Vous êtes cordialement invités à venir sécher une bière à l'
hôtel du Grand Cerf. Vous pouvez même y séjourner. Vous verrez, c'est décapant.
L'
hôtel du Grand-Cerf, c'est à Reugny, un bled paumé aux fins fonds des Ardennes belges, pas loin de la frontière française. Aller s'enterrer dans un trou du cul du monde, quelle drôle d'idée, me direz-vous ?
Tssss, tsss, ne vous arrêtez pas à ce genre de considérations !
A défaut d'être enchanteur, le séjour regorgera de surprises. Vous ne vous ennuierez pas une seconde, car à Reugny, vous aurez droit à un douanier maléfique, des cadavres, des paysans taiseux aussi muets que les cadavres, des secrets inavouables enfouis sous des tombereaux de mensonges, un curieux centre de motivation, dont on se demande bien à quoi il peut motiver, un mystère entourant la mort d'une star célébrissime noyée dans sa baignoire quarante ans plus tôt, à l'
hôtel du Grand Cerf évidemment, et bien d'autres choses très croustillantes...
Vous y ferez la connaissance d'un policier hors normes, fort simplement baptisé Vertigo Kulbertus, spécialiste en obésité, selon ses dires, pratiquant de très curieuses méthodes d'investigation, grand buveur de bière et gros consommateur de frites, rotant fort et pétant de même, bref un être tout ce qu'il y a de rabelaisien, mais bigrement futé, menant son enquête de façon plus qu'originale.
Franz Bartelt mélange tout cela pour en faire un ragoût bien relevé et particulièrement savoureux.
Il concocte une intrigue parfaitement ficelée, bien sombre et bien retorse, passionnante d'un bout à l'autre, où passé et présent s'enchevêtrent harmonieusement avec des personnages bien campés, auxquels on croit, tant ils ont de chair, tant ils paraissent réels.
Tout cela est mené tambour battant, par un écrivain au verbe revigorant, à la plume acide et affûtée mais aussi rigolarde - et il est vrai que l'on rit pas mal - En outre
Franz Bartelt s'y entend pour déployer un remarquable talent de conteur émaillé de dialogues truculents et réussit à surprendre le lecteur en lui assénant une fin joyeusement amorale. Un régal dans le genre, à déguster une chope en main !