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Encore surpris, toujours ravi.
Mrs. Atkinson a ce don aussi rare que précieux de savoir transformer la plus poisseuse des histoires glauques en conte poétique, de vous faire sourire des travers de personnages qu'on n'aimerait pas avoir à défendre aux assises ou d'accepter de se moquer des mésaventures d'orphelins qui vous tireraient des larmes dans Dickens.
Les hommes de Kate Atkinson (ceux de ses romans en tous cas, on lui en souhaite d'autres dans sa vie) sont égaux à eux-mêmes : froids, distants, aveugles, égoïstes, tyranniques, moches, inutiles, très souvent nuisibles. Il y a bien le fils de l'épicier, devenu un héros de guerre aux commandes de son avion de chasse, pour échapper au stéréotype. « Cela avait été merveilleux au début. Elle l'avait vraiment aimé. Un héros.»
Mais non, sitôt de retour sur terre, après avoir décroché une étoile un peu trop scintillante pour lui, « il n'avait pas su continuer à être un héros »… le prince charmant était redevenu un vilain crapaud.
Le roman évoque les pieux mensonges qui pavés de bonnes intentions conduisent droit en enfer, et les apparences si souvent trompeuses. Il donne une vision terrible de la famille, champ clos permanent de toutes les bassesses et violences, où des enfants privés d'affection subissent et ne trouvent de réconfort qu'auprès de leur frère ou de leur soeur. Avec ici une mention spéciale à l'autoritaire belle-mère qui rappellera sans doute à certaines lectrices des souvenirs ou des anecdotes que je me garderai bien d'affubler d'un qualificatif. L'ensemble du lectorat adorera détester la tante Vinny capable de glisser à ses neveux : « Peut-être est-ce parce que vous êtes insupportables que votre mère vous a abandonnés… »
On croit souvent que l'herbe est plus verte chez le voisin, et les enfants y trouvent effectivement une âme compatissante et attentionnée en la personne de Mrs. Baxter… « Sithean serait un endroit merveilleux s'il n'y avait pas Mr. Baxter.» Et comment dire, sans trop en dire, ce voisin-là semble tout droit échappé de la Souris Bleue.
Tous les rebondissements, tous les détours temporels ou poétiques, tous les coups de poignard sont administrés avec la légèreté, l'humour et l'ironie qui sont la marque de fabrique de cette « charmante sorcière du roman britannique d'aujourd'hui » comme l'a autrefois qualifiée un critique autorisé.
Allez, si ce n'est pas encore fait, il est temps de faire la connaissance d'Isobel et de pénétrer dans le monde merveilleux (au sens premier du terme bien sûr) et poétique de Kate Atkinson. Venez, je vous prends par la main avec le premier paragraphe, Isobel fête… hum… enfin c'est son seizième anniversaire :
« Isobel. Isabelle. Isabelle Tarentelle – une danse un peu folle. Je suis folle, donc je suis. Isabelle. Belle. Suis-je belle ? Non, apparemment pas.
Ma géographie humaine est extraordinaire. Je suis grande comme l'Angleterre. Mes mains sont aussi larges que les Lacs de Cumbria, mon ventre a la taille de la lande de Dartmoor et mes seins se dressent à la hauteur des Monts Cheviots. Ma colonne vertébrale est la chaîne des Pennines et ma bouche l'estuaire de la Tamise. Ma chevelure flotte dans l'Humber et la fait déborder, et mon nez est l'une des blanches falaises de Douvres. En d'autres termes, je suis une grande fille. »
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Une étrange histoire, mélange de romance et de saga familiale, avec incursions dans le rêve ou le fantastique, assaisonné d'intrigue et d'un soupçon d'humour anglais.

Rien à voir avec « La souris bleue » et les autres polars de la série du détective Brodie, si ce n'est l'atmosphère british, la qualité de l'écriture et son ton pince-sans-rire. Il faut un certain culot pour faire débuter une histoire au commencement du monde, rien de moins!

Dans « Les replis du temps », le passé vient hanter Isobel, la narratrice, tourmentée par les événements de l'histoire tumultueuse de son entourage: disparitions, décès tragiques et réapparitions, inceste et brutalité conjugale.

Isobel est aussi une jeune femme romantique troublée par les émois de l'amour et ensorcelée par le théâtre de Shakespeare, des émotions et des décors brossés avec finesse.

Un plaisir de lecture si on accepte de se laisser porter par le va-et-vient entre le passé et le présent, le rêve et la réalité.
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Ah, Kate Atkinson, la grande Kate Atkinson, signait ici son deuxième roman, et on y retrouve tout ce qui fait son charme : ses histoires de famille avec des secrets bien glauques et bien gardés, ses personnages truculents, le plaisir diabolique qu'elle prend à jouer avec la chronologie, son humour ! l'humour british si noir et si léger à la fois... On suit Isobel et son frère Charles, abandonnés par leur mère, puis de suite affligés du décès de leur père, pris en charge par leur très sévère grand-mère puis par leur perfide tante Vinny, jusqu'à ce que leur père réapparaisse ! 7 ans plus tard au bras d'une nouvelle belle-mère (cinglée de surcroît)! Qu'est-il arrivé à Éliza leur mère ? Isobel se met à vivre d'étranges voyages dans le passé, témoin d'épisodes de la vie de ses ancêtres (qui ont toujours vécu dans la demeure familiale), attrapant au passage des bribes et indices qui lui permettront, peut-être, de comprendre son présent... Ce n'est pas le meilleur roman de Mme Atkinson (disons que la barre est haute), la fin est un peu brouillon, quoique surprenante, mais c'est tout de même du bonbon, un bonbon au citron, bien acidulé à mon goût !
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J'avais tellement aimé Dans les coulisses du musée - le premier roman de Kate Atkinson paru en 1996, que je n'avais pas voulu lire Dans les replis du temps à sa sortie en 1998, craignant, à juste titre que ce ne soit qu'une pâle copie du premier, l'élément de surprise en moins.
Effectivement, on retrouve les histoires de famille, même si ici Kate Atkinson essaie de faire remonter l'histoire jusqu'à la Renaissance d'Elizabeth Ière et de William Shakespeare.
Heureusement, dans ses nouvelles et ses romans suivants, notamment la série avec Jackson Brodie sont bien meilleurs.
Dans les replis du temps est aussi difficile à aborder par ses nombreuses références à l'oeuvre de Shakespeare, notamment le Songe d'une nuit d'été.
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Isobel Fairfax, adolescente légèrement complexée par sa grande taille, est également assez perturbée par la disparition de sa mère, Eliza. Cette dernière a quitté la maison alors qu'Isobel et son frère n'étaient encore que de jeunes enfants. Pour couronner le tout, leur père est parti quelques mois plus tard pour ne revenir que sept ans après, accompagné par sa nouvelle épouse.

Comme si sa vie n'était pas assez compliquée comme cela, Isobel se découvre tout d'un coup une étrange faculté: celle de pouvoir voyager dans le temps. Elle se retrouve donc dans les rues de Lythe, sa petite ville, en même temps que des personnages en costumes d'époque et va jusqu'à rencontrer William Shakespeare en personne, puisque celui-ci fut un temps le précepteur d'une riche famille des environs.

Par le biais de ces voyages dans le temps, Isobel va également en apprendre plus sur sa propre famille.


Complètement délirant, ce roman de Kate Atkinson nous promène sans arrêt d'un siècle à l'autre, d'une personne à l'autre et d'une scène à l'autre. Ces changements incessants sont plutôt intéressants et cachent bien souvent des informations supplémentaires sur les personnages principaux du récit, mais finissent parfois par donner le tournis.

Toutefois, l'alternance entre les scènes du passé et du présent sont nécessaires pour comprendre certains éléments essentiels de l'histoire. Parmi ceux-ci, la disparition d'Eliza et les sept années d'absence de son époux. Au fil du texte, on découvre également mieux Isobel et son frère, Charles : ils se révèlent et se dévoilent petit à petit, deviennent plus consistants, plus humains et donc plus sympathiques.

Le mystère et les secrets sont légion dans la famille Fairfax et dans leur vieille demeure familiale, Arden. On ressent, grâce à la prose d'Atkinson, une atmosphère lourde d'attente, de magie presque, entre les murs de cette maison. On s'attend à ce qu'elle soit le théâtre de scènes plus fantastiques encore que celles auxquelles on a droit, et l'on n'est pas déçu, puisque les aventures d'Isobel ne sont pas de tout repos.

Le dénouement de l'histoire est très inattendu et laisse de nombreuses questions sans réponses. Apparemment, c'est au lecteur de se faire une opinion en ce qui concerne le destin de plusieurs des personnages : un épilogue permet de savoir ce que deviennent certains d'entre eux, mais pas tous, malheureusement. Quant au destin des parents d'Isobel, il n'est pas vraiment expliqué.

Malgré cela, Human Croquet est très agréable à lire, en particulier grâce aux nombreuses références littéraires dont il fourmille. Shakespeare y est bien entendu à l'honneur, puisque il est l'un des interlocuteurs d'Isobel lors de l'un de ses voyages dans le passé. Et le grand Will est aussi à l'honneur dans le présent de Lythe, puisque la troupe de théâtre amateur de la petite ville interprète le songe d'une nuit d'été.
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Human croquet est le deuxième roman de Kate Atkinson après Dans les coulisses du musée, qui connut un légitime succès. Ici le titre anglais est complètement différent (la règle de Human croquet est donnée en fin de livre) et je me demande si le titre français ne cherche pas à copier ce Dans les coulisses du musée?

La mère d'Isobel a disparu, son père a disparu aussi puis est revenu, sa nouvelle belle-mère est bizarre, sa grand-mère peu compréhensive et sa tante une vraie harpie. Voici dans quel environnement grandissent Isobel et son frère Charles, dans un petit village anglais. Des familles voisines, des copines de classe, un amoureux rêvé, voilà pour le reste.

La quatrième de couverture annonce la faculté pour Isobel de circuler 'à son gré' (je cite) dans le temps, pour 'explorer une tranche du passé ou entrouvrir une porte sur l'avenir.'
Soit.
En fait, Isobel se retrouve à l'insu de son plein gré, pour quelques minutes, et peu de fois, dans un passé plus ou moins lointain. Expérience sans intérêt (pour moi) qui ne change rien pour Isobel semble-t-il (elle ironise dessus) et n'apprend pas grand chose au lecteur.

On se retrouve en fait avec une histoire bourrée d'humour (Kate Atkinson est géniale!), bien racontée, avec des incursions dans le passé de la famille, clairement marqués en tête de chapitre, en fait comme dans bien des romans classiques.
Vers la fin des réalités alternatives sont narrées, j'ai fini non par trop m'y égarer, en fait j'ai plutôt aimé l'imagination de l'auteur, mais par contre j'ai perdu tout intérêt pour Isobel, sa famille et son entourage.
Dans le même genre, il vaut mieux lire l'excellent Une vie après l'autre du même auteur!

On retient : de l'humour, de la fantaisie, un style inimitable et ciselé, et des passages avec des chats qui me font craquer:
"Pourquoi les chats dorment-ils autant? Peut-être leur a-t-on confié une mission cosmique essentielle et répondent-ils à une loi physique de première importance - un loi voulant, par exemple, que s'il y avait moins de cinq millions de chats dormant en même temps, la terre s'arrêterait de tourner. Peut-être donc que, lorsque vous les regardez dormir en vous disant 'Quel troupeau de bons à rien!', ils sont, en fait, en train de travailler très, très dur."

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Se plaçant clairement sous l'influence de Shakespeare et du Songe d ‘une nuit d'été, Kate Atkinson nous raconte une histoire qui est en scène la fantaisie, les sortilèges, le mystère avec des allers-retours dans le temps, dans le règne de l'onirique et l'imaginaire.
C'est l'occasion de raconter Isobel, cette adolescente tragiquement privée de sa mère sans explications depuis tant d'années, sans beaucoup d'amour de remplacement et sans réelle personne étayante en compensation.

Le fonds est donc une histoire totalement tragique d'une jeune fille qui se débat avec ses interrogations sur la vérité, le double, la disparition, et au final le sens de la vie ; et sans du tout occulter cet aspect sérieux, c' est traité avec la légèreté habituelle de Kate Atkinson, qui prend selon les moments un aspect comique, ou fantasque, avec de grands allers-retours entre le bouffon et le burlesque.

J'ai donc une impression de grande ambivalence vis-à-vis de ce roman, ou j'ai trouvé du très réussi et du un peu lourdingue. J'ai eu la même impression que quand je vois une représentation du Songe d'une nuit d'été : quelque chose de très poétique, plein de folles idées, à l'imagination débridée, d'une inventivité qui peine à s'épuiser, mais sans doute un peu trop pour moi, par moments pleinement abouti, à d'autres fois presque démonstratif. Avec l'impression aussi que l'auteure s'amuse énormément.
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L'auteur que j'aime et apprécie depuis " Dans les coulisses du musée " est une coquine qui nous perd dans les replis du temps.
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Isobelle et Charles sont frères et soeurs. Eliza, leur mère a disparu lorsqu'ils étaient petits. Suite à cette disparition, leur père disparaît à son tour puis refait surface au bout de 7 ans avec une nouvelle femme. Mais Isobelle veut comprendre et surtout se souvenir. Alors, elle commence à enquêter sur le passé de sa mère et donc de sa famille... Ajoutez à ce cadre, une vieille tante aigrie, un vieux pensionnaire salace, une veuve autoritaire, une voisine souffreteuse, des brèches temporelles, une chaussure au fond d'une armoire et vous voilà embarqué au pays de la famille Faifax!

Kate Atkinson nous offre ici une satire sans concession de la petite bourgeoisie anglaise des années 60. C'est acide, c'est souvent drôle, mais la narration semble par moment n'avoir ni queue, ni tête. Une construction poétique qui peut freiner le lecteur et le faire refermer le livre avant la fin.
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Mon second livre de cet auteur et probablement le dernier. Je l'ai trouvé très similaire au 1er livre de cet auteur. Ensuite, j'ai regretté de ne pas avoir un niveau d'anglais suffisant pour comprendre tout l'humour de cet auteur, très humour noir et caustique, humour anglais. J'ai personnellement eu du mal avec les allers et retours dans le temps et avec toute cette violence possible ou imaginée. Je voulais finir ce roman alors je suis allée jusqu'au bout mais il m'a un peu gavée... J'avais hâte d'en avoir fini... Une chose est sûre : je ne le relirai pas.
Lien : https://joy369.unblog.fr/
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