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3,97

sur 2045 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Marco Stanley Fogg est étudiant à Columbia. Il a perdu sa mère très jeune, et c'est son bien aimé oncle et tuteur Victor qui le quitte à son tour, laissant le jeune homme définitivement orphelin. Il doit désormais se débrouiller seul, et contre toute raison, décide sciemment de ne pas travailler et d'utiliser jusqu'à son dernier cent, dilapidant l'héritage de son oncle avant d'être mis à la rue. Cette décision mettra sa vie en danger, mais lui apportera surtout des réponses inespérées dans sa quête d'identité...

C'est une histoire touchante que celle de M. S. Fogg. Paul Auster distille au fur et à mesure les éléments de son intrigue, maîtrisant avec brio et une intelligence sensible le destin de ce jeune adulte pas aidé par la vie. Les mises en abyme sont nombreuses, l'histoire familiale revient tristement en résonnance, comme si le boomerang du destin n'en avait jamais fini avec le narrateur. C'est une histoire vive, marquante, puissante, souvent triste, où la mort se montre sinistrement répétitive et privative. C'est à travers l'histoire de trois hommes, de trois générations différentes, que l'héritier finira par se construire, après avoir été brisé par la vie à de nombreuses reprises.
Il n'est finalement pas aisé de raconter ce livre, cette fresque familiale. On vit l'histoire, cette dernière respirant en écho à travers nous et ainsi ne pouvant que nous émouvoir. Paul Auster utilise les mêmes procédés narratifs qui lui sont chers (à savoir raconter l'histoire de quelqu'un dans une autre histoire, se servir de l'art - ici la peinture - comme socle indéfectible d'une destinée, inscrire le livre et l'écriture comme des richesses et accomplissements personnels voire comme moyens de catharsis), mais qui traduisent également son succès, d'où certaines ressemblances avec d'autres lectures austeriennes. Mais le plaisir de lecture reste présent, le style fluide et accrocheur s'avère toujours agréable.
L'auteur insiste sur l'importance des choix que l'on fait et des conséquences qu'ils ont sur la vie de chacun, tout en mettant en parallèle les notions de hasard, coïncidence et signes du destin (la lune). Si Fogg n'avait pas fait un choix totalement irrationnel et irresponsable, il n'aurait jamais rencontré son grand-père, et à fortiori son père. La magie d'Auster opère, car rien n'est jamais trop gros, les rebondissements restent naturels. L'un de ses meilleurs romans.
A lire, sans conteste.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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C'est mon second roman de Paul Auster et sacrebleu quel virtuose de l'écriture ! Un style reconnaissable entre tous avec une manière toute particulière de disséquer les situations et les individus.
Les descriptions sont magiques quand M.S. Fogg explique à Thomas Effing, (malvoyant ou pas), ce qu'il aperçoit pendant leurs promenades de l'après-midi. C'est en cela presque un manuel pour devenir écrivain tant il s'applique à décrire sa progression pour dépeindre chaque détail minutieusement.
C'est un roman incroyablement intelligent, avec beaucoup d'humour et de poésie. Et M. S Fogg est tellement bienveillant. Même clochard, il nous fait encore rêver.
Au cours des péripéties de T. Effing ex-baroudeur, on croise Blakelock, peintre et Nikola Tesla, inventeur-ingénieur. Il n'y a plus de différence entre la réalité et la fiction, T. Effing raconte-t-il la vérité ou sa vérité, nul ne le sait.
C'est également un roman sur les coïncidences de l'existence.
J'ai un peu moins aimé la dernière partie avec Salomon Barber mais il est incontestable que désormais Paul Auster peut me compter parmi ses fans.

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Une écriture magique, une histoire abracadabrantesque et fabuleuse, pleine de larmes de joie et de tristesse, des personnages incroyables et géniaux, décrits avec finesse et une foultitude de détails qui font qu'on a plus qu'à fermer les yeux pour les voir dans toute leur splendeur (Ah, Kitty...), bref, vous ne pourrez pas rester insensibles devant de chef d'oeuvre qui vous laissera un souvenir radieux et impérissable.

Lisez-le je vous dis!
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Difficile de formuler une critique à chaud de ce livre intelligent ; ce long récit est en fait le parcours initiatique d'un jeune New-yorkais qui connecte progressivement ses traumatismes passés en rencontrant des personnes qui vont lui révéler le sens profond de son mal être. Vivant une quête dans laquelle il perd beaucoup de choses matérielles, il va vivre une aventure personnelle qui le mènera sur les traces des pionniers américains.
Le style sensible de Paul Auster est également fait pour nous émouvoir, nous emmener, par de longues digressions, vers de vraies fausses pistes, à moins que ce ne soit le contraire, et des aventures aussi improbables que révélatrices. Les personnages sont peu nombreux et très soigneusement caractérisés, le récit globalement linéaire, ce qui en fait une lecture à la fois puissante et facile.
Mon premier Auster, sûrement pas le dernier !
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À la mort de son oncle, qui était son seul parent, M.S. Fogg désespéré et en perte de repères se consacre à la lecture de la myriade de livres qu'il lui a légué quelques temps auparavant et qui lui servaient jusqu'ici de mobilier dans son modeste logement d'étudiant. le mobilier fond, les économies aussi et tandis qu'il fait ainsi ses adieux à l'être aimé, notre héros se dirige vers une expulsion certaine. Persuadé qu'accepter cet état de fait le mènera au plus près des secrets de l'univers, M.S. se laisse glisser dans une vie de misère. D'aventures en rencontres,comme à la lueur envoûtante d'une Lune discrète mais omniprésente, des êtres, des pensées et des révélations extraordinaires jalonneront sa route jusqu'à rendre à l'homme aux milles morceaux à la dérive son identité complète.
Ce roman aux allures de poupées gigognes réserve autant de surprises que de personnalités remarquables dont on savoure la découverte.
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Moon palace croise différents parcours de vie, en apparence dissemblables, mais pas tant que ça.

Dans un premier temps, nous plongeons dans la vie de MS Fogg. Parcours familial chaotique, orphelin de bonne heure, élevé par son oncle musicien. Lorsque celui-ci décède, il lui lègue ses biens livresques et sa clarinette, un peu d'argent, mais cela ne suffira pas à le faire vivre bien longtemps. Refusant de travailler, Fogg plonge dans la marginalité et devient SDF à Central Park. Sauvé par deux amis de justesse, il reprend des forces puis trouve un poste de garde malade auprès d'un vieil handicpé excentrique, Thomas Effing.

Nous voilà plongés cette fois dans une autre vie, un autre parcours particulier, que nous dévoile celui qui l'a vécu lors de la préparation de sa notice nécrologique. Oui, on n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Mais qui est vraiment Thomas Effing? Combien de vie a-t-il eu? Son parcours de peintre dans le désert américain le conduit aussi au seuil de la mort, dans un décors de western. ''Mieux valait qu'on le croit mort, lui aussi, car au moins son honneur serait sauf, et personne ne saurait à quel point il s'était montré faible et irresponsable. C'est à ce moment-là que Julian Barber a été oblitéré".

Le parcours réel de vie de ces deux hommes est différent, mais le parcours psychologique de ces deux blessés de la vie se rejoint. Central Park pour Fogg est le désert d'Effing, où ''le seul lieu où vous existez vraiment est dans votre propre tête". de Julian Barber à F-ing Thomas, il n'y a qu'un bon de quelques mois, lourd de conséquences.

MS Fogg fini par apprécier ce vieil homme au caractère si insupportable. car malgré cette différence de génération, le lien du sang est le plus fort.
Pourquoi?
Non, je ne vous dirai pas tout. A vous de lire.

Sachez que dans cet ouvrage, Paul Auster se fait le champion de la quête d'identité et des coincidences qui n'en sont pas. Il faut avoir un vécu pour être en mesure de rassembler les morceaux du puzzle de la vie.Quitte à changer de direction et à prendre un nouveau départ, comme Fogg.

C'est le premier livre de Paul Auster que je lis, et il faut vraiment se plonger dedans, être attentif aux personnages, à leur ressenti, à leur psychologie. Une lecture décousue ne permet pas de comprendre l'histoire dans sa globalité. J'ai passé un très bon moment avec cet ouvrage, car c'est aussi, à travers le parcours de ces deux hommes, un livre riche en réflexions sur la société. Plusieurs décennies sont survolées, permettant à l'auteur d'aborder aussi bien les arts et la société dans les années trente, que d'apporter des réflexions sur Hiroshima et le progrès.

Un grand bravo pour la psychologie des personnages, mais aussi pour certains passages de la vie d'Effing, pleins d'humour.
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Un superbe roman !!!
Ce jeune adulte qui s'assèche et se nourrit de ses deuils, ce jusqu'au-boutisme dans la désespérance, et tel un Sphynx, sa reconstruction qui succède à la déconstruction brutale de la "vie d'avant".
Tous les personnages sont non seulement attachant, mais aussi d'une très grande richesse, et juste avec ce "léger décalage" qui en fait, comme on dit, des personnages de roman.
C'est un livre sur l'initiation, sur la tolérance, sur le respect, c'est aussi un livre d'amour aux autres, à la vie.
Ici, on ne transige pas avec la violence des sentiments, ni avec leur richesse.
C'est l'aventure d'une métamorphose, de déchirements en renaissance.
C'est un très beau moment de lecture
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Marco Stanley Fogg vit à New York dans un appartement dont il paye le loyer en vendant les livres que lui a légué son oncle. La bibliothèque épuisée il en est réduit à vivre dans Central Park. Par chance son ami David va l'aider. Il va même se mettre à travailler avec un homme étrange pour remercier David de son aide. Mais bien sûr tout ceci est accessoire, Fogg va partir surtout à la recherche de son père, cette quête d'identité permanente chez Auster. En suivant les pas de Fogg et ses amours ce sont pas moins de trois générations que nous allons remonter. Véritable roman d'initiation, c'est un des meilleurs romans d'Auster selon moi.
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Il y a cette lune que viennent de découvrir les astronautes et qui va faire couler beaucoup d’encre, susciter l’enthousiasme des médias, mais qui n’effacera jamais la lune intemporelle et symbolique, porteuse de rêves, d’espoirs qui mènent parfois à la déréliction ; car il arrive aussi souvent que le rêve débouche sur un réel âpre et décevant qui ressemble à s’y méprendre à ces étendues désertiques photographiées par les Américains.
Le héros Marco Stanley Fogg est marqué par le destin : un père dont il ignore même le nom, une mère célibataire qui meurt accidentellement écrasée par un autobus et un oncle musicien Victor qui l’élève, sans avoir vraiment la vocation de père. Il disparait à son tour brusquement, victime d’une crise cardiaque.
Marco se retrouve seul dans un studio, assis sur des caisses de livres léguées par son oncle dont il va se servir comme meubles. Peu à peu, la misère le conduira à les vendre un à un, non sans les avoir lus par fidélité à Victor. Cette scène résonne très fortement pour le lecteur : elle est comme un clin d’œil qui annonce les dessous d’un récit initiatique. Les livres parlent de la vie, mais ils ne remplacent pas la vie ; chacun doit se confronter au réel et faire sa propre expérience.
Paul Auster avec une maitrise incroyable nous plonge dans la psychologie du personnage et décortique toutes les étapes de sa descente aux enfers : recherche d’un sens à son existence qui va l’amener à s’abandonner lui-même et à devenir SDF ; une rage de vivre qui s’inverse en fascination pour la mort et qui sera d’ailleurs le fil rouge qui le reliera à tous les gens qu’il va rencontrer par la suite constituant déjà comme le signe d’une véritable et authentique parenté. Il sera confronté à un vieil homme Thomas Eiffing paralysé et rongé d’amertume, à Salomon Barber qui va noyer son désespoir dans l’obésité. Il n’y a qu’une exception, Kitty, celle qui sans doute représente la vie…
On est happé par ce récit, fasciné par le personnage, et on veut savoir à tout prix ce qui va lui arriver...
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Moon palace
Paul Auster (né en 1947)
Avec de tels noms et prénoms prédestinés, Marco Stanley Fogg ne pouvait qu'être un grand voyageur. Rappelons nous Marco Polo, premier européen à se rendre en Chine, Stanley qui retrouva la trace de Livingstone, et enfin Phileas Fogg du Tour du monde en 80 jours.
1965 : Fogg, jeune étudiant orphelin de mère et abandonné par un père qu'il n'a pas connu, élevé par son oncle Victor (dont il héritera de la bibliothèque composée de 1492 ( !) livres), arrive à New York dans un appartement sordide. Il est sans ressource ou presque. Il vend les livres de son oncle au fur et à mesure qu'il les lit.
Fogg devient un voyageur pas ordinaire qui va faire des rencontres pas ordinaires pour un récit d'une grande richesse de lieux et de couleurs et pour un voyage initiatique conséquemment.
Fogg a un penchant pour l'errance et la rêverie avec des emballements soudains et de longues torpeurs, traits de caractères qui vont lui nuire sans que cela le désespère vraiment.
Frappé peu à peu d'un nihilisme haussé au niveau d'une proposition esthétique allant jusqu'à l'effondrement et la déréliction, il veut faire de sa vie une oeuvre d'art, se sacrifiant à ce paradoxe raffiné : chaque souffle de vie doit le préparer à mieux savourer sa propre fin.
Sans aucune ambition et ressentant un désintéressement total pour l'argent, Fogg découvre avec délectation les avantages cachés que recèle chaque privation et la seule action de ne rien faire lui paraît considérable, laissant s'écouler les heures dans l'oisiveté la plus totale sans aucun scrupule. Par ailleurs, Américain, il est convaincu d'être la preuve vivante que le système a échoué et que le pays béat et suralimenté de l'abondance se lézarde enfin.
Tout de même, il est un homme avec ses pulsions et il rencontre Kitty Wu, une belle chinoise :
« Elle avait de jolis seins qu'elle arborait avec une admirable nonchalance, sans les exhiber ni faire semblant qu'ils n'existaient pas. »
le restaurant chinois du coin de la rue donne le titre au livre : Moon Palace, dont l'enseigne lumineuse rose et bleue attire régulièrement le regard de Fogg.
Fogg a un ami en la personne de Zimmer qui finit par l'héberger, un petit homme nerveux et un peu raide, étudiant comme lui, brillant et consciencieux et partageant la même passion que lui pour les livres obscurs et oubliés, poète à ses heures.
Et puis il y a la rencontre avec Effing, un homme difficile, handicapé, aveugle semble-t-il, caractériel : Fogg se met au service de cet homme afin d'avoir quelques revenus. Il le promène, lui fait la lecture et la conversation. La tâche la plus ardue est celle de décrire le monde pour Effing , aveugle sans doute, et qui demande la perfection dans le détail.
Fogg ne sait pas encore quelles surprises lui réserve cette rencontre ainsi que celle de Barber, le fils de Effing.
En attendant, Effing lui demande de prendre note de tout ce qu'il va lui raconter concernant sa vie, réelle ou inventée, en vue d'une note nécrologique. Une double vie avec une mort et une nouvelle identité. Avec Effing, on ne parvient jamais à faire la part du vrai et du faux.
Un roman absolument étonnant, d'une très grande richesse de thèmes, allant de la recherche d'identité à la valeur de la solitude. Un livre passionnant malgré quelques longueurs.
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Moon Palace

L'histoire se passe principalement :

Sur la Lune
à New-York
Dans un Palace
En Birmanie

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