Cet avis porte sur l'entièreté des aventures de Garulfo ; que j'ai découvert en partie grâce à "De Cape et de Crocs" du même scénariste
Alain Ayroles.Car il faut bien le dire, si "De Cape et de Crocs" est devenu un véritable classique de la BD et s'est fait une place au soleil à côté des plus vénérables oeuvres du Neuvième Art, "Garulfo" est resté légèrement plus en retrait et c'est bien dommage tant l'on passe un bon moment. Et ce alors que les deux séries ont débuté en même temps.Pour la faire simple, il nous est raconté l'épopée d'une grenouille, Garulfo, (mâle c'est important de le souligner) déterminée à dépasser sa condition de batracien pour devenir humain ; mais qui déchante rapidement face à la violence et l'injustice du monde des hommes.
Ceci alors qu'il se retrouve enfermé dans le corps d'un Prince et vice versa, et que le seul moyen pour briser le sortilège est de recevoir le baiser d'une authentique princesse.En tant que tel, on pourrait avoir le sentiment de se retrouver face à du très classique,
et l'histoire ne présente effectivement pas de renversements scénaristiques, mais c'est l'arbre qui cache la forêt ; car tout le long de son aventure
Alain Ayroles va prendre un malin plaisir à revisiter et pasticher, à grand coup de baguette, les classiques du contes pour enfants !Car oui, nous évoluons bien dans un monde moyenâgeux composé de trois royaumes allant du Bas Moyen-Age à la Renaissance, et fait de fées, de roi et de chevaliers...mais leur caractère et leur prestance a été "légèrement" retravaillé!
On ne dira quand même pas qu'ils sont plus réalistes mais les protagonistes perdent en noblesse d'âme ce qu'ils gardent en noblesse de rang. Ici le respect de son prochain est un concept inconnu et, plus intéressant, on ne prend pas de gants pour dire les choses ; et à ce petit jeux, difficile de départager le Prince déchu Romuald de la nonne Noémie ou encore de ce bon vieux Roi de Brandelune.On ne compte plus les "punchlines" assénées à tout va et au langage délicieusement fleuri ; et si cela va à l'antithèse des pratiques lunaires dans "De Cape et de Crocs", on retrouve bien ici la patte Ayroles. Et ce d'autant plus que c'est chez la grenouille Garulfo, devenue humaine, que l'on retrouve le langage le plus noble.On note également une évolution positive du dessin de
Bruno Maïorana, entre le premier tome et les suivants, notamment pour le visage de Garulfo
ou de Romuald à choisir.
Les décors fourmillent de détails et les arrières-plans ne sont pas en reste
je pense notamment à la poursuite entre le lapin et le renard dans le tome trois ou la présence au tournoi de l'ours vu dans le premier tome et devenu borgne, la faute à une fichue fourchette!. En résumé une lecture vraiment agréable, et je remercie encore l'auteur pour ce moment incroyable qu'il m'a offert avec le monologue du Roi de Brandelune !