Lecture jeune, n°123 - Depuis Magellan, les navigateurs ont rapporté de leurs voyages des objets étonnants, qui alimentèrent les « cabinets de curiosité ». Gauguin, qui admirait aux Marquises un « sens inouï de la décoration », fut le premier à donner à cette production le statut d’œuvres d’art, suivi par les surréalistes. Composée d’îles, l’Océanie a toujours pratiqué des échanges. Cette notion est fondamentale pour comprendre la naissance de l’art océanien. Les monnaies d’échange, dons et contre-dons, prennent des formes aussi variées que des rouleaux de plumes, parures ou coiffes de coquillages. L’objet, fabriqué pour une élite, véhicule la marque du pouvoir (tabouret royal), sert de lien avec les ancêtres (poutre principale des « maisons des hommes ») ou renvoie aux mythes des origines (pirogue maorie). Les tatouages codifiés deviennent l’expression d’un art corporel. L’ouvrage analyse les collections du musée du quai Branly sans dissocier le contexte de la création de la valeur esthétique. L’analyse guidée met une focale sur l’art contemporain avec l’artiste aborigène John Mawurndjul. Selon le principe éditorial de la collection, douze œuvres sont présentées, accompagnées de fiches documentaires détaillées. Apprendre à regarder, éveiller la curiosité pour des expressions artistiques éloignées dans l’espace ou le temps : tel est l’objectif réussi de cet ouvrage qui s’adresse à un public adolescent avec la médiation d’un adulte. Cécile Robin-Lapeyre
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