Faut prendre ce qu’il y a de bon. Au pire, il y aura toujours les étoiles devant.
- En fait, je trouve que nos corps en disent parfois beaucoup plus sur nous que nos paroles.
(XO Éditions, p : 94)
- Il y a un truc que répétait souvent mon grand-père. Il disait: "Faut prendre ce qu'il y a de bon. Au pire, il y aura toujours les étoiles devant." Avant je ne comprenais pas. Maintenant, oui.
Il n'y a plus que cette route, cette saillie qui traverse la forêt primaire, comme une cicatrice. Quand on s'y enfonce, les arbres nous défient de leur démesure. Sous la lueur des phares, d'énormes fougères explosent, chargées d'humidité; les oxalis se répandent en un réseau de feuillage qui s'étend à perte de vue.
... les seuls moments qui comptent sont ceux passés avec les gens qu’on aime. Nous ne sommes rien d’autre que la somme de nos souvenirs.
Ce soir, le monde a sombré dans le chaos. Des dizaines de personnes m’encerclent. Certaines portent des cagoules, d’autres des masques avec des gueules d’animaux… Il y en a partout.
Redwoods a changé de visage. La petite bourgade, habituellement si paisible, n’existe plus. Elle a revêtu une parure de ténèbres. C’est le carnaval des ombres, la Nuit des Crânes. Comme si tout ce qui avait été retenu durant toutes ces années finissait enfin par jaillir.
Une fois que l’on commence à descendre dans les tréfonds de l’âme humaine, dans ce que l’homme a de pire, on s’embourbe et on ne remonte jamais vraiment.
J'ai besoin de frayer parmi les ombres, de marcher au bord du précipice. Je suis comme ça, il me faut ressentir cette peur pour me sentir vivant. Il y a autre chose aussi. Si je continue à me jeter tout au fond, dans les ténèbres, c'est parce que je crois encore que je pourrais ramener un peu de lumière. Dans les tréfonds de l'âme humaine, il n'y a pas de monstre ni de démon aux dents aiguisées, il n'y a que des blessures qui ne cicatrisent jamais, des oreilles qui se bouchent parce qu'elles ont trop entendu crier, des souvenirs qui vous dévorent et vous rendent fou.
Les branches des conifères retenaient encore la brume matinale. Leurs silhouettes se dressaient, tels de gigantesques totems. Je ne le savais pas encore, mais la région avait déjà commencé à m'ensorceler... Tout en elle racontait l'âpreté, la rudesse de la vie. Et il y régnait une sorte de mélancolie, voire d'amertume, qui semblait s'accrocher aux écorces, aux feuillages et aux âmes.
Une fois que l’on commence à descendre dans les tréfonds de l’âme humaine, dans ce que l’homme a de pire, on s’embourbe et on ne remonte jamais vraiment. On n’est plus jamais pareil, après.