Pour moi, c'est probablement le meilleur de tous les livres de
Barjavel. En tout cas, de ceux que j'ai lu. Comme souvent avec cet auteur, c'est l'histoire d'un amour immense et contrarié. Ici, cela se passe sur fond de complot mondial, avec participation involontaire de la plupart des célébrités politiques des années 60-70 : Nixon, Nehru, Mao, etc..
Jeanne et Roland sont amants. Jeanne aime Roland, d'un amour presqu'insensé. Un jour Roland disparait dans l'incendie de son laboratoire, mais Jeanne apprend quelques temps plus tard que Roland n'est pas mort, mais a été enlevé. Pendant les années qui suivent, Jeanne va consacrer sa vie à le retrouver. Au passage, on apprend les vraies raisons qui ont conduit à organiser l'attentat qui a couté la vie à JF Kennedy à Dallas, pourquoi
De Gaulle a disparu en Mai 68, etc.. Je n'en dirai pas plus, pour ne pas divulgâcher l'histoire. (C'est-à-dire spoiler en bon français).
Barjavel est un conteur fabuleux. Pour peu qu'on se laisse prendre par la main, il nous fait passer derrière le miroir et nous entraine dans son monde. D'où on a du mal à sortir avant la dernière page.
Mais ce que le « Grand Secret » offre en plus de la douzaine d'autres livres de
Barjavel que j'ai lu, c'est l'occasion d'une réflexion plus approfondie que d'habitude, (sauf, peut-être, dans quelques pages de la « Faim du Tigre », mais j'ai trouvé l'ouvrage barbant), sur ce qui fonde le sentiment amoureux, et le rapport à l'autre.
J'avais 20 ou 21 ans quand j'ai ouvert le « Grand Secret » pour la première fois. A l'époque, l'amour sans limite de Jeanne pour Roland me paraissait parfaitement sublime, et je rêvais d'inspirer un jour de tels sentiments à quelqu'un.
Ce n'est qu'en vieillissant que j'ai fini par me rendre compte que le seul amour véritablement sublime dans ce livre, c'est celui que Paul, le mari de Jeanne, éprouve pour elle. Paul connait la liaison de Jeanne avec Roland. Plus âgé qu'elle de vingt ans, il en prend son parti. Quand Jeanne décide de consacrer sa vie à retrouver Roland, Paul l'aide de tout son pouvoir, de son argent, de ses relations.
L'amour vrai, pur, absolu, c'est l'amour que l'on donne sans espoir de contrepartie. C'est-à-dire celui de Paul. L'amour de Jeanne pour Roland est chimérique. Jeanne court après un amour idéal qui n'existe vraiment que dans sa tête. Et quand cette chimère se confronte à la réalité, elle s'effondre..
Mais lisez-donc ce livre. Peut-être que je n'ai rien compris. Vous me direz..