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« Mes réflexions me déterminent sur les problèmes de la vie. J'analyse les décisions qui orientent notre devenir. J'élargis mon opinion en pénétrant l'actualité mondiale.
Je reste persuadée de l'inévitable et nécessaire complémentarité de l'homme et de la femme.
L'amour, si imparfait soieil dans son contenu et son expression, demeure le joint naturel entre ces deux êtres. »

Une si longue lettre - une lettre qui dénonce la vie des femmes au Sénégal dans les années 70.
C'est vraiment très bien écrit

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Dans ce roman épistolaire, Ramatoulaye, après la mort de son époux, rédige une longue missive à son amie Aïssatou pendant sa période de deuil. Dans cette dernière, elle aborde, entre autres, leur enfance, leur adolescence en tant qu'étudiantes naïves, leur vie de femmes mariées, leurs enfants. Elle traite aussi de la condition des Sénégalaises. Elle parle également de la polygamie, de la religion et du patriarcat au Sénégal.
C'est un court texte de 168 pages dans mon édition. Mais quelle profondeur! Quelle puissance ! Quelle poésie ! J'ai été bouleversée par cette lettre et par la plume de Mariama Bâ. J'ai ressenti toute la douleur de Ramatoulaye le jour où son mari Modou Fall épouse une femme beaucoup plus jeune, une amie de sa fille, après lui avoir donné douze enfants et lui avoir consacré vingt-cinq ans. J'ai vécu son désespoir lorsque son homme rompt tout contact avec elle alors qu'elle l'aime encore.

Je pleurais tous les jours.
Dès lors, ma vie changea. Je m'étais préparée à un partage équitable selon l'Islam, dans le domaine polygamique. Je n'eus rien entre les mains.
Mes enfants qui contestaient mon option me boudaient. Face à moi, ils représentaient une majorité que je devais respecter.
-Tu n'es pas au bout de tes peines, prédisait Daba.
Le vide m'entourait. Et Modou me fuyait. Les tentatives amicales ou familiales pour le ramener au bercail furent vaines. Une voisine du nouveau couple m'expliqua que la « petite » entrait en transes chaque fois que Modou prononçait mon nom ou manifestait le désir de voir ses enfants. Il ne vint jamais plus ; son nouveau bonheur recouvrit petit à petit notre souvenir. (p. 88-89)

J'imagine que beaucoup de femmes ont vécu cette situation dans différentes communautés. Je trouve remarquable de mettre en lumière ces épouses reléguées à l'ombre, au vide, au néant.
Assaïtou, contrairement à Ramatoulaye, a décidé de divorcer de Mawdo, son mari, lorsqu'il épouse une femme plus jeune. Deux femmes, deux destins, deux chagrins, deux vies dans cette société coranique qui détermine le sort des uns et des autres au nom de l'appel de la jeunesse, du désir, ou encore du respect de l'autorité. Les femmes n'ont aucun droit. Elles subissent.

De plus, j'ai adoré l'écriture poétique de Mariama Bâ. J'ai adoré ses descriptions des sentiments et des valeurs habitant ses personnages (la dignité, la nostalgie, la sensibilité, le respect, le sens de l'amitié, l'amour, le don de soi). de plus, j'ai été charmée par celles sur le Sénégal.

Les baobabs tendaient aux cieux les noeuds géants de leurs branches ; des vaches traversaient avec lenteur le chemin et défiaient de leur regard morne les véhicules ; des bergers, en culottes bouffantes, un bâton sur l'épaule ou à la main, canalisaient les bêtes. Hommes et animaux se fondaient comme en un tableau venu du fond des âges. (p. 57)

Ses mots glissent jusque dans l'âme du lecteur et valsent avec ses émotions.
Je ne peux que vous encourager à lire ce merveilleux texte. C'est touchant, fort, humain.

https://madamelit.ca/2019/04/12/madame-lit-une-si-longue-lettre/
Lien : https://madamelit.ca/2019/04..
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on apprend beaucoup sur la condition féminine sénégalaise. un style fluide, sympa
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D'une écriture simple, sans prétention, douce et agréable, ce livre nous transporte dans un milieu familial et nous apprend beaucoup sur la culture sénégalaise.
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Écrit d'une plume douce et sage, une si longue lettre est un roman qualitatif qui traverse le temps. J'ai peine à croire que ce livre est écrit en 1979 combien les thèmes abordés sont (malheureusement) d'actualité. Et ceci marque l'intemporalité des mots et des maux !

J'ai pris plaisir à le lire, mais le plaisir de lire le maniement expert de la langue française et la justesse des mots pour transmettre un message qui brille du soleil de l'expérience. Pour si bien rappeler un combat qui me tient pourtant à coeur : celui de la femme.
Mais… Mais… cela ne m'a pas transpercé!
Euh oui, un peu déçu de ce roman beaucoup plébiscité.
Je n'ai pas eu de fil haletant sur lequel tenir jusqu'à la fin… et puis je me fais la réflexion, il ne s'agit pas d'une « histoire » mais d'une « lettre » qui en raconte, à son rythme.

Certainement à lire, #MariamaBâ s'érige en pionnière du féminisme avec le courage de dire des mots difficilement audibles dans un Sénégal des années 70
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C' est une oeuvre captivante qui explore les thèmes de l'amitié féminine, de la tradition et du changement social dans la société sénégalaise. À travers une série de lettres écrites par Ramatoulaye, l'héroïne principale, à sa meilleure amie Aissatou, l'auteur nous plonge dans la vie de Ramatoulaye après le décès de son mari.
Mariama Ba offre une perspective authentique et intime sur la condition des femmes dans une société patriarcale, mettant en lumière les luttes et les sacrifices auxquels Ramatoulaye est confrontée en tant que veuve et mère de famille. L'écriture est poignante et pleine d'émotion.
Elle aborde des questions universelles telles que l'amour, la perte, la maternité et l'émancipation des femmes. C'est un témoignage puissant de la force et de la résilience des femmes face à l'adversité.
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Est ce une lettre, envoyée à sa meilleure amie partie aux Etats Unis parce qu'elle n'acceptait pas les jeux malsains de sa belle famille , et l'intrusion d'une nouvelle épouse, plus jeune, bien plus jeune qu'elle ?Non.
Comment peut on raconter dans une lettre ce drame à celle qui l'a vécu ? Non, ce n'est pas du tout une lettre, ni courte, ni longue, c'est un récit.
L'héroïne, celle qui, supposons le, écrit une lettre à cette absente, nous raconte en fait à nous : le fait qu'après vingt cinq ans d'amour, son mari, aussi, s'est fait piéger par une amie de sa fille. Cela il y a 5 ans.

Bon, entre la polygamie séculaire des femmes des campagnes du Sénégal, et d'Afrique en général, qui s'entraidaient aux champs, qui avaient chacune « un jour »de visite du mari dans leur lit et chacune une case, qui élevaient leurs enfants ensemble, même si souvent les jalousies éclataient au grand jour, coutume séculaire et compréhensible vu les conditions difficiles de vie, entre donc cette polygamie et la polygamie vécue par les citadines de Dakar en 1979, ayant étudié, travaillant au dehors, trouvant un beau jour qu' une petite s'est adjugé le mari, il y a une vraie différence.

Lorsque ce mari abandonne la femme et les 12 enfants, pour vivre avec cette petite, que cette petite porte beau avec ses robes couteuses et ses voitures, et que de plus la légitime continue à financer les dépenses communes de son « couple » qui pourtant n'existe plus, lorsqu'elle se rend compte de l'argent dépensé pour l'autre, lorsqu'en plus elle doit partager l'héritage en part inégales, pas besoin de le préciser, nous serions les premiers à applaudir au divorce, comme l'a fait sa meilleure amie à laquelle elle « écrit », et comme ses enfants le lui conseillent.

Eh bien, non, et si ce livre a été considéré comme le drapeau du féminisme, là, je ne vois pas. S'il s'est « imposé comme une voix incontournable de la littérature africaine », je ne saisis pas non plus.
Quant au rejet de la polygamie, c'est comme si on demandait aux femmes d'aujourd'hui si elles ne voyaient pas d'inconvénient à ce que leur mari entretienne des jeunettes avec leur argent, parce que c'est d'argent dont il s'agit, pas des plaisirs partagés.

Donc, s'élever contre la polygamie ainsi que Mariama Ba nous la présente, paraît un peu enfantin. Car elle ne part pas, son héroïne, elle partage le deuil avec celle qui lui a capté son mari, comme une bécasse elle a même peur de se faire complètement plumer, et elle paye durant le deuil sa belle famille et celle de l'autre, elle paye, avec des phrases d'un autre monde « le meilleur d'une femme, c'est la propreté », donc, nous sommes tous d'accord, elle n'a rien à se reprocher, elle a nettoyé la maison, reçu la famille large de son mari, elle continue à élever ses enfants dont le dernier a 5 ans. Elle vit en réalité sans mari, mais ne pouvant se remarier. Bien sûr, mais il y a pire, dit elle : des maris alcooliques, violents, joueurs, et on peut aussi avoir une jambe de bois…..

Et puis j'ai relevé quelques incohérences dans une même phrase, peut être due à mon ignorance des coutumes de l'islam : son mari doit être inhumé dans le seul tissu permis, 7 mètres de percale blanche… puis ils le recouvrent de pagnes riches et sombres.
Elle refuse les propositions du frère du mari « mort et bien mort » dit elle, (comme si on pouvait être à moitié mort, mais passons) : « Ma maison ne sera jamais pour toi l'oasis convoitée »… et ajoute : « tu seras ici dans la propreté et le luxe, dans l'abondance et le calme. » Drôle de manière d'évincer un prétendant qui en veut à son argent.

Donc ceci n'est pas une lettre, n'est pas un pamphlet contre la polygamie, ni non plus une image un peu moderne de la femme libérée, c'est selon moi une réflexion sur les finances d'un couple, aggravé lorsque les vieilles coutumes machistes sont mélangées à la société de consommation. C'est de l'argent dont parle Mariama Ba.

Ce livre a été écrit presque 20 ans après l'indépendance, alors que le Sénégal n'était pas une colonie, mais une partie de la France, envoyant des intellectuels à l'Assemblée nationale( Blaise Diagne, Senghor)pays développé certainement , avec des écoles et des Universités crées 3 ans avant l'indépendance en 1960. En cherchant « polygamie au Sénégal », je vois que beaucoup d'intellectuelles choisissent, ou acceptent, d'être seconde épouse, bien sûr, comme ça on n'a pas à se mettre aux fourneaux chaque jour, on partage les assauts si assauts il y a ( permettez moi de douter, car toute cette sarabande repose sur la surpuissance des hommes. Bon, d'accord., je ne vais pas m'en plaindre.

Pour rester dans un climat positif, disons quand même que le seul intérêt d'« une si longue lettre » est d'être un des premiers à être écrit par une femme africaine. Et puis Mariama Ba a, elle, divorcé 2 fois, ouf !
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Notre narratrice utilise les jours de deuil de son époux pour écrire une longue lettre à sa meilleure amie, sa soeur même. Sur ses choix et ses zones d'ombre : avoir accepté par exemple la polygamie de son mari et non le divorce ; ne pas avoir refait sa vie, etc. Nous sommes en 1979, l'autrice vient nous présenter quelques traditions sénégalaises, et surtout ce qu'elle en pense. Ce sont de bien belles phrases sur la place de la femme, de la mère, sur l'éducation, sur le mariage. On comprend le succès de ce récit : il est touchant, et, il est presque de la poésie tout en douceur mais pas sans incidence.
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Je poursuis mes lectures sur le féministe avec Mariama Bâ, une romancière africaine, Sénégalaise et son roman épistolaire, Une si longue lettre publié en 1979, écrit en Français. La littérature Africaine est peu rependue dans les librairies française, les rayonnages sont minuscules, voire inexistants, Les veilleurs de Sangomar de Fatou Diome était mon tout premier roman d'origine africaine, une jolie écriture aux couleurs de ce continent, berceau de l'humanité. Ce livre est une référence en Afrique par sa portée inédite de présenter la femme au coeur de la société Africaine, cette parole nous permet de prendre l'importance du combat de certaine femme pour avoir ce droit d'être égalitaire à l'homme trop dominant, une Afrique ancestrale de us et tradition, comme ce veuvage, la polygamie des hommes, le pouvoir des parents sur le prétendant de leurs filles. Mais la femme africaine évolue dans l'air de son temps, s'instruisant, refusant la monarchie des parents, de ne pas être la seule femme de son mari, devenant indépendante. Mariama Bâ est née en 1929 au Sénégal, de tradition musulmane par l'éducation de ses grands-parents après la mort de sa mère, elle poursuit sa scolarité dans une école française puis diplômée de l'école normale en 1947, elle enseigne et devient inspectrice régionale, femme de neuf enfants, divorcée du député Obèye Diop, militante féministe, elle meurt en 1981 avant le sorti de son deuxième roman, Un chant écarlate.
La narratrice, Ramatoulaye écrit une lettre à sa meilleure amie, Aïssatou, les liants d'une amitié profonde depuis l'enfance,
« Nous, nous avons usé pagnes et sandales sur le même chemin caillouteux de l'école coranique. Nous avons enfoui, dans les mêmes trous, nos dents de lait, en implorant Fée-Souris de nous les restituer plus belles.».
Elle entame sa lettre par des évocations d'enfance avec la destinataire, l'expéditrice ensuite lui annonce la mort de son mari Modou Fall, se retrouvant en isolement, elle profite de ces 40 jours de deuil, selon la tradition islamique, pour lui écrire et lui narrer sa vie et ses interrogations. Cette lettre distille la vie des femmes africaines, surtout les sénégalaises à travers la narratrice, une femme de 50 ans, mère de douze enfants, devenu une coépouse, la polygamie étant de coutume avec les Sénégalais, ses souvenirs l'entraine de sa rencontre avec son époux, leur vies étudiantes et ceux de leur couple avec leurs métiers respectifs.
La femme Sénégalaise est le poumon de ce roman, sous les traits respectifs des différents personnages féminins, Mariama Bâ peint une femme en mutation, une femme prisonnière des coutumes, tiraillée avec la modernité qui éveille la femme à un statut identique à l'homme. Comme la polygamie des Sénégalais, le mari la narratrice, Modou Fall, en cachette va épouser Binetou une copine de Daba, sa fille issu d'une famille pauvre ou ndol pour habiter la villa SICAP avec sa mère, désertant sa première femme et ses enfants, la narratrice reste fidèle à sa vie, restant dans la villa Falène. Au contraire Mawdo Bâ, médecin, par la pression de sa mére, Tante Nabou (Seynabou Diouf) de sang royal du village de Diakho, va prendre une deuxième épouse, la petite Nabou, la fille de Farba Diouf, le petit frère de Tante Nabou; élevée et éduquée par sa mère, toujours en colère que son fils épouse Aïssatou, une fille de bas rang, elle se venge en manipulant son fils de lui faire plaisir , vue son vieil âge, d'épouser cette jeune fille modelée par cette mère castratrice, au idée ancestrale, ces coutumes d'un ancien temps,
« Sa tante ne manquait jamais l'occasion de lui souligner son origine royale et lui enseignait que la qualité première d'une femme est la docilité. »
Mais au contraire de son amie Ramatoulaye, Aïssatou refuse de devenir une coépouse et divorce de son mari, partant avec ces quatre fils aux États-Unis pour devenir indépendante et devenir interprète. Malgré l'éducation des deux femmes, toutes les deux professeures, l'une s'émancipe des traditions, l'autre reste malgré l'humiliation, mais refuse ses demandes en mariage après la mort de son mari, son coeur lui impose la raison, elle est devient indépendante.
Il y a beaucoup de personnages dans ce roman, représentant ce Sénégal de cette époque, les parents de la petite Binetou, pauvre, vendant sa fille à Modou pour accéder à un statut plus important par l'argent de leur beau-fils, sacrifiant l'avenir de leur fille, qui devra arrêter ses études. Daba Fall, a fille aînée de Ramatoulaye, elle est mariée à Abou, elle s'occupe de l'affaire de la villa SICAP et du professeur de Mawdo (Fall), elle est indépendante, son mari la respecte, participe aux taches, ce sont un couple moderne, bravant l'ancestralité des traditions.
Aïssatou Fall, la deuxième fille de Ramatoulaye tombe enceinte d'Ibrahima Sall, un étudiant boursier, tous deux poursuivent leurs études, mais la jeune lycéenne risque le renvoi à cause de sa grossesse, mais pas le père, c'est une disparité des inégalités entre les femmes et les hommes. La narratrice laisse ses enfants à leur libre choix, comme ses trois filles, toujours appelé le trio, fumant en cachette de leur maman, celle-ci se pose des questions sur leur éducation, les voyant à la sagesse d'une volonté moderne, disant « A nouvelle génération, nouvelle méthode ». Elle s'interroge beaucoup de cette modernité venu dans leur pays et de ces conséquences, comme le montre cette interrogation,
« le modernisme ne peut donc être, sans s'accompagner de la dégradation des moeurs ? ».
Un passage sur l'accident de ses deux fils jouant au football dans les rues de la ville, renversé par un cyclomoteur, sur le manque de terrain jeux pour les jeunes enfants de la ville, devant jouer dans la rue, de ce sang coulé sur les blessures de ces enfants, Ramatoulaye médite sur l'homme et de sa supériorité, de l'ambiguïté de créer le beau et aussi le mal, surtout le mal que le bien.
le coeur de cette femme est noble, ces choix le sont, elle différencie l'amitié de l'amour, l'amour de son mari Modou Fall, licencié en droit, qu'elle choisit sans l'accord de ses parents, surtout de sa mére, le trouvant trop beau, trop poli, son père se rangeant à l'avis de sa femme. Elle refuse la proposition d'un autre prétendant Daouda Dieng, le préféré de sa mére, elle affirme ses choix, au détriment de ses parents. A la mort de son mari, Daouda Dieng lui redemande de l'épouser, refusant encore une fois, par confection, elle ne l'aime pas, mais respecte cet homme, devenu un notable, avocat et Député à l'Assemblée Nationale, déjà une épouse et enfants.
Cette amitié est la force qui lie la narratrice et la destinataire, ces deux femmes ont une vie qui se ressemble, mais leur choix face à la polygamie est différent, l'une accepte, l'autre se rebelle et par suivre sa voix, cette dernière vivant aux États-Unis, aide son amie en lui donnant l'opportunité d'être plus indépendante après la mort de son mari, en lui offrant une voiture, cette véritable amie qu'elle nomme la Bijoutière, j'aime comment Mariama Bâ parle de l'amitié à travers Ramatoulaye :
« L'amitié a des grandeurs inconnues de l'amour. Elle se fortifie dans les difficultés, alors que les contraintes massacrent l'amour. Elle résiste au temps qui lasse et désunit les couples. Elle a des élévations inconnues de l'amour. »
Il y a beaucoup de thèmes abordés dans cette lettre, ceux qui touchent un Sénégal en mutation, même le raciste reste en filigrane, avec l'anecdote de son fils Mawdo Fall, toujours premier de sa classe, très bon en philosophie, mais sous noté pour des insignifiants détails pour laisser la primeur de la première place à un élève blanc. La tolérance de cette femme pour éduquer ces enfants, l'emporte sur la colère que certains pourraient avoir pour une philosophie plus sereine, de partage, de savoir, de cultures, laissant à ses enfants le pouvoir de décider de leur avenir.
Ce roman assez court, est fort riche, par ces personnages, et des sujets traités, l'amour et l'amitié sont ces éléments principaux, la femme est présente par la narratrice, l'expéditrice de la lettre à son amie d'enfance. Une lettre longue, où l'émotion laisse le lecteur dans une douceur tendre, bercée par la vie de ces deux femmes et de leurs choix respectifs dans un Sénégal en mutation.
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Sorti en 1979 au Sénégal, ce livre témoigne de l'engagement de Mariama Bâ dans la lutte pour l'émancipation des femmes de son pays d'abord, mais de toutes les femmes.

Il s'agit de la lettre qu'une femme envoie à sa meilleure amie, alors que son mari vient de mourir. Elle lui rappelle leur jeunesse commune, celle qui les a vu, toutes deux, épouser un homme qu'elles avaient choisi, en dehors des conventions traditionnelles, de leurs échanges intellectuels sans fin, et surtout de la complicité qui liaient les quatre amis. Elle se souvient du bonheur jusqu'au jour où... le mari de l'amie prend une deuxième femme, jusqu'au jour où... son propre mari prend une deuxième femme. Elle y explique pourquoi, contrairement à son amie qui s'est séparée, elle a décidé de rester, de tenir bon, un peu par nostalgie, beaucoup parce que "j'ai fait (le) choix que ma raison refusait mais qui s'accordait à l'immense tendresse que je vouais à Modou Fall". (son mari).

Elle refuse d'ailleurs les propositions de mariage qui lui sont faites à peine son veuvage entamé. Elle ne perd pas espoir d'une "autre chose à vivre. Et cette "autre chose" ne pouvait être sans l'accord de mon coeur".


Puis elle raconte les enfants - elle en a 12 ! - les doutes sur l'éducation. L'aînée qui "tombe enceinte" alors que ses études ne sont pas terminées, la décision de la soutenir.

" On est mère pour aimer, sans commencement ni fin. (...) On est mère pour affronter le déluge. Face à la honte de mon enfant, à son repentir sincère, face à son mal, à son angoisse, devrais-je menacer ?"


Par cet ouvrage, Mariama Bâ dresse le constat de la prise de conscience par les femmes du statut qui leur est fait dans la société et de leur lutte, au quotidien, pour maintenir une dignité si souvent mise à mal.

Lien : https://meslecturesintantane..
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