J'ai découvert cette affaire à travers ce livre. En revanche, j'ai lu ses deux précédents : L'affaire de Ouistreham et
En France.
Cette fois-ci,
Florence Aubenas nous conduit à Montréal-la-Cluse où, le 19 décembre 2008, Catherine Burgod est sauvagement assassinée de 28 coups de couteaux dans l'agence de poste où elle travaillait. « La consigne était claire, répétée en refrain. "En cas de braquage, ne prenez aucun risque, donnez tout." Catherine Burgod n'imaginait pas les choses autrement. Elle répondait : "Ne vous inquiétez pas, je donnerai même les timbres." »
Personne ne lui connaissait d'ennemi dans cette petite commune de l'Ain où la journaliste est envoyée en reportage au moment des faits. Comme elle avait envie d'en savoir plus sur ce crime, non élucidé encore à ce jour, elle a eu envie d'écrire un livre sur ce sujet et y a consacré 7 ans pour rencontrer des protagonistes et plus particulièrement Thomassin impliqué dans l'affaire.
Au fil des pages, nous faisons la connaissance de Catherine Burgod et de sa famille. Son père, maire du village, occupe une grande place dans sa vie. Nous déambulons dans les rues de Montréal-la-Cluse, un village en perte de vitesse depuis que la plupart des entreprises de plastique ont quitté Oyonnax (je précise que le x final ne se prononce pas). Comme dans beaucoup de communes rurales, les petits commerces ferment au profit des grandes surfaces et sans l'exigence et la pression du maire, la petite agence de poste du centre aurait fermé au profit de la plus grande. Peu de personnes la fréquentait mis à part les copines de Catherine et quelques habitués venant chercher un peu d'argent liquide, dont Thomassin. Alors un inconnu aurait forcément été remarqué. Or il n'en est rien. « Au village, la rumeur n'a pas tardé à se répandre. L'assassin est forcément un habitant du coin, "l'un d'entre nous à qui ont dit bonjour le matin, estime une commerçante. Il n'y a que les personnes âgées à ne plus être suspectes. Chacun se fait des films et laisse travailler son imagination selon ce qu'il se figure." Peu à peu, dans cette paisible communauté villageoise, la méfiance entre voisins s'est installée, les anciens se sont remis à raconter la guerre, "le seul épisode comparable", dit l'un. »
Bien qu'ayant obtenu le césar du meilleur espoir masculin pour son rôle dans le petit criminel, Thomassin est à la dérive. Il boit, se drogue, évoque en boucle ses rôles de comédien avec des actrices et des acteurs de renom. "Je t'écoute pas vraiment mon pote. Entre gens de la rue, tout le monde tient des discours à tout le monde. Il n'y a que ça à faire. J'ai l'habitude. Mais parle, te gêne pas, si ça te fait du bien." Il aurait pu et dû briller dans le métier. Il n'en est rien. Marginal, les soupçons se portent naturellement sur lui.
J'ai suivi l'affaire avec beaucoup d'intérêt, apprécié une nouvelle fois le style de
Florence Aubenas. J'ai consulté des sites internet pour en savoir plus, mettre des visages sur certaines personnes et voir à quoi ressemble le village. Très bon moment de lecture.