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4,05

sur 780 notes
J'ai vraiment dévoré ce livre... il se lit tellement bien et le propos est tellement intéressant, pour peu qu'on s'intéresse un tant soit peu à l'histoire du Québec... Parce qu'en plus de nous livrer une histoire personnelle sur l'éternelle fuite de sa grand-mère maternelle, ce livre nous livre également cette histoire comme témoin d'un pan de l'Histoire... Nous avons la chance de côtoyer Borduas, les Riopelle, Marcelle Ferron, Barbeau, et d'autres grands, signataires du Refus Global... Ces hommes et femmes qui se sont posés en contestation des règles, des normes, de Duplessi et sa grande noirceur... Mais également des hommes et des femmes qui, a force de contestation, ont laissé de côté l'essentiel... leur mari, leur femme, leurs familles, mais surtout, leurs enfants... L'histoire de Suzanne Meloche n'y fait pas exception, et en est même l'incarnation... Dans son désir d'émancipation et dans sa fuite perpétuelle vers elle ne saura jamais où, elle a brisé l'enfance de Mousse, sa fille et de François, son fils...

Une histoire émouvante. Sur le vide laissé par une mère en fuite, que la fille devra combler. Une écriture direct, sans détour, mais à fleur de peau... Qui accuse, mais cherche tout de même à comprendre. le désir fou de réparer, pour toujours, le trou laissé au ventre de sa mère par l'absence de la sienne. Un témoignage d'amour et de haine, de paix et de colère... Vraiment un texte à lire...
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Je referme ce superbe roman, l'auteur dans un style, une force d'écriture envoutante, directe, nous conte l'histoire de sa grand-mère qu'elle n'a pas connue, une grand-mère artiste, une grand-mère amoureuse, une grand-mère contestataire, une grand-mère abandonnant ses enfants.
Un magnifique portrait d'une femme qui toute sa vie n'a pas voulu se poser, revenir sur ses pas en faisant des choix irréversibles pour étancher sa soif de liberté.
Je remercie cette libraire de Montréal qui m'a conseillé ce roman bouleversant, puissant, remarquable et n'a pas eu un grand écho en France.
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Suzanne Meloche est née en 1926 au Canada.
Elle a abandonné sa fille de trois ans.
Des années plus tard, sa petite-fille, Anaïs Barbeau-Lavalette retrace sa vie.
C'est une femme extravagante et libre.
Avant-gardiste, elle participe au Québec au mouvement automatiste.
Elle écrit des poèmes.
Elle peint des toiles dont une est exposée au musée d'art contemporain de Québec.
Anaïs s'adresse directement à sa grand-mère.
Pendant une bonne partie du livre, j'ai été gênée par l'emploi du « tu ».
Et puis, une fois l'idée admise et l'habitude prise, je me suis vraiment prise d'intérêt pour cette femme et son tempérament exceptionnel.
Gagnée aussi par l'émotion, non pas pour Suzanne qui a vécu sa vie très égoïstement, mais pour sa fille et sa petite-fille chez qui l'abandon de Suzanne a laissé de fortes séquelles.
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Dès les premières lignes, j'ai été subjugué par ce livre...
Si l'on croit au début à un réquisitoire contre cette grand-mère qui a abandonné ses enfants (dont la mère de l'auteure), l'on s'aperçoit que c'est plus que cela, Anaïs Barbeau-Lavalette part à la découverte de cette grand-mère qu'elle n'a connue, nous raconte sa vie, son caractère, sa liberté, ses amours, ses réalisations artistiques.
Le contexte historique est toujours présent, Suzanne Méloche, sa grand-mère ayant été mêlée au Refus global, manifeste du mouvement automatiste québecquois, elle a fréquenté tous ses principaux adhérents, épousé l'un de ses membres. La toile de fond historique englobe les années de dépression, les gouvernements canadiens, la seconde guerre mondiale, le mouvement de libération des afro-américains, la guerre du Vietnam...
J'avoue que je ne connaissais rien du mouvement automatiste, et cela m'a amené souvent durant ma lecture à me documenter davantage sur ce courant et ses adeptes.
J'ai aimé l'usage de la seconde lettre du singulier, l'auteure s'adressant directement à sa grand-mère en la tutoyant, le style est beau, avec des phrases courtes.
J'ai aimé ce portrait de femme, dessiné sans haine ni hagiographie , décrite avec ses défauts et ses qualités, sa liberté d'esprit.
Le livre est extrêmement documenté, dans ses remerciements l'auteure inclus notamment une détective privée, ainsi que plusieurs témoins directs.
Roman féministe ? Peut-être ... mais dans son sens noble !
En bref, j'ai adoré !
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Une lecture particulière, assez déroutante avec l'emploi du 'Tu" pour la narration, ça donne un ton comme haché au récit. le début m'avait semblé, très froid, sec, avec des phrases très courtes puis le Tu a fini de casser le tout. Et pourtant il se dégage de ce récit, une poésie, une puissance aussi, une douleur intense. C'est étrange de ressentir à travers ces lignes ce besoin de retrouver cette femme, de savoir, de comprendre cette fuite en avant durant sa vie.
Le récit est donc basé sur la vie de la grand-mère de l'auteure. On découvre une femme qui a soif de s'envoler, une artiste atypique, qui fuit la stabilité, abandonnant ses enfants pour vivre sa passion, non sans déchirements.
Comment comprendre ses choix, c'est en lisant le portrait de cette femme qu'on peut tenter de savoir, difficilement pour ma part, mais ne jugeons pas, lisons plutôt ce récit atypique pour une femme originale.
Je ne connaissais pas cette auteure, même si la narration m'a gênée, j'ai aimé son originalité, ses pointes de poésie. La découverte du Canada également s'étalant sur une longue période et des lois quelques peu surprenantes notamment sur l'art. (mettre en prison une statue d'un nu, avouez qu'on ne voit pas ça souvent) .
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Quelle lecture, mais quelle lecture ! C'est un coup de coeur ou plutôt un coup au coeur que nous envoie Anaïs Barbeau-Lavalette en prenant pour sujet d'écriture sa grand-mère maternelle, Suzanne Meloche ou Suzanne Barbeau, qu'elle n'a quasiment pas connue, sauf lors de brèves et rares visites. Et pour cause : Suzanne a quitté son mari et ses enfants lorsque ceux-ci avaient trois et un an, elle est partie sans se retourner ou presque. le manque maternel a fait basculer dans la folie son fils François, adopté par des entrepreneurs en pompes funèbres, et a longtemps érodé le coeur de Mousse, sa fille aînée, qui a réussi à construire une famille unie, attachée, où on ne se quitte pas.

Mais il faut revenir en arrière, à cette enfance de Suzanne (née en 1926) à Ottawa, où francophones et anglophones se confrontent, où la religion catholique et un gouvernement très conservateur (de ce que j'en ai compris à la lecture) corsettent la société. Suzanne observe sa mère abandonner ses rêves et s'épuiser dans les maternités à répétition. Dès qu'elle en a l'occasion, elle s'échappe de sa famille et part étudier à Montréal. Là elle se lie au mouvement des automatistes québécois, sous la houlette de Paul-Emile Borduas. Petit point d'info grâce à Wiki : « À l'encontre des surréalistes, les Automatistes préconisent une approche intuitive expérimentale non représentative conduisant à un renouvellement en profondeur du langage artistique. » Plusieurs des artistes qui le composent vont signer en 1948 le manifeste Refus global. Suzanne se retirera au dernier moment des signataires, sans doute déjà réfractaire à toute forme d'embrigadement, aussi légitime soit-elle. Face au pouvoir toujours très conservateur qui censure ce qui lui paraît immoral voire non conventionnel, autant dire que les peintres, danseuses, écrivains du groupe vont subir de lourdes conséquences : perte de travail, privation de liberté d'expression. Suzanne et Marcel Barbeau, qui se sont mariés dans ce mouvement, partent à la campagne avec d'autres compagnons et vivent un peu comme une communauté écolo avant l'heure, dans des conditions assez précaires. Les enfants arrivent, Suzanne a une relation très forte, fusionnelle avec ses enfants, Mousse (Manon) et François. Mais la misère, le sentiment d'enfermement sans doute, la difficulté d'exister en tant qu'artiste face à son mari, lui font tout quitter : le couple se sépare en 1952, ils laissent les enfants dans une « garderie », quelques mois pus tard ils les abandonnent officiellement (François sera adopté et Mousse sera élevée par ses tantes paternelles). A partir de là, Suzanne vivra ici et là, seule ou en couple, elle exerce divers métiers, elle ira jusqu'en Europe, à New York où elle côtoiera Jackson Pollock, elle accompagnera un mouvement de libération des Noirs jusqu'en Alabama. Elle peint, elle écrit mais après 1964 on n'entendra plus jamais parler d'elle sur la scène artistique, jusqu'à la réédition de son recueil de poèmes en 1980.

J'ai conscience d'en dire beaucoup peut-être, mais cette femme est tellement intéressante et il me fallait vérifier si cette femme avait bien existé, ce qu'elle avait fait, qui étaient les artistes qu'elle a fréquentés. Peut-être aussi ce besoin d'informations était-il nécessaire pour contrebalancer les émotions de cette lecture, de ce texte qui m'a happée dès les premières pages. Au départ, on sent Anaïs Barbeau-Lavalette remplie d'amertume, de ressentiment envers cette grand-mère qui a abandonné sa fille (la mère d'Anaïs) et n'a jamais – ou si peu – cherché à renouer le contact, qui est morte seule dans son appartement d'Ottawa en 2009. Quand cet appartement est vidé, l'autrice récupère un carton de lettres, d'articles de journaux, à partir desquels elle va chercher à savoir qui était Suzanne Barbeau. Elle a même engagé une journaliste-détective pour compléter ses recherches : c'est très émouvant de lire la liste des personnes qu'elle remercie à la fin du livre.

Au final, elle dresse le portrait d'une femme qui ne s'est jamais laissé enfermer et qui, pour cela, a fui régulièrement, une femme qui ne s'est jamais revendiqué comme féministe mais qui a voulu vivre ses aspirations intellectuelles, artistiques tout en vivant l'amour et la maternité, une femme qui a fui ces attaches-là en s'arrachant le coeur pour vivre libre et qui a payé au prix fort cette liberté. Une femme et après elle, une génération de femmes à laquelle je n'ai pu que m'attacher, même si elle m'a elle aussi déchiré le coeur à plusieurs reprises. Sans doute est-on plus facilement happé(e) dans ces pages qu'Anaïs Barbeau-Lavalette s'adresse directement à Suzanne, en « tu », et son écriture sensible fait le reste.

Coup au coeur donc, et sans aucun doute une de mes plus belles lectures de l'année.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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De prime abord, ce roman a tout pour me rebuter: des phrases très courtes, des paragraphes qui se limitent souvent à une phrase, des chapitres rarement plus longs que deux pages, comme si le lecteur visé ne pouvait se concentrer plus que 2 minutes sur le même sujet. En plus, tout le monde aime ça ce qui réveille le snob en moi. Et pourtant, quel roman magnifique! Je dis souvent qu'un roman digne d'être publié ne doit pas nous laisser indemne à la fermeture de la dernière page. Il doit nous faire entrer dans une réalité qui nous est étrangère et étendre notre compréhension du monde. Anaïs Barbeau-Lavalette réussi cette mission à l'aide d'une écriture douce et pleine d'empathie, dont le but est de comprendre et non de juger. Je ne résumerai pas la trame du récit car il vaut mieux l'aborder comme une rencontre surprise, mais sachez seulement qu'il est peuplé de personnages plus ou moins brisés qui tentent de faire leur chemin dans la vie.
"Surgit le souvenir des notes éteintes d'un piano. le spectre de ta mère évaporée,"
Un livre lumineux, qui redonne confiance dans le pouvoir des mots de nous faire appréhender le monde avec plus d'humanisme.
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Avec ce livre d'Anais Barbeau-Lavalette qui nous entraine à sa suite à faire la connaissance de sa grand mère , j'ai aussi découvert une page de l'histoire canadienne et le mouvement du refus global . Suzanne Meloche était une femme libre , entière , sans aucune compromissions.
Le texte , à la seconde personne , est incisif , intime . On se prend à aimer et détester tout à la fois cette femme mais on ressent aussi son courage et ses sacrifices , ses douleurs et sa volonté d'avancer toujours ...Mais à quel prix pour ceux qu'elle abandonne ?
Ce livre magnifiquement écrit va longtemps me hanter tant il interroge sur la liberté , l'amour , l'engagement .
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On tisse. Pour joindre, rejoindre, pour continuer, suivre et poursuivre. On tisse pour remplir les « blank » les manques. C'est un besoin. Mettre des mots.
Récit bouleversant que celui d'Anaïs Barbeau-Lavalette. Celui de sa grand-mère maternelle qui décida de rompre le fil, sans retour.
C'est également un récit historique sur le Québéc du 20e siècle. La période Duplessis, la « Grande Noiceur ». Ordre moral, ordre nationaliste…. Censure.
il porte sur une partie de l' histoire du mouvement artistique et littéraire de celles et ceux que se nommaient  " les automatistes", signataires du "Refus Global".
J'ai dévoré ce roman.

Astrid Shriqui Garain
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La femme qui fuit était sa grand-mère et, petit à petit, Anaïs Barbeau-Lavalette reconstruit son histoire : pour elle, pour nous, pour sa mère. À partir de fragments disparates, elle lui offre une vie sous forme de roman et nous livre un roman plein d'éclat. Ce texte qui lui est directement adressé est intime et explosif : aucun faux-semblant apparent mais un récit poignant où, avec l'auteure, on apprend à cerner et aimer Suzanne Méloche. Les contours restent souvent flous, tout comme notre empathie.

Dès les premières pages, l'auteure nous happe avec une sensibilité bien placée : le cadre est posé, on sait où commence et termine l'histoire. Il ne reste plus qu'à en découvrir le contenu, sans égarer dans des espoirs fictifs. En fait de péripéties, il y a des relations qui se nouent et se dénouent parfois avec une surprenante rapidité, des considérations esthétiques, et une perspective historique qui m'était inconnue. J'ai été impressionnée par l'émotion qui se dégage de ces pages, par cette quête qui cherche l'explication sans jamais verser dans le jugement ni l'excuse. Les mots sont empreints à la fois de sobriété et de poésie, animant avec brio une réflexion fine sur la filiation et la liberté.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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