Comme la plupart, j'ai découvert
Catherine Bardon avec sa saga "
Les Déracinés" qui m'a transportée sur des terres inconnues : celles de la République Dominicaine.
Avec ce nouvel ouvrage, Bardon confirme son intérêt pour cette île où elle passe désormais la moitié de l'année.
A nouveau, nous avons la sensation que l'autrice est avant tout une conteuse. Les pages défilent, les mots s'assemblent telle une histoire avant de s'endormir.
Pourtant, la vie racontée ici, celle de Flor de Oro Trujillo n'a rien d'un rêve. Elle est née avec un nom, un statut, ce poids sur les épaules qu'elle ressent au moindre de ses pas. C'est la fille de "L'ogre des Caraïbes". Ce mégalomane, violeur, dictateur a l'ambition dévorante sera à la tête de la République Dominicaine pendant 30 ans.
Cette homme,
Catherine Bardon ne le cite même pas. Car pour une fois, à travers cette ouvrage, il ne fera pas de l'ombre à sa fille, cette fleur d'or qui ne demande qu'à s'épanouir. L'autrice lui octroie la première lettre de son nom : T. C'est tout. Parce qu'il ne mérite que ça.
A travers près de 400 pages, nous allons suivre notre Fleur à travers le globe, de sa plus petite enfance jusqu'à son décès en 1978. Rapidement "évincée" de son cercle familiale, cette petite fille doit faire honneur à son nom et recevoir la meilleure des éducations. Elle est envoyée en France. A un si jeune âge, elle est arrachée à son île pour atterrir dans un endroit si différent qu'elle ne parvient jamais à s'y réchauffer.
Privée de l'amour et de la reconnaissance dont rêve chaque petite fille : celle de son père, Flor n'aura de cesse de chercher l'amour avec un grand A. Celui qui saura l'aimer pour ce qu'elle est et non pour ce qu'elle représente.
Jusqu'au bout, on y croit.
Tel un roman photo, on suit les péripéties sentimentales de notre héroïne, on désapprouve ses choix, on l'a comprend mais au fil des pages, nous comprenons que notre fleur ne parviendra pas à trouver l'amour si elle ne s'aime pas elle même. A chaque coup bas de son père, à chaque tromperie de ses maris, elle se punit. Par l'alcool et par la puissance de ses troubles alimentaires.
Ne vous méprenez pas, Flor a aimé, elle les a même tous aimé. Un plus que les autres. Et c'est à cet amour perdu, qu'elle a pourtant essayé de retenir à maintes reprises, qu'elle va comparer chacune de ses unions.
Comme l'écrit si bien l'autrice à la fin de l'ouvrage : l'histoire de Flor de Oro, c'est l'histoire d'une dérive, d'une vie malmenée et mal menée.
A travers ce récit,
Catherine Bardon confirme son talent de détective. Ses recherches sont poussées jusqu'à déterrer des éléments oubliés. Car cette femme, c'est
L Histoire.
Et bien qu'elle n'ait passé sa vie dans l'ombre, son histoire méritait de prendre toute la lumière.
Merci
Catherine Bardon d'avoir fait honneur à une femme inoubliable à travers une histoire que vos lecteurs n'oublieront pas.