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sur 5055 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Malgré un brillant avenir dans l'armée imaginé par son père, Hervé Joncour se destine à tout autre chose. Une profession que certains jugeaient insolites: il achetait et revendait des vers à soie. Des vers encore sous la forme d'oeufs minuscules qu'il allait chercher au Japon. Installé à Lavilledieu, dans le sud de la France, auprès de sa femme, Hélène, il faisait le voyage tous les ans. Un voyage qui durait des mois et l'éloignait des siens. Il parcourait pas moins de 1600 miles sur mer et 800 kms sur terre. Ce commerce florissant le mettait dans un confort qu'on tendait à nommer luxe. En 1861, afin de sauver les élevages de vers à soie contaminés, il se rend au japon et fait la connaissance d'Hara Kei, un maître au japon, et d'une jeune fille aux yeux qui n'avaient pas la forme orientale. Une rencontre bouleversante qui changera à jamais sa vie...

Écrivain et musicologue, Alessandro Baricco tisse un roman épuré, aérien et tout en légèreté. L'on suit les voyages d'Hervé Joncour, du sud de la France au Japon. La rencontre avec cette jeune fille qui semble l'envoûter l'amènera à se rendre plusieurs fois dans ce pays où le choc des cultures et la barrière de la langue offrent une histoire d'amour exotique et mystérieuse, tout en retenue. Ce court roman fait la part belle aux silences, aux non-dits, à la sensualité et à la contemplation. L'écriture est à l'image de ces voyages: épuré et simple.
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«On posa sur ces yeux un linge mouillé ….
Hervé Joncour sentit l'eau couler sur son corps … de l'eau comme de l'huile. Et un étrange silence, tout autour. Il sentit la légèreté d'un voile de soie venir se poser sur lui. Et les mains d'une femme – d'une femme – qui l'essuyaient en caressant sa peau, partout ces mains, et cette étoffe tissée de rien. Pas un instant il ne bougea, pas même quand il sentit les mains remonter de ses épaules à son cou, et les doigts – la soie, les doigts – monter jusqu'à ses lèvres, les effleurer, une fois, lentement, puis disparaître. »

Délicieux, silencieux, enveloppant, raffiné, et d'une extrême lenteur : voici donc toute l'atmosphère de « Soie » ainsi résumée.
Il suffit juste de fermer les yeux et de s'abandonner …
Il suffit … juste,
Sinon le charme n'opère pas.

Roman ? Nouvelle ? Ou même poème ? Ce tout petit livre est inclassable avec son « Rien » d'histoire et son « Tout » suggéré.
Moi je le vois comme une estampe, une estampe environnée de brumes : fascinante, il faudra la regarder longuement, s'imprégner de la grâce des traits, de la finesse des contours, de la délicatesse des couleurs, pour que derrière le voile surgisse la limpidité d'un petit moment d'éternité.

Parce qu'avec « Soie » on ne s'attache pas à l'histoire, celle d'Hervé Joncour, négociant ardéchois sériculteur qui, pour les besoins de son métier et de son village, est amené à faire plusieurs voyages à cet autre bout de la Terre qu'est à l'époque le Japon : elle est minimaliste et n'a au fond, pas beaucoup d'importance puisque l'auteur ne nous donne guère de détails sur le pourtant long périple de ces voyages, pas plus qu'il nous renseigne sur les moeurs, les coutumes ou même les paysages de ce Japon fermé du 19 éme siècle.
Ce n'est donc pas le voyage qui importe, ni les pays qu'il relie, c'est une fulgurance, un croisement de regards, l'opium d'une troublante rencontre à l'autre bout du monde, l'éblouissement d'une vie tranquille « déroutée » par la puissance de deux prunelles, l'infidélité virtuelle enveloppée dans un voile de silence, la souffrance « muette » d'une épouse, l'inexplicable attraction de l'impossible.

Alessandro Baricco a-t-il voulu soulever le fragment de rêve qui existe en chacun de nous : Rompre avec l'attendu, se défaire du réel, connaître la vibration sublime d'un Amour qui peut se passer de mots, toucher un essentiel, s'atteindre enfin ?

La part belle est faite au mystère, à un charnel tout en pudeur, aux blancs qui suggèrent, à une narration volontairement répétitive, à une lenteur « orientale » parfois exaspérante mais nécessaire.
Baricco et sa petite musique lancinante, nous laisse finalement libres de notre imaginaire et de notre sensualité. L'éblouissement est là !

Une envoutante lecture,
Simple, épurée, tout en retenue,
Un fil tenu, imperceptible… fil de Soi.
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Tout comme son titre le livre est un condensé une douceur. Un régal de lecture suave et glissant qui relate les relations mystérieuses entre un commerçant de vers à soie et une femme dont on ne sait pas grand chose si ce n'est qu'elle a des yeux qui n'ont pas la forme orientale. Serges Joncour, le personnage principal, passe la moitié de l'année sur les routes pour faire le lien entre la France et le Japon. Car au milieu du XIX ème siècle le voyage est périlleux pour rejoindre les terres du soleil levant. Il doit traverser pendant des mois des régions infinies et desertiques et revenir à temps pour permettre l'éclosion des précieux oeufs de vers à soie.
Cet amour fascinant, qu'il ne retrouve que quelques jours de l'année dans ce pays de l'autre bout du monde l'obsède.
Et c'est celui-la même qui le pousse à ignorer le danger et à décliner les meilleurs conseils de ses proches d'arrêter ses allers retours incessants.

Dans ce court roman, l'auteur nous questionne sur la forme du véritable amour. Est-il celui qui nous accompagne dans la tendresse rassurante du quotidien, l'amour au long cours, ou celui qui nous révèle dans la brutale et incompréhensible passion, celle qui nous subjugue nous fait parcourir des milliers de kilomètres, celle qui nous emporte et qui nous euphorise autant qu'elle plonge dans la détresse et le doute en un même instant. Et enfin au-delà de tout cela, devons-nous nous questionner sur la nécessite de faire un choix entre ces amours?

On notera que cette passion est, un peu comme pour une grande partie de ce qui compose l'ouvrage (personnages, paysages, voyage...), plus suggérée que décrite. Il faudra donc au lecteur faire l'effort de l'imagination et de l'expérience pour tirer pleinement profit de cette lecture.
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Soie est comme un songe qui passe devant les yeux. Cette histoire est pareille à un mirage. Elle ne pèse rien. Elle est toute tissée en filigrane, impalpable, presque transparente, irréelle ; la vie d'un homme qui rêve, qui désire ; un rêve d'Orient insaisissable.

Tout en finesse, les personnages évoluent, se rencontrent, se retrouvent, suspendus sur la scène d'un théâtre fantastique.

Le style léger coule, glisse, ténu. Les pas d'Hervé Joncour, sur sa route de la soie, rendent vibrant l'art tout oriental de la concision. Les silences en disent plus que les paroles et participent de l'explosion de leur plénitude discrète.

Une histoire tendre, une sentimentalité délicate, à fleur de peau, une révélation venue du bout du monde, « invisible », pour se retrouver dans une intime et étrange complétude. Chaque phrase d'un tel récit est pesée, calibrée pour un ensemble chatoyant d'une harmonie limpide.

Cette soie qui tente, grise, brûle, apaise, elle ne pèse rien. Elle paraît aussi fuyante que le vent qui ride l'étang tranquille, en émeut la surface d'une douce caresse.
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Roman ? Nouvelle ? Poème ?
J'ai plutôt l'impression que ce texte est construit comme une chanson, avec des passages répétitifs comme des refrains. On y trouve quelques solos effectués par les divers protagonistes de l'histoire.
C'est une chanson d'amour, une chanson douce avec des instruments exotiques venus du fond de l'Asie.
Une chanson légère qui n'agresse pas vos oreilles mais qui s'imprègne en vous.
Une chanson qui rend compte de la difficulté d'aimer et que seuls les amants savent appréciés.
Une chanson au parfum envoutant, qui fait frissonner et qui part de vos reins pour remonter au sommet du cerveau.
C'est aussi une berceuse qui endormira les enfants les plongeant dans des rêves sans cauchemar.
C'est une chanson que l'on écoute en habit de soie, qui enveloppe votre corps et dont le contact vous transporte d'émotions comme des caresses tout doucement dispensées à chaque pas.
Une chanson à la voix sensuelle qui suggère déjà des plaisirs charnels.
La musique qui accompagne est une ritournelle composée de quelques blancs, qui laisse le cerveau en suspens.
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Ce livre se lit, se voit, se sent. Alessandro Baricco fait ressentir au travers de ses mots toute la sensualité asiatique, et impose un rythme de lecture surprenant, tout en alternance, que j'ai apprécié.

Alors que certains passages récurrents sonnent comme les rouleaux d'une mer nous emportant d'un continent à un autre, entre temps, il sait poser le calme, poser le temps et le suspendre à une étoffe, une couleur chaude, une sonnette qui tinte. Sous le regard de ces yeux qui n'avaient pas une forme orientale, il nous montre où se sont posées des lèvres sur une tasse de thé. Et le temps s'arrête... tout comme ses phrases qu'il coupe, nous imposant son rythme.

Je ne parlerai pas du personnage central, Hervé Joncour, mais de deux autres qui ont retenu plus particulièrement mon attention, son ami, Baldabiou, et Hélène, la femme de Joncour.

Baldabiou, c'est un "personnage", entier, franc, fidèle en amitié, sensible, drôle et joueur. Il ne mange pas ses mots. Il vit comme il respire, simplement. On ne sait d'où il vient ni où il ira, mais il vivra chaque instants, pleinement.

Hélène, une femme qui aime. Discrète et intelligente. Elle donnera une preuve d'amour merveilleuse, celle qui n'attend pas de merci en retour, celle dont le bénéficiaire ira jusqu'à ignorer qu'il s'agit d'un cadeau. le don, le vrai don c'est elle, soyeuse.

"Ain't no sunshine..."
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Un petit livre qui se lit bien au chaud, emmitouflé sous une couverture aussi chaude et douce que les mots de Soie.

J'ai surtout été charmée par cet opus numéro 1 des éditions Tishina paru en 2012 ; magnifique ouvrage illustré. Je pense que je n'aurai pas autant apprécié cette lecture si je l'avais découverte dans une autre édition plus simple avec uniquement du texte. Ici l'ouvrage est de qualité et très travaillé. J'ai pris un réel plaisir à découvrir chaque page grâce aux sublimes dessins de Rébecca Dautremer.

Concernant l'histoire, elle est plutôt simple et très lente, parfois répétitive notamment lorsqu'il s'agit des différents périples d'Hervé Joncour. Mais le tout est assez poétique et plein de douceur. J'ai beaucoup aimé cette lecture. Elle est très courte mais c'est juste ce qu'il faut.
J'ai aimé découvrir la culture des vers à soie, les passages se déroulants au Japon, mais surtout la sensualité de cet histoire d'amour impossible...

Un ouvrage très agréable à lire et à regarder : il y a un certain équilibre entre les pages illustrées, qui à mon sens, comblent un peu la lenteur de cette l'histoire.
À lire !
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Alors que les premières phrases de ce roman m'invitaient à parcourir un récit classique qui allait m'emmener dans le sillage du héros, Hervé Joncour, mon état d'esprit est devenu très instable lors de ce parcours littéraire d'une oeuvre dont la découverte ne se fait pas sur une route droite, de façon linéaire, mais dans les méandres de l'écriture. Je suis passé de mon confort de lectrice, à de l'étonnement, de l'admiration et, je dois l'avouer, de l'agacement parfois. Si cette histoire semble écrite en toute simplicité, on notera quelque originalité comme ce leitmotiv retraçant le voyage du héros vers le Japon qui revient régulièrement comme un refrain, transformant le récit en une sorte d'oeuvre musicale avec un thème et des variations.

L'auteur peut surprendre également en alternant entre pudeur, les passages érotiques étant voilés et annoncés par un timide « ils s'aimèrent », et scène pornographique, une lettre décrivant en détail, une relation entre le héros et l'autrice de cette lettre.

Une bonne partie du roman n'est que poésie, entre envolées d'oiseaux colorés, soies délicates, finesse de la culture japonaise et amours impossibles et, par contraste, l'effroyable guerre qui survient dans le pays du soleil levant.

Et Hervé Joncour ne fait que passer dans ce décor, sans s'imposer malgré sa présence affirmée, sans faire de bruit, transformant ses pérégrinations en habitude, sans s'émouvoir par son comportement, Ses états d'esprits étant décrits pas le narrateur et offerts à l'appréciation du lecteur.

Mon bémol concerne certains passages confus ce qui provient peut-être de problèmes de traduction, ce qui m'a amenée à relire plusieurs fois certains passages pour comprendre et poursuivre ma lecture.


Un bien curieux roman que je suis heureuse d'avoir découvert.
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Une histoire de soierie qui se lit en une soirée.

C'est un conte léger et soyeux, avec du flou et du mouvement, avec tantôt des motifs répétitifs, tantôt des dessins très raffinés décrivant l'amour ou la guerre.

On apprend sur les vers à soie, on rit des audaces de l'entrepreneur, on s'interroge sur ce qui se cache derrière l'étoffe chatoyante, on s'émeut des victimes de l'amour ou de la guerre.

Un tout petit roman pure soie
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Ce livre relate une histoire de Soie avec émoi.
De vous à moi, cela faisait des mois que j'en repoussais la lecture.
C'est vous, Babéliotes qui m'avaient poussé vers Soie.
Soit-dit en passant, je ne suis pas versatile, j'ai tout de même mon quant à soi.
Je ne suis pas déçu de Soie. Délicatesse, élégance et sensualité agrémentent ce récit.
Soyons honnêtes, pour s'enivrer de ce délicieux petit texte, tirer le verre à soi et buvez lentement jusqu'à la lie les très courts chapitres où coule la vie d'Hervé Joncour.
Initié par l'énigmatique M.baldabiou, il voyagera de nombreuses fois entre la France et le Japon mystérieux en quête des cocons prodigieux. Tout est lisse en apparence.
De retour à Lavilledieu, sa femme Hélène, avec douceur lui dit : tu es revenu.
Il repartira au Japon encore, attiré par une créature énigmatique aux yeux qui n'avaient pas une forme orientale. Hypnotique.
Hélène dit : promet-moi que tu reviendras.
Il reviendra et comprendra. Tout sera aplani, corrigé mais pas soyeux.
Pourtant, je conçois que Soie déçoive.
La trame se tisse doucement et s'échappe. L'action s'infiltre puis s'évanouit.
La vie passe en cercles d'eau concentriques sous le vent léger du lac.
« Mourir de nostalgie pour quelque chose que tu ne vivras jamais »
Pourquoi filer au bout du monde si la vie est chez soi ?
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