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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« Prolepse ».
La note au bas de la page 415 de mon exemplaire m'a appris le nom de ce procédé par lequel « Balzac ne permet jamais à son lecteur d'imaginer que Lucien s'en sortira ». Prolepse (ou anticipation) qui fait comprendre que, quoi qu'il puisse arriver au cours des 800 pages de l'ouvrage, Lucien court à l'échec. Procédé qui gâte sensiblement mon plaisir de lecture : à quoi bon découvrir toutes les péripéties puisque le résultat final est acquis ?

Ni billet, ni chronique, ni résumé. Juste mes impressions notées au fur et à mesure de la lecture, pour le cas où je me demanderais, dans un an ou deux : de quoi ça m'a parlé, Illusions perdues ?

Alors oui, à Angoulême, la vie était quotidienne, rétrécie, et prévisible : Lucien, prétendant poète, s'était fait tourner la tête par une petite aristocrate qui avait besoin de rêver. Eve, la soeur de Lucien, et David, son ami, venaient de former un beau couple, tendre et droit, mais qui allait se faire tondre la laine sur le dos, c'était évident, par le père rapiat de David (un cousin du père Grandet ?) et par Lucien l'inconséquent. Et je m'ennuyais un peu de tout ce qui était déjà annoncé sans être encore dit.

Et puis, Lucien était monté à Paris, avec son amoureuse et son ambition, et, indécrottable provinciale, j'avais découvert la capitale des années 1820 avec eux. Je ne m'ennuyais plus ! Mais que d'apprentissages, douloureux autant pour l'amour propre que pour le portefeuille : des codes, des modes, des usages, et, au total, du mépris des happy few de l'époque, pour celui qui arrivait esseulé, sans nom, sans fortune et sans réseau. Celui qui se construisait dans les salons, les théâtres ou au cours d'élégantes promenades en calèche. le même dont nous tentons aujourd'hui de nous entourer, virtuellement, avec nos téléphones et nos tablettes…
Imprudent Lucien, qui va délaisser un « Cénacle », difficilement mais magnifiquement intégré, d'amis écrivains, désintéressés, généreux, et désargentés, pour s'acoquiner avec de jeunes journalistes et de vieux éditeurs qui ont renoncé à toutes leurs ambitions littéraires depuis longtemps, et vivent de filouteries et de petits chantages. Première féroce description du journalisme de l'époque et de ses servants !

Voilà, pas besoin de consulter la boule de cristal pour envisager de nouveau que les choses vont mal se passer, que Lucien part dans la mauvaise direction et qu'il en fera souffrir sa jolie famille restée en Angoumois. Je ne suis pas sûre d'avoir envie d'avaler toutes les pages longues et minutieuses qui vont décrire en détail l'inévitable descente aux enfers.
Pourtant… pourtant, il aurait été dommage de ne pas lire le premier article publié de Lucien, la critique d'une verve ébouriffante, très « moderne », d'une pièce de théâtre. Une réussite incontestable qui lui attire aussitôt, évidemment, la jalousie et la méfiance de ceux qui, sous couvert de l'aider, ne pensent qu'à se servir de lui.
Mais Lucien ne voit rien et se laisse enivrer par ce premier succès, par la passion qu'il inspire à une ravissante actrice, par le luxe dont celle-ci est entourée grâce à son protecteur. Ce n'est pas faute d'avoir été averti de la réalité du métier de journaliste par ceux-là même qui en vivent : « Lucien ! il est beau, il est poète, et, ce qui vaut mieux pour lui, homme d'esprit ; eh bien ! il entrera dans quelques-uns de ces mauvais lieux de la pensée appelés journaux, il y jettera ses plus belles idées, il y dessèchera son cerveau, il y corrompra son âme, il y commettra ces lâchetés anonymes qui, dans la guerre des idées, remplacent les stratagèmes, les pillages, les incendies, les revirements de bord dans la guerre des condottieri.»

Et c'est la description détaillée, technique, chiffrée, des manoeuvres et des magouilles du milieu littéraire parisien. Les directeurs de théâtre, les éditeurs, les journalistes, ne cherchent que leur profit immédiat et la qualité des pièces et des textes est le dernier de leurs soucis. Je me dis qu'ils ont dû beaucoup faire souffrir Balzac pour qu'il les décrive avec un tel mépris. Et qu'il parle pourtant en connaissance de cause puisqu'il a été lui-même journaliste.

Et puis, tant qu'à faire d'avoir des illusions et des ambitions, Lucien se laisse dévoyer ; pour changer le nom de son père contre celui de sa mère, plus scintillant, avec particule, il accepte de renier ses convictions politiques (en avait-il vraiment ?).

Des intrigues du milieu littéraire, on arrive tout naturellement à celles des hommes des partis, puisque de toutes façons elles sont imbriquées les unes dans les autres. Ce n'est pas plus reluisant. C'est détaillé, c'est compliqué, pour un historien cela a sans doute de l'intérêt. Je constate, moi, que cela ne m'apprend pas grand-chose : aujourd'hui comme hier, les politiques ont le sens commun tourneboulé par le pouvoir.

Lucien tombe alors inévitablement dans le piège tendu par l'amoureuse d'Angoulême, qui, après l'avoir rejeté dans son insignifiance à leur arrivée à Paris, n'a pas supporté qu'il la dédaigne quand le succès de ses premiers articles a fait de lui un homme de nouveau séduisant. Elle fait en sorte que le nom de Rubempré lui soit refusé, et dans de telles circonstances que ses nouveaux amis du parti royaliste lui tournent le dos, s'estimant trahis.

C'est le premier pas vers la grande misère et le malheur. La belle maîtresse de Lucien, actrice pourtant talentueuse, fait les frais de la cabale, se trouve sans emploi, tombe malade et meurt dans le plus extrême dénuement, malgré tous les efforts de Lucien qui est allé jusqu'à faire des faux en écriture pour obtenir quelques subsides. Ce dont on sait bien sûr (prolepse) que cela ne restera pas impuni.

Et j'arrive à la troisième partie de l'ouvrage, le retour de Lucien à Angoulême. Je crois que je vais jeter l'éponge. Je n'ai aucune délectation à voir défiler toutes les mesquineries, les bassesses, les concurrences déloyales, les corruptions, les reniements qui s'accumulent contre la soeur et le beau-frère de Lucien. N'en jetez plus, je connais la petitesse humaine, et je comprends mal le plaisir qu'a Balzac à la seriner, la détailler au plus près, dans la moindre nuance, nous en assommer.

Ah, mais Balzac me récupère par la peau du cou ! Avec la lettre écrite à Eve par un ami (un vrai) parisien de Lucien. Enfin, une écriture qui a du souffle et de la vigueur ; et de l'honnêteté dont on n'avait pas vu la couleur pendant 650 pages. Balzac est au meilleur de lui-même quand il fait écrire les autres.

Et puis arrive le personnage de l'avoué débutant d'Angoulême, Petit-Claud, à qui l'on promet monts et merveilles - une femme bien dotée, en finances et en relations - s'il participe au projet des concurrents de David de ruiner celui-ci ; un sommet dans l'infâme et la noirceur, ce Petit-Claud. Une intelligence admirable, à la hauteur de son ambition et de sa duplicité. Là, enfin, Balzac m'esbrouffe complètement, avec le portrait de ce pervers diabolique ; il était temps (p 673…).

Mais ça ne dure pas : les stratagèmes montés par Petit-Claud, par les imprimeurs concurrents de David, par son ancien employé retourné par ces méchants, tournent au grand-guignol. N'importe qui se prendrait les pieds dans la complexité de leurs machinations (qui m'échappent en grande partie, mais je ne suis ni avoué, ni imprimeur, et peut-être moins retorse que ceux-là) alors qu'à eux tous, ils ne les fassent pas échouer, cela relève du miracle ! Enfin, bref (façon de parler…) Lucien se fait encore berner, donc son beau-frère part en prison, et sa soeur s'évanouit ! Lucien, désespéré de ses inconséquences, décide de mettre fin à ses jours. Or, ne voilà t'il pas que sur le chemin du trou d'eau où il a décidé d'aller se noyer, il rencontre par le plus grand des hasards, un ecclésiastique ibérique, arrivant tout droit de Tolède et prêt, sur juste la bonne mine (un peu défaite quand même) de Lucien, à les tirer, lui, sa soeur et son beau-frère, de leurs embarras… Guignol, je vous dis !

Guignol certes, mais ce jésuite sorti de nulle part permet à Balzac un moment exceptionnel, de ceux où il s'affranchit de toute réserve, où il déploie toute sa fougue provocatrice et cynique. le talent oratoire de l'abbé s'impose à Lucien qui revient à la vie, celle fastueuse et sans scrupules qui lui est proposée sans ambages, sauvetage de sa soeur et son beau-frère compris.

Donc, en-dehors de trois, peut-être quatre, mettons cinq, dizaines de pages exceptionnelles, croisées ici et là, je n'ai pas trouvé de vrai plaisir à ce long anéantissement des illusions. Balzac absolument misanthrope, misogyne à peu près autant, ne sauve personne, alors que je gardais le souvenir de quelques beaux personnages, attachants, dignes de respect, dans d'autres ouvrages : le père Goriot, Eugénie Grandet, Ursule Mirouet et son tuteur, Chabert… Sans colonne vertébrale, talentueux mais velléitaire, intelligent mais naïf, avide de succès mondains plus que de réussite littéraire, ayant beaucoup d'amour-propre à protéger mais peu d'amour à donner, Lucien est du genre dont on sait très vite qu'on n'aurait pas envie de le fréquenter dans la vraie vie. Alors, huit cents pages en sa compagnie…
Même la jolie famille de Lucien paraîtrait niaise à force de bonté. Seule, Eve, sa soeur, sait révéler, face à cette adversité catastrophique, une perspicacité, une finesse et une droiture qui, dans nos temps où la femme a davantage d'autonomie, auraient pu lui permettre de redresser la barre. Mais en 1820, elle était à peine un sujet de droit et n'avait le pouvoir de décider pour rien.

Illusions perdues, c'est 19ème, comme les menus des banquets pesants de l'époque : richesse garnie, plats en sauce à tous les services, à chaque page. Au point que lorsque je trouvais une phrase sans affèterie, je la remarquais, m'arrêtais et la savourais comme un sorbet : un peu de légèreté ! La satiété m'arrive vite, avec le style Balzac, j'ai eu souvent envie de sortir de table (puisque je lis pendant mes repas) et du livre avant la fin du chapitre.

Pierre Michon a dit récemment dans l'émission La Grande Librairie, qu'il était le dernier écrivain du 19ème siècle. Alors, il y a 19ème et 19ème. Celui tout en fulgurances fabuleusement effilées de Pierre Michon enchante mes papilles, l'abondance longuement mijotée De Balzac n'est pas vraiment ma tasse de thé !








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Illusions perdues est une des oeuvres centrales des 17 volumes de la Comédie Humaine de Balzac. Elles racontent l'histoire du poète provincial Lucien de Rubempré, qui se languit à Angoulême, avec son ami David Séchard.
Introduit dans le monde littéraire, journalistique et politique de Paris, il connaît des désillusions successives...
J'ai beaucoup aimé certains passages, d'autres m'ont fortement ennuyée, et ma lecture m'a semblé n'en jamais finir... le pouvoir d'observation De Balzac est certain, mais son style est parfois bien lourd. J'ai cru à un moment à des erreurs de l'iBook, j'ai repris le roman papier, et retrouvé la même formulation en fin de compte. le personnage principal m'était tellement antipathique que je n'ai pas pu adhérer à cette histoire.
En bref un rendez vous raté pour moi.
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Je vais être sincère avec mes impressions sur ce livre, "Les illusions perdues".

J'y ai retrouvé les qualités et les défauts De Balzac, mais cette fois les défauts m'ont noyée.

Je m'explique :

Balzac ne sait pas résister à la tentation d'évoquer longuement ce qu'il connaît bien. Il s'étend avec pesanteur sur le fonctionnement des imprimeries d'Angoulême et leur extinction progressive du fait du développement du système Stanhope.

Puis il nous plonge dans le milieu journalistique et éditorial parisien, et nous entretient jusqu'à l'asphyxie de ses mille entourloupes, malhonnêtetés, astuces, tractations effectuées sans aucune considération de la qualité des oeuvres. Il s'ensuit de trop longs dialogues menés par un grand nombre d'interlocuteurs dont, pas plus que Lucien à ses débuts, je n'ai pu tout saisir : le système de comptabilité, d'encaissement de bons immédiats ou différés m'est resté obscur, les tractations accompagnées de clins d'oeil complices ont fini par me lasser.

On dirait que Balzac, jubilant de tenir un sujet qu'il maîtrise, et titillé par l'envie de régler ses comptes d'ex débutant dans la carrière des lettres, ne peut retenir son élan vengeur.

Telle est la difficulté avec une certaine littérature du 19 ème siècle, surtout avec celle De Balzac et de Zola : on s'enferre dans les arcanes de milieux professionnels dont on a compris les usages dès les premières pages, et cela dure le tiers de l'oeuvre.

C'est ce qu'on nomme "la passion du réel".

Tout le reste du roman est exceptionnel, du Balzac comme on l'aime : aussi bien la peinture des rapports humains à Angoulême, qu'à Paris. le dévouement de la famille de Lucien et de son merveilleux ami David semblent ressusciter "Le père Goriot" : on peut les trouver, selon la lecture qu'on en fait, sublimes ou faibles. Beaux portraits en tous cas d'amour inconditionnel, pas très fréquents dans la Comédie Humaine. Quant à madame de Bargeton, aux membres du Cénacle et aux figures du monde parisien, tous sont davantage des prototypes que des personnages doués d'une personnalité singulière : ils participent des lois qui régissent la société et tiennent chacun leur rôle dans les figures de ce ballet complexe.
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J'ai laborieusement échelonné la lecture des Illusions perdues d'Honoré de Balzac sur presque quatre mois… À la fin, c'était devenu mon rituel du matin, quelques pages après mon petit déjeuner pour enfin en finir !

Le roman est divisé en trois longues parties : « Les deux poètes », « Un grand homme de province à Paris », « Eve et David ». Il faut noter que les contemporains De Balzac ont lu les trois livres de manière morcelée, sous forme de feuilletons et que c'est la partie parisienne qui a eu le plus de succès, qui a fait le plus polémique.

Lucien Chardon et David Séchard, deux amis sans fortune, rêvent de gloire : Lucien, fils d'apothicaire, veut devenir un grand poète et porter le nom de sa mère, de Rubempré, tandis que David, fils d'imprimeur, veut inventer un nouveau mode de fabrication du papier et épouse Eve, la soeur de Lucien.
Protégé par Mme de Bargeton, sensible à sa beauté et à son charme, Lucien fréquente le milieu aristocratique d'Angoulême. Il finit par suivre sa muse à Paris pour fuir les rumeurs provinciales et satisfaire ses ambitions littéraires.
Dès la première partie, nous mesurons combien les deux personnages principaux sont différents, physiquement et moralement. Cependant, je ne suis parvenue à m'attacher à aucun des deux. Lucien m'insupporte déjà car je le trouve superficiel et naïf, ambitieux sans véritable envergure. le dévouement inconditionnel de David envers son ami me désolera tout au long de ma lecture car il se sent inférieur à son ami.

Paris va symboliser la perte des illusions pour Lucien. S'il avait un avenir prometteur à Angoulême, il fait un peu tâche dans la capitale, ne maîtrisant pas les codes mondains. Vite délaissé par sa protectrice, il survit d'abord pauvrement, en écrivant, sans parvenir à se faire éditer, puis devient journaliste tout en vivant au crochet d'une jolie actrice devenue sa maitresse.
Malgré les longueurs balzaciennes, j'ai adoré la mise en abyme du fonctionnement des milieux littéraires et journalistiques, de la recherche du succès et de la renommée par des moyens peu reluisants. Balzac nous donne à voir les moeurs d'une véritable faune où évoluent toutes sortes de gens de lettres : libraires, éditeurs, auteurs, dramaturges, journalistes, etc. Balzac règle sans doute ici quelques comptes personnels avec certains libraires-éditeurs et critiques… La tonalité se fait satirique, polémique.
Lucien devient un dandy en vue, menant une existence brillante avant de s'attirer des ennuis et des inimitiés. Balzac illustre à travers lui le pouvoir corrupteur de l'argent et une certaine dégradation morale. La littérature devient une marchandise, un commerce.
Dans cette partie parisienne, j'ai apprécié de retrouver de nombreux protagonistes de la Comédie Humaine, déjà croisés depuis que j'en ai entrepris la lecture et relecture in extenso.

Rapidement criblé de dettes, Lucien rentre à Angoulème où, David et Eve, qui l'ont beaucoup aidé financièrement, sont au bord de la faillite. Tandis que David poursuit ses recherches, ils sont aux prises avec les manoeuvres déloyales d'une imprimerie concurrente. le contraste s'accentue entre leur posture digne, travailleuse et profondément honnête et l'attitude égocentré et geignarde de Lucien, auteur de fausses écritures qui font peser sur David la menace d'une arrestation, toujours en train de se plaindre et de se repentir.
J'avoue que Balzac m'a perdue dans les passages techniques sur la fabrication du papier et ceux, procéduriers, entre David et ses concurrents ou son père.
J'ai trouvé le dénouement un peu facile avec l'arrivée providentielle d'un drôle d'ecclésiastique espagnol qui engage Lucien comme secrétaire et lui donne les moyens financiers de réparer ses fautes envers David et Eve. Si vous connaissez bien l'échafaudage de la Comédie humaine, vous savez que d'est Vautrin, encore une fois évadé du bagne, qui se cache sous cette identité (la suite dans Splendeurs et misères des courtisanes).

Un roman fondamental chez Balzac, mais vraiment indigeste !
Pourquoi les romans les plus connus de la Comédie humaine sont-ils aussi les plus difficiles à lire, les plus ennuyeux… ?

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Les Illusions perdues, nationalement connues, si ce n'est mondialement, est une petite brique, comme on l'appelle dans le jargot littéraire. Avec près de mille pages à son actif, ce livre peut décourager bon nombre de lecteurs potentiels. Si je n'avais pas été dans l'obligation de lire cet ouvrage pour mes études, je doute que j'aurais tenu mon attention tout au long de l'histoire.

C'est sous les traits de Lucien de Rubempré qu'Honoré de Balzac développe son récit. En outre, son protagoniste contient d'étranges ressemblances avec l'auteur, qu'il présente subrepticement comme un double de lui-même. Lucien, pleins d'entrain, quitte sa famille paysanne et pauvrette, pour tenter sa chance dans la sphère littéraire très fermée de Paris. Malheureusement pour le jeune homme, ses illusiosn littéraires sont très vites anéanties par le contexte parisien de l'époque, qui ne cautionne pas un être aussi faible physiquement et moralement que Lucien. Ce n'est pas un homme de conviction, chaloupé entre les autres personnages, il n'a pas d'idées fixes qui lui sont propres. Monté à Paris pour se faire une place dans la société de l'époque puis s'y élever, il va se retrouver bloqué par divers inconvénients qui l'empêcheront de mener à bien l'entreprise qu'il souhait - ici, faire imprimer son roman, L'Archer de Charles IX.

Lucien, présenté comme un être transparent, sans grande personnalité, va rencontrer de nombreux acteurs fondamentaux de la sphère littéraire parisienne de l'époque. C'est le cas des membres du cénacles, avec qui il sympathise, sans toutefois partager leurs idées de pauvreté littéraire. C'est alors qu'il décide de se tourner vers le journalisme, de façon totalement inattendue, sans contact, sans formation ni bagages, de façon surprenante. Son désir se réalise alors : il s'élève dans la société, en se faisant un nom à travers les articles qu'il écrit. Malheureusement pour lui, la décadence est proche. Les Illusions perdues connaissent une montée soudaine au sommet, mais une chute tout aussi soudaine, contrairement au roman Bel-Ami de Maupassant, qui traite d'une ascension journalistique sans descente.

Je dois avouer que ma lecture a été assez laborieuse. Certains passages me semblaient interminables, j'étais au bord de l'abandon. Néanmoins, pour les plus courageux, ce livre se lit facilement, dans un vocabulaire assez moderne. Les thèmes littéraires abordés sont étonnamment modernes ; pointant du doigt le pouvoir du journaliste, capable de faire ou défaire la réputation d'une personne, ou encore des auteurs, à l'avenir incertain, à l'épée de Damoclès constamment suspendue au-dessus de leurs têtes.
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Habituellement j'aime beaucoup ce qu'écrit Balzac, mais cette fois je suis moins enthousiaste à cause de certaines longueurs surtout dans la première parti où l'auteur nous décrit le fonctionnement du monde de l'édition et du journalisme. Je comprends que ces passages nous aident à comprendre la dégringolade de Lucien mais j'ai trouvé ces descriptions des moeurs du monde littéraire plutôt barbantes. IL en va de même de la description des us et coutumes de la petite noblesse d'Angoulême. On retrouve ce même soucis de précision dans la partie concernant Ève et David Souchard dans la partie concernant cet inventeur et imprimeur s'acharnant à sa recherche d'un papier plus économique et étant complètement dépassé par les ruses et les détours du monde industriel et commercial. Balzac se charge de nous instruire sur les méthodes bancaires et notariales visant à s'accaparer du bien et de la propriété intellectuelle d'autrui. Voilà les points qui pour moi ont alourdis le roman tout en étant nécessaires pour sa bonne compréhension.

J'ai quand même bien aimé le déroulement de cette histoire, la démonstration qui y est faite qu'en affaire le cynisme et l'avidité mènent plus loin que la bonté la naïveté et surtout les illusions qu'on peut avoir sur soi ou sur les autres. On voit que les plus grandes illusions et les plus coûteuses sont celles qu'on a sur sa propre valeur.

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Mon avis va un être un peu différent de celui de la majorité des critiques ici. Je n'ai pas particulièrement aimé cet ouvrage De Balzac, considéré pourtant comme un des sommets de la Comédie Humaine que je commence à avoir bien découvert.
Cela tient principalement au personnage de Lucien, que j'ai trouvé être un jeune fat égoïste. Il ressemble un peu à Rastignac, cet ambitieux qui veut conquérir Paris, mais Rastignac a - au moins dans le Père Goriot, un coeur, des sentiments, une générosité pour ceux qui souffrent. Lucien, lui, agit en égoïste, ne pensant qu'à ses propres plaisirs. Quel fat ! Certes, il verse des torrents de larmes, mais trop tard, il ne mérite pas une famille comme Eve, David ou sa mère. Comme souvent chez Balzac, les personnages féminins, quoiqu'en marge du récit, un peu effacés, sont des personnages sublimes de dévouement, elles sont prêtes à tous les sacrifices pour leur famille, tandis que David rejoint les inventeurs et les savants, tous les monomaniaques de la Comédie Humaine qui vouent leur vie à leurs recherches.
Oui, ce roman est au coeur de la Comédie Humaine par ses personnages qui reviennent, par ses lieux puisqu'il unifie la province et Paris, par ses thèmes puisqu'il est aussi une forme d'étude philosophique - avec le personnage de David. C'est aussi une étude analytique du mariage et de la vie sociale.
Quelques très bons passages dans ce roman donc, même s'ils peuvent répéter d'autres oeuvres De Balzac - l'artiste créateur seul dans sa mansarde, la fascination pour les femmes mûres, la différence de goût entre le grand monde de province et celui de la cour, les orgies des journalistes et des actrices - décrites avec beaucoup de sensualité. Mais aussi certaines longueurs, notamment les tracasseries juridiques.
Pour conclure, ma lecture, bientôt terminée, de la Comédie Humaine, m'a fait découvrir de très belles oeuvres, mais je ne mettrai donc pas celle-ci parmi es préférées, surtout à cause de l'insupportable Lucien.
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Mon premier Balzac (il était temps pour une tourangelle) !
J'avoue avoir eu beaucoup de mal à m'imprégner dans ce livre, mais une fois l'histoire avancée, j'ai pu enfin apprécier.
L'auteur à travers ce roman nous fait une belle critique de la société et notamment du monde de l'édition et qu'il devait bien entendu connaître.
Tout y passe, c'est plutôt incroyable...
Dans la dernière partie, il fait aussi je pense une juste critique de la justice.
Ce qui est décevant, c'est que je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages.
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Il y a des romans que l'on souhaiterais aimer. Pour ma part "Illusions Perdues" fait parti de ces romans. J'apprécie beaucoup Balzac dont j'avais eu un véritable coup de coeur pour "Splendeurs et misères des courtisanes". Mais je ne peux pas en dire autant pour "Illusions Perdues".

Le début du roman m'a ennuyé, l'intrigue est devenue intéressante à partir de la deuxième partie. Ce qui m'a fortement déplue ce sont les longueurs. Pourtant lorsque l'on s'attaque à Balzac, on y est préparé. Mais là ... je suis passée à côté, je ne pensais qu'a finir ce roman.

Toutefois ce roman reste intemporel car le milieu du journalisme, rempli de magouilles, n'a pas changé aujourd'hui.

Bref j'ai été déçu par ce roman dont je reconnais pourtant le génie.
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Ma réconciliation avec Balzac grâce à une lecture commune via un réseau social.
J'étais fâchée avec Balzac depuis la 3ème et 6 mois d'études d'Eugénie Grandet. Je gardais un mauvais souvenir de descriptions à n'en plus finir.
Etait-ce dû à mon immaturité ou à l'enseignement de l'oeuvre? Je pense que le temps a fait son oeuvre.
J'ai été plus que touché par le Père Goriot. L'amour ce ce père, à la limite incestueux, m'a déchiré le coeur. Mais ce qui m'a surtout surprise c'est le nombre de fois où j'ai ri. Balzac est drôle, caustique, cynique/ Il est sans pitié pour la société de son temps. Combien de fois ai-je pense "ca c'est envoyé!". Pardon pour les puristes.
Balzac est également tendre, poétique et plein d'humanité. Je n'ai ressenti aucune longueur durant cette lecture. Ces études de caractères et de moeurs sont magnifiques.
J'ai enchainé sur Illusions Perdues et j'ai retrouvé mon ressenti de 3ème. Mais ça sera l'objet d'un autre billet!
Balzac est à lire assurément!
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