L'inconnu de la poste

En 2008, dans une petite ville de l'Ain, la postière est sauvagement poignardée. L'enquête policière piétine pendant plusieurs années. Un jeune marginal est finalement inculpé et incarcéré : il clame son innocence et les preuves manquent.
L'accusé est un personnage hors norme : Gérald Thomassin, enfant de la DDASS devenu meilleur jeune espoir du cinéma français et dont la vie vacille entre succès et addictions.
Florence AUBENAS retrace ce fait divers réel à la manière d'un roman. le lecteur est plongé dans l'univers « tristounet » de cette vallée montagnarde devenue Plastic Vallées. Les personnages auxquels la vie n'a pas fait de cadeau sont décrits avec beaucoup d'empathie : la victime est une maman un peu perdue, son père consacre la fin de sa vie à confondre l'accusé, quelques paumés se perdent dans l'alcool et la drogue, les gendarmes sont impuissants à trouver la vérité… Et Thomassin parait déphasé, sans boussole, mais derrière ce portrait d'antihéros, on devine une personne attachante.
Un bon récit.

Il s'agit d'un crime non résolu, qui s'est déroulé en décembre 2008 à Montréal-la-Cluze. Ce matin là, à l'ouverture, des clients découvrent le cadavre de Catherine Burgod, la responsable de l'agence de la poste et du dépôt SNCF, tuée de 23 coups de couteau. Fille d'un notable particulièrement influent, séparée de son mari et enceinte de son nouveau compagnon, elle menait cependant une vie tranquille, était connue et appréciée de tous, dans ce village qui l'avait vu naitre et dont elle connaissait tous les habitants.
À partir de ce fait divers tragique (dont le premier procès aura lieu en 2022 soit 14 ans après le déroulement des faits), Florence Aubenas va faire ce qu'elle fait de mieux: une enquête sérieuse et particulièrement documentée mais pas à la façon d'un policier ou d'un criminologue, mais à sa façon à elle si singulière et humaine. On retrouve là toute son habileté à nous faire pénétrer dans l'intimité de la victime puis du principal suspect, Gérald Thomassin, acteur marginal mais doué et reconnu dans la profession - au point d'avoir remporté un César.
Elle nous raconte cette affaire d'une façon tellement humaine qu'on la vit de l'intérieur, comme si nous vivions au village et qu'on regardait l'enquête se déroulant pendant toutes ses années.
J'ai beaucoup aimé ce livre, dont l'autrice nous fait suivre le déroulement avec précision et beaucoup d'humanité.

Sans rien connaître sur cette affaire mais étant consommatrice de polars, documentaires criminels et autres contenus glaçants, j'avais hâte de découvrir cet ouvrage et cette histoire si médiatisés et mystérieux.
Le livre se lit vite et la lecture est agréable mais il y a un je ne sais quoi qui empêche la narration d'être à la hauteur du récit. Et c'est bien lui qui, étant 100% tiré des faits réels, apporte l'impact et l'essence à ce livre. C'est peu être le choix de point de vue qui retient la narration... Ni omnisciente ni personnelle nous survolons l'affaire de loin puis d'un peu plus près, sans jamais se sentir baignés dedans.
On prend tout de même beaucoup de plaisir à la lecture, notamment vers la fin où l'affaire se déroule comme le plus tiré-par-les-cheveux des polars. Là où on s'attendait à rester sur notre faim, on se retrouve face à un festin, et c'est une belle surprise.
En somme, Aubenas avait entre les mains un fait divers digne de devenir un roman, et quelle que soit la la qualité de la réalisation littéraire, on se régale.

Un récit passionnant , on ne quitte plus le livre. Elle est une des rares (avec Emmanuel Carrère à sa belle époque) à pouvoir s'emparer d'un fait divers, le raconter, nous passionner et nous transporter dans un milieu à des kilométres du notre. Je ne connaissais que très peu cette affaire, quelle enquête ! Quelle maestra !

Les livres sur les faits divers ne m'ont jamais trop intéressé, mais quand la critique littéraire en encense un, ma curiosité est piquée. "L'inconnu de la poste" est l'histoire d'un crime, celui d'une postière enceinte qui reçut 28 coups de couteau dans le bureau de poste d'un petit bourg du Haut-Bugey un beau matin de décembre 2008. Une histoire inouïe, surprenante comme on n'en rencontre peu et qui a poussé Florence Aubenas à en faire le récit. Fruit d'un travail journalistique énorme, le récit est construit comme un roman noir, les personnages se croisent, se dessinent petit à petit, l'histoire se tisse tout doucement sur la base de nombreux documents factuels : éléments de l'enquête, du dossier judiciaire, témoignages, transcriptions de gardes à vue… Florence Aubenas s'y met peu en scène évitant au lecteur de découvrir l'histoire à travers ses yeux, elle préfère laisser vivre ses personnages, les laisser défendre ce qu'ils ont à dire. Elle fait le choix d'une écriture distanciée en réussissant à trouver un subtil point d'équilibre entre réalité et romanesque. On comprend après le prologue qu'elle a passé de nombreuses années sur cette affaire, qu'elle a rencontré réellement tous ses protagonistes, qu'elle leur a parlé, qu'elle a appris à les connaitre, à les aimer presque. Et malgré le meurtre, le récit tient le sordide à distance, les personnages sont attachants et pleins d'humanité. L'écrivain pose sur eux un regard bienveillant, respectueux, pudique. Leurs histoires sont habilement tressées en un seul récit qui maintient le rythme et le suspense en mélangeant tous les fils narratifs : l'histoire de Thomassin, celle du père de la victime, celle de la victime elle-même, celle des habitants du bourg. L'atmosphère de cette petite ville est très familiale, tout le monde se connait, mais paradoxalement personne n'a rien vu. Florence Aubenas décrit magnifiquement bien le décor du drame, l'ambiance de ce pays de taiseux où on est passé dans les années 60 de l'agriculture à l'industrie du plastique, une région ni pauvre, ni prospère, mais où les trains se s'arrêtent plus, où l'hôpital et la maternité ont fermés, où tout a été « compressé, délocalisé, précarisé, fermé ». Elle ne cherche pas à découvrir la vérité, mais accompagne les personnages avec une incroyable sympathie. Elle relève aussi les échecs et les succès de l'enquête, les erreurs humaines, les dysfonctionnements administratifs, les qualités et les défauts de l'appareil judiciaire. Et puis, bien sûr, il y a Gérald Thomassin auquel Aubenas consacre de magnifiques pages. Il a échoué là un an auparavant pour se mettre au vert. Son statut de vedette de cinéma le sert et le dessert. C'est « sa chance et son malheur » dit une de ses amies. le cinéma l'a sorti d'une enfance difficile et de problèmes familiaux mais il pourrait l'y replonger. Un acteur, ça peut mentir, jouer un rôle, attirer les soupçons, Thomassin est peut-être innocent, mais il a joué les criminels dans des films et c'est un aspect très troublant de cette affaire, un possible dédoublement de personnalité, un regard aussi sur la violence dans le milieu du cinéma avec Thomassin qui garde un pied sur les plateaux et un autre dans le caniveau. Autre originalité du récit, l'affaire n'est toujours pas résolue à l'heure actuelle et Thomassin, finalement innocenté, a disparu en 2019 au moment de l'ultime confrontation avec un autre accusé. On ignore ce qu'il est devenu, s'il faut parler de lui au passé ou au présent, mais Florence Aubenas nous permet de ne pas l'oublier.

J'ai aimé « le quai de Ouistreham » et j'aime « L'inconnu de la poste » avec cette façon de traiter en parallèle une enquête et une facette sociale. C'est juste, sans fioritures, très documenté, intéressant. Les personnages qu'ils soient marginaux ou notables, jeunes ou vieux, employés ou chômeurs, intégrés, respectés ou méprisés. L'auteure m'a plongée dans un monde de province à la dérive, emplois entre usines et campagne. J'ai apprécié cette rigueur de l'enquête qui tient en haleine. Vais-je moi aussi suivre l'opinion dominante ou douter face à la machine judiciaire qui se montre aveugle et qui détruit la vie de l'accusé qui apparait comme le plus probable ? Les questions restent entières, les faits troublent, les découvertes de la justice dix ans après le meurtre perturbent. Beau tour de force que ce livre, j'ai lu le livre puis comme tout un chacun je suis allée sur Internet voir ce Thomassin récompensé par un César, faisant la une des journaux. On y voit la victime, son père, le village… Rentrer dans la réalité visuelle d'un livre ça fait toujours un drôle d'effet. J'ai hâte de connaître le verdict du procès qui est en train de se dérouler et pour ceux qui vont découvrir cette enquête, il y reste un terrible mystère irrésolu à ce jour.

2008, Catherine Burgod une postière est assassinée et le coffre vidé.
2013, Gérard Thomassin acteur (césar en 1991 du meilleur espoir masculin pour le film : le petit criminel) est suspecté d'avoir commis le meurtre.
Acteur talentueux ; il a tourné dans vingt films mais il est flambeur, alcoolique, drogué, il vivait avec le RSA en face la poste.
Pas d'aveux, pas de traces de son ADN, pas de traces de l'argent disparu pourtant il est mis en détention.
Florence Aubenas revient sur ce crime et va interroger les témoins, les voisins, l'entourage de Gerald Thomassin. Elle le rencontre également.
Elle l'attend le 29 août 2019 à Lyon pour une ultime confrontation entre deux autres suspects . Il ne viendra jamais, il est porté disparu. Son téléphone borne à la Beaujoire à Nantes et plus rien.
Florence Aubenas enquête sur un assassinat et assiste à la disparition d'un des suspects.
Il reste pourtant un suspect jugé en mars 2022. Son ADN a été relevé sur la scène de crime mais il nie avoir tué la postière. Elle était déjà morte quand il est arrivé .
Mais qui a tué Catherine Burgod ?

Plus qu'une histoire, c'est un pays, une région, des gens, des comportements et des personnalités que raconte Florence Aubenas ; alors, une histoire, il y en a bien une, celle de cette belle jeune femme retrouvée assassinée de nombreux coups de couteau dans la petite poste du village de montagne de Montréal-la-Cluse, dans le Haut-Bugey, non loin de Nantua, dans l'Ain.
Un crime extrêmement violent qui déclencha une enquête prioritaire, mais resta sans résultat pendant de longues années.


Les gens, ce sont les proches de Catherine Burgod, la postière, mais aussi tout l'entourage : un père omniprésent dans la vie de sa fille et numéro deux à la mairie, le "futur ex-mari" et "Le nouveau", les deux enfants, les copines qui viennent tous les matins - ou presque, puisqu'elles n'étaient pas là le jour du meurtre - boire un café et papoter ; il y a aussi cette bande de trois lascars dont l'acteur césarisé à seize ans en 1991, Gérald Thomassin, qui fut accusé un temps, détenu provisoirement, relâché et qui a disparu totalement, en 2019, au moment où il allait y avoir un non-lieu... Un acteur très égocentré, atypique, qui flambe l'argent quand il a tourné un film puis qui vit comme un marginal d'allocations le reste du temps ; il se raconte beaucoup, existe dans l'alcool, la drogue et les disputes, se fait des copains aussi marginaux que lui, Tintin et Rambouille aux yeux bleu-clair husky, dérange la tranquilité du village et inquiète les habitants...

Le talent de l'auteure, c'est déjà de ne pas en dire plus qu'elle n'en sait (elle a enquêté plus de six ans), mais surtout de créer une atmosphère, une ambiance pour que le lecteur, la lectrice soit réellement plongé(e) dans la narration ; elle parle, comme les habitants, de la "Plastic Vallée" qui fait maintenant vivre la région, du bourg ouvrier qu'est devenu Montréal-la-Cluse situé entre Lyon et la Suisse avec un grand flot de drogue qui passe tout près, des agriculteurs encore, des taiseux isolés parfois un peu inquiétants, des enfants du pays qui semblent avoir la légitimité d'habiter là... Tout un ensemble d'observations et de faits qui vous plonge dans l'esprit des lieux et l'étude sociologique et très humaine d'un coin de France.

Florence Aubenas étudie de près les tempéraments de chacun : Catherine d'humeur très changeante, très joyeuse certains jours, suicidaire le lendemain, le père pour lequel elle est tout et qu'il gâte outre-mesure, il ne se relèvera pas de sa mort, Gérald Thomassin longtemps suspecté aujourd'hui disparu. Et tous les autres...

Un procès aura lieu au printemps 2022 ; Florence Aubenas le suivra très certainement de près... Elle qui a dit que ce qui l'avait happée dans cette histoire, c'est que "plus on cherche, plus on tombe sur des mystères". Et pourtant, il y avait des indices, dont l'ADN du voleur, tueur ? sur le tirroir dont l'argent a disparu.

Premières phrases : " Au centre du Haut-Bugey, une courte bande de terre se faufile entre les montagnes et permet de relier la France à la Suisse sans grimper sur les sommets. Pour qui s'y arrête, le premier saisissement, c'est un lac au milieu des à-pics. Il est plutôt petit, mais d'un bleu pas comme ailleurs, on le dirait intact, donnant à chacun l'impression d'être le premier à le découvrir. ce sentiment est d'autant plus vif que nul ici ne semble en faire grand cas. le chemin de fer et la voie rapide ceinturent ses berges, avec ici une station-service, là un parking déprimant. mais l'endroit est trompeur, d'une fausse innocence. Vous n'êtes pas là où vous croyez."
Lien : https://www.les2bouquineuses..

En 2008. la postière d'un tout petit village de l'Ain a été assassinée, a son bureau, de 28 coups de couteau.
En face de chez elle vivait un marginal, Gérald Thomassin , rapidement accusé de ce crime par la rumeur publique mais dont les gendarmes cherchent vainement de preuves de ses traces sur le lieu du crime.
En 1991, Thomassin est mis en examen et incarcéré en détention provisoire puis relâche sous contrôle judiciaire.
En 2009, la police scientifique a fair de grands progrès, les traces ADN retrouvées sur la scène de crime et disculpent totalement Thomassin. un procès doit avoir lieu pour décréter un non lieu et l'innocente mais il ne se présente pas à l'audience. il a disparu.
Dans ce récit passionnant, Florence Aubenas utilise ses talents de conteuse démontrés dans ses précédents opus (Le quai de Ouistreham où En France) pour nous raconter la vie de cet acteur prodige, César du Jeune espoir masculin 1991 pour le Petit Criminel, fils d'une mère à la dérive , il est passé de familles d'accueil (sordide) en foyers, a dilapidé ses gains cinématographiques et a complété son parcours chaotique en tombant dans la drogue et l'alcool.
Florence Aubenas nous raconte ses errances jusqu'à cette Plastic Valley en perte de vitesse industrielle.
Elle évoque également la vie de la victime, petite fille gâtée d'un père notable du cru, ses envies d'ailleurs, ses rêves enfouis
Un récit passionnant servi par une plume vive, qui nous décrit tout autant la vie des deux protagonistes que celle du village, un village sans histoires tombé sous les deux de l'actualité au moment de ce crime.
Lien : http://les-lectures-de-bill-..

L'affaire Thomassin est racontée de main de maître par Florence Aubenas. L'histoire de la postière trouvée assassinée de 28 coups de couteaux dans une petite ville du Bugey nous emmène dans la plastic valley de Nantua, nous fait découvrir l'acteur célèbre un instant tombé dans des addictions, la recherche de la vérité par les enquêteurs et une reconnaissance ADN qui au final incrimine un ambulancier auquel personne n'avait pensé: terrible histoire d'une mère de famille assassinée pour 3000 euros, description réaliste du microcosme d'un petite ville de province. L'écriture est précise, enlevée, superbe.