"Cet échange de lettres, par suite de la réunion de certains des correspondants et de la séparation intervenue entre les autres, ne pouvait, au grand détriment des recettes de la poste, se continuer plus longtemps."
Mais le rôle que doit jouer la raison est souvent trop tardivement reconnu par les personnes de ma sensibilité.
« La moitié du monde n'apprécie pas ce qui amuse l'autre moitié. »
Les intentions de Lady Susan sont évidemment celles d'une coquetterie sans bornes ou d'un désir d'admiration universelle.
Humilié comme il l'est à présent, je ne peux lui pardonner une telle manifestation d'orgueil, et je me demande si je ne devrais pas le châtier en le congédiant sur-le-champ après la réconciliation que voilà, ou encore en l'épousant et en le faisant enrager toute la vie.
J'en appelle, ma chère Alicia, à vos félicitations : je suis, pour ma part, joyeuse et triomphante ! Quand je vous ai écrit, l'autre jour, j'étais véritablement très irritée, et ce, non sans avoir de bonnes raisons de l'être. Je ne sais même pas si je puis me sentir tout à fait tranquille à présent, car rétablir la paix m'a coûté plus de peine que j'avais l'intention d'en prendre... A cause de son caractère, aussi, qui résulte d'un prétendu sens supérieur de l'intégrité et se révèle particulièrement insolent ! Je ne lui pardonnerai pas non plus facilement, je vous l'assure. Il était bel et bien prêt à quitter Churchhill !
Il y a un plaisir délicat à réduire l'insolence, à faire en sorte qu'une personne qui avait d'avance résolut de vous détester reconnaisse votre supériorité.
L'ingénuité n'aboutira jamais à rien en amour, et une fille est d'une niaiserie sans remède qui est ingénue par nature ou par affection.
Un petit joyau, petit par la longueur du texte qui fait se succéder des lettres entre les divers personnages, mais un joyau tant les phrases de Jane Austen sont ciselées. On se surprend parfois à relire certaines d'entre elles pour être sûr de les bien comprendre. Les caractères sont décrits avec une acuité et une précision sans égales et les tournures parfois ampoulées mais toujours littéraires n'empêchent pas les personnalités d'être pour certaines d'entre elles repoussantes et leurs idées condamnables.
« Bien que dépourvue de tout talent de société, elle est loin d’être aussi ignorante qu’on pourrait s’y attendre, car elle aime la lecture et passe parmi les livres l’essentiel de son temps. Sa mère lui laisse plus de liberté qu’au début. Je m’arrange pour qu’elle soit avec moi autant que faire se peut, et je me suis efforcée de surmonter sa timidité. Nous sommes de grandes amies. Quoiqu’elle n’ouvre jamais la bouche en présence de sa mère, elle parle suffisamment quand nous sommes en tête à tête pour qu’il apparaisse clairement que, si Lady Susan s’y prenait bien avec elle, Frederica ne manquerait pas de produire une impression beaucoup plus favorable. Il n’y a plus doux, plus aimant, on ne voit pas de manières plus obligeantes, lorsqu’elle n’agit pas sous la contrainte. Ses petit cousins sont tous entichés d’elle. »