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EAN : 9781606997451
144 pages
Fantagraphics books (06/05/2014)
4.5/5   2 notes
Résumé :
This graphic novel follows aging, onetime slacker Buddy Bradley (from the seminal alternative comics series Hate); it has an all-new, 20-page conclusion.

In this graphic novel, he’s back! Now in his 30s and married, with a child, onetime slacker hero Buddy Bradley shaves his head, dons an eye-patch, quits his “real” job and buys the local dump — because what better place to raise a toddler? Peter Bagge’s iconic character is to alternative comics what ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le troisième à raconter la vie de Buddy Bradley après Buddy Does Seattle et Buddy Does Jersey. Il regroupe les numéros 1 à 9 du magazine Hate Annual, parus de 2000 à 2013, écrits, dessins et encrés par Peter Bagge. La mise en couleurs a été réalisée par Joanne et Peter Bagge. Il comprend 11 histoires courtes.

Jay Spano propose à son pote Buddy Bradley d'acheter un aquabus (un bateau à fond plat avec des roues) pour organiser des visites guidées. L'enthousiasme fait défaut à Buddy : non seulement l'aquabus en question est sur des parpaings et n'a plus de roues, mais en plus le port de Newark n'a rien d'un site touristique. Il rentre chez lui et évoque l'association commerciale à son épouse Lisa Leavenworth qui estime qu'il n'est pas possible d'avoir une idée plus stupide, ou plus certaine de conduire à un échec assuré. Elle prend leur nourrisson Harold dans les bras tout en continuant de pourrir son mari pour cette idée crétine. Cette nuit-là, il rêve qu'il pilote l'aquabus pour une visite guidée qui enchantent les clients et que leur affaire leur rapporte de sacs remplis de dollars. le lendemain matin, il en reparle à Lisa qui s'énerve direct en lui rappelant qu'il est responsable d'une famille, tout en donnant le biberon à Harold. Buddy répond qu'ils ne sont pas en faillite, que sa boutique tourne quasiment toute seule et qu'il a besoin d'un nouveau défi. Dès qu'il est parti voir Jay Spano, Lisa s'agenouille devant une statuette de Bouddha en de lui jurant de lui préparer une tarte s'il fait en sorte d'éviter que Buddy ne s'engage dans cette affaire. le test de l'aquabus ne se déroule pas aussi bien que prévu car il coule peu de temps après avoir été remis à l'eau, et Buddy manque de se noyer car il ne sait pas nager. En plus le propriétaire exige un dédommagement pour avoir coulé son aquabus. Buddy rentre chez lui, se sert une bière, et demande à Lisa de lui tirer dessus si jamais il n'envisage ne serait-ce que de reparler à Jay. Celle-ci retrouve sa bonne humeur et regarde la statuette en lui rappelant qu'elle n'a pas oublié pour la tarte.

Lisa va passer un week-end avec Babs une copine, et Buddy est chargé de s'occuper d'Harold pendant ce temps-là, ainsi que de Tyler et sa grande soeur Alexis. Dès que les deux mères sont sorties, Buddy s'installe devant la télé pour un marathon de rediffusion d'une série télévision, en indiquant à Tyler et Alexis qu'il ne veut plus les entendre et qu'ils doivent s'occuper d'Harold. Lisa regarde les émissions télé de décoration intérieure et indique à Buddy qu'elle souhaite déménager pour pouvoir décorer de plus grandes pièces dans leur foyer. Buddy s'ennuie à vendre des objets dérivés de collection vintage dans son magasin, et il décide de trouver un emploi avec un vrai métier : employé pour une entreprise de livraison à domicile dont l'uniforme évoque fort celui d'UPS. Il retrouve d'anciens potes et découvre les petites magouilles. Buddy s'est pris un des objets de collection qu'il vend dans l'oeil et il doit porter un bandeau sur l'oeil en attendant qu'il guérisse. Il décide de se raser les cheveux et de porter aussi une casquette de marin. En outre, il est à nouveau question de déménager, et Jay Spano a une autre proposition d'affaires en vue : la reprise d'une décharge de ferraille. Lisa et Buddy se sont installés avec Harold dans un pavillon qui jouxte le dépôt de ferraille de Jay Spano. Ce dernier explique à Buddy que Butch Bradley, le frère de Buddy, lui a dit pour Leonard Brown.

S'il a lu les deux premiers tomes consacrés au personnage, le lecteur sait exactement ce qu'il va trouver : la vie d'un prolétaire pas très futé, pas très motivé par le capitalisme ni par les responsabilités, vivant près de Newark dans le New jersey, et propriétaire d'un magasin de produits dérivés culturels d'occasion. Il a maintenant 30 ans, une épouse tout aussi responsable que lui, et ils ont un enfant en bas âge. Même s'il n'est pas un foudre de guerre, il a plutôt bon fond, avec une forme réelle d'honnêteté. S'il a déjà lu un comics de l'auteur, le lecteur a également une bonne idée du registre pictural de cette bande dessinée. Des personnages caricaturaux donnant l'impression d'avoir un corps au caoutchouc, avec souvent une absence de marque des articulations au niveau des coudes et des genoux, ce qui leur donne une apparence encore plus dépourvue de tonus et de motivation. Il faut encore ajouter à ça une représentation très exagérée des visages : par exemple la patate qui fait office de nez pour Buddy, ou les expressions de visage à fleur de peau et sans filtre. En ayant ces caractéristiques en tête, le lecteur sait à quoi s'attendre : une caricature de jeunes trentenaires sans ambition, avec des motivations encore infantiles et ras les pâquerettes. En fonction de sa sensibilité, il peut estimer qu'il s'agit d'une ode sans intérêt à la médiocrité et à la vulgarité, ou la mise en scène vivante et drôle de comportements très humains qui ne lui pas étrangers.

Les 11 nouvelles font entre 8 et 24 pages et proposent une histoire complète, un chapitre à chaque fois différent dans la vie de Buddy Bradley. Indépendamment de l'intérêt qu'il peut porter à la vie en bas de l'échelle sociale dans une région peu attirante des États-Unis, le lecteur sait qu'il va régulièrement sourire à ces tranches de vie. Il y a bien sûr les réactions exagérées, parfois hystériques, des personnages avec des tronches pas possibles, sans oublier le langage corporel semi-désarticulé rendu possible par ces corps élastique. Il y a également ces situations improbables et ces petits détails visuels. Qui penserait à se lancer dans un commerce de visites guidées dans un aquabus ? En tout cas impossible de rester de marbre en voyant un cadavre dans l'eau du port, ou en voyant les grands gestes désespérés de Buddy en train de boire la tasse. Parfois le lecteur est pris au dépourvu par une action inattendue d'un personnage, mais pourtant plausible : bébé Harold ayant échappé à la surveillance de son paternel et essayant de récupérer un objet dans la cuvette des toilettes, Tyler lavant le chat dans l'évier, les potes de Buddy organisant un jeu de piñata avec les colis à livrer sous le regard ahuri de Buddy, le regard fuyant de Butch quand son frère lui met la pression, l'expression de Lisa qui craque à cause du bruit de la casse à côté de chez eux, le look de pirate de pacotille de Buddy, l'ingénuité de Lisa en train de s'entraîner sur un kit de batterie, l'allure inquiétante de Leroy le cousin de Lisa, ou encore l'absence de retenue du père de Lisa qui fait pipi sur le tapis du salon.

La verve visuelle de Peter Bagge est irrésistible et montre l'humanité dans tout ce qu'elle a de plus crasse, mais avec une forme d'humour partagé qui équivaut à une étrange forme de sollicitude, laissant à penser que l'auteur ne se place pas au-dessus de ses personnages, et a conscience d'être un humain semblable à eux. En fonction de son état d'esprit, le lecteur peut voir la crétinerie ordinaire du trentenaire encore adulescent dans les tentatives malhabiles de Buddy Bradley pour entreprendre quoi que ce soit, ou pour éviter de nouvelles responsabilités, et même des responsabilités déjà présentes. Il peut aussi y voir une critique sociale facile : le manque d'éducation conduisant Buddy à s'investir dans des entreprises sans lendemain, son absence de sens des responsabilités en faisant un père incompétent, ses mauvaises fréquentations de jeunesse continuant de le tirer vers le bas, son manque de force de caractère le faisant capituler dès que sa femme hausse le ton ou fait une crise. Il peut aussi remarquer que sous les dehors d'une grosse farce un peu grasse, il apparaît des thèmes adultes, et une critique de plusieurs facettes de la société relevant d'un regard pénétrant.

Certes, Buddy n'est pas très futé, ce qui le rend peu adapté au système capitaliste. D'un autre côté, son magasin de produits dérivés marche bien parce qu'il y a des individus encore plus adulescents que lui qui viennent acheter sa camelote. Effectivement, il ne peut pas s'épanouir dans le commerce pour générer des profits, mais ce n'est pas sûr que la faute n'en incombe pas au capitalisme lui-même qui exige de faire des affaires sur le dos des clients. de son côté, Lisa s'essaye à une carrière créative en devenant bassiste d'un duo, mais elle aussi est manipulée par Stacy la chanteuse et claviériste. Les deux dernières histoires continuent de s'aventurer sur des terrains délicats, comme la prise en charge de parents en perte d'autonomie, et sur l'usage des armes à feu. Ces histoires montrent bien que la bonne volonté de Lisa et Buddy se heurte à l'organisation d'une société qui ne semble pas avoir l'intérêt de ses citoyens comme priorité, et au fait que les êtres humains sont tous imparfaits. L'humour reste toujours aussi énorme et bien vu, et l'acuité du regard critique de l'auteur devient plus évidente.

Qui a besoin d'un nouveau chapitre dans la vie de Buddy Bradley ? Certainement pas les lecteurs allergiques à la narration visuelle de Peter Bagge qui peut effectivement en rebuter certains par ses idiosyncrasies affirmées. Pour les autres, c'est la promesse d'une narration visuelle comique alerte, et cette promesse est tenue. C'est le plaisir de pouvoir sympathiser avec un trentenaire sans ambition, tout en n'ayant pas à le supporter dans la vraie vie. C'est aussi la promesse, également tenue, d'un regard critique sur plusieurs facettes de la société, avec un point de vue intelligent et pénétrant.
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