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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais été envoutée par Une vie après l'autre où l'on faisait la connaissance d'Ursula Todd, la soeur du Teddy dont les aventures constituent cet Homme est un dieu en ruine. Comme Paul Auster après elle dans 4, 3, 2, 1, Kate Atkinson y explore les possibilités fictionnelles et fait vivre plusieurs destins à son personnage Ursula.
A Teddy, elle ne réserve pas tout à fait le même sort, et je n'en dirai pas plus pour ne pas déflorer le roman. Mais on retrouve l'atmosphère anglaise de la deuxième guerre mondiale, cette aimable société bourgeoise qui affronte les événements avec un stoïcisme plein d'élégance.
Au-delà de la bouffée délicieusement nostalgique qu'évoque cet univers, et quoi que cette nostalgie ait de fantasmé, le roman propose d'interroger ces événements selon le mécanisme fractal et aléatoire des souvenirs de Teddy. Enjambant de longues périodes, revenant, par la force d'un minuscule élément dans un passé lointain, faisant apparemment fi de la construction chronologique d'une existence, le livre explore ainsi la béance existant entre différentes lectures des événements.
Là où, à propos des bombardements alliés sur les villes allemandes, on parlait nécessité et courage, les études historiques ont montré la nécessaire approximation des tirs, l'implacable charnier provoqué, la quasi inutilité militaire et stratégique du carnage. Pourtant il faut bien vivre après. Pourtant la vérité des souvenirs de Teddy vaut bien celle des recherches universitaires ou des discours politiques. Et la nécessité de détruire le régime nazi vaut toutes les absolutions. Quelles que soient les raisons qui aient permis que prospère un tel régime. (La postface de Kate Atkinson est à ce titre tout à fait instructive.)
Et cette lecture qui remet en cause l'univocité d'une interprétation vaut pour tous les personnages du roman : la pragmatique, enjouée et intelligente Nancy, l'insupportable Viola voient leurs comportements lus à l'aune de ce qu'en savent les uns et les autres, de ce que le sort les a laissé être. Dans la fragile vraisemblance des interactions entre chacun.
Le constat est aride : nous sommes impuissance à dominer notre destin ou simplement à l'entrevoir et notre être se réduit à la somme de ce qu'on aura bien voulu voir de nous. Pourtant, l'épaisseur que prend la narration met à distance une possible déréliction.
Et c'est ce qui fait tout le sel du roman : le soin apporté à raconter la trame des existences. A faire vivre cette deuxième moitié du 20e siècle, des années de reconstruction passées, pour Teddy et Nancy, dans la frugalité paradisiaque d'une campagne anglaise loin de tous les conforts à la déchéance médicalisée d'une maison de retraite au modernisme affligeant. Entre les deux, les méandres et les affections d'une vie qui persiste. La résolution à se montrer humain quels que soient les rouages qui aient été brisés auparavant.
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Après le formidable « Une vie après l'autre », Kate Atkinson nous fait suivre le petit frère, Teddy – bien qu'il ne soit en rien nécessaire d'avoir lu le premier tome. Autre roman, construction différente, mais toujours cet extatique bonheur de lecture. C'est de fiction dont il est question (encore et toujours), et la narration éclatée m'a fait frétiller de joie. Ca ne prend pas tout de suite, cependant, le premier tiers m'a fait craindre de rester sur le seuil, et puis l'étincelle survient et on passe par toutes les émotions. Teddy dans la R.A.F et la manière dont la guerre le détruit, de la pire façon qui soit, à l'intérieur, brisant irrémédiablement l'image qu'il a de lui. Teddy qui s'abjure de devenir gentil, le plus gentil qu'il lui soit possible d'être. Teddy et ses amours, ses chiens, sa nature. Teddy et Viola, qu'il est si difficile d'aimer. Teddy et ses petits-enfants, dont l'enfance abominable fait hurler toutes les fibres de notre empathie. Et tout ce petit monde qui vieillit, ces scènes giflantes de quotidienneté, le tri dans la maison quand Teddy ne peut plus vivre seul, le mouroir où on lui impose de finir sa vie, Viola quand elle fait enfin la paix avec elle-même, le tout avec moult prolepses et analepses parfois dans la même phrase, tourneboulant le lecteur et le laissant en manque. Affreux sentiment de solitude quand ça s'arrête, on a vécu mille vies avec les Todd et elles sont pourtant toutes les nôtres, on s'est vu et reconnu en plein d'endroits (et parfois vraiment on ne voulait pas) et ça sonnait tellement juste. J'ai pleuré, j'ai ri, je me suis frotté les mains d'allégresse, j'ai ralenti ralenti la lecture, profondément mécontente de voir le nombre de pages restant à lire diminuer. Roman de guerre, scrutation à la loupe d'une famille, examen de ce que signifie être anglais, ce texte multiforme pose quantité de questions au lecteur et se garde bien d'asséner une quelconque réponse. Bien plus qu'un coup de coeur, une adoration.
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Ce livre est une merveille. Une écriture subtile, un personnage principal magnifique. Emouvant sans une once de mièvrerie.
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Attention , superbe découverte ! Merci à Netgalley et aux éditions JC Lattès pour ce bonbon de la rentrée.

Dans l'homme est un dieu en ruines, Kate Atkinson nous relate l'histoire d'un autre membre de la famille Todd , Teddy . A vingt ans , il devient pilote de la RAF , et va connaître les horreurs de la seconde guerre mondiale. Guerre qu'il nous fait partager de sa première mission au retour à la maison, heureux d'être en vie, mais détruit à l'intérieur. le temps passe et Teddy se laisse porter , par sa famille , son pays, son histoire. 

Les premières pages ont été difficiles pour moi, ne sachant pas si j'allais poursuivre , mais qu'est-ce que j'ai bien fait. Car au fur et  mesure, phrases après phrases, je me suis prise au jeu de ce héros si modeste, si effacé, désireux de bien faire, mais ne sachant trouver sa place. 

C'est bien là la force de se roman, l'auteur a un tel attachement pour ses personnages, qu'elle nous ne le communique grâce à un style magnifique, éblouissant ... J'ai aimé avec lui, vécu avec lui , souffert avec lui. Que ce soit auprès de sa femme, de ses soeurs fantasques, de sa fille ininteressée ou de ses petits-enfants qui vont lui redonner le sourire, Teddy traverse les années . On rit beaucoup ,  on pleure , mais c'est la fin surprenante qui fait atteindre le sommet des émotions humaines. 

J'ai refermé ce livre bouleversée , par l'humanité de ces personnages, la justesse de l'Histoire, et la beauté de l'écriture. Je vous le conseille chaleureusement . 
Lien : http://livresforfun.overblog..
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Je commence par le dernier livre que j'ai lu de cette auteure. J'avais débuté il y a pas mal d'années par "Dans les coulisses du musée" et j'avais été éblouie. J'ai converti ma grande fille avec la lecture de "La souris bleue". Donc que du bonheur. Et ca a été ainsi avec chacun des livres de Kate. Elle m'émeut incroyablement, me fait sourire, me fait frissonner, me fait trembler, me fait littéralement chialer, et encore sourire, et encore désirer, et encore pleurer et encore... Ne pas la lire, c'est vraiment passer à côté de quelque chose de si humain, de si aimant, de si... elle sait transcender l'horreur du quotidien, elle sait redonner un goût épicé à la vie, elle sait transmettre de l'amour. J'adore cette écrivaine, on l'aura bien compris. Mais il me semble qu'elle est plus pessimiste.
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"L'homme est un dieu en ruine" est le 2ème volet du dyptique consacré à la 2ème guerre mondiale. Le premier volet, "Une vie après l'autre" se déroulait durant le Blitz et nous racontait les innombrables vies, morts et renaissances d'Ursula Todd, dont chaque nouvelle vie commencée se chargeait inconsciemment de fragments de souvenirs des précédentes vies, infimes traces mémorielles qui en déviaient plus ou moins légèrement le cours.
Ce nouveau roman est consacrée à la vie passée, présente et future du frère d'Ursula, Teddy Todd. Dans cette histoire, possible parmi les possibles, Teddy est devenu pilote de bombardier, il s'est marié avec son amie d'enfance Nancy avec laquelle il a eu une fille Viola qui aura elle-même deux enfants... On y retrouve bon nombre des personnages du 1er roman dont Ursula, bien vivante cette fois, leurs parents, la cousine Izzie mal-aimée et pourtant pas aussi superficielle qu'elle aime le laisser croire à sa famille. L'histoire est belle, très souvent tragique et outre les missions des bombardiers et l'héroïsme des pilotes qui sont décrits de manière prenante et documentée, l'auteur aborde plusieurs thèmes forts comme l'incommunicabilité des sentiments entre parents et enfants, la maladie, la fin de vie...
Telle une Parque, Kate Atkinson déroule le fil du destin de ses personnages, entremêlant avec délicatesse les brins du passé, du présent et du futur et le coupe, nous surprenant toujours par quelque rebondissement ou aperçu - presque - inattendu. Grande admiratrice de Kate Atkinson, "Une vie après l'autre" m'avait un peu déçue car je l'avais trouvé un brin répétitif... Mais j'ai vraiment adoré ce 2ème volet !
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1er chapitre : le dernier vol , 30 mars 1944.
Point de départ du livre. chapitre très court.
2ème chapitre : 1925 Alouette le personnage central Teddy a 5 ans, L'Alouette est un oiseau, un chant des soldats français durant la 1ère guerre, un plat en Italie, un thème de poésie, le nom du 425e escadron , celui des Canadiens français, et c'est le point de départ d'une discussion entre Teddy et sa tante Izzie. On découvre les personnages principaux du livre, le père, la mère, les frères et soeurs de Teddy, sa femme, sa fille, le mouvement Kibbo Kift, le Woodcraft Folk.
4ème chapitre : 1980 Les enfants d'Adam, une autre génération, la vie en communauté, l'école Steiner.

L'histoire est sans cesse entremêlée entre présent, passé et futur, il faut arriver au 5ème chapitre pour enfin être à l'aise avec les personnages, et suivre le fil rouge de l'histoire de cette famille, ou chacun a des secrets très lourds à porter.

Les descriptions du dernier vol sont très précises, l'objectif, les ordres, les superstitions, l'action.....
La fin de vie de Teddy est également très bien décrite.

Belle peinture d'une famille sur 4 générations, en Angleterre et un peu partout ailleurs.
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Né en 1914 dans une famille de la bourgeoisie rurale, Teddy est l'enfant préféré de sa mère Sylvie, une pianiste fantasque comme l'est sa tante Izzie, une écrivaine qui fait de son neveu le modèle des « Aventures d'Auguste ». Rien ne prédestinait cet amoureux de la nature à s'engager dans la RAF pendant la Seconde Guerre mondiale. Alors que ses camarades meurent sous les assauts de l'ennemi, il en réchappe (grâce au lièvre en argent porte-bonheur que lui offert sa soeur Ursula ?) et se donne pour ligne de conduite de ne plus jamais faire de mal à personne (quelle gageure!), lui qui, en lançant des bombes sur des villes allemandes, fit de nombreuses victimes civiles dont il ne connaîtra jamais l'identité.
Au-delà de l'histoire de Teddy que l'on suit de 1925 à 2012 de manière non linéaire avec, en toile de fond, la description des mutations sociétales (il y a des pages savoureuses sur la période hippie), « L'homme est un Dieu en ruine » est une vaste fresque familiale drôle, émouvante, nostalgique du temps qui passe peuplée de personnages forts : la raisonnable Nancy, son « amoureuse d'enfance » qu'il épouse ; Viola, sa fille unique, un être insupportable qui devient touchant quand on découvre un événement qui a marqué son enfance (elle avoue « être de l'autre côté du bonheur depuis le début de sa vie ») ; Sunny, le fils de cette dernière qu'elle abandonne à son horrible belle-famille qui l'élève à la dure et que son grand-père va « sauver ». Et puis il y a les chiens, présences rassurantes qui vont accompagner Teddy tout au long de sa longue vie.
On aurait aimer passer encore un peu plus de temps avec Teddy, l'homme qui pleure à l'intérieur mais qui ne peut cacher ses cauchemars, personnage épatant, tolérant, profondément seul avec ses secrets qui passera sous silence « sa » guerre pour ne pas importuner son entourage. Mais les meilleures choses ont une fin...
Signalons que « L'homme est un Dieu en ruine » est le pendant masculin d' « Une vie après l'autre » qui mettait en scène Ursula, la soeur de Teddy. Là aussi, Kate Atkinson montrait son talent pour les retournements de situation et son goût pour la manipulation qu'autorise la fiction.

EXTRAITS
- Il aimait Viola comme seul un parent peut aimer un enfant, mais la tâche était rude.
- Ecologie ? S'interrogea Teddy. La nature, répondit-il. Autrefois, on l'appelait la nature.
- La tragédie de la vie, c'était la mort.
- Avec le temps et les années qui passaient, on se rendait compte que la distinction entre réalité et fiction n'avait pas grande importance, parce que, pour finir, tout disparaissait dans le fatras mémoriel, la bouillie de l'histoire.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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Teddy oh Teddy !
On rit, on rage, on pleure dans cette vie là d'Ursula.
Et c'est formidable comme toujours avec Kate Atkinson
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