Ce que j'ai aimé
L'écriture du roman agréable et fluide rend une lecture aisée c'est une qualité. Cet ouvrage est un premier roman qui promettait beaucoup.
Un roman dont le déroulement s'inscrit sous le signe la Révolution une période clé de l'histoire de France, est plaisant car souvent, notre connaissance sur le sujet, remonte à nos souvenirs scolaires, parfois flous ou vagues dans les détails. Ici, cet ouvrage est l'occasion de l'aborder de manière moins didactique. La qualité d'historien de l'auteur gageait d'un certain enseignement, une certaine ressource culturelle et pourtant, il ne faut pas tout prendre pour argent comptant.
Ce que j'ai moins aimé
Le choix d'A. de Baecque d'orienter sa narration sous un éclairage du genre « fantastique » m'a un peu déstabilisée. L'idée d'une famille de vampires, de surcroît de souches aristocratique dans le contexte révolutionnaire marque l'originalité. Cette fantaisie aurait pu s'accorder à un roman historique mais ici, le résultat est déroutant : l'amateur de fantastique, ou de gothique, restera sur sa faim car au final ces vampires font pâle figure par rapport aux images d'Epinal traditionnellement véhiculées dans le domaine : ici, leur intégrité physique est facilement mise à mal par leurs ennemis, elle peut les tuer facilement… rien d'invincible mais sanguinaires quand-même.
Or, ici le traditionnel lecteur de romans historiques, l'amateur de faits et de vécus de personnages ayant réellement existé sera lui aussi désappointé car difficile de faire la part du faux et cela ternit la lecture. Par exemple : le peintre David, a bien existé mais pas Lavis, l'ami de Louis et William.
En choisissant le prisme du vampirisme dans une société dépravée, l'auteur s'est fourvoyé en nous imposant des scènes sordides, morbides, imbibées de sang. Les amateurs de ce thème resteront pantois car au final, à partles allusions au sang les vampires peut-être immortels en théorie présentent nombre faiblesses humaines. Leurs ateintes corporelles peuvent devenir mortelles, et la dégradation physique de William n'est pas sans rappeler celle des gueules cassées de la Grande Guerre.
L'auteur aurait pu éviter aussi de nous infliger des scènes de sexe dans une société pénétrée de libertinage. Les scènes de sexe obscènes avec un caractère presque pornographique n'apportent rien à l'histoire. Aucun intérêt pour l'Histoire ici. Pour le titre :
les talons rouges et un jeu de mot avec « l'étalon rouge » en rapport avec le sang rouge, le rouge révolutionnaire ? et là, j'en appelle à l'auteur ou à quiconque de moins inculte que moi pour m'éclairer.
La valeur de ce livre tient au déroulement de la révolution avec l'installation de la période de Terreur qui s'en est suivie. Pour qui ne s'y est jamais intéressé avec précision, les rôles de Danton, de
Robespierre, des Jacobins, des Cordeliers demeurent lointains et emmêlés dans une confusion totale où tous ces groupes interfèrent entre eux pour la cause de la Nation.
“ là on s'engage, on s'oublie, on se précipite, et on plonge dans un autre fleuve, non pas celui qui ramène au passé et celui qui emporte tout sur son passage et transporte."
La description du massacre du Champ-de-Mars est instructif, mais dommage qu'il soit narré par l'intermédiaire d'un personnage fictif comme Louis de Villemort à qui l'auteur accorde un rôle prédominent. En revanche, le député Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau a véritablement existé avec cette même fin tragique (que je vous laisse découvrir dans le roman…), l'existence des Méricourt a bien été rapporté mais, ici, avec quelques inexactitudes suggérées par quelques digressions de l'auteur. A. de Baecque a aussi fait revivre Alfonse Martainville, fervent royaliste de cette période.
Ce que je n'ai pas aimé
Il faut considérer cet ouvrage comme pure fiction fantastique pour ne pas être déçu.
Cette manière d'assortir l'Histoire avec des anecdotes réelles avec des inventions pures et des personnages fictifs donnent un résultat confus au lecteur. Les amateurs d'histoire iront chercher quelque bride de renseignement pour les compléter car c'est l'intérêt d'un livre de susciter des interrogations et de nourrir une curiosité mais la lassitude le gagne à force de vérification pénible. du coup, à douter de la confiance accordée à l'auteur, on en devient dégoûté.
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