Peut-on se réfugier dans l'imaginaire toute sa vie et refuser de devenir adulte jusqu'au bout ? le
Peter Pan de James M. Barrie se lit selon deux points de vue principaux : celui du conte d'enfant qui amuse cette jeune pousse encore loin de l'adolescence, ou celui d'un conte tragique qui fait frémir de peur l'adulte à mesure qu'il tourne les pages. Évidemment, c'est plus nuancé que ça, mais ça te donne une idée basique de ce qu'est ce classique daté de 1911. D'ailleurs, saviez-tu qu'à l'origine, ce cher Peter apparaissait déjà en 1902 dans un autre roman de l'auteur ?
Pas de digression, entendu. 17 chapitres plus ou moins longs et portés par un narrateur plutôt familier, bourré d'humour et d'incertitudes quant à la véracité de ses dires, environ 150 pages et une multitude de personnages que tu as peut-être déjà vu à travers l'adaptation Disney. Wendy et ses frères, Peter, Clochette et les Enfants ou Garçons Perdus, les pirates dont Smee et Jacques Crochet, les sirènes, les Indiens ici appelés Peaux Rouges… tu as vite fait de t'y perdre tant il y a de noms et de personnages secondaires, la personnalité des uns surpasse l'intérêt des autres !
Ce conte pour enfants apporte son petit lot d'originalité, ici un Pays imaginaire qui dépend entièrement de
Peter Pan et qui ne s'ouvre qu'à ceux qui rêvent et ceux qui volent. le narrateur te balade de petite aventure en petite aventure – celle de l'Oiseau imaginaire face à Peter fut un délice – et c'est à peu près tout ce qui s'y passe. Tu découvres avec Wendy et chaque camp une partie de l'île, puis une autre, jusqu'à enfin en avoir fait le tour à peu près. Anecdotes, fonctionnement de sa magie et de ses règles, on son absence de règles, tout y passe dans le rire jusqu'à la bataille finale qui oppose encore et toujours le Bien et le Mal. Encore que… l'adulte qui sommeille en toi risque ses plumes : qui personnifie vraiment le Mal dans les parages ? Crochet ou un autre ?
Sitôt l'enfant endormi parti explorer l'île et ses dangers, l'adulte peut à présent se prendre d'effroi en découvrant la nature de Peter, voire celle d'une Clochette décidément brutale, et les possibles implications de ce Pays imaginaire multiple. Une éducation à la 1911 qui fait apparemment de Wendy un bien triste modèle pour « la femme de 2023 », une représentation fortement désastreuse des Indiens – est-ce d'ailleurs une meilleure appellation ? – et un Peter imbu de lui-même jusqu'au bout, meurtrier à ses heures perdues, inconscient de ce qu'il fait subir à ses compagnons comme à son île. Décidément, ce
Peter Pan n'est pas joyeux, même pour un conte pour enfants ! Pourrais-je t'en dire plus ? Absolument pas, c'est un roman à découvrir par soi-même. Si tu es féru des analyses, il se peut que ce classique-ci puisse te ravir tant il y a de choses à creuser. Enfin, gare aux surinterprétations, quand même. Oui, mon Bac l'm'a chamboulé en mal de ce côté.
Mitigée, satisfaite, mortifiée, admirative ? Rien de tout ça, je ressors de ma lecture contente d'avoir découvert un nouveau classique, mais le temps a déjà fait son oeuvre et je ne me rappelle déjà plus du nom des Enfants Perdus ou des frères de Wendy, comme si véritablement, les seuls personnages à avoir piqué mon intérêt étaient ceux qui me sont le plus inatteignables. Wendy et sa naïveté jusqu'à accepter tout pour un peu d'attention, Peter et sa haine des grandes personnes, et Crochet, ennemi ultime de l'enfance et du temps. En fait, je pars même sur une question : une fois la lecture achevée, qu'en reste-t-il vraiment en dehors des caprices de Peter ? Ce sont les ouvrages d'analyses autour de ce cher Peter qui me répondront un de ces quatre !
Note : 3/5.
https://www.youtube.com/watch?v=eDWkVo0oqmQ
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