Lointain souvenir de la peau

Après "American Darling", je souhaitais poursuivre ma découverte de l'œuvre de Russell Banks, écrivain américain majeur et souvent considéré comme nobélisable.
Difficile pour moi d'arriver au bout de cette lecture éprouvante pour plusieurs raisons. D'abord, le sujet de la délinquance sexuelle et de la pédophilie est scabreux à traiter sous forme de roman et d'autre part, la façon dont l'auteur l'aborde est pleine d'ambigüité.
Autour du Kid, un jeune homme solitaire et désoeuvré, isolé de la communauté pour déviance sexuelle, gravite toute une population de SDF réduits au même sort, pour les mêmes raisons. Ostracisés, tous subissent une misère aussi matérielle que sexuelle.
En réalité, le Kid n'est pas un vrai délinquant. Considéré comme "bizarre et pathétique", son arrestation et son fichage résultent plutôt d'un malentendu.
L'auteur le présente donc comme une victime de la société, d'un contexte familial pénalisant, d'un mauvais usage d'internet. Quant à ses acolytes, on ne connait pas bien les raisons de leur exclusion : pédophilie ou pornographie ?
Le roman vu d'un point de vue sociologique et culturel pose plus de questions qu'il n'en résout : où est le bien, le mal, le permis, le toléré, l'interdit et pourquoi
Entre culpabilité, rédemption, réhabilitation, le problème tient du cas par cas.
Quant à l'intervention du "Professeur" dans l'histoire, personnalité insaisissable, elle est pleine de mystères que même la fin n'éclaircira pas.

Je me suis aventurée en terre inconnue avec ce gros roman de Russell Banks, auteur que je ne connaissais que de nom et que ma tante m'a fait découvrir à l'occasion de mon anniversaire. Une lecture très dépaysante chez les parias des USA, dans les marais d'une Floride réinterprétée, loin de mes univers de prédilection.
Apparemment, si j'en crois les critiques de babelionautes, ce n'est pas l'ouvrage de l'auteur qui fait le plus l'unanimité et je suis moi même assez partagée.

La peinture de la société américaine vue par la perspective du héros, auquel on s'attache, est intéressante quoique très sombre et désespérante, et l'écriture est belle. Néanmoins il y a beaucoup de longueurs et de répétitions qui rendent la lecture un peu pénible parfois. Je me suis accrochée pour le finir... Certains passages emmènent le lecteur dans une direction qu'on peine à raccrocher au corps du roman.

Le côté pénible est lié aussi au contenu, on est dans une longue réflexion sur le statut des délinquants sexuels, l'addiction au porno... On comprend rapidement du héros qu'il est une forme de victime de sa naïveté, de sa déshérence familiale et d'une société aux injonctions morales contradictoires. le voir englué dans cette histoire est franchement déprimant, même si la fin est porteuse d'une forme d'espoir.

En revanche je n'ai pas vraiment compris l'intrigue autour du personnage du professeur. Même pas du tout. Je pensais avoir une révélation finale mais non. Au final pour moi le roman aurait été plus cohérent s'il avait été centré simplement sur le Kid.

Donc en conclusion contente d'avoir découvert cet auteur mais pas sûre qu'il soit pour moi. C'est un ressenti que j'ai déjà eu avec d'autres écrivains étasuniens comme Franzen ou Ellroy par exemple. La littérature contemporaine des US n'est peut être simplement pas mon univers !

Un roman dans l' ensemble décevant malgré un début très intéressant ou la fibre sociale de cette histoire nous emporte vers des analyses judicieuses et pertinentes. La vie du " Kid " et ses déboires constituent une base solide.
Cependant beaucoup de longueurs viennent entacher ce bon début. La vie passé du professeur n' a pas beaucoup de sens dans la mesure ou elle est suggérée sans aucune précision et aucun développement. On reste un peu sur notre faim à ce niveau là et on a un peu de mal à voir l' intérêt de telles digressions qui " tombent " bien souvent à plat à part peut-être de valider un concept très flou et un peu " tiré par les cheveux " qui serait : " regarder : les individus ne sont pas toujours ce que l' on croit ".....Idée bien entendu à mettre en corrélation avec la vie du Kid.....
La fin de ce roman n' en finit plus avec des répétitions, des longueurs et des développements peu compréhensibles et plutôt inintelligibles.....On s' ennuie ferme et on en oublie le bon début....Dommage....

Le Kid est un délinquant sexuel qui porte un bracelet électronique et a trouvé refuge sous un pont, un des rares endroits où il est sûr de demeurer à plus de 800 m d'un lieu fréquenté par des enfants. Une nuit, il rencontre un célèbre sociologue, Le Professeur…

Ce livre part d'une bonne idée et propose une critique virulente de la vie aux États-Unis aujourd'hui, hantée par la peur et la stigmatisation. Mais cette idée plutôt bien exploitée dans les deux cent premières pages n'est ensuite qu'un prétexte à raconter des évènements qui perdent peu à peu toute logique. Les personnages sombrent alors dans la caricature. Dommage, car le texte était prometteur.

Un roman original mais qui s'essoufle trop rapidement pour convaincre véritablement le lecteur.