J'avoue avoir abordé ce roman avec énormément d'appréhension. D'abord je crois ne pas trop aimer les romans psychologiques, encore que je ne sache pas vraiment ce qu'on peut qualifier ainsi… Et puis j'avais vu le début du film lors de mon adolescence et je l'avais trouvé d'un ennui mortel. Enfin il y a cette unanimité parmi les lecteurs et on se dit, on espère qu'on ne va pas passer à côté de cette histoire, parce que quand même c'est impressionnant, cette belle unanimité. Même si on prétend ne pas se laisser influencer, de garder son libre arbitre, même si ce ne serait pas la première fois que je serai à contre-courant. Avec une note de 4,38/5 (sur 7945 votes) on a un tantinet la pression.
C'est vrai qu'au début j'ai dû m'accrocher pour rentrer dans le roman. Faut dire que
Jane Austen ne nous épargne rien, toilettes et attelages, goûters et dîners, bals, parties de cartes ou de loto où les commérages et les spéculations sur la fortune des uns et des autres vont bon train, bref elle plante parfaitement le décor entre futilités et médiocrité des salons de la petite aristocratie anglaise du XIXe siècle. Bon pas vraiment ma tasse de thé. Mais toute cette unanimité, il fallait que je m'accroche.
Fort heureusement apparait assez vite notre héroïne, Elizabeth, d'une intelligence brillante et d'un esprit tout à fait indépendant et libre. Forcément on se dit qu'avec une fille pareille il va y avoir du sport. Et c'est vrai qu'Elizabeth est un véritable trouble-fête dans cette société bien-pensante, ce qui n'empêche pas son cousin, riche et stupide, d'en tomber éperdument amoureux (la stupidité du dit-cousin y est probablement pour beaucoup). La scène de sa demande en mariage est irrésistible de drôlerie, et dès lors, vous êtes mordu et vous ne lâchez plus le bouquin. Ouf, je sens que je vais rejoindre l'unanimité.
La suite du roman est juste délicieuse et se savoure avec jubilation. Austen réussit à faire passer Mr Darcy, le véritable héros masculin, de la figure du petit noble désagréable, vaniteux et mesquin au plus charmant parti, sensible et charitable en une centaine de pages, tout en finesse et en subtilité. On se laisse entraîner, emporter au fil des pages, tout comme Elizabeth.
Le tout est drôle (eh oui j'ai ri, et de bon coeur) et intelligent, et c'est un véritable plaisir qui s'amplifie au fil de l'histoire. Un véritable coup de maître. Merci Miss Austen.