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sur 1763 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Florence Aubenas s'empare d'une affaire de meurtre non élucidée, enquête longuement - 7 ans- auprès de toutes les personnes impliquées, s'immerge dans la petite ville, tire toutes les ficelles, non pas pour résoudre l'enquête, trouver l'assassin mais pour faire le portrait, le tableau, le plus précis possible de ce qui s'est passé bien sûr, et aussi du contexte de cette ville, de cette région de l'Ain, de l'époque et des gens et nous fait le récit de tout cela.
Le principal accusé est un personnage particulier, enfant placé, acteur, marginal, décalé et attachant.
La victime est elle une enfant du pays, assassinée de 28 coups de couteau pour quelques milliers d'euros dans son minuscule bureau de poste.
Florence Aubenas a réalisé un travail d'enquête impressionnant, ne laissant rien au hasard. Elle nous montre bien comment un faisceau de circonstances, une vie un peu en marge vous transforme facilement en suspect. Pas de preuves directes, avérées mais des soupçons et des bricoles, le besoin de trouver l'assassin, de résoudre et de clore l'enquête peut mener à une solution rapide, expédiée...
J'ai trouvé ce livre intéressant pour ce qu'il raconte d'une région, d'une époque qu'elle scanne avec précision et serieux. La France ordinaire, celle d'en bas, des zones industrielles et des petites villes.
L'autrice est rigoureuse, on le sent et cherche à rendre visibles ces gens, ces lieux qui sont rarement mis en lumière sauf quand un drame s'y produit.

Elle -me semble t-il- s'attache surtout, se prend d'affection pour Gérald Thomassin, cet homme fragile, instable, perdu souvent, qui tente de se maintenir à flots, acteur par hasard, au talent reconnu par un César, pour des rôles proches de sa vie. Un homme complexe, au destin tellement singulier, insolite et intéressant et jusqu'au bout, mystérieux.
La victime, Catherine Burgod, paraît moins remarquable pour l'autrice, à mon avis. Un parcours presque ordinaire de femme qui se débat elle aussi pour rester maîtresse de sa vie. Même si son destin est moins romanesque que celui du suspect, au delà de sa mort qui en fait un personnage de tragédie, elle n'en est pas moins une femme intéressante et complexe.
Ce livre m'a vraiment fait penser à "de sang froid" de Truman Capote. Un peu en dessous pour la qualité de l'écriture... Son écriture est plus journalistique, moins travaillée.
Bref, n'est pas Truman Capote qui veut...mais "l'inconnu de la poste est de qualité" et j'ai aimé le lire.
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Gérald Thomassin, jeune acteur, choisit par Jacques Doillon et consacré par un césar pour son rôle dans « le petit criminel » est un adolescent instable fréquemment accompagné par des excès d'alcool et de drogues diverses. Entre deux tournages, il vit chichement à Montréal-la-cluse, village du Haut Bugey. L'assassinat de Catherine Burgod, la postière déclenche de longues recherches infructueuses pour retrouver l'assassin et Gérald Thomassin fait partie des suspects potentiels. Florence Aubenas raconte l'enquête de façon précise et détaillée avec un grand sens de l'observation des gens, de leurs sentiments, de leurs émotions, sous la forme d'une fresque sociale passionnante et empreinte d'une grande humanité.
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Une enquête qui se lit comme un thriller. Une fresque sociale dans un décor montagnard, rural à quelques encablures de la frontière suisse. 2008, le meurtre d'une femme, mère de famille, sur le point de divorcer, postière appréciée de tous, fille du village (Montréal-la-Cluse). Un bain de sang, 28 coups de couteaux, sur son lieu de travail, pendant un laps de temps de 20-25 minutes, qu'aucune enquête n'arrivera à combler complètement. Soupçons, mise en examen, non-lieu, Gérald Thomassin, acteur césarisé à 17 ans en 1991, enfant de la Ddass, domicilié en face de la poste, est le coupable idéal. Mais l'ADN ne matche pas, et le doute est permis. Florence Aubenas, grand reporter au Monde, a enquêté plusieurs années sur cette affaire, et nous livre ici la reconstitution sensible d'une justice à l'oeuvre, le miroir d'une souffrance et attente des proches de la victime, elle déroule devant nous, 1é ans après le crime, le fil des pistes explorées, mises de côté, reprises, jusqu'à une découverte imprévue qui relance l'espoir d'avoir trouvé le coupable.
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J'ai déjà lu Florence Aubenas pour avoir lu « le quai de Ouistreham » . Cette histoire ne me disait rien, j'ai découvert ce titre mystérieux « L'inconnu de la poste « . L'action se passe dans le Haut Bugey, à Montréal la Cluse, près du lac de Nantua, dans un petit village de montagne. Tout le monde se connait et se côtoie. La postière, Catherine Burgod , fille d'un notable de la commune , les femmes viennent la voir le matin, se retrouvent dans ce bureau de poste, autour d'un café, dans ce lieu de rendez-vous.
C'est dans ce village que l'acteur Gerald Thomassin a décidé de se retirer. Cet homme au passé trouble, enfant abandonné, au passé difficile a parfois sombré dans l'alcool et dans la drogue. Il a reçu un César du jeune interprète. Il s'installe juste en face du bureau de poste, dans la Grotte.
Le livre commence comme un roman, mais Florence Aubenas est avant tout une journaliste. Elle nous entraîne dans une véritable chronique de la France, mais surtout du fonctionnement de la justice. L'enquête débute en décembre 2008 où Catherine Burgot, enceinte, fut assassinée de 28 coups de couteau et où 2500 euros furent dérobés . Gerald Thomassin fut tout de suite désigné comme le coupable. Gérald Thomassin mis en examen pour cet homicide et incarcéré en détention provisoire puis libéré sous contrôle judiciaire.
Elle scrute les personnalités aussi bien de Catherine Burgot que de Gerald Thomassin. Tout les oppose. Elle décrit cette France profonde, où tout le monde travaille pour l'industrie du plastique et où il ne se passe pas grand chose.
Elle a investi les lieux, saisi les moindres mots, scruté les personnes. Elle a plusieurs fois rencontré le présumé coupable, Gerald Thomassin. Était -il le coupable idéal ? A moins que ce ne soit, celui qui avait laissé son ADN dans ce petit bureau de poste ? Florence Aubenas ne porte aucun jugement.
Ils avaient rendez-vous ce 29 août 2019, juste avant la convocation de Thomassin au palais de justice pour ce qui aurait pu être le dernier volet de l'interminable instruction du meurtre de la postière de Montréal-la-Cluse . Thomassin a disparu.
Un récit sous forme de roman noir, mais qui est bien réel . le doute persiste. L'enquête n ‘a pas été élucidée.
La voix de Fabienne Loriaux est juste, elle sait transmettre les émotions.

Lien : https://livresdunjourblog.wo..
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J'ai emprunté ce livre un peu par hasard.
J'imaginais une enquête autour d'un service publique en voie d'extinction. Et j'ai découvert une enquête autour d'un meurtre... ou plutôt une enquête autour de l'enquête à charge contre un personnage principal suspect pendant des années.
J'y ai découvert l'existence d'un acteur que je ne connaissais pas.
J'y ai aussi découvert le fonctionnement émotionnel d'un enquête, qui semble - vue de loin - sans logique. Enquête qui a certainement poussé au suicide le principal suspect. Ca fait froid dans le dos.
Très vite dans ma lecture j'ai eu une chanson de Brassens en tête : "la mauvaise réputation".

Et c'est surtout cette ambiance de petit village où tout le monde garde un oeil sur tout le monde, et où le moindre fait est colporté, interprété, déformé ; qui est effrayante.

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Il y a des personnes, des personnalités qui vous font un effet désagréable lorsque vous les voyez, les écoutez. Un effet qui fait que vous ne les appréciez pas beaucoup. Cet effet je le ressens avec F.Aubenas quand je la vois ou l'entends en interview. Ouais...bof ! En revanche, j'apprécie vraiment ses livres, son travail journalistique. Cela peut paraître contradictoire...

J'ai particulièrement aimé le quai de Ouistreham entre autre. Alors quand on m'a prêté L'inconnu de la poste, je me suis plongée dedans avec grand intérêt.

Gérald Thomassin est un jeune acteur promettant en 1991 quand il remporte le César du meilleur espoir masculin pour le film de Doillon La Petit criminel...Sauf que Gérald Thomassin est plus qu'un pauvre gosse, il connait depuis la naissance la misère sociale, les carences éducatives, les mauvais traitements, les agressions sexuelles, les foyers de la Ddass etc...Et pourtant il se révèle un acteur sincère et vrai. Mais il n'a pas la force de la résilience comme son frère Jérôme. Et malgré ce talent, il sombre, sombre. C'est lent et dur pour lui.

Il arrive à Montreal-La-Cluse dans le Haut-Bugey à côté de Nantua, dans la plastic valley pour se retaper. Rien n'y fait il dérive toujours autant au point de se retrouver renvoyé devant les assises pour le meurtre de Catherine Burgod, la postière de Montréal.

Le meurtre se déroule en 2008. 10 ans d'enquête, de garde à vue, de renvoi de Thomassin et d'un autre gars, Nain, alors que le dossier est faiblard. L'intervention du cabinet Dupond-Moretti pour le sauver. Et puis, l'histoire de Montréal, des habitants, de Catherine, des nouveaux amis de Thomassin Rambouille et Tintin etc...

Florence Aubenas nous propose un fait divers particulier car impliquant un acteur, cabossé et totalement à la dérive, mais un acteur.
Elle sculpte finement le parcours de Thomassin, elle restitue avec réalisme la vie de Montréal, elle dresse avec intelligence et sensibilité le portrait des habitants dont le premier celui de Catherine.

Ce n'est pas un banal livre de journaliste sur un fait divers. C'est une vraie chronique sociale et socio-économique qu'elle nous livre. C'est justement écrit, sans chichis ni effets de manche. La conclusion, brutale, est bien amenée.

Vraiment à lire....
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Florence Aubenas nous retrace le parcours de Gérald Thomassin de son arrivée à Montréal-la-Cluse à sa disparition mystérieuse en parallèle de l'enquête sur le meurtre de Catherine Burgod dans le petit bureau de poste de ce petit village.
Elle dissèque les éléments du dossier, les relations des protagonistes, les suspicions, les cancans, ... Elle établit le portrait robot de ce village mais, comme pour la justice, le résultat final est toujours en suspens : qui a tué la postière ?

Cette enquête minutieuse est intéressante et fouillé mais parfois trop long à mon goût.
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"C'est peut-être bizarre mais, pour autant que je sache, on n'a jamais assassiné quelqu'un parce qu'il était trop parfait ! Dieu sait pourtant que la perfection est exaspérante." dixit Agatha Christie dans Meurtre en Mésopotamie, que j'ai lu en même temps que L'inconnu de la poste de Florence Aubenas.

Quel rapport entre un roman policier qui se passe en Irak dans les années 1930 et une enquête journalistique de plusieurs années dans la France du début du vingt-et-unième siècle ?
Le portrait de la victime, une belle femme dépressive que tous semblaient aimer et apprécier; la recherche du coupable parmi les "étrangers" et surtout la description d'un microcosme exotique, qu'il soit un camp de fouilles archéologiques près de Ninive ou Montréal-la-Cluse, une petite ville du Jura français, perdue entre Lyon et la Suisse.

Florence Aubenas excelle a décrire par petites touches impressionnistes une France profonde, où l'assassinat de la postière Catherine Burgod n'aurait jamais attiré l'attention des médias nationaux si le suspect principal, Gérald Thomassin, n'avait été un acteur césarisé pour son premier rôle dans le Petit Criminel de Jacques Doillon en 1991. Né en banlieue parisienne, enfant de la Ddass, passant de la célébrité à la marginalité, entre alcool et drogue, résidant en face de la poste de Montréal-la-Cluse depuis un an au moment de l'assassinat, Thomassin fait figure de coupable idéal, même s'il clame son innocence.

Si, dans le roman, Hercule Poirot résoud l'énigme en quelques jours, dans la réalité, l'enquête piétine malgré les moyens techniques et humains mis à disposition de la justice pendant plus de dix ans.

Florence Aubenas écoute et se retient de porter des jugements de valeur. Elle constate seulement que, malgré les rapides progrès technologiques qui ont transformé le pays dans la seconde moitié du XXème siècle, la mentalité dans les petites villes n'a pas tellement changé. L'étranger, qu'il vienne de Paris ou d'Alger, demeure un inconnu, qu'on peut accuser de toutes les fautes, même s'il n'a souvent que le tort de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
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Florence Aubenas a dû vouloir faire comme Ivan Jablonka avec "Laëtitia" écrire un livre sur un fait divers sordide et qui plus est, peut être commis par un ancien acteur Gérald Thomassin qui a disparu corps et bien le jour de son ultime procès.
Nous suivons donc cet acteur dans sa vie plus ou moins raté, dans le petit village de Montréal la Cluse, la vie paisible qui y régnait jusqu'au meurtre atroce de la postière. S'ensuit l'enquête, les enquêtes successives, les doutes, le regard négatif porté sur Gérald qui fait le suspect parfait par son comportement et sa disparition soudaine.
On ne connaîtra jamais l'assassin de cette postière, les motivations de celui-ci ni la raison de la disparition de l'acteur, s'il a rencontré une mauvaise personne au mauvais moment ou s'il s'est suicidé ou évaporé dans la nature.
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Un fait divers dans un bled paumé, un désigné coupable tout aussi paumé.
Aubenas retrace l'itinéraire de cet enfant terrible du cinéma français, de sa jeunesse entre un père absent, au sens littéral du terme, une mère déglinguée et les placements en foyers et familles d'accueil, dont une dans laquelle son frère et lui subiront des violences sexuelles.
On a connu meilleur jeu de carte pour entrer dans la vie et pourtant, le destin va se faire pardonner ses erreurs sous la forme d'un casting sauvage qui mènera Gérald Thomassin aux sommets de la gloire. On se dit que là c'est bon, l'est sauvé le gamin et pourtant comme tant d'autres enfants stars, Thomassin sombre dans les addictions, se marginalise, il atterrira pour une mise au vert à Montréal la Cluse mais même un bled perdu du fin fond de l'Ain possède ses âmes perdues et Thomassin se rapprochera rapidement des 3-4 marginaux du coin.
Jusque là, ça va pas trop mal entre alcool, dope et RMI, c'était sans compter sur l'assassinat de la postière et Thomassin il habite juste en face, et Thomassin c'est un marginal alors hein ces gens là...et Thomassin quand il a bu, c'est à dire tout le temps, il raconte un beau paquet de conneries, suffisamment pour que tous les soupçons convergent vers lui.

Aubenas retrace aussi la vie de la victime et de ses proches, entre père fou de douleur, ex amants et copines de virées. Une vie ordinaire dans un village ordinaire avec des gens ordinaires, bref un coin chiant à mourir que la plupart des ses habitants ne pense qu'à quitter pour une vie extraordinaire ailleurs.

On suit le travail de la justice, ses hésitations, ses égarements, ses erreurs jusqu'au rebondissement final qui devrait conduire Thomassin vers un blanchiment sauf que Thomassin, il est perdu, littéralement, on sait plus où il est, disparu, envolé, il devait rejoindre Aubenas à Lyon, il a bu l'argent du train, s'est embarqué sans billet et la dernière trace de lui s'arrête à Nantes, où il n'avait rien à faire et ne connaissait personne, on est en août 2019 et il n'a jamais été revu, ni mort ni vivant, depuis cette date.
Un livre intéressant, du bon travail d'investigation, du Aubenas quoi!


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