«
Ma grand-mère vous passe le bonjour » surprend d'entrée par son style d'écriture. Un style « à la troisième personne » assez déroutant lors des premiers chapitres. Un style auquel je ne suis pas habituée, qui ne m'est pas familier, et honnêtement qui m'a perdue au début, me laissant même redouter ne pas réussir à continuer la lecture.
Bref. Elsa est une petite fille de 7 ans, presque 8. Sa grand-mère (« La grand mère d'Elsa ») est un genre de super héroïne qui ferait tout pour sa petite fille : de la plus petite à la plus grosse bêtise ! Entrer par effraction dans un zoo en pleine nuit, flirter avec le policier … La mamie d'Elsa n'est vraiment pas une mamie ordinaire.
Pourtant, on sent très vite que cette mamie a pour unique but de rendre sa petite fille heureuse. Pour elle d'ailleurs, elle invente des contes. Des contes avec des animaux nuages, des contes avec des pays imaginaires, qui nous donnent, nous aussi, envie de rêver.
Alors quand la mamie d'Elsa meure, Elsa est perdue. Elle lui en veut. Mais la mamie d'Elsa a tout prévu pour qu'Elsa apprenne à gérer sa peine.
À travers un genre de chasse aux trésors, Elsa va devoir partir à la recherche de lettres laissées par la mamie d'Elsa, et les apporter aux personnes qui vivent autour d'elle. Dans le royaume.
Au fil de cette « chasse au trésor », on en apprend d'avantage : sur Elsa, sur la mamie d'Elsa, sur la maman d'Elsa, sur la Moitié qui va bientôt arriver … mais également sur les contes, les royaumes et tous les personnages sans qui ces contes n'existeraient pas.
Et finalement, on se laisse rapidement porter par ces contes et par l'histoire, on s'habitue au style d'écriture et très vite on veut comprendre. Parce qu'au delà d'une simple histoire de conte ou de chasse au trésor, il y a des petites énigmes qui se mettent en place … et qui trouvent des réponses.
L'histoire est fine et délicate (malgré quelques jurons prononcés par certains personnages), les événements s'enchainent (et se déchainent) sans que l'on s'y attende vraiment et chaque personnage, aussi insignifiant puisse-t-il paraitre, prend toute son importance. Que ce soit dans l'histoire réelle ou dans le conte.
Les contes nous permettent de retrouver une part d'enfance insouciante bien agréable, tandis que l'histoire en elle-même nous donne à réfléchir sur les actes, la façon de pardonner, la façon d'aborder les choses, mais également les autres.
La morale de l'histoire vaut pour Elsa autant que pour le lecteur : il ne faut pas se fier aux apparences, il ne faut pas juger, il faut apprendre à connaitre les gens avant de se permettre de porter un jugement sur eux. Il faut les observer et avoir un peu de jugeote pour comprendre les liens (et les douleurs) qui les unissent.
Avec «
Ma grand-mère vous passe le bonjour »,
Fredrik Backman nous livre une histoire aussi drôle qu'émouvante, aussi tendre que violente, aussi inattendue que touchante. L'histoire est jolie, sans être naïve. Les personnages sont très différents et se révèlent tous aussi attachants les uns que les autres. Quand au livre, on en ressort avec le sourire aux lèvres et l'envie de prendre ses proches dans ses bras et d'aller bavarder avec ses voisins.
Et si, au fond, ce livre traite de la mort et du travail de deuil qui s'en suit, il est profondément vivant. On oublie rapidement que la mamie d'Elsa est morte, pour se concentrer sur les souvenirs, sur les bons moments, sur ce qu'elle a partagé, sur sa personnalité, sa façon d'aider les autres plutôt que de rester dans la tristesse de la perte. Un livre résolument positif qui mêle l'imaginaire au réel avec émotion et sensibilité. Une lecture que je vous recommande vivement !
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