Plus de trente ans après son chef d'oeuvre qui connaît un certain retentissement depuis qu'il a été adapté en série télévisée, la romancière canadienne nous donne à lire sa conclusion (définitive ?), en tout cas une suite toute aussi prenante que le premier opus.
J'avoue, que mise à part des réserves sur les cinquante dernières pages, comme dans
La servante écarlate, j'ai adoré cette lecture que j'ai trouvé passionnante et particulièrement glaçante.
Contrairement à
La servante écarlate dans laquelle nous ne suivions que Defred,
Les testaments est un roman à trois voix.
Margaret Atwood donne tour à tour la parole à Agnès, fille d'un commandant qui refuse le mariage qu'on lui destine, Daisy, fille de militants canadiens anti-Galaad et tante Lydia, l'une des fondatrices du régime. Cette dernière est à mon sens la plus intéressante à suivre puisqu'elle revient sur tout son parcours au sein de Galaad et l'évolution de cette dictature religieuse.
Cette ancienne juge a échappé de peu à la mort lors des purges menées par le nouveau pouvoir en place et s'est vu confié au fil des années de plus en plus de responsabilités jusqu'à devenir la responsable des Tantes, les seules femmes qui ont le droit de lire et détiennent des miettes de pouvoir que les hommes, tout-puissants dans cette société ultra religieuse, veulent bien leur laisser.
Il y a beaucoup à dire sur ce roman anxiogène car au-delà de la place des femmes dans la société de Galaad, il s'agit d'un roman sur la privation des droits et des libertés pour la très grande majorité de la population qui vit dans la crainte car les Oeils, nom donné aux espions, sont légion. Et malheur à ceux qui fuient le pays ou les traitres à la cause qui sont exécutés par pendaison ou déchiquetation.
Les femmes sont au premier rang des victimes de Galaad. Condamnées à trois types de rôles : celui d'épouse, de domestique ou d'esclave sexuelle. Au point que les jeunes filles qui ne veulent endosser aucun de ces rôles préfèrent simuler un appel de Dieu à rejoindre les Tantes dans leur sanctuaire interdit aux hommes.
Les hommes ne sont pas mieux lotis, les dirigeants mis à part, puisque eux seuls ont accès au pouvoir mais ils vivent aussi dans la peur des dénonciations si ils ne respectent pas à la lettre la doctrine de Galaad.
En dévoilant l'histoire des femmes des Testaments,
Margaret Atwood nous donne à voir les rouages internes de Galaad dans un savant mélange de suspense haletant, de vivacité d'esprit et de virtuosité créatrice.
Difficile de revenir sur chaque point marquant de ce grand roman, il y en a beaucoup et je ne souhaite pas trop en dévoiler ici afin de ne pas gâcher la lecture de celles et ceux qui n'ont pas encore lu cette dystopie.
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