« Tout y est, un vrai film d'horreur. » page 193. On ne saurait dire mieux. Halloween Night, le Manoir, joue des codes du genre « groupe d'adulescents en goguette dans un manoir pour se faire peur ». On croit deviner que l'auteur a écrit avec une jubilation rare, la même qu'on a eue à le lire. Quel humour ! du second degré qui nous laisse au trente-sixième dessous tant on est bluffé.
Alors oui, on confirme, tout y est. le manoir, la forêt, le cimetière abandonné, le week-end d'Halloween, la planche Ouija, les coups d'oeil sous le lit, les autochtones inquiétants – et les poupées, bravo ! - comme le groupe de jeunes gens tellement archétypés ! On se surprend à prendre les paris. Alors qui va y rester en premier ?
Longtemps il ne se passe rien – ah si, on joue au billard, on dîne, on se chambre, on s'ébat (beaucoup) – et alors ? L'atmosphère est là, on s'installe bien sur la banquette de la voiture chromée comme au drive-in, on écoute la bande-son du juke-box, qui apporte un vrai plus, et l'histoire d'ados américains bien dans leurs baskets (enfin presque) qu'on suit dans les deux premiers tiers enfin bascule dans la "terreur". Cris d'effroi et rires d'enfants, bruit de tonnerre, procession satanique ; on a beau savoir que c'est « pour du rire », on se surprend - encore - à sursauter.
Un roman de genre est toujours une gourmandise un peu coupable, ici elle est totalement décomplexée. L'auteur a une plume terriblement enlevée qui soutient un rythme survolté. En plus, il crée une vraie complicité avec ses lecteurs habitués à lire ses policiers « classiques ». Des références à la série River Falls et son héros Mike Logan, à son space opéra
La Chute des mondes.
On a tout aimé, jusqu'à l'épilogue piquant, digne de Chucky ou des Contes de la crypte, ultime clin d'oeil au genre. Un pastiche extrêmement réussi, aussi réjouissant que (gentiment) angoissant. le « 1 » écrit sur la couverture est de bon augure, on a hâte d'en lire d'autres. On prévoira le pop-corn, cette fois.
Merci à NetGalley.