.
Sauver le feu, c'est la déflagration que font deux mondes différents lorsqu'ils se fracassent l'un contre l'autre, celui des riches blancs du D.F et celui des Narcos, des pauvres, des Indiens.

L'oeuvre de Guillermo Arriaga ne cesse de monter en puissance: trois romans noirs , L'Escadron Guillotine , Un doux parfum de mort, le Bison de la nuit , puis le tentaculaire Le Sauvage, et enfin Sauver le feu, monumental.
Le roman polyphonique, déploie ses ailes, et à partir d'une histoire d'amour brosse un portrait juste et corrosif de toute une nation. Sauver le feu est n'est pas seulement le récit d'une intense histoire d'amour et de sexe, c'est aussi un roman social. La langue d'Arriaga , percutante, effrénée, comme le rythme de son roman, ne s'embarrasse pas de descriptions, elle va à l'essentiel, reflète les différentes strates d'une population hétérogène, c'est une langue miroir, celle châtiée de Marina, celle de la rue, celle d'une population tiraillée entre deux Amérique qui « spanglish » à tout va, et enfin, celle, familière, imagée, savante, subtile de José Cuauthémoc, l'intellectuel des bas-fonds.
L'histoire d'amour improbable et tragique n'est pas dénuée d'espoir. Pour Arriaga , la rédemption, ou la renaissance sont possibles, grâce à l'amour, à l'écriture. Sauver le feu consume son lecteur, c'est l'un des meilleurs romans lus cette année.
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« Il arrive un moment où il est nécessaire d'abandonner nos vieux habits qui ont épousé la forme de notre corps et d'oublier les chemins qui nous ramènent toujours aux mêmes endroits. C'est le moment de la traversée. Et si nous n'osons pas l'entreprendre, nous serons restés à jamais en marge de nous-mêmes. » Fernando Pessoa

Mexique, établissement pénitentiaire d'Ixtapalapa…
J'ai franchi les portes d'une prison, à la rencontre des moins que rien, des laissés-pour-compte, la fange de la société, ceux qui sont nés sans vie, sans futur, ceux qui croupissent dans l'air putride des cellules, ceux qui n'en sortiront jamais ou peut-être un jour les pieds devant, mais qui sont plein de rage, n'ont jamais peur, n'ont plus rien à perdre, invincibles, toujours libres…
Écrou n° 29846-8. Celui qui est derrière cette porte métallique s'appelle José Cuauhtémoc, colosse blond, métis dont le père est issu de la communauté des Nahuas, qui purge une peine de cinquante ans de réclusion pour homicides multiples, dont un parricide.
José Cuauhtémoc participe à des ateliers d'écriture animé par un écrivain qui commence à avoir une certaine renommée, un certain Julián Soto, se démarquant de ses contemporains. Mais leurs manières d'écrire n'ont rien de commun : Julián a un talent indéniable au style féroce et abrupte, tandis que José Cuauhtémoc exprime le génie dans une écriture qui foudroie. Son manifeste des premières pages nous a déjà assené un uppercut. C'est grâce à Julián que Marina Longines, danseuse professionnelle, qui mène par ailleurs une existence bourgeoise bien rangée, est invitée à présenter une chorégraphie derrière les murs de cette prison. José Cuauhtémoc va en devenir le spectateur fasciné.
« Je savais que mes chorégraphies étaient fluides, harmonieuses et même hardies. Il leur manquait cependant cette petite touche qui transforme une création en avalanche. Voilà ce que je recherchais : une force qui emporte les spectateurs, qui leur coupe le souffle, les empêche de réfléchir, de se distraire. Une avalanche qui les engloutisse deux heures durant pour qu'en sortant, ils ne soient plus les mêmes qu'en entrant. Une avalanche qui les transporte vers un lieu qu'ils n'avaient jamais imaginé. »
Comment sauver le feu ? J'ai découvert dès ces premières pages brûlantes un roman polyphonique comme je les aime, au rythme effréné, qui se dévore et qui dévore aussi. Ce livre m'a englouti…
L'alternance des styles qui composent cette dimension chorale est un va-et-vient incessant : entre le récit de la narratrice Marina, celui de José Cuauhtémoc dont on pressent déjà que leurs trajectoires vont se rencontrer, celui du frère de José dont le texte qui s'adresse au père immolé paraît presque hors du temps, hors de la temporalité du récit et puis ces textes des détenus qui surviennent, traversent les pages du livre comme des respirations, des cris de rage, des chants d'amour…
Je découvre ici en Guillermo Arriaga un auteur masculin qui dépeint avec acuité et sensibilité un magnifique personnage de femme, Marina, engagée dans la discipline qu'elle exerce en tant que chorégraphe, inhibée dans ce quotidien aseptisé et bien ordonné duquel elle parvient de temps en temps à s'échapper grâce à son art. Mais cela n'a aucune commune mesure avec le destin qui l'attend… Marina entrant pour la première fois dans cette prison est à des années-lumière de ce qu'elle a vécu jusqu'à présent.
En toile de fond, l'auteur nous livre le contexte social et géopolitique rude qui porte cette belle et improbable rencontre : un pays gangrené par la violence, la corruption, les guerres de gang entre les narcotrafiquants et aussi la situation dramatique à l'intérieur des prisons mexicaines. Il le fait même parfois avec humour, certes un humour trash, mais un humour qui permet de rendre moins lourdes les situations d'horreur convoquées, à tel point que par moments les dialogues entre certains personnages m'ont rappelé l'univers des Tontons flingueurs pour mon plus grand plaisir.
L'ensemble est couturé à merveille pour nous livrer un récit magistral qui se tient d'un bloc. C'est un récit digne d'une tragédie antique, on y rencontre la passion, le malheur, la vengeance, les élans et la culpabilité, la folie, une manière de retourner les vents contraires pour s'emparer du destin…
Entrer dans cette prison, y faire entrer l'amour, c'est forcément ouvrir un gouffre gigantesque. Un désir d'amour et de liberté se construit comme un fil tendu au-dessus de cet abîme de malheur avec des images d'une incroyable sensualité : les regards, les voix, la sueur, l'odeur des corps à la fois pure et brute aussi... Sur ce fil épris de vertiges, deux funambules vont venir l'un à l'autre, se désirer, s'aimer peau contre peau, se mettre en danger aussi… Aller plus loin hors des limites qu'ils n'imaginaient peut-être jamais franchir un jour. C'est comme si Marina s'apprêtait à rejoindre le Minotaure au bout du labyrinthe avec la certitude qu'il n'y a pas de retour en arrière possible. Immodérément, ils vont se rencontrer.
C'est bien une histoire d'amour, mais de rage aussi, qui va au-delà d'une histoire d'amour classique.
Il y a bien autre chose, à commencer par le lieu où naît et où se déploie cet amour ; plus qu'un lieu, c'est un chemin de transgression à deux pas de la folie, c'est la prison.
Guillermo Arriarga connaît la rue, connaît la rage de la rue, la rage de la prison, ce qui se vit derrière les barreaux, ce qui se vit dans le coeur d'un détenu, dans son ventre, ce qui se vit aussi dans le coeur et le corps d'une femme. Guillermo Arriaga connaît l'amour pour en parler aussi bien.
Marina et José inventent alors quelque chose qui est nouveau pour eux deux et qui va se jouer dans l'entrelacement de leurs destins. Ils inventent une forme d'amour, deviennent sismiques sous l'émotion de cet amour.
Tout assassin qu'il est, José Cuauhtémoc va donner à Marina ce que jamais aucun homme ne lui encore donné dans sa petite vie confortable, bien agréable. Et Marina va devenir l'évasion de cet homme, briser les barreaux de sa cellule, déchirer le ciel et le faire descendre en lui.
José Cuauhtémoc est dans le souci constant de l'autre, capable d'assumer sa part de féminité derrière la carapace de colosse et d'assassin, d'apporter à cette femme qu'il aime et qui l'aime ce qui va les transformer tous deux en profondeur.
Choc des classes, transgression sociale... Dans cette confrontation, ils se jettent des ponts, des passerelles, des lianes, appelez cela comme vous voulez, tissent un chemin qui n'existait pas jusqu'à présent et qui devient possible par le seul pouvoir d'un amour fou, incandescent, fulgurant, abyssal, à quelques pas de la folie, un chemin pour se connecter à soi, aux autres, au monde, toucher l'authentique, le sens de la vie, ramasser au passage une poignée d'étoiles et les jeter dans un geste sublime qui dépasse la simple dimension esthétique de l'art, mais convie à son sens premier, Marina dans la danse, José dans l'écriture, se rencontrer soi-même, amener au noyau même de la vie, de CHAQUE vie.
Dans cette confrontation, c'est un amour qui transcende l'autre, parvenant à le hisser plus haut, plus loin, plus vrai. C'est ainsi que Marina et José vont se retrouver de l'autre côté du versant. Côtoyer l'abîme, prendre des risques, prendre peur, se confronter de manière éperdue à la vie et à la mort… L'amour, parce qu'il est transgressif, permet de révéler ce qui sommeille dans la gangue étroite d'une vie ordinaire.
Dans cette lecture, Guillermo Arriaga m'a invité à devenir phalène, attirée irrésistiblement par la lumière d'une flamme qui, dans un va-et-vient constant, hésite entre tenir sa distance c'est-à-dire perdre l'attrait de cette lumière ou bien s'approcher de plus près, au risque de brûler ses ailes, peut-être mourir.
Il y a tout dans ce roman : la violence et la grâce, l'intensité d'un désir irrépressible, l'immanence de l'instant, le manque douloureux et aussi la joie qui transpire dans la fusion des étreintes, celle de vivre quelque chose d'inébranlable, quelque chose qui rend la vie plus dense, plus accomplie enfin, mais peut-être plus loin encore quelque chose d'indomptable et qui se rebelle.
J'ai aimé entrer en connexion avec les mots de cet écrivain, j'ai aimé entrer dans un univers peuplé de soleils ardents qui dévorent le ventre, de battements de coeur qui réveillent les peaux, de rugissements, de cavalcades, de faim, de furie indomptable, l'amour quoi ! Mais un amour qui ne tombe pas comme cela du ciel, puis s'en va sans rien dire sans rien laisser derrière lui après avoir tout dévoré sur son passage, non c'est un amour qui porte, qui transcende, qui métamorphose, qui donne sens à la vie. Il se dégage de ce roman un esprit de liberté qui d'emblée secoue.
Alors, parmi ces pages pétries d'orgasmes à rendre jalouses les constellations, m'est venue l'empreinte du vivant, du sauvage, ce qu'il y a d'authentique en nous et que nous avons perdu, qui sommeille peut-être encore. Comment dire autrement que, durant le temps de sa lecture, ce livre m'a rendu à moi-même, comme dans une sorte de cri primitif ?
Sauver le feu n'est pas qu'un roman fascinant, c'est un vertige, c'est un cri, c'est un brasier.

« Toute rencontre fortuite est un rendez-vous. » Jorge Luis Borges

Je remercie une fois encore ma fidèle complice Anna (@AnnaCan) qui m'a accompagné dans la lecture incandescente de ce roman magistral.
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Marina est riche, belle, talentueuse. Mère de trois enfants, mariée à un homme aimant, cette chorégraphe reconnue mène une vie paisible et sans heurts, jusqu'au jour où, ayant donné une représentation avec sa troupe dans la prison d'Oriente, elle fait la connaissance de José Cuauhtémoc Huiztlic. Ce géant blond aux allures de viking, écroué pour les cinquante prochaines années en raison d'homicides multiples, dont celui de son propre père, va exercer sur la belle danseuse une attraction immédiate, quasi animale. C'est alors la rencontre de deux univers, celui de la bourgeoisie, de la propreté, de la culture, avec celui de la rue, de la misère et de la colère. Un choc des cultures duquel va naître une incroyable histoire d'amour, digne des plus grandes tragédies shakespeariennes!


Wahou, quelle claque! Avec son résumé qui annonçait une histoire d'amour passionnée sur fond de narcotrafic et d'univers carcéral, on pouvait redouter le pire…Et bien, il n'en est rien! C'est même plutôt le meilleur qui nous est offert! Déjà parce que c'est raconté par le talentueux Guillermo Arriaga à qui l'on doit les scénarios de “Amours chiennes”, “21 grammes”, “Trois enterrements” ou encore “Babel”, un homme issu des quartiers chauds de Mexico, habité par la rue et capable de rendre avec le plus grand réalisme l'atmosphère de ce milieu. Mais aussi grâce à l'excellente traduction proposée par Alexandra Carrasco, qui permet une immersion totale dans ce Mexique des bas-fonds, où une infidélité peut vous valoir une vendetta sanguinaire, capable de mettre le pays à feu et à sang! le recours à un vocabulaire argotique ainsi que les anglicismes traduits de manière phonétique du type: “ces brozers” “ton bizness” “feuking”, etc, témoignent d'une traduction qui a dû être délicate, voire carrément casse gueule et qui pourtant offre un résultat sans fausse note, rendant à merveille la puissance du texte et de la langue!


Avec son histoire d'amour impossible, quasi shakespearienne, Guillermo Arriaga nous offre une véritable déflagration littéraire. Dans ce récit dense et tumultueux, quatre narrateurs se succèdent, offrant des temporalités et des points de vue différents, entrecoupés de temps à autre par la voix d'un prisonnier, invité à s'exprimer sur son incarcération. C'est brut, brutal, porté par une écriture incandescente et dévastatrice, qui embrase tout sur son passage. Pour autant, malgré toute la violence qui ressort du texte, difficile de ne pas se laisser emporter par son incroyable puissance érotique. Les personnages, en se révélant l'un à l'autre, laissent s'exprimer leur part animale la plus pure, loin des faux semblants et des bonnes moeurs et c'est cette impression de vérité et d'authenticité, dans un monde qui s'effondre, souillé par la corruption et la violence, qui demeure à la fin! Un roman coup de point haletant et intense, dont on ne ressort pas indemne! Un gros coup de coeur pour ma part!
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Guillermo Arriaga est d'abord connu pour ses scénarios de films : Amours chiennes, Babel et Trois enterrements, notamment. Son oeuvre de romancier n'est pourtant pas négligeable avec le bison de la nuit et Le Sauvage, entre autres, d'une force brute impressionnante. Mais ce n'est rien comparé à la déflagration de Sauver le feu, un livre fleuve aussi monstrueux que la violence quotidienne au Mexique. "Si le feu brûlait ma maison, qu'emporterais-je ? J'aimerais emporter le feu." La phrase de Jean Cocteau, citée en préambule du roman, donne le ton exact de ce maelström littéraire, de cette histoire d'amour improbable racontée au lance-flammes. Qui se lit aussi comme une sorte d'hommage révulsé au pays de l'auteur "divisé en deux : ceux qui ont peur et ceux qui ont la rage." L'idylle qui nait entre une chorégraphe symbole de la bourgeoisie mexicaine et un homme du peuple emprisonné pour avoir tué son père est de ces amours viscérales et intolérables pour la société, qui ne peuvent que consumer des vies, et pas seulement celles de ses tourtereaux damnés. C'est le point nodal de ce livre polyphonique qui suit les parcours de ses deux héros principaux, avec un léger décalage dans le temps, très troublant, entre les deux narrations. Mais le récit haletant, aux allures de thriller, nous offre aussi la confession du frère de l'assassin et une intrigue parallèle et néanmoins concomitante d'une vengeance en cours. Comme si cela ne suffisait pas, Arriaga entrelarde son roman de brefs textes, poétiques et/ou violents de détenus, sans que le lecteur n'y perde son latin pour autant. le style de l'auteur est haut en couleurs et en douleurs, baroque, échevelé et souvent cru, avec la présence "grotesque" d'expressions anglaises régurgitées phonétiquement (ouatedefeuk). Sans conteste, Il faut féliciter chaudement Alexandra Carrasco pour la qualité de sa traduction, à l'aune d'un texte que l'on devine quasiment impossible à rendre avec toute sa puissance et sa verdeur originelles. Au fond, Sauver le feu est avant tout une tragédie romantique, aux allures shakespeariennes, mais avec des narcos, des corrompus, des privilégiés et des misérables qui s'affrontent sur fond de misère sociale et de violence endémique. Et sous la plume dévastatrice de Arriaga, c'est à la fois atroce et sublime. Un coup de maître qui fait passer les autres romans contemporains pour des bluettes inoffensives.

Je remercie NetGalley et les éditions Fayard.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Voici un sacré texte et un très beau travail de traduction qui m'a permis d'apprécier au mieux ce texte, avec ses pages de violence, de sexe, d'argot mais aussi de poésie pure.
Eh oui, ce texte est tout cela à la fois.
La description du Mexique et de sa société si violente, si séparée. L'auteur nous le dit si bien : « Ce pays est divisé en deux : ceux qui ont peur et ceux qui ont la rage. »
Nos deux personnages principaux, José et Marina n'ont pas peur et ont parfois la rage, le feu.
Pour avoir tué son père, qui l'avait élevé à la dure, puis éliminé un policier corrompu, José Cuauthémoc, "l'aigle qui descend" purge une longue peine dans une prison du Mexique. Charismatique, intrépide, il s'y découvre une passion pour l'écriture lors d'un atelier mené par des artistes. de son côté, Marina, mère de famille bourgeoise et chorégraphe controversée, s'ennuie dans la routine de son couple, jusqu'à ce qu'elle aille présenter son travail à la maison d'arrêt. le feu qui naît entre les protagonistes justifie tous les excès. Leur rencontre et leur histoire d'amour va enflammer leur vie mais aussi celle de leur entourage.
Guillermo Arriaga est l'auteur des scénarios de “Amours chiennes”, “21 grammes”, “Trois enterrements” ou encore “Babel”, et nous retrouvons sa verve dans la description de certaines scènes (une chasse à l'homme dans le désert mexicain, la description des couloirs de la prison), le portrait de personnages haut en couleurs mais aussi touchants. Ce récit est émaillé de sexe, de bagarres et de vengeances − notamment entre bandes rivales de narcos mais aussi de belles pages sur le travail de la chorégraphie, de la relation entre les deux protagonistes. Il y a aussi de belles pages sur l'écrit, sur la littérature (un projet de créer une bibliothèque et des ateliers d'écritures pour des condamnés de longue peine, mais aussi leur proposer des spectacles, même des chorégraphies modernes (de belles pages sur la chorégraphie de Marina et que j'aimerai aussi découvrir)
Un sacré travail de traduction de Alexandra Carrasco, qui nous entraîne dans ces mondes qui se croisent, s'entrechoquent, que ce soit celui des prisons, des gangs, des milieux plus bourgeois et intello. Des termes comme “ces brozers” “ton bizness” “feuking” permettent d'appréhender la société mexicaine et le choc de certains milieux.
"Si le feu brûlait ma maison, qu'emporterais-je ? J'aimerais emporter le feu." La phrase de Jean Cocteau, citée en préambule du roman, résume bien ce texte, qui nous transporte, nous enflamme.
Je connaissais cet auteur pour les films et ses scénarios mais je vais lire les autres textes traduits car il m'a ému, choqué, bouleversé. Ce texte nous fait passer de l'effroi, aux larmes. Il nous questionne sur nous et nos comportements et ce que nous ferions ou pas dans certaines situations.
Un roman policier, une histoire d'amour, de haine, de violence...
#Sauverlefeu #NetGalleyFrance
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J'ai beaucoup aimé ce livre parce qu'il est écrit dans un espagnol parlé au Mexique, ce qui fait qu'on doit bien maitriser diverses tournures et expressions sinon on ne comprend pas les subtilités du texte. J'ai choisi l'audio livre en espagnol, lu par des différents lecteurs, alors très vif et dynamique, parfois c'est la lecture de plusieurs personnages qui fait default dans d'autres audio livres. L'histoire est un peu atypique mais reflète parfaitement les contrastes entre les classes sociales au Mexique, d'une part une fille fière de son père et de son héritage culturel et social et de l'autre un fils qui termine en prison parce qu'il a tué son père. José Francisco et son frère avaient reçu des mauvais traitements de son père Seferino. Par des hasards du destin « improbable » Jose Francisco rencontre Marina et ils tombent amoureux. L'un en prison commencent un torride romance et puis sont persécutés. Pourquoi j'ai aimé cette histoire de feuilleton de tv parce que c'est tellement bien écrit, je me suis transporté au Mexique juste à écouter cet audio livre. J'ai appris que cet écrivain est l'auteur des fameux scenarios au cinéma. Je me demande comment pouvoir le faire traduire en français, ça sera très difficile !
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Une lecture qui m'a emportée dans son sillon, tel un fleuve rugissant. La langue est belle, espiègle, changeante, attirante, fascinante. le rythme est effréné, une tentation insoutenable de découvrir encore une péripétie, encore une révélation, encore un événement, encore, encore, encore. On y parle d'amour, de classe, d'art, de prison, d'aspirations, de recherche de soi, de guerres de bandes rivales, de persévérance, de drogue, de complots, d'enfance, de traumatismes, de guérison, d'espoir. Un vrai coup de coeur, lu avec avidité et au prix de quelques moments d'inattention envers mes enfants!
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